Biographie nationale de Belgique/Tome 3/BURCHARD, le bienheureux

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BURCHARD (Le bienheureux), évêque de Worms, né, selon quelques-uns, à La Bassée, commune de Roux (Hainaut), mais, d’après d’autres, et plus probablement, originaire de la Hesse; décédé dans sa ville épiscopale le 20 août 1025. Il fit ses premières études à Coblence, se rendit ensuite à l’abbaye de Lobbes, célèbre à cette époque par son école monastique, et devint enfin chanoine de la cathédrale de Liége. Willegise, archevêque de Mayence, ayant fait la connaissance du jeune chanoine, et appréciant ses talents extraordinaires, sut se l’attacher par différents bienfaits. Il lui confia, bien que Burchard ne fut encore que diacre, la prévôté du chapitre naissant de Saint-Victor, à Mayence, l’ordonna prêtre le 10 mars 997, et le plaça, quelque temps après, à la tête du clergé de sa ville épiscopale. La réputation de Burchard se répandit bientôt par toute l’Allemagne; elle parvint jusqu’à l’empereur Othon III, qui l’appela à la cour et le nomma chapelain de son palais. A la mort de Francon, évêque de Worms et frère de Burchard, deux évêques furent successivement désignés pour le remplacer; mais l’un ne survécut à sa nomination que trois jours, et l’autre quatorze. L’empereur, jetant alors les yeux sur Burchard, lui offrit la succession de son frère. Avant d’accepter cette lourde charge, Burchard consulta son patron et protecteur, l’archevêque Willegise, qui lui conseilla de céder aux instances de l’empereur, et le sacra évêque au commencement de l’an 1000. L’occupation de la ville de Worms par des troupes ennemies fut cause que le nouveau prélat ne put se rendre immédiatement au sein de son troupeau. Convaincu que la force armée seule pouvait mettre un terme à cet état de choses, Burchard contracta, en 1002, une alliance avec saint Henri II, successeur d’Othon III sur le trône impérial d’Allemagne, et parvint, grâce au concours de ce pieux monarque, à délivrer, en peu de temps, la ville de Worms de ses oppresseurs. En 1004, il vint résider dans sa ville épiscopale. Aidé par les largesses et les donations que lui fit, en grand nombre, l’empereur Henri et sa pieuse épouse sainte Cunégonde, il dota des monastères, entreprit la reconstruction de plusieurs églises, entre autres de la superbe cathédrale de Worms qui excite encore aujourd’hui l’admiration de tous les amis de l’art.

Burchard n’eut rien tant à cœur que de faire fleurir dans son diocèse la discipline ecclésiastique. A cette fin, il pria, vers l’année 1008, l’évêque de Liége Baldéric, avec lequel il avait été lié dès sa jeunesse, de lui envoyer un savant versé dans l’étude des saintes Écritures et des saints Canons. Baldéric s’adressa à Olbert, moine de Lobbes, qui jouissait d’ une grande réputation de science. Sous la direction de ce maître habile, Burchard acquit de vastes connaissances, et ce fut avec son concours et celui de Wauthier, évêque de Spire, et de Brunechon, prévôt de la cathédrale de Worms, qu’il publia, dès les premières années de son épiscopat, la collection des décrets, imprimée plus tard sous le titre de : D. Bvrchardi Wormaciensis ecclesiæ episcopi decretorum libri XX, etc. Coloniæ, ex officina Melchioris Nouesiani, MDXLVIII; vol. in-fol. de XL — 479 pages. Ce volume, qui est d’une rareté excessive, contient en vingt livres, un abrégé médiatique des lois ecclésiastiques en vigueur au commencement du XIe siècle; l’on y trouve aussi quelques décisions dogmatiques. Gratien, dans son Decretum, a souvent marché sur les traces de son devancier.

Burchard fut le conseiller intime de l’empereur Henri II; il accompagna souvent le prince dans ses voyages, assista aussi à la célébration de plusieurs conciles, et contribua puissamment, par son savoir et sa rare prudence, à y faire porter des décrets très-propres à favoriser le rétablissement, en Allemagne, de l’observance des saints canons. C’est lui qui nous a conservé les vingt canons adoptés, en 1023, par le concile de Selingstadt. Burchard ne survécut pas longtemps à ce concile. A son retour à Worms, il fut frappé de paralysie, et mourut trois ans plus tard, ne laissant que trois deniers d’argent. Il fut enterré dans sa cathédrale, où on lui a rendu un culte religieux pendant plusieurs siècles.

E.-H.-J. Reusens.

Schannat, Historia episcopatus Wormatiensis, I, pp. 331 et suiv. — Vita beati Burchardi, plaçée en tête de l’ouvrage de Burchard : Decretorum libri XX. — Pertz, Monumenta Germaniæ historica, scriptorum, t. IV, p. 829 et suiv.