Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ALVISE

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ALVISE ou ALVISUS, évêque d’Arras, naquit au xie siècle en Flandre, et peut-être à Saint-Omer, car il est de bonnes raisons pour croire qu’il était frère germain du célèbre Suger, régent du royaume de France. Il embrassa la vie religieuse à l’abbaye de Saint-Bertin et y fit en peu d’années de grands progrès dans la vertu et la science sacrée, ce qu’il dut surtout à la régularité de sa vie. D’après Bulæus, (Hist. universitatis parisiensis, t. XI, p. 725), il aurait été docteur de l’université de Paris. L’an 1111, il fut tiré de son monastère, où il était prieur, pour être promu à l’abbaye d’Anchin. Non-seulement il sut y maintenir la discipline la plus exacte, mais il fut encore un des principaux réformateurs des autres monastères de Flandre, ce qui lui suscita des traverses de la part de quelques esprits indociles. Il fut élevé au siége épiscopal d’Arras en 1131, et administra le diocèse avec tant de piété et de sagesse, qu’un auteur de l’époque le proclama « grand aux yeux des hommes, mais plus grand encore devant Dieu. »

Ce vénérable prélat étant parti pour la Palestine avec le roi Louis le Jeune, mourut le 6 septembre 1147, à Philippopoli, avant d’arriver à Constantinople, où le roi l’avait envoyé en ambassade. L’historien Daunou avance à tort qu’il mourut en Palestine. Baluze a publié, dans ses Miscellanea (t. V, pp. 401-426), trente-cinq lettres, la plupart de haute importance : une seule est d’Alvise, les autres lui sont adressées par Louis le Jeune et par les papes Innoncent II, Célestin II, Lucius II et Eugène III. Elles prouvent quelle bonne opinion on avait, en France et à Rome, de la science et de la rectitude du jugement du prélat. On n’a malheusement pas conservé ses réponses : c’est une perte réelle et importante pour les lettres et surtout pour l’histoire.

J.-J. De Smet.