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Économie politique
1864


ÉCONOMIE POLITIQUE. — Bien que l'annee 1863 n’ait pas ete marquee par une theorie a fracas comme celle de Macleod en 1862, elle a vu eclore neanmoins plusieurs ouvrages interessants, fruit de recherches consciencieuses qui ont plus de valeur que des hypotheses brillantes destinees a ne vivre qu’un jour. Aujourd’hui c’est i’etude des faits economiques qui preoceupe surtout les investigateurs: on com pare a l’ aide de la statistique la situation economique des nations modernes ; ,on ouvre des enquetes consciencieuses sur des points de detail dont la connaissance complete sera d’un grand interet pour la science; enfin on remonte jusqu’au passe, et des monographies bien faites nous devoilent le jeu des institutions administratives et economiques des epoques anterieures. Une autre tendance des economistes actuels consiste a vulgariser la science acquise par des resumes et des catechismes, et nous aurons a signaler plusieurs tentatives de ce genre. Enfin, si l’annee 1862 n’a pas vu naitre de discussion theorique nouvelle, une question ancienne deja, mais qui n’est pas encore definitivement jugee, celle des Banques, a ete vivement debattue.

Commençons par indiquer les travaux qui embrassent tout l’ensemble de la science économique. Nous trouvons, a ce point de vue,en première ligne l'Economie sociale au point de vue chrétien, par l'abbé Corbierb, 2 vol. in-8°. C’est un traité d’économie politique a l’usage du clerge qui, suivant l’auteur, etait reste jusqu’ici trop étranger a cet ordre d’etudes. L’abbe Gorbiere admet la plupart des opinions des economistes contemporains et cherche à les mettre d’accord avec les enseignements de la théologie, ce qui l’oblige a traiter diverses questions dont les economistes s’occupent rarement. Nous citerons en second lieu : Cournot, Principe de la théorie des recherches t in-8 Cet ouvrage est en partie la reproduction d’un travail publie par le"meme auteur en 1838, sous le titre de Recherches sur les principes mathématiques de la théorie des richesses, dans lequel il a essaye d’appliquer des formulas algébriques a l'économie politique. Cette tentative a 6te ! faite plusieurs fois deja sans grand resultat. M. Bournot a joint a ces recherches les considerations assez vagues qu’il avait emises dans son Traite des idtes fondamentales sur diverses questions economiqu.es. Au m6me sujet se rattache l'ouvrage de M. Minghetti , actuellement ministre d’Etat en Italie, Des rapports de l'économie pnblique avec la morale et le droit, traduit en francos par M. Saint-Germain-Leduc, ouvrage que l’auteur resume lui-meme en ces term es : « Enlre le vrai, le bien, le juste, l'utile, regne une harmonie preétablie, Cette harmonie, la limitation des choses créées et les aberrations de notre arbitre peuvent nous la dissimuler ou la troubler dans les regions ou notre volonte opere, mais elle existe, et puisqu’il nous est donne* dela decouvrir et de l'admirer, nous devons chercber a la réaliser dans nos oeuvres. C’est aux sciences a marcher de concert sans se confondre ni se separer, et,a l'économie politique, tout en gardant un rang distinct, a demeurer constamment en contact avec les autres sciences de l'ordre moral. » Enfin nous mentionnerons ici le travail de M. Rivet, Des rapports du droit et de la legislation avec l'économie politique , in-8°, qui touche aux points de la science e’conomique les moins Studies jusqu’ici. Leplus souvent, eneffet, les economisets ne se sont occup6s de la legislation qu’en tant qu’elle concerne directement des matieres economiques , telles que la liberte du commerce, les’ douanes , les finances, tandis qu’on.a beaucoup moins etudie" l’influence des lois civiles el politiques sur le mouvement economique proprement dit..(jr il est certain que cette partie de la legislation exercera toujours une action dominante sur ce mouvement, et que les lois sur l'etat des personnes, par exemple, sur la proprtete, sur les successions, sur le louage, ont sur l'ensemble de la situation sociale une influence bien plus marquée que les reglements commerciaux.

C’est aussi l'ensemble de la science qu’embrassent les traites populaires destines a la vulgariser. Sous ce rapport nous avons a citer le Catechisme de l'économie politique de M. Dumesnil-Marigny, l'un des repr^sentants de l'ecole protectionniste; — les Premieres notions d’ Economic politique ou sociale de M. Joseph Garnier, qui est bien connu deja par d’autres ouvrages elementaires. M. Garnier a joint a ses Premieres notions, qui s’adressent aux jeunes gens et aux ouvriers , la Science du bonhomme Richard de Franklin et I’Economie politique en une lecon de Bastiat; .— les Entreliens familiers sur I’Economie politique et la stalistique de M. Paul Perissat , a l'usage de l'enseignement professionnel, agricole, industriel et commercial. Mais de tous ces ouvrages le plus remarquable est celui qu’a publie M. Courcelle-Seneuil sous le litre de Lecons Mmentaires d’économie politique, Ce petit livre est destine plulot a servir de guide a ceux qui veulent faire une etude s£rieuse de Fe"conomie politique qu’a donner une connaissance superficielle des principes de cette science. L’auteur en resume les principales conclusions theoriques dans des propositions courtes et precises, en laissant a J’e’leve lui-m&me le soin d’en chercher la demonstration dans des ouvrages plus detailles. Ces propositions sont suivies d’un questionnaire qui ne forme pas la par tie la moins inte>essante du livre. Toutes les matieres de l'Economie politique s’y retrouvent sous forme de demandes dont la reponse doit fitre cherchde dans les propositions. Il est certain qu’un questionnaire de ce genre est d’une grande ulilite* pour celui qui veut étudier une science. Il est regrettable seulement que l’auteur n’ait pas mis la reponse a la suite de chaque demande ou indique* les propositions qui s’y rapportent : le travail de Thieve y aurait gagne" en facilité et en stirete

Parmi les questions spdciales, c’est toujours Fimpdt qui attire le plus Fattemion. M. de Parieu a donne* les tomes HI et IV de son Traite" des imports que nous avons fait connaitre dans le dernier Annuaire. Dans ces volumes L'auteur termine son histoire des impdts sur les actes et traite des taxes provinciales, departementales et locales. L’ouvrage sera termine* par un 5 e volume. M. Charguerand a expose la théorie de tous les impôts dans un,seul volume : L’économie politique et I’impdL Des sujets divers ont ete abordes dans les ouvrages suivants : Mannequin, Travail el liberie’ , Mudes critiques d’Economie sociale , 2. vol. in-8°; Lair , Les lois sur FinlMt , in-8°. RoNDELET,La morale de la richesse; Durand, Des offices conside’re’s au point de vue des transactions privies et des inttrils de I’Etat, in-8°. M. Wolowski a publie le Traite" de la monnaie de Nicolas Oresme, qu’il avait signale l'année dernière à l’Académie des sciences morales et politiques.

Le débat sur la liberté des banques a été soulevé par une question d’interet pratique, celle de savoir si la banque de Savoie, par suite des privilèges qui lui avaient ete concedes par le gouvernement piemontais et que le gouvernement français avait ratifies, avait le droit d’emettre des billets au porteur circulant dans toute la France, et a cet effet d’établir des succursales hors de la Savoie. La banque de France lui contestait ce droit, et le gouvernement a donne raison a l’etablissement parisien. Mais cette discussion d’interet, entre deux institutions financieres, devait naturellement faire renaître l'ancien débat entre les partisans des banques libres et ceux qui pensent que l’émission de billets au porteur ne peut appartenir qu’a un établissement public, autorise et surveille par l'Etat. La question a été traité contradictoirement,mais des deux cotes avec un grand talent, par M. Wolowski, dans le Journal des Eco~ nomistes d’abord , puis dans un ouvrage special, Question des banques, et par M. Courcelle-Seneuil, dans le meme journal. M. Wolowski s’est fait le champion de la banque de France; son adversaire a defendu la liberte des banques, el en somme les raisons les plus convaincantes ont 6te de son cdte. Le motif principal sur lequel.s’appuient les partisans des banques privilegiees, c’est que le billet de banque fait office de monnaie et qu’on ne saurait permettre a des particuliers de battre monnaie sans Tautorisalion’ de . 1’Etat , d’encombrer la circulation de leurs billets et de provoquer ainsi des crises commerciales. Mais on leur repond avec raison que le billet de banque n’est pas une monnaie comme une autre par cela meme que la Banque est toujours obligee de le rembourser en numeraire m6tallique,et que cette obligation, du moment qu’elle est rigoureusement execulee , constitue par elle-mfcme un correctif certain contre l’encombrement des billets dans la circulation; car, du moment que le nombre des billets depasse les besoins , les porteurs se presented a la Banque pour en demander le remboursement. La concurrence des banques, qui cerlainement ferait baisser le Ioyer des capitaux, serait cerlainement preferable au monopole; rien n’empecherait d’ailleurs d’etablir une surveillance de l’Etat qui obligerait les banques a rester rigoureusement dans les limites de leurs statuts et d’exiger que leur capital fut suffisant pour quele remboursement des billets en circulation fut. toujours assure. Parmi les autres travaux que cette question a provoqu6s nous citerons les suivants : Paul Coo, Lamonnaie de banque, ou Vespbce etle portefeuille; A. d’Eichthal, De la monnaie de papier et des banques d’e’mission ; A. Sabatier , De I’ extinction deja dette publique et du billet’ de banque a inUre*t; Bonnet, La liberte’ des banques d’e’mission; Boutarel, La Banque de. France; Dv- cuing ; De V organisation du credit en France ; Goullin, Sept lettres sur quelques questions d’économie politique. Au m£me ordre d’idees appartiennent le Credit populaire, par M. Batbie, professeur a la faculte de droit de Paris ; cet ouvrage, qui a et6 couronn6 par Tlnstitut, a pour but principal d’exppser le systeme des banques mutuelles fondles par Mi Schulze-Delitsch en Allemagne et qui y a pris une si grande extension, etles Etudes 6conomiques de M. Abrul, qui traite egalemeut des banques populaires allemandes.

Nous avons dit que les recherches portaient de pr6f6rence sur la constatation des fails posit ifs, du passe ou du present, de la France ou de l’etranger. Voici les principaux travaux que nous avons a enumerer sous ce rapport : Chevalier, Tableau de la province de Touraine de 1762 d 1766 : administration , agriculture , industrie , commerce, impels ; publie pour la premiere fois, d’apres un manuscrit de la bibliotheque municipale de Tours, in-8°; Max Tellier , Histoire de la communauU des marchands frequent ant ’la riviere de Loire, 1. 1 et H. Orleans, in-8°; Babaud- Lariviere , Etudes historiques et administralives, in-8°. Ces etudes portent sur Tarrondissementde Confolens dans le departement de la Charente;et sont encadrees dans la biograpbie des magistrals qui pnt administre ce departement depuis 1789. Elles offrent le detail curieux des variations ad- ministratives et economiques que tous les arrondissements de France ont plus ou moins subies depuis cette e"poque jusqu’a nos jours. De Nervo, Les finances francaises. souslancienne monarchies la r&publique. et i ’empire , 2 vol. in-8°, ouvrage qui ne fait guere que reproduire sous une forme nouvelle les ouvrages anterieurs et plus approfondis de Bailly et de Bresson sur le meme’sujet et ne les continue que tr6s-im par fakement. Block, Les finances de la France: depuis 1815, expose raisonne des depenses et des recettes , ainsi que du montant de la dette a diverses epoques; extrait du Dictionnaire de politique publie par le meme auteur. Batbie, Traite Morique et pratique 1 de droit public et administratis contenant la comparaison de la legislation francaise avec les lois poliliques et administralives de TAngieterre, des Etats-Unis , de la Belgique , de la.Hollande , des principaux Etats de. T Allemagne et de l’Espagne, t. IV, in-8°* Huard, Elude comparative des legislations francaises et Urangeres en matiere de propriMCindustrielle, artistique et UtUraire, m-% Paul Boiteau , Les iraiUs de commerce, texte de tous .les traites fails par la France et actuellement en vigueur; cet ouvrage reunit ainsi des documents nombreux dpnt quelques-uns manquent dans les collections of ficielles; il contient meme le dernier traite conclu avec la Prusse au nom du Zollverein, et que la resistance de quelques-uns des gouvernements de cette union douaniere n’a . pas permis d’appliquer jusqu’ici. Legoyt, La France et - V 6tr anger , etudes de statistique comparee. C’est la reunion de trente-deux etudes, dont quelques-unes ont ete publiees dans des re- cueils periodiques et autres. Chaque 6tude com- prend un sujet special et donne l’analyse de tous les documents statistiques. francais ou.etrangers qui s*y rapportent. Pour donner une ideedu haut int6ret de ce recueil , il suffira.de citer le litre des 6tudes suivantes : de T Assistance, publique en France ; de rAlienation mentale d’apres les re- censements; les Chemins de fer de TAngleterre et du Continent; les. Professions en Europe; Statis- tique 61ectoraIe de l'Angleterre .et de la France; la Grece d’apres les documents officials ; de la Production de l'or; du Mouvementde la criminalite en Europe ; des Armees europeennes ; de la prétendue Degenerescence physique de la population francaise. Leplay, les Owners des deux mondes, t. IV. Suite des estimables’monographies de ce statisticien etde ses collaborateurs sur les travaux", la vie ddmestique et la: condition morale des populations ouvrieres des di verses co’ntrees. FrAnqueville , Les institutions poliliques , judi- ciaires et administfatives de I Angleterre , iri-8 - CHi Vo6£Lf DU commerce et des progres de la puissance cbrhmerciale de V Angleterre et de Id France an point de viie de I’hi’stbir’e^ de la legis- lation et de la stdlistique , avec iine introduction cbmprenaut rhistbire" geri&ale du commerce jiis- qii’a* nos jours , 1. 1. C’est iiri excellent expose comparatif de la situation ecoriomique des deux pays j fait stir les documents francais et anglais les plus nouveaux et avec toutle detail quefe su-^ jet comporte. Le premier volume coinprehd trois livres, dbnt Tuh traite des 61e"metfts &erier£iix de reconoinie nationale, dii territdire, de la {fopiiltf- tion , de la production , de la consummation , de ragriculture, de l’industrie, des voies de commu- nication* etc’.’, dela France et de r Angleterre; le second^ du commerce des deiix pays en general, et le troisieme du mouvement general et de la repartition de leiir commerce ex tefieur. Le second volume sera cbnsacre a l’6tiide des particular! tes que presente le commerce de F Angleterre et de la France avec les divers pays et a Tex amen des requitals financiers du mouvemenl commercial. BigeloW, Les Etats-Unis d’Afiie’riique en 1863, leur histoire politique, leurs ressources miriera- logiqties, utjricoles, commercidles et itidustrielles. Plebano et Mussb, Les finances du royaiime d! lid- lie , ih-8°. Wdtows’Ki t Les finances de la Riissie, in-8o. Parmi les reimpressions et iio’uvelles Editions noiis citerons celle du Syst&ihe financier de la France de Mi d’Audiffret; des OEuvr’es completes de Bastiat eh 7 volumes et des OEuvres choisies du ineme, cbmpreoant les Sophismes, les Pam- phlets et les Harmonies ; du Ttaiti des operations de banque (4 e 6dition) de M. CouRCEtLE^SENEuii ; De la monnaie, du credit et de Vimpdt de M. Dc- puynode ; de VEssai sur Ve’cbhbme r urate de I’ An- gleterre, de I’Ecosse et de I’lrldnde par M. Leonce de Lavergne ; des Principes d’ Economic politique de Mac Culloch ; du Nouvedu Traite’ d’Econbmie politique de M. VilliAume; du Manuel des fonds publics et des socieles par actions de M.CbuRTois. Comme a r ordinaire, les travaux econbmiques oht ete moins* nombreux a l’etranger qu’en France. En Ualie nous n’avons a citer que quel- ques buvrages sur les banques, prbvoques par le projet d’etablir une banque nationale en Italie, notamm’ent la Bancad’ Italia deM. Boccardo, et YOrganiiatibne delle bahche iialiane de M, YigAno. L’Anjdelerre a fourrii une nbuvelle edition du Traite’ pratique des banques (en anglais) de M. JScratchley. En Allemagne M. Mangoldt a dbnne, sous le titre de Grundriss der Volkswirth- schaftslehre, un traite elementaire d’economie politique. M. Roscher a pubiie une disserta- tion sur l^cbnomie nationale de TAIlemagne a la limite" dtt seizleme et du dix-septieme sie- cle (eri allemahd, in-4o). Nous omettons natu- relleihent les travaux historiques et statistiques locaux en langue etrangere ; cepehdaht noiis citerbns* Eiselen , Der Pteussische staat (I’Etat prussien), expos6 du d^veloppemerit histbri- que de la Prdsse et de sa situation sociale 1 et politique. La querelle entfe M. Schulze-De- litsch etLassalle, dont iibus avoris parle dan6 le’ dernier Annudire ( V. OirvRiERs allemAMs) a donn6 lieu a la publication d’urf grand ncfmbrS de brochures: M.- Lassalle a person nellement at- taque M. SchUlze-Delitsch de la fagbri 1 la plus ih- jurieuse dans uh p»etit volume allema’tfd intitu!6 Monsieur Bastidt-Schulze de Eielitsch, dans lequel il accuse M. Schulze d’ avoir pris touted ses idees a Bastiat, et le declare en m6me temps absblument incapable en inatiere d’ecorfbmie sociaJei Les revues et publications periodiques r’elatives , a recbnomie politique qiie nous’ avbns sigh aides 5 l’ahri^e derniere, telles que le Journal des Ebonb- misteS) pubiie par M, GuiLLAuiarN; YEconbmisii francais de M. J. Duvalv i’Antiuaife de I’dcohoihie politique et dela siatistique de MM. Block et Guil- laumw out continue a paraitre.’ La* Society d’eco 1 nomie politique a discutd quelques Questions assez inl^ressantes. Le 5 mai, on a ddbattu le’ principe de l’iridemnite que recbivent les pro- prietaires d*escla^ve5 et de serfs qu*6h affranchiti M. de Lavergne a emis a ce sujet une opinion fort singuliere : il a 6ta’bli une distinction entre l’esclavage individuel et Te^cfavage social; dans’ lecasdeTesclavage par violence ihdividueJJe, Tes- clave est, suivant le savant membre de rinstitut 7 dans le cas de legitime defense; il peul chercher a recouvrer la liberie^ m6me en donhant Ja moft a son inaitre ; ndais qu’and l’esclavage est social, c’esl-a-dirb* qand ii existe eh Vertu des lois, il ne perdpas,il 6stvrai son injustice originelle, mais il ne peut disparage qu’avec pr^alable indem- nity. Cette theorie a et6 justem’erit combattue par MM. Villiaume, Pautet, J. Gafriier,, Jules Sim On, Wolowski. En effet, les atteintes individuellesala liberty ne so’rit qu’exceptiorinelles ; l’esclavage en taftt qu’institution est toujou’rs social. Un’ esclave n’aurait done pas le droit de s’affranchir de force parce que des Ibis iniques auxquelle’s il n’a pas cobper6 ont consacr6 sa servitude! Que la so- ci6te qui a profit^ de resclavagb ait rbbligatidri dlh’demhise’r les prbprietaifes d’es’claves lors- qu’elle ordonne Taflfranchissement, rien de rnietix; mais le droit de resclav6 rib saurait 6tre subor- donne a cette indemhit6 pr^alable. G’est une £!-’ faire h rdglet entre les propria tai res d’esclaves et la societe. Pour Tesclave, il peut eri tout 6tat db cause revendiquer sa liberte.— Le 9 juin, la pre- sence au sein de la sbciet6 de trois delegues de la commission Internationale des arrangements postaux provoqua une discussion sur lb Service de la pbste. Un des’ dengues, sir John Botfring, exprima’ l’espe>ahce qu’un jour le service postal pourrait etre gratuit. Cette opinion fut combattue par MM. Hornet Ainable Dunoyer, qui firent re- marquer que les contribuables seraient toujours obliges de payer ies frais du transport des lettres. Aujourd’hui, en effet, ia gratuite du service dela poste prbfiterait siirtout atix classes aisee’s ; mais qui sait si cette facilite nouvelle tie cohtribuer’alt pas a Instruction des classes laborieuses et s’il n’en resulleraU pas uii grand avahtage moral. En tout cas, nous he soirimes pa’s de ravia de M. J. Gamier, qui voudrait que le service 1 des postes fut une entreprise particuliere. II seralt difficile que les particuliers le fissent aiissi completement, aussi exacteinent et aiissi ecohomiqiiement que radministration publique. — Naturelleihent, la question des batiques a et6 discutee de nouveau par la Societe, etles opinions divergentes qui par- tageht le public sur ce sujet se sont reproduites dans son seiti. — La derniere question interes- sante qui ait ete debattue est celle des associa- tions ouvfieres". Les economistes admireht trop notre etat social actuel pour 6tre gehdralement favofables a Tassociation ouvriere* Aussf est-on heureux de voir qu’elle a ete defendue, contre les attaques dont elle a ete Fobjet, par plusieurs membres tels que SIM. Michel Chevalier, Horn, Gamier- Pages. Quels sont en effet les principaux reproches qu’on lui fait ? On dit qu’elie’ ne peut etre piratiquee cjue par des ouvriers d’ elite , quil faiit songer avant tout a ameliorer l’etat moral des ouvriers ,■ leur instruction, leur travail , leur economie, leur pr6voyance. Eh 1 sans doute l’as- sociatiori ne peut reussir qu’entre ceux qui pos- sedent ces qualites. Les ivrognes , les paresseux, les debauches n’en seront jamais capables. Mais quel mo’yen plus assure pour exciter la classe la- borieuse a’ acquerir rinstructioii et la prevoyance qui lui mdriquent, pour lui faire prendre en aver- sion ces vices compagnons de la misere, que de lui offrir, comme prime et recompense des efforts qu’elie fera dans ce sens, f association , c’est-a- dire le travail libre, volohtaire, intelligent et suf- fisamment remunere? Le salariat contribue cer- tainemeht a perpetuer l’ ignorance et Tincurie des ouvriers ; car pourquoi ceux qui n*ont aucune chance d’en sortir feraient-ils des efforts pour s’ameliorer eux-mftmes, lorsqu’il ne peut en sur- venir aucun changemerit dans leur sort? Si l’ as- sociation ne reussit qu’aux ouvriers d’elite, ce sera urie raison pour le grand nombre d’aspirer a faire partie de cette elite , et en realite ceja ne leur sera pas bien difficile. Car, eh somme, il he faut pas du genie pour faire partie d’une societe ouvriere : il suffit d’etre honnete homme et laborieux.A. Ott.