À madame la princesse douairière Charlotte de la Trimouille

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II

à Madame la princesse douairiere
CHARLOTTE DE LA TRIMOUILLE

1605


Quoy donc ! grande princesse, en la terre adorée,
Et que mesme le ciel est contraint d’admirer,
Vous avez résolu de nous voir demeurer
En une obscurité d’eternelle durée ?

La flamme de vos yeux, dont la Cour éclairée
A vos rares vertus ne peut rien préférer,
Ne se lasse donc point de nous desespérer,
Et d’abuser les voeux dont elle est desirée ?

Vous estes en des lieux où les champs tousjours vers,
Pour ce qu’ils n’ont jamais que de tiedes hyvers,
Semblent en apparence avoir quelque mérite ;

Mais, si c’est pour cela que vous causez nos pleurs,
Comment faites-vous cas de chose si petite,
Vous de qui chaque pas fait naistre mille fleurs ?