Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BILEVELT, Jean

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BILEVELT (Jean), peintre célèbre, naquit à Maestricht, en 1576, et mourut à Florence, en 1644. Conduit très-jeune en Toscane, où son père s’établit comme marchand de tableaux, il ne revint plus dans sa patrie et son nom flamand lui-même prit une forme italienne. La plupart des historiens de la peinture le font naître à Florence et l’appellent Biliverti[1]. Entré, au sortir de l’enfance, dans l’atelier du Cigoli, il marcha de près sur les traces de cet artiste d’élite, à qui l’éclat du coloris, l’originalité et l’élévation du style avaient assigné l’une des premières places parmi les peintres de son temps. Bilevelt était regardé comme son meilleur élève, et ce fut à ce titre qu’on le chargea, en 1613, d’achever, dans l’admirable temple de Santa-Croce de Florence, une Entrée de Jésus-Christ à Jérusalem, à laquelle le Cigoli, surpris par la mort, n’avait pu mettre la dernière main.

Aux qualités de son illustre maître, Bilevelt joignait une abondance et une richesse de détails qui le rapprochaient de l’école vénitienne. Lanzi dit, avec raison, que ses têtes manquent de noblesse ; mais elles se font toutes remarquer par la vivacité de l’expression. Ses draperies, toujours bien jetées, se distinguent par leur ampleur majestueuse. Son chef-d’œuvre est l’Exaltation de la Croix, à Santa-Croce. On admire aussi une Sainte famille à la galerie des Uffizi, et plusieurs autres tableaux dans diverses églises de Florence. Dans sa jeunesse, Bilevelt avait accompagné le Cigoli à Rome, pour l’aider dans la décoration de Saint-Pierre. Il avait une habitude étrange : quand il était satisfait d’un de ses tableaux, ce qui lui arrivait très-rarement, il le faisait copier par ses élèves, retouchait lui-même la copie avec le plus grand soin et y ajoutait les initiales de son nom. L’opération se faisait avec tant d’adresse qu’on connaît aujourd’hui trois exemplaires de l’un de ses meilleurs tableaux, la Chasteté de Joseph, le premier à Florence, le second à Rome, le troisième à Cattajo, sans que les peintres les plus expérimentés puissent affirmer avec certitude lequel des trois est l’original.

Parmi les élèves les plus distingués de Bilevelt, Nagler et l’abbé Lanzi placent B. Salvestrini, O. Fidani, F. Bianchi-Buonavita et G.-M. Morandi.

J.-J. Thonissen.

Becdelièvre, Biographie liégeoise. — Burtin, Traité théorique et pratique des connaissances qui sont nécessaires à l’amat. de tableaux, t. I, p. 186. — Lanzi, Histoire de la peinture en Italie, t. I de la traduction de Dieudé (1824). — Nagler, Neues allgemeines Künstler-Lexicon. — Geschichte der Künste und Wissenschaften, von einer gesellschaft gelehrter Männer ausgearbeitet. Geschichte der Mahlerey, von J. Fiorillo, b. I, z. 406, Göttingen, 1798. — Orlandi, Abecedario pittorico. — Boldinucci, Notizie dei professori del disegno da amabue, etc.


  1. D’autres le nomment Bilivelti. L’abbé Lanzi (t. I, p. 339 de l’édition citée ci-après) reproche à Orlandi d’avoir fait de Jeuan Bilevelt « deux peintres florentins », dont il appelle l’un Antonio Biliverti et l’autre Giovanni Balinert. Ce reproche est fondé ; mais Lanzi se trompe à son tour en donnant à Bilevelt le nom de Bilivert.