Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ALBERT (duc de Saxe)

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* ALBERT, duc de Saxe, dit le Courageux, gouverneur général des Pays-Bas, naquit en 1443 et mourut, à Embden, en 1500. Ce prince, Allemand de naissance, Allemand par ses alliances, par sa famille et par les principaux actes de sa vie, mérite, quoique étranger, d’occuper une place dans la Biographie nationale de la Belgique, tant à cause des fonctions importantes qu’il remplit qu’à raison de sa participation aux événements du règne si agité de l’archiduc Maximilien, époux de Marie de Bourgogne. Nous n’entrerons pas dans les détails des guerres civiles occasionnées par la tutelle de Philippe le Beau, duc de Bourgogne, souverain de nos provinces. On sait que les Brugeois, après avoir refusé de reconnaître Maximilien comme tuteur de ses enfants, finirent par le retenir prisonnier dans leur ville, que son père, l’empereur Frédéric, envahit le comté pour venir le venger et qu’à la suite de cette invasion étrangère, toute la Flandre se souleva. M. le chanoine De Smet, dans un mémoire intitulé : Guerre de Maximilien, roi des Romains, contre les villes de Flandre (Mémoires de l’Académie royale de Belgique), a décrit les longs débats que cette question fit naître et où Albert de Saxe joua un rôle si considérable. Ce prince était un des plus habiles généraux de son temps ; aussi fut-il désigné par Frédéric pour prendre le commandement d’un des corps de l’armée impériale envoyée en Belgique, afin de rétablir l’autorité de Maximilien. S’étant rendu en Allemagne, en 1488, pour y chercher de nouveaux renforts de troupes, le roi des Romains le nomma son lieutenant et gouverneur général des Pays-Bas. Le duc de Saxe, investi de pleins pouvoirs, fit rentrer, en peu de temps, un grand nombre de villes et de places fortes sous l’obéissance de ce prince. Pour parvenir à ses fins, il leva de lourds impôts et laissa impunément ravager le plat pays par les Allemands qu’il commandait. Tout céda à ces énergiques moyens et à ces rigueurs, et il parvint, après de longs et sanglants efforts, à ramener les populations révoltées sous l’autorité de Maximilien. Épuisées d’hommes et d’argent, les communes flamandes finirent par accepter la paix comme un bienfait, et l’année 1492 vit le terme de cette guerre meurtrière.

Maximilien, pour récompenser son lieutenant des services qu’il avait rendus à sa cause, lui accorda la souveraineté héréditaire de la Frise. Albert de Saxe se retira en Allemagne, en 1499, laissant dans nos provinces le souvenir d’un chef aussi redouté que capable.

Bon de Saint-Genois.

Vander Aa, Biographisch Woordenboek. — Kervyn, Histoire de Flandre, t. V. — Michaud, Biographie universelle.