Chronique de la quinzaine - 14 décembre 1880

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Chronique n° 1168
14 décembre 1880


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 décembre 1880.

Autrefois, il y a déjà bien des années, et depuis bien des révolutions ont passé, un ministre aussi ferme que sage, le baron Louis, disait qu’en fait de finances, s’il était difficile de gouverner l’adversité, il était peut-être plus difficile encore de gouverner l’abondance, la prospérité. Ce qui est vrai des finances ne l’est pas moins de la politique tout entière, et ce mot d’un habile homme, qui avait eu un rôle dans deux des plus grandes crises de notre histoire, au lendemain de la restauration et au lendemain de 1830, ce mot de l’expérience prévoyante n’est point sans à-propos aujourd’hui. Il mérite d’être rappelé aux infatués, aux présomptueux, qui seraient tentés de mésuser du succès, à ceux qui ne comprendraient pas assez qu’entre toutes les affaires dont ils ont la direction et la responsabilité, l’administration financière d’une grande nation est une des plus compliquées, une des plus délicates.

Oui, assurément, le baron Louis avait raison : l’abondance a ses difficultés en même temps que ses séductions. Et d’abord, la première condition pour gouverner cette abondance, qui règne visiblement aujourd’hui dans les finances françaises, ce serait de savoir se défendre des illusions, de ne point abuser de la fortune, de commencer par mettre les pouvoirs publics en mesure d’exercer leurs droits, de contrôler, de discuter utilement tout ce qui constitue l’état économique du pays. Or que se passe-t-il depuis quelques années ? qu’en est-il de cette partie de l’administration nationale, au milieu des incidens et des conflits qui se succèdent ? Il y a deux questions : il y a une question de forme, de procédé, et il y a la question financière elle-même considérée dans ses élémens de toute sorte. Pour ce qui est du procédé de contrôle et d’examen public, on en prend vraiment trop à l’aise. Par un usage tellement invariable depuis quelques » années qu’il ressemble à un système, on s’accoutume à traiter la loi des finances comme l’affaire la moins importante du monde. Est-ce la faute du gouvernement ? est-ce la faute de la commission du budget ? est-ce l’effet d’une tactique savamment calculée par laquelle on réserverait, avec intention, jusqu’au bout, l’omnipotence parlementaire sur les dépenses et les recettes publiques, au risque de brusquer au dernier moment et la discussion et le vote ? La vérité est que jusqu’ici on a pris son temps et que, soit préméditation, soit négligence, tout s’est combiné de façon à nécessiter une session supplémentaire. On n’est jamais pressé pour le budget, et le rapporteur de la commission du sénat, M. Cordier, sans y mettre aucune malice, pouvait dire récemment : « Ce n’est que le 12 juillet, — à la veille des vacances, — que nous avons été saisis du projet de loi portant fixation des dépenses de l’exercice 1881. Quant au budget des recettes, on a dû détacher de l’ensemble du projet de loi la partie relative aux contributions directes qui a été votée ; le surplus attend encore les décisions de la chambre des députés. » La conséquence de ce procédé est malheureusement évidente, elle apparaît encore à l’heure qu’il est. On arrive à la fin de l’année après un travail partiel et décousu, sans avoir le temps ou l’occasion d’embrasser l’ensemble du budget et de la situation financière, de mettre en regard les dépenses et les ressources publiques. Une discussion sérieuse n’est plus de saison, elle est à peine écoutée, et le contrôle des pouvoirs constitutionnels se borne à une sorte d’enregistrement sommaire. Que le sénat ait la prétention de modifier, de réduire ou de restituer quelques crédits, ces modifications vont à la chambre des députés qui se fait un point d’honneur de ne pas les accepter, — et à la dernière extrémité, pour ne pas susciter un conflit, le sénat n’a plus qu’à s’incliner, en rétractant son vote de la veille. Cela se passe ainsi d’habitude, et c’est à peu près inévitable, car le moment fatal arrive, la fin de l’année est là ! M. le ministre des finances intervient tout au plus avant le vote pour offrir, comme dédommagement, un tableau flatteur des progrès de la richesse publique, des bienfaits du régime, — et un budget de près de 3 milliards est expédié au pas de course III faut convenir qu’avec ce procédé invariable d’ajournement jusqu’à la dernière heure on s’accoutume à traiter un peu légèrement une des plus sérieuses affaires du pays et que, faute d’attention, par suite d’une certaine infatuation, on s’expose peut-être à d’étranges méprises.

Ce n’est point sans doute que cette situation financière de la France, qui a son expression dans un budget si lestement expédié, offre par elle-même rien d’alarmant. Elle est au contraire dans son ensemble suffisamment rassurante. Elle révèle une puissance de travail et de production, une élasticité de ressources, des profusions d’activité qui sont la force du pays. Ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir recueillent les fruits de l’énergique et prévoyante sagesse qui a été déployée au lendemain de nos désastres, dans l’adversité. Ils ont maintenant l’abondance, justement cette abondance que le baron Louis proclamait difficile à gouverner. C’est à eux de comprendre cette difficulté qu’il y a toujours à gouverner la prospérité, de ne point abuser d’une fortune qui, après tout, si brillante qu’elle paraisse, reste à la merci de bien des circonstances prévues ou imprévues, Rien n’est certes plus satisfaisant, plus flatteur que de pouvoir montrer la facilité avec laquelle la France répare ses pertes, la rapidité avec laquelle les recettes de l’état s’accroissent par le mouvement naturel de la richesse publique et de compter les plus-values d’impôts par 50, 60 et 100 millions. Rien de plus heureux que cette progression constante des ressources qui permet de se donner, un peu promptement peut-être, le luxe de dégrèvement successifs dépassant déjà 200 millions. C’est le beau côté de nos finances, celui qu’on est toujours fier de montrer. Il n’est pas moins vrai que dans cette situation si complexe, composée de tant d’élémens divers, tout n’est pas également favorable, que ces excédens dont on tire vanité sont plus qu’absorbés d’avance et que, si les ressources vont Sans cesse en croissant, la progression des dépenses est plus rapide encore. La puissance contributive du pays grandit chaque jour, assure-t-on, — la puissance dépensière de l’état ne grandit pas moins. Depuis quelques années seulement, depuis 1875, tout compte fait, l’augmentation est de 200 millions ou à peu près, et c’est probablement avec l’intention de donner sous une forme plus significative un conseil utile que le rapporteur du sénat se plaît à énumérer ces chiffres des derniers budgets : 2,626 millions en 1875, 2,680 millions en 1876, 2,717 millions en 1877, 2,754 millions en 1878, 2,916 millions en 1879.

Les chiffres sont éloquent ! Encore quelques années, on aura doublé le cap redoutable du troisième milliard, et celui-là aussi, une fois qu’on l’aura doublé, on pourra le saluer comme on saluait autrefois le premier milliard, avec la certitude de ne plus le revoir. Ce n’est pas tout, ce n’est même pas ce qu’il y a pour le moment de plus caractéristique dans nos finances. A côté de ce budget extraordinaire déjà énorme et toujours grossissant, on a trouvé ingénieux de placer un budget extraordinaire entretenu par l’emprunt, destiné à subvenir particulièrement à la reconstitution du matériel militaire qui se poursuit encore et aux grands travaux publics qui ont été décrétés il y a deux ans. Est-ce là une création heureuse ? Ce n’est pas la première fois que ce budget extraordinaire fait son apparition dans nos finances, et il a toujours eu un caractère assez équivoque, il a toujours ressemblé à un expédient imaginé pour suffire à de grandes tentations, pour couvrir des fantaisies ou des erreurs accumulées, pour s’affranchir des règles d’une correcte économie. Il a cela de dangereux qu’il offre toute facilité pour faire passer dans le budget extraordinaire toute sorte de dépenses qui sont de l’ordre le plus ordinaire, mais qui sont parfois gênantes. On renvoie au budget d’emprunt des crédits pour les postes, pour la bibliothèque nationale, pour l’Algérie, de telle sorte qu’en définitive l’équilibre qui reste dans le budget ordinaire est assez factice. Il est le produit de subtilités, de déplacemens de crédits. Dans ces conditions, que peuvent signifier les dégrèvemens qu’on propose bruyamment, dont on est si fier ? Il est clair qu’ils n’ont pas toute la valeur qu’ils pourraient, qu’ils devraient avoir, et qu’ils n’auraient vraiment que s’ils étaient réalisés dans une situation plus complètement régulière. Aujourd’hui ils ressemblent un peu à de l’ostentation, à des combinaisons de fantaisie imaginées pour capter une certaine popularité. — On dégrève d’un côté, on ouvre l’emprunt en permanence d’un autre côté ! Tout cela est sans doute spécieux et peut faire, si l’on veut, une sorte d’illusion. Ce n’est probablement pas encore ce que le baron Louis aurait appelé gouverner sagement l’abondance. Il n’aurait pas conseillé de dégrever et d’emprunter à la fois, lui qui répétait sans cesse à ses jeunes amis, à M. Thiers, à M. Duchâtel, qu’il fallait amortir pendant la paix pour pouvoir dépenser quand il le faudrait, aux heures décisives où la France aurait besoin de toutes ses ressources, de toute sa puissance de crédit.

La fortune d’une grande nation ne ressemble pas sans doute aux fortunes privées. Elle ne s’administre pas et ne se gouverne pas de la même manière, par les mêmes procédés. Un pays populeux, laborieux, perpétuellement actif et toujours renouvelé ne peut pas s’en tenir aux règles d’une stricte et méticuleuse économie. Il est tout simple que pendant la paix il use de cette prospérité qui est le prix de ses efforts pour développer les entreprises, les travaux qui ouvriront à l’activité nationale des carrières nouvelles, qui seront une source de richesse. Ce qu’il dépensera lui sera payé au centuple. Tout cela est possible dans une certaine mesure, sous certaines réserves, à la condition, par exemple, qu’on n’oublie pas qu’il y a dix ans à peine, la France est sortie de la plus cruelle, de la plus effroyable des crises avec plus de vingt milliards de dettes qui ne cessent de peser sur elle, dont elle n’est malheureusement pas dégrevée. Cette France éprouvée et meurtrie de 1871, elle s’est relevée matériellement, nous le voulons bien, elle a retrouvé sa fécondité ; elle est de force à tenir tête à toutes les difficultés, à porter tous les fardeaux, et l’expansion de richesse qui se produit, qui excite le lyrisme officiel, montre ce qu’il y a toujours en elle de vitalité, d’énergie réparatrice : soit ! La France est riche ; mais enfin elle n’est pas sans éprouver pas instans d’indéfinissables fatigues dont le ralentissement progressif des exportations est le signe. Elle reste, de plus, singulièrement engagée dans ses finances, dans son crédit. Est-il prudent d’ajouter sans cesse à ces engagemens, d’inscrire chaque année 50, 60 millions de plus au budget ordinaire des dépenses publiques ? Le courant est irrésistible. Un jour il faut améliorer le traitement des fonctionnaires ; un autre jour on veut augmenter les dotations de l’enseignement à tous les degrés, sous toutes les formes. L’idée de populariser la république par un vaste système de travaux s’est produite, et l’on n’a trouvé rien de mieux que de rouvrir le grand-livre, on a imaginé le budget de l’emprunt qui est évalué pour le prochain exercice à 450 millions, sans compter les arriérés de la réorganisation militaire auxquels il faudra faire face. De toutes parts, on touche à l’excès et si l’on réunissait tout ce que la France a de dépenses obligatoires, on trouverait que les charges qui pèsent sur l’état, sur les départemens, sur les communes s’élèvent au moins à 4 milliards. C’est beaucoup, c’est déjà trop, et s’il surgissait quelque circonstance décisive qui obligeât la France à ne consulter que sa sûreté, sa dignité, est-on bien sûr qu’on n’aurait pas d’avance paralysé un des plus puissans instrumens de défense nationale ? Tout cela, à y bien réfléchir, est dans le budget, dans la situation financière et aurait valu la peine d’être examiné, d’être serré de plus près au lieu d’être tout au plus effleuré dans une discussion de fin d’année à laquelle on s’est hâté de couper court. On ne prend pas garde qu’à procéder comme on le fait, avec une précipitation peu prévoyante, on risque de compromettre cette richesse, ce crédit dont on se prévaut. On ne gouverne pas la prospérité, on en abuse, et ce qu’il y a d’aussi dangereux que tout le reste, c’est d’introduire l’esprit de parti dans le maniement des finances, de mêler à une affaire de budget des passions et des représailles, des préoccupations de circonstance, ainsi qu’on vient de le voir ces jours derniers encore devant la chambre des députés.

Qu’est-il arrivé en effet ? Il y avait vraiment longtemps qu’on ne s’était occupé des ordres religieux pour les pulvériser une fois de plus, et un des membres de la commission du budget, M. Henri Brisson, n’a pas voulu laisser croire qu’il y eût une trêve même momentanée. Il s’est fait le promoteur de tout un ensemble de dispositions destinées à envelopper les congrégations dans un réseau de fiscalité. M. le président de la commission du budget a saisi l’occasion de prononcer un réquisitoire aussi âpre, aussi passionné qu’habile contre la main-morte, contre les associations religieuses plus ou moins déguisées sous le nom et sous la forme de sociétés civiles. Que la propriété de main-morte se soit singulièrement développée depuis trente ans surtout, que cette extension même soit de nature à attirer l’attention des esprits politique, à devenir un objet d’examen, de considération sérieuse, nous ne voulons pas le contester. Mais ce n’est pas une question de budget et pour satisfaire une passion de parti, on s’engage dans une voie vraiment étrange où tout est contradiction et incohérence. Qu’est-ce à dire ? Ces congrégations qu’on poursuit, elles ont été déclarées dissoutes, dispersées ou expulsées, peu importe le mot ; elles sont dans tous les cas considérées comme ayant cessé d’exister, comme n’ayant plus même de domicile, et tout d’un coup on les rend à la vie, on les remet sur pied pour se donner le plaisir de les mettre à contribution avec des raffinemens particuliers de fiscalité ! Ce n’est pas tout ; on a l’air de ne proposer que des mesures simplement financières, — « c’est en définitive tout ce que permet le budget, — et par le fait ces mesures touchent au droit civil, au code de commerce, au code de procédure, Elles modifient par voie indirecte et sommaire, par un vrai subterfuge, toute une partie de la législation pour atteindre les communautés religieuses sous la forme civile qu’elles se sont donnée. Le dernier mot du système, et M. Henri Brisson n’a point hésité à l’avouer, serait la dépossession complète et définitive des ordres religieux. au nom et au profit de l’état. M. le président de la commission du budget a manqué de logique en s’arrêtant en chemin, en n’allant pas jusqu’au bout de la proposition qu’il avait dans l’esprit. Pour le moment, il s’est contenté de ses sept articles, de son petit code fiscal qui ne laisse pas d’être savamment combiné.

La chambre des députés, bien entendu, a tout voté, et c’est à peine si elle a accepté une légère modification du texte qui tendait à la sauver de cette inconséquence de paraître imposer des corporations qu’elle prétend ne pas reconnaître ; mais que va faire maintenant le sénat, tardivement saisi de si étranges propositions ? Il n’est point assurément impossible que les articles votés par la chambre ne trouvent au Luxembourg un accueil assez froid. Il est même vraisemblable que le sénat, malgré toute sa longanimité, s’arrêtera devant des fantaisies qui constituent de véritables dérogations au droit civil, au droit public. Il peut encore passer condamnation sur un crédit qu’on lin’ renverra ; il ne peut vraiment pas rendre silencieusement les armes dans une question où de si graves principes sont engagés d’une manière détournée et subreptice, où toutes les conditions législatives sont méconnues. Ainsi, à la dernière extrémité, par emportement ou par une excentricité d’omnipotence, les chefs de la majorité républicaine de la chambre des députés ne craignent pas de provoquer gratuitement un conflit parlementaire dont l’effet serait forcément de laisser en suspens la loi des finances à la veille de la fin de l’année ! Dés que leur passion est enjeu, ils se moquent du conflit, un peu du sénat, et, au risque de se mettre au-dessus de toutes les règles constitutionnelles, ils ne trouvent rien de plus commode que de faire du budget lui-même un instrument de représailles et de destruction contre des ordres religieux déjà administrativement exécutés. Au fond, c’est un exemple de plus de cet esprit d’arbitraire auquel les républicains, qui sont les maîtres du jour, se laissent si complaisamment aller, qu’ils portent dans les finances comme dans la politique, dans l’interprétation des lois comme dans leurs prétendues réformes de la magistrature, dans le domaine des intérêts militaires comme dans les affaires de l’enseignement.

La question est de savoir quel profit peuvent recueillir les institutions nouvelles, quels avantages elles ont déjà recueillis d’un système qui ne tendrait à rien moins qu’à mettre la violence, les passions de combat là où tout était facile, à faire de la république le règne exclusif d’un parti en dehors de toutes les traditions libérales, modérées et conciliatrices. La vérité est que, jusqu’ici, cette politique, qui se proclame républicaine par privilège, n’a réussi qu’à semer l’irritation et le doute, à remuer plus de problèmes qu’elle n’en peut résoudre, et on peut se demander ce que M. Gambetta voulait dire hier encore lorsque, dans un discours retentissant adressé à l’Association polytechnique en pleine Sorbonne, il parlait de la « voie sûre » où marchent ensemble la démocratie, la chambre, le gouvernement, la nation tout entière, — « Oui, s’écriait-il avec une assurance superbe, cette nation est sur la grande route qui mène au but suprême, et à ceux qui me demandent ce que c’est que le but suprême, je répondrai qu’il ne peut y avoir d’équivoque ; le but suprême, c’est le progrès, dont la définition a été donnée par le philosophe éminent qui a tracé votre première charte. Qu’est-ce que le progrès ? C’est le développement de l’ordre… » Nous voilà bien renseignés ! qu’est-ce que cela veut dire ? que signifie ce progrès qui est le développement de l’ordre ? cherchez ce qu’il y a sous ce décevant éclat de langage, sous ces déclamations : la réalité, c’est l’esprit de violence et de guerre entrant jusque dans le budget, c’est la magistrature tout entière menacée, frappée de suspicion pour son indépendance, c’est l’enseignement de la jeunesse troublé dans des intentions de propagande, remué par des mains agitatrices. S’il y avait encore en tout cela des réformes sérieuses, même un peu hardies, mais enfin préparées avec une certaine vigueur d’intelligence et de réflexion, on pourrait discuter ; les réformes ne sont pas ce qui effraie les hommes sincères. Ce qu’il y a précisément de grave, c’est qu’on ne voit pas l’apparence d’une réforme un peu largement et impartialement conçue, c’est que tout se réduit à des procédés d’exclusion, à des déplacemens d’influences ou de personnes, à des expédiens pour s’assurer la domination ; tout prend aussitôt le caractère d’une œuvre de parti ou de secte.

Quel est le mot d’ordre de tous les changemens réalisés ou essayés depuis quelque temps dans l’enseignement public ? Il n’y en a qu’un, c’est la sécularisation qu’on traduit par cette autre expression barbare de « laïcisme, » de « laïcisation. » Il faut que tout soit laïque, c’est la mode du jour ! Évidemment, s’il ne s’agissait que de maintenir l’état dans ses droits, de faire respecter la liberté des croyances dans les écoles, ce serait tout simple sans être nouveau. Depuis plus de quatre-vingts ans, la société française est sécularisée dans ses lois, dans son état civil, dans son existence tout entière. Elle est laïque, ce qui veut dire tout simplement que l’ordre temporel et l’ordre spirituel vivent dans une mutuelle indépendance en se respectant ; mais il est bien clair que ce n’est plus là ce qu’on entend, par la sécularisation, que ces mots d’enseignement laïque ont une tout autre signification : ils déguisent à peine l’exclusion de toute influence, de toute idée religieuse, et si M. le président du conseil se croit encore obligé à quelques ménagemens de langage, surtout devant le sénat, s’il se plaît, comme il l’a fait récemment, à mettre en lumière les doctrines spiritualistes, chrétiennes, de la jeune Université sur la vie future, sur l’immortalité de l’âme, on le laisse dire.

Le sens réel des réformes auxquelles M. le ministre de l’instruction publique prête son nom, il est donné bien plutôt par M. Paul Bert, qui n’a nullement caché ses opinions, en discourant longuement l’autre jour sur l’enseignement laïque ; il est donné par M. Gambetta lui-même, qui appelait hier Auguste Comte « le plus grand penseur du siècle, » qui a installé, — il l’a cru du moins, — la royauté de la philosophie positiviste en pleine Sorbonne, « dans cette Sorbonne longtemps vouée à un autre idéal et à d’autres doctrines, mais qui, grâce à l’effort du temps et au concours d’hommes nouveaux, se dégage peu à peu des ombres du passé pour jeter les bases d’une véritable science positive… » Voilà qui est clair, et la jeune Université, les professeurs de la Sorbonne doivent être satisfaits des complimens que M. le président de la chambre est allé leur porter chez eux, dans leur propre maison ! Le sens des lois nouvelles, il est donné aussi, et même d’une façon toute pratique, par le conseil municipal de Paris, qui le plus souvent n’est désavoué ni par M. le préfet de la Seine ni par M. le ministre de l’instruction publique. Là est la vérité vraie sur la signification de tous ces projets qui se discutent depuis quelques jours dans les deux chambres. Ce qu’on veut, c’est substituer à de traditionnelles habitudes d’éducation chrétienne ce qu’on appelle l’éducation scientifique. Au lieu de respecter de vieilles mœurs et de s’en tenir simplement à la liberté sous l’impartiale surveillance de l’état, on prétend tenter d’autorité, avec toutes les ressources publiques, la plus redoutable des entreprises sur la jeunesse populaire de la France pour arriver à cette unité nationale nouvelle dont parlait un jour M. le président du conseil. C’est justement ce qui caractérise la politique de secte, et on ne voit pas bien jusqu’à quel point M. le ministre de l’instruction publique était autorisé récemment à s’élever avec une si grande vivacité contre ceux qu’il accusait de vouloir s’emparer des consciences et des esprits dans l’intérêt d’une religion d’état : il fait exactement la même chose dans un autre sens.

C’est à coup sûr une expérience singulièrement grave. Qu’est-ce donc lorsque ces nouvelles théories, ces nouveaux systèmes d’éducation doivent être appliqués à des jeunes filles ? Une loi a été en effet présentée ; elle n’émane pas précisément de l’initiative du gouvernement, mais elle a été acceptée et soutenue par lui jusqu’au bout. Elle a été adoptée par la chambre des députés, elle vient ces jours derniers d’être votée par le sénat, non cependant sans de vives et éloquentes contestations. Il s’agit de créer des lycées, des écoles d’enseignement secondaire pour les filles, et là aussi, bien entendu, l’idée laïque a triomphé ! L’instruction religieuse n’est pas absolument exclue, elle ne fait plus partie de l’enseignement proprement dit, elle reste facultative. L’instruction morale est seule maintenue dans le programme des cours. Quelle sera cependant cette instruction morale ? Voilà la question qui s’élève aussitôt : elle a été discutée avec autant de fermeté que d’éclat par M. le duc de Broglie, qui, à vrai dire, ne voyait pas bien la nécessité de conserver une instruction morale dégagée de toute idée religieuse, et le fait est qu’avec cette séparation on entre un peu dans l’inconnu. Quand l’instruction morale se confond avec l’idée religieuse, chrétienne, on sait ce que c’est ; quand elle en est séparée, elle ne cesse pas d’exister sans doute, elle reste du moins livrée à toutes les interprétations. A quelle philosophie se rattachera-t-elle ? où commence d’ailleurs et où finit la morale ? dans quelles limites devront se renfermer les professeurs ? pourront-ils enseignera des jeunes filles les bienfaits de la morale indépendante ou du mariage civil séparé du mariage religieux ? à quel point fixe s’arrêtera-t-on dans le domaine infini des spéculations de l’intelligence ?

Ce sont des chimères, dira-t-on, ce sont des doutes suscités pour jeter la suspicion sur l’enseignement nouveau. Il ne s’agit ni de troubler l’esprit des enfans, ni d’inventer une morale nouvelle, ni même de faire revivre, les idées de Zoroastre et de Confucius, pour lesquelles M. Paul Bert paraîtrait avoir des préférences. Les programmes sont connus, ils respectent toutes les grandes notions de spiritualisme. L’Université, — qui n’est pas aussi généralement convertie au positivisme que le pense M. Gambetta, — l’Université a les doctrines les plus généreuses, et pour preuve M. le président du conseil n’a eu qu’à citer l’autre jour, devant le sénat, une page éloquente d’un jeune professeur d’un lycée de Paris, M. Marion. L’enseignement restera ce qu’il a été jusqu’ici, prudent et respectueux pour l’enfance. Ce qui se faisait hier se fera encore demain dans les nouveaux lycées. Il n’en sera après tout ni plus ni moins, et les alarmes sont vaines. Soit, rien ne sera changé ; mais alors à quoi bon soulever tous ces problèmes et se donner l’air de prendre pour sujet d’expérience l’âme délicate des jeunes filles ? Pourquoi ces arrogantes prétentions réformatrices et ces suppressions bruyantes d’une instruction religieuse qui n’a pas empêché jusqu’ici, que nous sachions, les femmes de notre pays n’être parmi les plus éclairées, les plus spirituelles, les plus sensées, et de donner à la civilisation française une partie de son caractère et de son génie ? Croit-on qu’on aurait bien servi la France et sa grandeur morale et son influence dans le monde, si on réussissait à créer une génération de femmes « scientifiques » et raisonneuses, allant pérorer dans les conférences, en province comme à Paris, sur l’émancipation de leur sexe ?

Le malheur dans tout cela, dans l’enseignement comme dans toutes les affaires qui se succèdent, le malheur est que ceux qui sont les maîtres du jour semblent beaucoup moins préoccupés de préparer, de réaliser des réformes sérieuses que d’employer tous les moyens, toute l’autorité de l’état, toutes les ressources dont ils disposent, à se créer une France à eux. C’est, un mouvement curieux à suivre depuis deux ou trois ans ; il s’étend à tout et partout apparaît cette passion de parti et de secte, cet esprit de domination exclusive qui n’a rien de nouveau sans doute, qui s’est manifesté au courant de notre histoire sous des formes différentes et qui a compromis plus d’un régime, à commencer par la république elle-même. Et à quoi aboutit-on ? Évidemment il n’y a aucun péril immédiat et criant. La France, dans son ensemble, ne cesse pas d’être paisible, et elle assiste même, avec assez d’indifférence, à toutes ces agitations superficielles dont on lui offre par instans le spectacle, qui l’étonnent quelquefois sans l’émouvoir et auxquelles, dans tous les cas, elle reste étrangère. Oui, sans doute, on a raison de le dire, l’ordre matériel n’est ni troublé ni menacé. Il n’est pas moins vrai qu’il y a un certain malaise croissant, mal défiai, et que, si l’opinion n’est pas arrivée à une inquiétude décidée, elle se sent assez souvent prise d’impatience en voyant ceux qui la représentent ou qui la gouvernent touchera tout, aux finances comme à la magistrature, à l’armée comme à l’enseignement ou aux affaires religieuses, pour ne réussir qu’à mettre tout en doute. Ce sentiment peut être plus ou moins vif, il peut ne pas se manifester toujours de là même manière ; il est à peu près universels et il y a mieux, il existe même chez ceux qui ont le pouvoir et l’influence dans le parti dominant. Les chefs du parti ont beau se déclarer satisfaits en se regardant dans leurs œuvres et se répéter complaisamment à eux-mêmes qu’ils sont la nation ; ils ont beau se dire que chambre, gouvernement, majorité, sont dans la « voie sûre, » que par eux la république vit et prospère, c’est un optimisme plus apparent que réel. On sent, à travers tout, ce qu’il y a de peu normal, de peu sûr et peut-être de peu durable dans une situation où les assemblées sont sans direction, où le gouvernement est sans autorité, et où, à chaque instant, pour dire le vrai mot, une certaine médiocrité turbulente et impuissante tend à tout rabaisser et à tout paralyser.

La république est incontestée, c’est entendu ; elle n’a rien à craindre de ses adversaires, elle est absolument aux mains de ceux qui prétendent en garder le monopole, et c’est précisément depuis que le règne des républicains exclusifs s’est affirmé, c’est surtout depuis quelque temps que nous revenons par degrés à cet état particulier où l’on recommence à dire que décidément les affaires ne marchent pas, que gouvernement et majorité ne sont pas à la hauteur des circonstances. Effectivement, l’expérience n’est pas des plus heureuses, et la meilleure preuve qu’il y a un malaise intime, profond, universel, c’est que dans le sein même du parti républicain on en est venu bientôt à chercher comment on pourrait sortir d’une confusion croissante. On a cru trouver dans une réforme électorale, dans la proposition de substituer le scrutin de liste au scrutin d’arrondissement le moyen le plus efficace pour redresser une situation faussée, pour relever la vie publique par le renouvellement de la majorité, du personnel parlementaire. Ce qui arrivera de cette proposition dont M. Bardoux a pris l’initiative et qu’il a appuyée de considérations aussi justes que mesurées, on ne le voit pas bien encore. Elle n’a pas trouvé d’abord dans la chambre un accueil fort empressé, et c’est tout simple, puisqu’elle menace précisément une foule de médiocres importances qui encombrent aujourd’hui la politique, qui se sentent intéressées à défendre le petit royaume électoral où elles se sont établies. Depuis le premier moment, l’impression a paru redevenir plus favorable, la proposition de M. Bardoux a repris quelque avantage, et il est certain que, la situation étant donnée, dans les circonstances présentes, le scrutin de liste, en dégageant un peu les élections des influences locales et personnelles, pourrait contribuer à relever l’importance de l’assemblée prochaine, à lui inculquer un esprit nouveau. Après cela. il ne faut pas évidemment s’y tromper, ce n’est qu’un palliatif. Le mal n’est pas dans le mode d’élection, il est tout entier dans une politique qui depuis quelque temps sème l’irritation, divise la France au nom d’un parti, et qui, en divisant la France, tend à rétrécir sans cesse le terrain où la république aurait pu se fonder avec le concours de tous les esprits éclairés comme avec l’assentiment paisible de la nation.

Au moment où s’agitent tant de problèmes qui ne seront pas de sitôt résolus, la mort vient de frapper la femme qui a porté le nom du premier président et on peut bien dire du fondateur de la république nouvelle. Mme Thiers vient de s’éteindre dans un âge peu avancé. Pendant plus de quarante ans, elle avait été associée à l’existence d’un homme qui a été une des lumières, une des puissances de son siècle, un des chefs et des guides de son pays dans les jours heureux et dans les jours troublés. Elle avait partagé ses succès et ses épreuves. Elle avait accompagné M. Thiers en 1870 dans cette course désolée qu’il faisait à travers l’Europe pour chercher des alliés à la France. Elle avait été pour lui la compagne de toutes les heures à la présidence. Depuis la mort de M. Thiers, elle s’était enveloppée dans son deuil et elle avait noblement dévoué son veuvage à rassembler tous ces discours qui sont l’expression d’une grande carrière publique, qui sont de vrais monumens de sagesse, de savoir, d’esprit, d’expérience. Mme Thiers, en digne femme de l’homme illustre dont elle a porté le nom, a rendu avant de mourir le meilleur service qu’elle pût rendre en recueillant, en léguant à tous ces pages où les politiques du moment peuvent aller chercher des leçons séduisantes de bon sens, de modération et de patriotisme.


Cn. DE MAZADE.



ESSAIS ET NOTICES

Saint Martin, par Lecoy de la Marche, Tours, 1880 ; Marne.


« Martin est le patron spécial du monde entier, » a dit Grégoire de Tours. En rappelant ce mot du chroniqueur, M. Lecoy de la Marche n’a point cédé à l’amour-propre d’un auteur épris de son sujet. Entre tous les noms que l’église propose au respect et à l’imitation des fidèles, le nom de saint Martin est un de ceux qu’à travers tous les âges et dans toutes les parties du monde a le plus constamment entouré la vénération universelle. Et cependant, Martin n’est pas un martyr. Il n’a pas versé son sang pour l’Évangile ; il n’a même pas souffert la persécution. D’où vient donc à saint Martin son auréole ? De la pratique d’une vertu par excellence, d’une vertu que le christianisme a donnée au monde et qui semble avoir trouvé en Martin sa vivante incarnation : la charité. L’épisode du manteau partagé par un froid rigoureux avec un pauvre grelottant, alors que déjà les autres vêtemens de celui qui n’était encore qu’un soldat romain avaient été distribués à d’autres misères, c’est l’histoire de toute la vie de saint Martin. Il avait d’ailleurs toutes les vertus qu’enfante la charité. Il avait la douceur, il avait la modestie, il avait l’humilité, il avait la tolérance. Quelle preuve plus éclatante de cette dernière vertu que son intervention en faveur de Priscillien et de ses disciples ? Condamnés par les conciles de Saragosse et de Bordeaux, Priscillien et les principaux sectateurs de son hérésie n’avaient pas craint d’en appeler à l’empereur Maxime ; c’était faire du pouvoir civil l’arbitre des décisions religieuses. Cependant les plus violons adversaires de Priscillien, Itace et Idace, deux évêques espagnols, avaient accepté l’appel, et, oublieux de leur caractère sacré, poursuivaient auprès de l’empereur non-seulement la condamnation de l’hérésie, mais aussi la condamnation à mort des sectaires. Martin prend en main la cause des accusés, et obtient de haute lutte le salut de ceux qu’on veut faire périr. Mais, à peine éloigné de Trêves et de la cour impériale, il apprend que le faible empereur, cédant aux instances des Espagnols, ses compatriotes d’origine, a permis l’exécution de Priscillien et des principaux hérésiarques ; il apprend que des tribunaux armés de pouvoirs sans bornes vont rechercher dans toute l’Espagne ceux qui ont trempé dans l’hérésie, les dépouiller de leurs biens et leur faire subir le dernier supplice : Martin revient à Trêves en toute hâte, et cette fois sans retour, il a la joie et la gloire d’arracher des milliers d’êtres humains à la plus horrible persécution. N’est-ce pas là, si on songe surtout à la barbarie du ivc siècle, un trait vraiment admirable ?

On comprend aisément qu’un historien soit tenté de peindre cette grande figure. M. Lecoy de la Marche lui a donné l’ampleur de proportions qu’elle mérite. Il a traité son vaste sujet non pas seulement en érudit plein de conscience, mais en artiste plein d’enthousiasme. Il a eu de plus la rare fortune d’associer à son œuvre M. Luc-Olivier Merson et de pouvoir confier le soin de la faire connaître à la maison Marne. Un tel concours ne pouvait produire une œuvre médiocre.


AUBRY-VITET.



Les Manuscrits de Léonard de Vinci, publiés on fac-similés, avec transcription littorale, traduction française, préface et table méthodique, par M. Ch. Ravaisson-Molliun, 4 vol. in-f° ; Quantin.


Ce magnifique et curieux volume, dont le seul aspect déclare la patience, l’érudition, le dévoûment à la science de l’éditeur, M. Ch. Ravaisson-Mollien, inaugure une publication d’une importance, à tous égards, considérable.

Nul n’ignore le rang que tient Léonard de Vinci dans l’histoire de l’art ; on connaît moins la place qu’il occupe dans l’histoire de la science proprement dite et de la philosophie. Pourtant il semble que ce grand esprit n’ait pas été moins inventeur dans la mécanique, même ou dans la physique, que dans la peinture. Et si c’est à l’universalité des aptitudes que l’on mesure la valeur des hommes, il est incontestablement unique parmi les artistes de la renaissance italienne. D’autres ont, comme lui, dans ce siècle heureux, possédé toutes les parties de l’art, mais quel autre, en même temps, a exploré comme lui les profondeurs de cette science expérimentale, encore indivise alors, et qui depuis, — on peut, je crois, le dire sans emphase, — a renouvelé la face du monde ? Autant que l’on puisse en juger sur le témoignage de ce manuscrit, c’est en essayant de prolonger les limites mêmes de son art, et d’en approfondir les premiers principes que, d’expérience en expérience, Léonard de Vinci s’est trouvé conduit jusque dans la région de la science pure et de la philosophie naturelle. Une idée bien souvent exprimée, mais qui ne paraît pas avoir fait jusqu’ici son chemin, c’est que le chancelier Bacon, à qui l’on fait honneur d’avoir initié la pensée moderne aux principes, aux méthodes, aux vastes espérances de la science expérimentale, pourrait bien, tout compte fait, avoir frustré les Italiens d’une gloire qui leur serait légitimement due. Mais je ne sais quel sentiment d’envie mauvaise n’aura pas voulu qu’il s’accumulât sur la seule Italie tant de reconnaissance. Il se pourrait bien que la publication des manuscrits de Léonard de Vinci rétablît les choses telles qu’elles doivent être : à Bacon, poète autant et plus que philosophe, l’honneur d’avoir présenté sous des images tour à tour ingénieuses ou grandioses, qui n’appartiennent qu’à lui, ce qu’avaient deviné les Italiens de la renaissance.

Mais pourquoi nous aurons attendu si longtemps, c’est ce que l’on comprendra sans peine quand on mesurera ce qu’il a fallu de labeur à M. Ravaisson pour déchiffrer seulement les hiéroglyphes de Léonard.

Il nous reste à souhaiter que quelque savant s’empare de cette importante publication et rende à l’art, à la science, à la philosophie ce service de mesurer exactement ce que fut comme savant le peintre de la Mona Lisa.


Le directeur-gérant, C. BULOZ.