Bacchus (Constantin Ch.)

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Bacchus (Constantin Ch.)
Les Coquelicots, tome premierAu comptoir de la librairie de province (p. 13-15).

BACCHUS.

Air de Mimi Pinson (A. de Musset).


Que je viens de faire un beau rêve !
Bacchus, des dieux le plus humain,
À nos travaux pour faire trêve
Nous visitait le verre en main.

Il nous apportait les prémices
Des vendanges et des moissons
Pour nous propices.
Son page, enfant aux doux caprices,
Était la Muse des chansons.

« Vive le dieu de la vendange ! »
Disaient mes amis, francs buveurs.
« Désormais chantons sa louange,
« Lui seul sait calmer nos douleurs
« Vive ce souverain aimable !
« De le servir soyons heureux.
« Le vin, à table,
« Coulera pur et délectable :
« Bacchus est le meilleur des dieux !

« Plus de soirée où l’étiquette
« À la gaîté mettait un frein,
« Mais une éternelle goguette
« Où chacun dira son refrain.
« Plus de puérile bataille !
« Nous trinquerons à qui mieux mieux,
« Car la futaille
« Sera franche d’impôt, de taille :
« Bacchus est le meilleur des dieux !

« Que de bouteilles, de calices,
« Remplis pour célébrer toujours
« Et des amoureux les délices
« Et de l’amitié les beaux jours !
« Les épouses, toujours plus belles,
« Jureront aux maris joyeux
« D’être fidèles.
« Amour, nous couperons tes ailes !
« Bacchus est le meilleur des dieux !


« Réjouissons-nous, joyeux drilles,
« Buvons du matin jusqu’au soir !
« Sur nos genoux, charmantes filles,
« Franchement venez vous asseoir ! »
Ainsi chantait d’un ton sonore
Un essaim de cœurs généreux ;
Puis, vint l’aurore ;
Et je croyais entendre encore :
« Bacchus est le meilleur des dieux ! »

Constantin Ch..