« Pourquoi, courtisane »

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Œuvres de Théodore de BanvilleAlphonse Lemerre, éditeur (p. 204-206).


 
Pourquoi, courtisane,
Vendre ton amour,
La fleur diaphane,

La fleur diaphane
Que fleurit le jour
Et que la main fane,

La rose d’amour ?



— Pourquoi, blond poëte,
Ouvrir au passant
Ta douleur muette,

Ta douleur muette,
Lys éblouissant
Que la foule jette

Et brise en passant ?




— Ton cœur qui se pâme
Brûle pour chacun :
Tu souilles la flamme !

— Tu souilles la flamme !
Tout a son parfum :
La caresse et l’âme,

Dans tout, dans chacun !



— Mon hymne rapporte
Comme un souvenir
La croyance morte.

— La croyance morte
Ne peut revenir
Par la même porte,

Comme un souvenir ;



Mais quand l’amour cesse,
On vient l’allumer
À ma folle ivresse.


— Oh va ! nulle ivresse
Ne peut ranimer
L’amour en détresse,

Ni le rallumer !


Février 1841.