Les Contes de Canterbury/Conte du prêtre de nonnains

La bibliothèque libre.
Traduction par Charles Cestre.
Texte établi par Émile LegouisFélix Alcan (p. 223-241).


Le Conte du Prêtre de Nonnains.


Le Prologue du Conte du Prêtre de Nonnains.


« Oh ! (dit le Chevalier,) mon bon sire, plus de ceci ;
ce qu’en avez dit est bien assez, pour sûr,
et moult plus : car un peu de tristesse
3960est bien assez pour maintes gens, je pense.
Je le dis quant à moi, y a grand mésaise,
quand un homme a été en grand richesse et aise,
d’apprendre sa chute soudaine, hélas !
et le contraire est joie et grand soûlas,
quand un homme a été en pauvre état,
et s’élève et devient fortuné,
et demeure en prospérité ;
telle chose est éjouissante, ce me semble,
et telle chose ferait bon conter. »
3970« Certes, (dit notre hôte,) par la cloche de Saint-Paul[1],
vous dites très juste ; ce moine dégoise haut ;
il a dit comme « fortune couvrit d’un nuage »
je ne sais trop quoi, et il a parlé aussi de « Tragédie »,
vous venez de l’entendre, et pardi ! ce n’est remède
de se lamenter et plaindre
de ce qui est fait, et puis c’est chose pénible,
comme vous avez dit[2], d’entendre parler de malheur.
Messire Moine, plus de ceci, Dieu veuille vous bénir !
Votre conte ennuie toute la compagnie ;
3980de telles histoires ne valent un papillon ;
car n’y a dedans ni joyeuseté ni jeu.
Adonc, messire Moine, ou dom Pierre de votre nom,
cordialement vous prie, dites quelqu’autre chose,
car, bien sûr, n’était le tintement de vos clochettes,
qui pendent à votre bride de chaque côté,
par le Dieu du ciel, qui pour nous tous mourut,

dès longtemps serais-je à bas tombé, de sommeil,
si profond qu’eût été le bourbier ;
lors votre conte aurait été conté tout en vain ;
3990car, pour certain, comme disent les clercs,
« quand homme ne peut avoir audience,
rien ne lui sert de dire sa sentence ; »
et je sais bien qu’il doit faire fonds sur moi[3],
celui qui veut bien conter son histoire.
Messire, dites-nous de chasse, je vous prie. »
« Nenni, (dit le Moine,) je n’ai pas le cœur à m’éjouir :
qu’un autre conte à présent, comme j’ai conté. »
Lors parla notre hôte, de propos rude et hardi,
et s’adressa incontinent au prêtre de Nonnains :
4000« Approche, Prêtre, viens ça, messire Jean[4],
dis nous telle chose qui nous boute le cœur en joie ;
sois gaillard, bien que tu chevauches une rosse.
Ne te chaille que ta bête soit laide et maigre ;
si elle te sert, ne t’en soucie plus que d’une fève ;
veille que ton cœur soit toujours en gaîté. »
« Oui-da, messire, (fit-il ;) oui-da, notre hôte, par ma foi !
si ne suis gai, pour sûr, je veux être blâmé. »
Et tout incontinent son conte a entamé
et nous dit comme suit, a tous et chacun,
4010ce doux Prêtre, ce bon homme, messire Jean.

____________________________________Explicit.



Le Conte du Prêtre de Nonnains[5].


Ci commence le Conte du Prêtre de Nonnains, du Coq Chanteclair et de la Poule Pertelote.


Une pauvre veuve, quelque peu avancée en âge,
vivait une fois dans une étroite chaumière,

contre un petit bois, en un vallon.
Cette veuve, dont vous conte mon conte,
depuis le jour où elle perdit son homme,
en patience menait très simple vie,
car maigre était son cheptel et sa rente.
Par économie, avec ce que Dieu lui avait octroyé,
elle pourvoyait à ses besoins, et aussi de ses deux filles.
4020Trois grosses truies avait-elle, pas plus,
trois vaches, et aussi une brebis qui s’appelait Mariette ;
toute noire de suie était sa chambre, et aussi sa salle,
où elle faisait maint pauvre repas.
De sauce relevée elle n’avait guère besoin.
Nul morceau délicat ne lui passait par le gosier ;
son manger était à l’avenant de sa cabane.
La réplétion ne la rendait oncques malade ;
diète tempérée était toute sa médecine,
et exercice, et cœur content.
4030La goutte ne l’empêchait mie de danser,
ni l’apoplexie ne lui rompait la tête ;
elle ne buvait point de vin, ni blanc ni rouge ;
sa table était surtout servie de blanc et de noir,
de lait et de pain bis, dont jamais ne manquait,
de lard grillé, et parfois d’un œuf ou deux,
car elle était quasiment laitière de son métier.
Elle avait une cour, enclose tout autour
de pieux et entourée d’un fossé à sec,
4040dans laquelle elle avait un coq nommé Chanteclair ;
dans tout le pays de coquelicon il n’avait son pareil.
Sa voix était plus joyeuse que les joyeuses orgues
qui, les jours de messe, ronflent dans l’église ;
bien plus ponctuel était son chant sur son perchoir
que n’est une horloge on un carillon d’abbaye.
Par nature, il savait chaque ascension
de l’équinoxial[6], en ce hameau ;
car lorsque l’ombre avait monté de quinze degrés,
il chantait, si bien à point qu’on ne saurait mieux faire.
Sa crête était plus rouge que le fin corail,
4050et crénelée, comme un mur de castel.

Son bec était noir, et brillait comme le jais ;
comme azur étaient ses pattes et ses ergots ;
ses ongles plus blancs que la fleur de lys,
et comme l’or bruni, son plumage.
Ce gentil coq avait en sa gouverne
sept poules, pour prendre tout son plaisir,
qui étaient ses sœurs et ses amours,
et merveilleusement semblables à lui de couleur.
Celle dont la gorge brillait des plus belles teintes
4060avait nom belle damoiselle Pertelote.
Courtoise était, sage et débonnaire[7]
et de bonne compagnie, et si bellement se comportait,
depuis le jour où elle eut une semaine d’âge,
que vraiment elle possédait le cœur
de Chanteclair, lié par toutes les fibres ;
lui l’aimait tant, qu’il en était plein d’aise.
C’était joie de les ouïr chanter,
quand le gai soleil commençait à poindre,
en harmonieux accord : Mon ami au loin s’en est allé[8].
4070Car en ce temps, à ce que j’ai entendu dire,
oiseaux et bëtes parlaient et chantaient.
    Or advint qu’un matin à l’aube,
comme Chanteclair, emmi toutes ses femmes,
se tenait sur son perchoir (qui était dans la salle),
et près de lui la belle Pertelote,
Chanteclair se mit à geindre dans sa gorge,
comme un homme qui en rêve souffre peine cruelle,
et quand Pertelote l’ouït se lamenter ainsi,
elle s’étonna et dit : « Mon doux cœur,
4080de quoi souffrez-vous, pour gémir de cette façon ?
Quel dormeur vous faites, fi, quelle honte ! »
Et il répondit, et dit ainsi : « Madame,
je vous prie, ne le prenez pas mal ;
par Dieu, je rêvais que j’étais en telle malechance,
juste à présent, que mon cœur en est encore tout effrayé.
Or veuille Dieu, dit-il, tourner à bien mon songe,
et me garder le corps hors de male prison !

Je rêvais que j’allais de ça, de là
dans notre cour, quand je vis une bête
4090qui était comme un chien et aurait voulu s’élancer
sur mon corps, et aurait voulu me tuer.
Sa couleur était entre jaune et rouge ;
et sa queue et ses deux oreilles avaient la pointe
noire, différente du reste du poil ;
son museau était mince, avec deux yeux luisants.
De son aspect encore je meurs presque de peur.
C’est ce qui a causé mon gémissement sans doute. »
    « Arrière, cria-t elle, fi de vous, sans cœur !
Hélas ! fit-elle ; car, par le Dieu d’en haut,
4100ores avez-vous perdu mon cœur et tout mon amour ;
je ne saurais aimer un couard, par ma foi.
Car, certes, quoi qu’en disent aucunes femmes,
nous désirons toutes, si faire se peut,
avoir mari hardi, sage, généreux,
et secret, et point ladre, ni fol,
ni tel qu’il s’effraye de chaque outil,
ni vantard non plus, par le Dieu de là-haut !
Comment n’eûtes-vous pas vergogne de dire a votre amour
que rien ait pu vous faire peur ?
4110N’avez-vous cœur d’homme, et avez une barbe ?
Hélas ! et pouvez-vous vous effrayer d’un songe ?
Il n’y a, Dieu le sait, rien que vanité en les songes.
Les songes naissent de réplétion,
et souvent de vapeurs, et de complexions[9],
quand les humeurs sont trop abondantes dans le corps.
Certes, ce rêve, qu’avez eu cette nuit,
vient de la grande superfluité
de votre colère rouge[10], pardi,
qui fait peur aux gens, dans leurs rêves,
4120de flèches, et de feu avec rouges flammes,
de grandes bêtes, qui veulent les mordre,
de combats, et d’animaux féroces grands et petits ;
tout comme l’humeur de mélancolie
fait crier maint homme, en son sommeil,

par crainte d’ours noirs, ou de taureaux noirs,
ou bien de diables noirs, qui les veulent prendre.
D’autres humeurs pourrais-je aussi parler
qui font se douloir maint homme en son sommeil ;
mais je veux passer aussi vite que je peux.
4130    Voyez Caton[11], qui fut homme si sage,
n’a-t-il pas dit : ne faites cas de songes ?
Or ça, monsieur, dit-elle, quand nous volerons à bas de la perche,
pour l’amour de Dieu, veuillez prendre un laxatif ;
au péril de mon âme et de ma vie,
je vous conseille pour le mieux, sans mentir :
il faut tout ensemble de colère et de mélancolie
vous purger ; et pour que vous ne tardiez,
bien que dans ce hameau il n’y ait point d’apothicaire,
je vais moi-même vous enseigner les herbes
4140qui seront pour votre santé et pour votre bien ;
et dans notre cour trouverai-je ces herbes
qui ont propriété, par nature,
de vous purger par en bas, et aussi par en haut.
N’oubliez ceci, pour l’amour de Dieu :
vous êtes colérique de complexions[12].
Gardez que le soleil, à son ascension,
ne vous trouve replet d’humeurs chaudes ;
car s’il le fait, j’ose bien gager un liard
que vous aurez fièvre tierce,
4150ou chaud mal, qui peut être votre mort.
Pendant un jour ou deux il faut prendre des digestifs
de vers, avant de prendre vos laxatifs :
de la lauréole, de la centaurée, de la fume terre,
ou bien de l’ellébore, qui pousse ici,
ou de l’épurge, ou des baies de bourdaine,
ou du lierre terrestre de notre cour, qui est si plaisant à voir ;
picorez-les tout comme ils poussent, et les avalez.
Soyez gaillard, mon mari, par la race de votre père !
Ne craignez les songes ; je ne puis vous dire plus. »
4160    « Madame, dit-il, grand merci de votre science.
Mais néanmoins, touchant dom Caton,

qui a de sagesse si grand renom,
bien qu’il nous avise de ne craindre les songes,
par Dieu, on peut lire les vieux livres
de maints auteurs, de plus d’autorité
que n’eut jamais Caton, par ma foi !
qui disent tout le contraire de cette sentence,
et ont bien trouvé par expérience
4170aussi bien de joies que de tribulations
que les hommes endurent en cette présente vie.
Point n’est besoin discuter de ceci ;
les faits mêmes en font preuve.
    Un des plus grands auteurs[13] qu’on lise
dit ceci : qu’une fois deux compains partirent
en pèlerinage, en très bonne entente ;
et advint qu’entrèrent dans une ville,
où y avait telle congrégation
de peuple, et telle disette de logis,
4180qu’ils ne trouvèrent pas même une cabane
où ils pussent tous deux loger.
Ils durent donc, par nécessité
pour cette nuit, se fausser compagnie ;
et chacun d’eux va à une hôtellerie
et prend son logis comme se trouve.
L’un d’eux se logea dans une étable,
au fond d’une cour, avec des bœufs de charrue ;
l’autre se logea assez bien
comme le conduisit la chance, ou la fortune,
4190qui nous gouverne tous de loi commune.
    Or arriva que, longtemps avant le point du jour,
celui-ci rêva dans son lit, où il était couché,
que son compain se mettait à l’appeler,
et lui disait : « Hélas ! car dans une étable à bœufs,
où suis couché, je serai tué cette nuit.
Or, aide-moi, cher frère, devant que je meure ;
en toute hâte, viens à moi », dit-il.
Notre homme, de peur, s’éveilla en sursaut ;
mais quand il fut tout à fait sorti de sommeil,

4200il se retourna, et de ce ne prit garde ;
il lui sembla que son rêve n’était que vanité.
Deux fois dans son sommeil fit-il le même rêve.
Et une troisième fois encore son compain
vint, ce lui sembla, et dit : « Ores suis occis ;
vois mes blessures sanglantes, larges et profondes !
Lève-toi de bonne heure demain matin,
et à la porte de l’ouest de la ville, dit-il,
un char plein de fumier verras-tu,
dans lequel est caché mon corps, très secrètement ;
4210fais arrêter ce char, hardiment.
C’est mon or qui a causé mon meurtre, pour dire vrai. »
Et il lui dit en tous points comment fut meurtri,
avec très piteuse figure, de teinte toute blême.
Et croyez bien qu’il trouva son rêve tout vrai,
car, au matin, dès qu’il fit jour,
il prit le chemin de l’auberge où était son camarade,
et quand il arriva à l'étable à bœufs,
il se mit à appeler son compagnon.
L’hôtelier lui répondit incontinent,
4220et dit : « Messire, votre compain s’en est allé ;
au point du jour il est parti de la ville. ».
Notre homme commença à entrer en soupçon,
se rappelant le rêve qu’il avait songé,
et s’en va — plus longtemps ne voulait tarder —
vers la porte de l’ouest de la ville, et trouva
un char de fumier, comme pour fumer la terre,
qui était arrangé de cette même façon
qu’avez entendu l’homme mort décrire ;
et d’un cœur hardi, se met à crier
4230vengeance et justice de cette félonie : —
« Mon compain fut meurtri cette nuit même,
et il gît dans ce char couché bouche béante.
J’en appelle aux ministres, dit-il,
qui ont devoir de garder et gouverner cette cité.
Haro ! hélas ! ci gît mon compagnon meurtri ! »
Que dois-je à ce conte ajouter ?
Le peuple saillit dehors, et jeta le char à terre,
et emmi le fumier ils trouvèrent
le mort, qui était tout fraîchement tué.

4240    O bienheureux Seigneur, qui es si vrai et si juste,
comme tu dévoiles le meurtre toujours !
Le meurtre ne se peut celer, nous le voyons chaque jour.
Le meurtre est si odieux et si abominable
à Dieu, qui est si juste et raisonnable,
qu’il ne veut le laisser impuni ;
dût-on attendre un an, ou deux, ou trois,
le meurtre éclatera, c’est ma conclusion.
Et tout incontinent les ministres de cette ville
ont pris le charretier et l’ont si bien mis à géhenne,
4250et l’hôtelier aussi ont si fort bourrelé
qu’ils ont incontinent avoué leur vilenie,
et qu’ils furent pendus par le col.
    Ci peut-on voir que songes sont à craindre,
et certes, dans le même livre je lis,
droit dans le prochain chapitre après ceci
(si je mens, Dieu m’ôte joie et félicité !)
de deux hommes qui eussent voulu passer la mer,
pour certaine cause se rendant en terre lointaine,
si le vent n’avait été contraire,
4260et ne les avait retenus en une cité,
qui s’élevait très plaisante près d’un havre.
Or un jour, vers le soir,
le vent se mit à changer, et souffla comme ils souhaitaient.
Gaillards et contents, ils s’en allèrent se coucher,
et firent projet de partir de bon matin ;
mais à l’un de ces hommes advint grand merveille.
Celui-ci, comme il gisait dormant,
rêva un songe étrange, vers le matin ;
il lui sembla qu’un homme était debout à côté de son lit,
4270et lui commandait de rester,
et lui disait : « Si tu pars ce matin,
tu seras noyé ; mon propos est au bout. »
Il s’éveilla et dit à son compagnon son songe,
et le supplia de retarder son voyage ;
pour ce jour, le supplia de demeurer.
Son compain, qui était couché à côté de son lit,
se mit à rire, et de lui se gaussa fort.
« Nul rêve, dit-il, ne saurait tant m’effrayer le cœur,
4280que je tarde à faire mes affaires.

Je ne fais cas de tes rêveries plus que d’une paille,
car songes ne sont que vanités et sornettes.
On rêve tous les jours de hibous et de singes,
et puis encore de maint labyrinthe ;
on rêve de choses qui jamais n’ont été, ni jamais ne seront.
Mais puisque je vois que tu veux demeurer ici,
et perdre ainsi ton temps en fainéantise,
Dieu sait que j’en ai regret ; donc, bonjour !
Et ainsi prit-il congé et alla son chemin.
Mais avant que son navire eût fait la moitié de sa course,
4290ne sais comment, ni quelle malechance lui advint,
mais par hasard la coque de la nef s’ouvrit,
et nef et gens allèrent au fond de l’eau,
en vue d’autres nefs, en leur voisinage,
qui voguaient avec eux dans le même temps.
A donc, belle Pertelote si chère,
par tels anciens exemples peux-tu apprendre,
qu’onques ne devrait-on dédaigner
les songes ; car je te le dis, sans doute,
maint songe est malement à craindre.
4300    Voyez, je lis dans la vie de St Kenelm,
qui fut fils de Kenulph, le noble roi
du pays de Mercie, que Kenelm eut un songe.
Un peu avant que fût meurtri, un jour,
il vit son meurtre dans une vision.
Sa nourrice lui expliqua, en tout point,
ce songe, et lui dit de se bien garder
par crainte de trahison ; mais il n’avait que sept ans,
et donc peu de compte pouvait-il faire
d’un songe, si saint était son cœur.
4310Par Dieu, mieux aimerais plutôt qu’avoir chemise,
que vous eussiez lu cette légende, comme j’ai fait.
Dame Pertelote, je vous le dis vraiment,
Macrobe, qui a écrit la vision,
en Afrique, du fameux Scipion[14],
affirme les songes, et dit que ce sont
des avertissements de choses qu’hommes après verront.
    Et aussi bien, regardez, je vous prie,

dans l’Ancien Testament, touchant Daniel,
s’il tenait songes pour vanité.
4320Lisez aussi l’histoire de Joseph, et vous verrez
que songes sont parfois (je ne dis pas tous)
avertissements de choses qui après arriveront.
Voyez le roi d’Égypte, dom Pharaon,
et aussi son boulanger et son bouteillier,
s’ils n’ont pas senti les effets des songes.
Qui cherchera dans les Actes de divers royaumes,
lira sur les songes mainte merveilleuse chose.
    Voyez Cresus, qui fut roi de Lydie[15],
rêva-t-il pas qu’il était perché sur un arbre,
4330ce qui signifiait qu’il serait pendu ?
Voyez Andromaque, femme d’Hector,
le jour où Hector devait perdre la vie,
elle rêva la nuit même d’avant
que la vie d’Hector allait être perdue,
si ce jour il marchait à la bataille ;
elle l’avertit, mais n’y a parole qui vaille ;
il part au combat néanmoins,
et par Achille incontinent est occis[16].
Mais ce conte est bien trop long à conter,
4340et aussi est-il presque jour, je ne peux m’attarder.
Bref, dis-je en conclusion,
il m’adviendra de cette vision
adversité ; et je dis de plus
que ne fais nul cas de laxatifs,
car sont venimeux, bien le sais ;
je les mets au défi, je ne les aime mie.
    Or parlons de joyeuseté, et nous taisons de tout cela ;
madame Pertelote, sur ma félicité !
il est une chose dont Dieu m’a fait largesse,
4350car lorsque je vois la beauté de votre face,
et le rouge écarlate qui entoure vos yeux,
toute ma crainte est tôt envolée ;
car, aussi sûr que In principio,

Mulier est hominis confusio[17] ;
madame, le sens de ce latin est :
la femme est la joie de l’homme et toute sa félicité ;
car lorsque je sens la nuit votre mol côté,
bien que ne puisse sur vous saillir,
pour ce que notre perchoir est trop étroit, hélas !
4360je suis si plein de joie et de soulas,
que je mets au défi et visions et songes. »
Et là dessus vola à bas du perchoir,
car il était jour, et aussi toutes ses poules ;
et d’un gloussement se mit à les appeler,
car avait trouvé un grain qui gisait dans la cour.
Royal était, et n’avait plus d’effroi ;
vingt fois troussa les plumes à Pertelote,
et vingt fois la chaucha, avant qu’il fût prime[18].
Il avait air de farouche lion ;
4370et de ça, de là allait, monté sur ses ergots,
car ne daignait poser les pattes à terre.
Il glousse, quand il a trouvé un grain,
et lors à lui courent toutes ses femmes.
Ainsi royal, comme un prince en son palais,
laissé-je ce Chanleclair à sa pâture :
puis après vous dirai son aventure.
    Quand !e mois, dans lequel le monde commença,
qui s’appelle Mars, où Dieu premier créa l’homme,
fut révolu, et que furent passés aussi,
4380depuis le début de mars, trente-deux jours,
advint que Chanleclair, dans toute sa fierté,
ses sept femmes marchant à ses côtés,
leva les yeux vers le soleil brillant,
qui dans le signe du Taureau avait parcouru
vingt et un degrés, et un peu plus ;
et connut, par nature, et par nulle autre science,
qu’il était prime, et chanta de gaillarde voix.
« Le soleil, dit-il, a monté dans le ciel
quarante et un degrés, et plus, bien sûr.
4390Madame Pertelote, joie de ma vie,

écoutez ces joyeux oiseaux, comme ils chantent,
et voyez les fraîches fleurs, comme elles croissent ;
mon cœur est plein de gaieté et soulas. »
Mais soudain lui advint lamentable cas ;
car toujours l’autre bout de la joie est douleur.
Dieu sait que joie en ce monde ne dure ;
et un rhéteur, qui bien sait composer,
dans une chronique sûrement de ce pourrait écrire
comme de fait souverainement notable.
4400Or tout homme sage, qu’il prête l’oreille ;
cette histoire est aussi vraie, je l’avère,
qu’est le livre de Lancelot du Lac,
que femmes tiennent en si grand révérence.
Or vais-je donc revenir a mon propos.
    Un rusé renard, plein de perfide iniquité,
qui dans le bocage vivait depuis trois ans,
ayant préconçu son coup en imagination,
cette même nuit à travers la haie pénétra
dans la cour, où le beau Chanteclair
4410soulait s’aller promener avec ses femmes ;
et dans un carré de légumes il se tint coi,
jusqu’à passé le milieu du jour,
attendant le moment de tomber sur Chanteclair,
comme font volontiers tous ces homicides
qui se tiennent aux aguets pour meurtrir les gens.
O faux meurtrier, qui te tapis en ta cachette t
Nouvel Iscariote, nouveau Ganelon !
Faux dissimulateur, ô Grec Sinon,
qui conduisis Troie à si entière perte !
4420O Chanteclair, maudit soit le matin
où de ton perchoir as volé dedans cette cour !
Tu étais bien averti par ton songe
que ce jour était périlleux pour toi.
Mais ce que Dieu a prévu nécessairement arrive,
d’après l’opinion de certains clercs.
Celui me soit témoin qui est clerc parfait,
qu’il y a en l’École grande altercation
sur cette matière, et grande dispute,
et a été, entre cent milliers d’hommes.
4430Mais je ne saurais passer la chose au blutoir,

comme le saint docteur Augustin,
ou Boèce, ou l’évéque Bradwardin[19],
pour savoir si de Dieu l’auguste préscience
m’oblige forcément à faire une chose
(forcément, de nécessité simple, veux-je dire) ;
ou au contraire, si libre choix m’est accordé
de faire cette même chose, ou ne la faire pas,
bien que Dieu l'ait prévue avant qu’elle soit faite ;
ou encore si sa préscience ne m’oblige point,
4440sauf de nécessité conditionnelle.
Mais je ne veux avoir affaire a pareille matière ;
mon conte est d’un coq, comme pouvez l’entendre,
qui prit conseil de sa femme, par malheur,
pour sortir dans la cour, le matin
on il avait eu ce songe, que vous ai dit ;
conseils de femmes bien souvent sont funestes ;
conseil de femme premier nous mit à mal,
et fit partir Adam de Paradis,
où était si joyeux, et bien à l’aise. —
4450Mais, ne sachant à qui ce pourrait déplaire
si conseil de femme je blâmais,
je passe outre, car ceci ai-je dit en jeu.
Lisez les auteurs, où ils traitent de telle matière,
et ce qu’ils disent des femmes apprendrez.
Ce sont les paroles du coq, et non les miennes ;
je ne saurais d’aucune femme penser mal.
En belle place dans le sable, s’y baignant joyeusement,
gît Pertelote, et toutes ses sœurs près d’elle,
contre le soleil ; et le noble Chanteclair
4460chantait plus joyeusement que sirène dans la mer ;
car Physiologus[20] dit, sans aucun doute,
qu’elles chantent bellement et joyeusement.
Or advint que, comme il jetait les yeux,
parmi les herbes, sur un papillon,
il découvrit ce renard qui gisait contre terre.
Lors n’eut envie de chanter,
mais cria incontinent, « cok cok », et tressaillit,

comme homme effrayé dans son cœur.
Car naturellement bête désire fuir
4470loin de son ennemi, si elle le découvre,
bien que jamais de ses yeux ne l’ait vu.
    Chanteclair, quand il l’eut aperçu,
bien aurait voulu fuir, mais le renard incontinent
lui dit : « Gentil sire, hélas ! où voulez-vous aller ?
Avez-vous peur de moi qui suis votre ami ?
Or, certes, je serais pire que diable
si vous voulais mal ou vilenie.
Je ne suis venu pour épier vos conseils ;
mais vraiment, la cause de ma venue
4480est seulement pour vous entendre chanter,
car vraiment vous avez la voix aussi jolie
qu’un ange qui est au ciel ;
avec cela vous avez en musique plus de sentiment
que n’en avait Boèce, ou quiconque sut chanter.
Messire votre père (Dieu ait son âme !)
et aussi votre mère, dans leur courtoisie,
sont venus dans ma maison, à ma grande aise ;
et certes, messire, bien voudrais-je vous plaire.
Pour ce qui est de chanter, je veux vous dire
4490(Dieu me prive de mes deux yeux, si je mens !)
que, fors vous, oncques n’ai-je oui homme chanter
comme faisait votre père, le matin ;
certes, c’était de tout son cœur qu’il chantait
et, pour rendre sa voix plus forte,
si bien se travaillait, que ses deux yeux
fermait, tant il criait haut,
et encore se dressait sur la pointe des ergots,
et tendait son cou long et mince.
Et aussi était de telle prudence,
4500qu’il n’y avait homme dans aucun pays,
qui le passât en chant ou en sagesse.
J’ai lu dans dom Brunel l’Ane[21],
entre autres vers, comment un coq,
pour ce que le fils d’un prêtre lui avait porté un coup
sur la patte, lorsqu’il était jeune et nicet,

fit perdre au prêtre son bénéfice.
Mais, pour certain, n’y a comparaison
entre la sagesse et prudence
de votre père, et la subtilité de cettui coq.
4510Or chantez, messire, par sainte charité !
Faites voir si vous pouvez égaler votre père. »
Chant éclair se mit à battre des ailes,
en homme qui ne pouvait soupçonner traîtrise,
si ravi était-il de cette flatterie.
    Hélas ! princes, maint faux flatteur
est dans vos cours, et maint louangeur,
qui vous plaisent bien plus, par ma foi,
que celui qui vous dit vérité.
Lisez l'Ecclésiaste sur la flatterie ;
4520gardez-vous, princes, de leur trahison !
    Chanteclair se dressa sur ses ergots,
tendant le cou, et tenant les yeux clos,
et se mit à chanter fort, pour cette fois.
Dom Roussel le renard sursaillit aussitôt,
et par la gargamelle saisit Chanteclair,
et sur son dos vers le bois l’emporta,
car lors n’y eut homme qui le vit.
O destinée, que ne peux-tu être évitée !
Hélas ! que Chanteclair ait volé à bas de son perchoir !
4530Hélas ! que sa femme ne fit cas des songes !
Et c’est un vendredi qu’advint toute cette malechance.
O Vénus, qui es déesse de plaisance,
puisque ton servant était ce Chanteclair,
et qu’à te servir il mettait tout son pouvoir,
plus pour déduit que pour multiplier le monde,
pourquoi as-tu souffert qu’il meure en ce jour tien[22] ?
O Geoffroy[23], cher maître souverain,
qui, lorsque ton noble roi Richard fut tué
d’une flèche, fis de sa mort si dolente plainte,
4540que n’ai-je tes paroles et ta science,
pour gourmer Vendredi, comme tu sus faire ?

(car un Vendredi, pour sûr, fut-il occis),
lors tous montrerais-je comme je pourrais plaindre
l’effroi de Chanteclair, et son tourment.
    Certes, telle plainte ni lamentation
ne furent faites par les dames, — quand Ilion
fut conquise, et que Pyrrhus, l’épée nue,
eut pris le roi Priam par la barbe,
et l’eut occis (ce nous dit l'Enéide), —
4550comme firent toutes les poules dans le clos,
quand eurent vu le sort de Chanteclair.
Mais souverainement clama dame Pertelote,
beaucoup plus haut que la femme d’Hasdrubal,
quand son mari eut perdu la vie,
et que les Romains eurent brûlé Carthage ;
elle fut si pleine de tourment et de rage,
que tout de gré saillit dedans le feu,
et se brûla sans que le cœur lui défaillît.
O dolentes gélines, tout ainsi vous criâtes,
4560comme, lorsque Néron brûla la cité
de Rome, crièrent les femmes de sénateurs,
pour ce que leurs maris avaient perdu la vie ;
non coupables, les a Néron occis.
Or vais-je revenir a mon conte : —
    La pauvre veuve, et aussi ses deux filles,
ouïrent ces poules clamer et mener deuil,
et hors saillirent incontinent,
et virent le renard devers le bois courir,
emportant le coq sur son dos ;
4570et crièrent : « Sus là ! haro ! hélas !
Ha, ha, le renard ! » et après lui coururent,
et aussi avec des bâtons maintes autres gens ;
courut notre chien Colle, et Talbot, et Gerland,
et Marion, sa quenouille à la main ;
coururent vache et veau, et même les pourceaux,
si épeurés furent-ils des abois des chiens
et des cris des hommes aussi bien que des femmes ;
si fort couraient-ils qu’ils pensèrent que le cœur leur rompait.
Ils hurlaient comme font démons en enfer ;
4580canards de crier comme si on les voulait occire ;
oies de voler épeurées au haut des arbres ;

hors de la ruche abeilles de sortir ;
si hideux était le bruit, ah ! benedicite !
Certes, Jack Straw et sa bande
oncques ne poussèrent cris si perçants de moitié
quand ils voulaient occire quelque Flamand[24],
que furent poussés ce jour après le renard.
Ils apportèrent trompes d’airain, de buis,
de corne, d’os, où soufflèrent et pouffèrent,
4590et dont firent sortir clameurs et hurleries ;
on aurait pensé que le ciel allait choir.
Or, bonnes gens, je vous prie, écoutez la fin.
    Voyez comme fortune soudain retourne
l’espoir et aussi l’orgueil de son ennemi !
Ce coq, qui gisait sur le dos du renard,
malgré toute sa peur, au renard s’adressa
et dit : « Messire, si j’étais que de vous,
je leur dirais (vrai comme Dieu m’assiste !) :
Arrière d’ici, vous tous, manants outrecuidants !
4600Male peste sur vous tombe !
Ores suis-je arrivé au bord de ce bois ;
en dépit de vous, le coq ici restera ;
je le mangerai, par ma foi, et ce, incontinent. » —
Le renard répondit : « Par ma foi, ainsi sera fait ». —
Et comme il disait ces mots, tout soudain
le coq s’échappa de sa bouche allègrement,
et au haut d’un arbre vola incontinent,
et quand le renard vit qu’il était parti :
« Hélas ! dit-il, ô Chanteclair, hélas !
4610Je vous ai, dit-il, causé dommage,
pour ce que vous ai fait peur
quand vous ai pris, et emporté de la cour ;
mais, messire, ne l’ai fait de méchant dessein ;
descendez, et vous dirai ce que je voulais faire ;
je vous dirai vérité, vrai comme Dieu m’assiste ! »
« Nenni, dit-il ; je nous maudis tous deux,
et d’abord me maudis-je moi-même, sang et os,
si tu me trompes plus d’une fois.
Tu ne me feras plus, par ta flatterie,

4620chanter et fermer les deux yeux.
Car, qui ferme les paupières quand il devrait y voir,
et ce de son plein gré, Dieu ne lui donne oncques prospérité ! »
« Oui-da, dit le renard, et Dieu à cettui donne malechance,
qui jargonne quand devrait se taire. »
    Voyez ce qui arrive à qui est imprudent
et négligent, et se fie à la flatterie.
Et vous, qui tenez ce conte pour folie,
comme d’un renard, d’un coq et d’une géline,
4630retenez-en la morale, bonnes gens.
Car Saint Paul dit, que tout ce qui est écrit
est écrit pour notre instruction, bien sûr.
Prenez le grain, et laissez là la paille.
    Or donc, Dieu bon, si c’est ta volonté,
comme dit Monseigneur[25], fais de nous tous des hommes justes,
et nous mène tous à grand félicité. Amen.

Ci finit le Conte du Prêtre de Nonnains.



Épilogue au Conte du Prêtre de Nonnains.


« Messire Prêtre de Nonnains, dit notre hôte incontinent,
bénies soit tes chausses, et ce qu’elles contiennent !
Voilà un joyeux conte de Chanteclair.
4640Mais, par ma foi, si tu étais du siècle,
tu serais un solide chauche-poule.
Car, si tu as désir autant que force,
il te faudrait gélines, à ce que je pense,
certes, plus de sept fois dix-sept.
Voyez quels muscles a cettui gentil Prêtre,
quel puissant col, quelle large poitrine !
Ne dirait-on qu’il a des yeux de faucon ?
Point n’a besoin de teindre sa couleur
de bois de Brésil, ni de grain de Portugal[26].
4650Or, messire, bien vous vienne pour votre conte. »
    Lors notre hôte, de chère lie,
à un autre s’adressa, comme allez l’entendre.



  1. L’église Saint-Paul à Londres.
  2. Ceci s’adresse au Chevalier.
  3. Sur moi, c’est-à-dire ici : sur son auditeur.
  4. Ainsi désignait-on familièrement les prêtres.
  5. Chaucer a vraisemblablement emprunté les matériaux de ce Conte à un passage du Roman de Renart (454 vers, v. 1267-1720), qui est lui-même un développement d’une petite fable de Marie de France (38 vers, Poésies de Marie de France, éd. par B. de Roquefort, P. 1832, voL II, p. 240, Dou Coq et Dou Werpil). Les principaux incidents de l’action se trouvent déjà dans Marie de France ; le Roman de Renart contient l’épisode du songe.
  6. C’est-à-dire, le progrès de l’ombre sur le cadran solaire équinoxial ; 15° marquent une heure. Il chantait donc ponctuellement toutes les heures.
  7. Probablement ici au sens étymologique : de bonne aire (ou extraction), c’est-à-dire bien élevée.
  8. Refrain du temps.
  9. Combinaisons des humeurs, ou liquides organiques, que la science du temps désignait sous les noms de sang, bile ou colère, atrabile ou mélancolie.
  10. C’est-à-dire d’un mélange de sang et de bile.
  11. Dionysius Cato, auteur de Disticha de Moribus, livre très lu dans les écoles du temps (lib. 2, dist.32).
  12. Ici, combinaison générale des humeurs, tempérament.
  13. Ciceron, De Divinatione, lib. 1, c. 27.
  14. Macrobe a simplement annoté le Somnium Scipionis de Cicéron.
  15. L’autorité de Chaucer est ici Le Roman de la Rose (y. 6312-6511, éd. Méon), cf. Conte du Moine, v. 3917.
  16. Ce songe d’Andromaque ne se trouve pas dans Homère. Il a été ajouté à l’épisode célèbre par Dares Phrygius (c. 24).
  17. Proverbe latin du moyen-àge, qu’on trouve dans Vincent de Beauvais. Speculum Historiale, X, 71. Cf. Conte de Mélibée, v. 2296.
  18. Neuf heures du matin.
  19. Professeur de l’Université d’Oxford dans le second quart du XVIe siècle ; auteur d’un traité De causa Dei.
  20. C’est-à-dire le Bestiaire ou Physiologus de naturis d’un certain Theobaldus.
  21. Brunellus seu Speculum Stultorum de Nigel Wireker.
  22. Vendredi (Veneris dies) est le jour de Vénus.
  23. On remarquera le ton de benoite raillerie, que prend Chaucer à l’égard du larmoyant Geoffroy de Vinsauf, auteur d’un poème latin sur la mort de Richard I.
  24. En 1381, Jack Straw, Wat Tyler et les « Jacques » anglais assassinèrent plusieurs Flamands.
  25. Une note de l’un des manuscrits indique qu’il s’agit de l’archevêque de Cantorbéry.
  26. C’est-à-dire de teinture de pourpre, que les Anglais importaient alors du Portugal.