Coran Savary/Le Coran 001-005

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CHAPITRE PREMIER[1].
INTRODUCTION.
donné à la Mecque, composé de 7 versets.

Au nom de Dieu clément et miséricordieux[2].


Louange à Dieu, souverain des mondes !

La miséricorde est son partage.

Il est le roi du jour du jugement.

Nous t’adorons, Seigneur, et nous implorons ton assistance.

Dirige-nous dans le sentier du salut ;

Dans le sentier de ceux que tu as comblés de tes bienfaits ;

De ceux qui n’ont point mérité ta colère, et se sont préservés de l’erreur.



CHAPITRE II.
LA VACHE.
donné à Médine, composé de 286 versets.

Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


A. L. M.[3] Il n’y a point de doute sur ce livre, il est la règle de ceux qui craignent le Seigneur ;

De ceux qui croient aux vérités sublimes, qui font la prière, et versent dans le sein des pauvres une portion des biens que nous leur avons donnés ;

De ceux qui croient à la doctrine que nous t’avons envoyée du ciel, et aux écritures, et qui sont fermement attachés à la croyance de la vie future.

Le Seigneur sera leur guide, et la félicité leur partage.

Pour les infidèles, soit que tu leur prêches ou non l’islamisme, ils persisteront dans leur aveuglement.

Dieu a imprimé son sceau sur leurs cœurs ; leurs oreilles et leurs yeux sont couverts d’un voile, et ils sont destinés à la rigueur des supplices.

Il est des hommes qui disent : Nous croyons en Dieu et au jour dernier ; et ils n’ont point la foi.

Ils en imposent à Dieu et aux croyans ; mais ils ne trompent qu’eux-mêmes, et ils ne le comprennent pas.

Leur cœur est gangrené. Dieu en a augmenté la plaie ; une peine déchirante sera le prix de leur mensonge.

Lorsqu’on leur dit, Ne vous corrompez pas sur la terre ; ils répondent, Notre vie est exemplaire.

Ils sont des corrupteurs, et ils ne le sentent pas.

Lorsqu’on leur dit, Croyez ce que les hommes croient ; ils répondent, Suivrons-nous la croyance des insensés ? N’est-ce pas eux qui sont les insensés ? Et ils l’ignorent.

À l’abord des fidèles, ils disent : Nous professons la même religion que vous. Avec les fauteurs de leurs hérésies, ils tiennent un autre langage ; ils se déclarent de leur parti, et se jouent des croyans.

Dieu se moquera d’eux ; il épaissira leurs erreurs, et ils persisteront dans leur égarement.

Ils ont acheté l’erreur pour la vérité. Quel avantage en ont-ils retiré ? Ils n’ont point suivi la lumière.

Semblables à ceux qui ont allumé du feu, si Dieu éteint la flamme qui éclaire les objets d’alentour, ils restent dans les ténèbres, et ils ne sauraient voir.

Sourds, muets et aveugles, ils ne se convertiront point.

Ils ressemblent à ceux qui, lorsque la tempête se précipite des cieux avec les ténèbres, les éclairs et la foudre, effrayés par l’image de la mort, se bouchent les oreilles de leurs doigts pour ne pas entendre le bruit du tonnerre ; mais le Tout-Puissant environne les infidèles.

Peu s’en faut que la foudre ne les prive de la vue. Lorsque l’éclair brille, ils marchent à sa lumière : lorsqu’il disparaît, ils s’arrêtent au milieu des ténèbres. Si l’Éternel voulait, il leur ôterait l’ouïe et la vue, parce que rien ne borne sa puissance.

Ô mortels ! adorez le Seigneur qui vous a créés vous et vos pères, afin que vous le craigniez ; qui vous a donné la terre pour lit, et le ciel pour toit ; qui a fait descendre la pluie des cieux pour produire tous les fruits dont vous vous nourrissez. Ne donnez point d’égal au Très-Haut : vous savez…

Si vous doutez du livre que nous avons envoyé à notre serviteur, apportez un chapitre semblable à ceux qu’il renferme ; et si vous êtes sincères, osez appeler d’autres témoins que Dieu.

Si vous ne l’avez pu faire, vous ne le pourrez jamais. Craignez donc un feu qui aura pour aliment les hommes et les pierres, feu préparé aux infidèles.

Annonce à ceux qui croient, et qui font le bien, qu’ils habiteront des jardins où coulent des fleuves. Lorsqu’ils goûteront des fruits qui y croissent, ils diront : Voilà les fruits dont nous nous sommes nourris sur la terre ; mais ils n’en auront que l’apparence. Là ils trouveront des femmes purifiées[4]. Ce séjour sera leur demeure éternelle.

Dieu ne rougit pas plus d’offrir en parabole un moucheron, que des images relevées. Les croyans savent que sa parole est la vérité ; mais les infidèles disent, Pourquoi le Seigneur propose-t-il de semblables paraboles ? C’est ainsi qu’il égare les uns et dirige les autres. Mais il n’égare que les impies.

Ceux qui rompent le pacte du Seigneur, qui violent ses lois et s’abandonnent à la corruption, seront au nombre des réprouvés.

Pourquoi ne croyez-vous pas en Dieu ? Vous étiez morts, il vous a donné la vie ; il éteindra vos jours, et il en rallumera le flambeau. Vous retournerez à lui.

Il créa pour votre usage tout ce qui est sur la terre. Portant ensuite ses regards vers le firmament, il forma les sept cieux. C’est lui dont la science embrasse tout l’univers.

Ton Dieu dit aux anges, J’enverrai mon vicaire[5] sur la terre. Enverrez-vous, répondirent les esprits célestes, un homme qui se livrera à l’iniquité, et versera le sang, tandis que nous célébrons vos louanges, et que nous vous glorifions ? Je sais, reprit le Seigneur, ce que vous ne savez pas.

Dieu apprit à Adam le nom de toutes les créatures, et dit aux anges, aux yeux desquels il les exposa, Nommez-les moi, si vous êtes véritables.

Loué soit ton nom, répondirent les esprits célestes. Nous n’avons de connaissances que celles qui nous viennent de toi. La science et la sagesse sont tes attributs.

Il dit à Adam : Nomme-leur tous les êtres créés ; et lorsqu’il les eut nommés, le Seigneur reprit, Ne vous ai-je pas dit que je connais les secrets des cieux et de la terre ? Vos actions publiques et secrètes sont dévoilées à mes yeux.

Nous commandâmes aux anges d’adorer Adam, et ils l’adorèrent. L’orgueilleux Eblis[6] refusa d’obéir, et il fut au nombre des infidèles.

Nous dîmes à Adam, Habite le paradis avec ton épouse ; nourris-toi des fruits qui y croissent ; étends tes désirs de toutes parts ; mais ne t’approche pas de cet arbre, de peur que tu ne deviennes coupable.

Le diable les rendit prévaricateurs, et leur fit perdre l’état où ils vivaient. Nous leur dîmes, Descendez. Vous avez été vos ennemis réciproques. La terre sera votre habitation et votre domaine jusqu’au temps.

Le Seigneur apprit à Adam la manière d’implorer son pardon. Il écouta la voix de son repentir, parce qu’il est indulgent et miséricordieux.

Nous dîmes, Sortez tous du paradis, je vous enseignerai la voie du salut : celui qui la suivra sera à l’abri de la crainte et de la douleur.

Les incrédules, et ceux qui traitent notre doctrine de mensonge, seront dévoués aux flammes éternelles.

Ô enfans d’Israël ! souvenez-vous des bienfaits dont je vous ai comblés ; conservez mon alliance et je garderai la vôtre ; révérez-moi ; croyez au livre que j’ai envoyé ; il confirme vos écritures ; ne soyez pas les premiers à lui refuser votre croyance ; ne corrompez pas ma doctrine pour un vil intérêt ; craignez-moi.

Ne couvrez pas la vérité du mensonge ; ne dérobez pas son éclat. Vous la connaissez.

Faites la prière ; donnez l’aumône ; courbez-vous avec mes adorateurs.

En commandant la justice, oublierez-vous votre âme ? Vous lisez les écritures ; ne les comprenez-vous donc pas ?

Demandez du secours par la persévérance et la prière. Elles ne sont point à charge à ceux qui sont humbles ;

À ceux qui pensent qu’un jour ils paraîtront devant le tribunal de Dieu.

Enfans d’Israël, souvenez-vous des bienfaits dont je vous ai comblés ! souvenez-vous que je vous ai élevés au-dessus de toutes les nations.

Craignez le jour où une âme ne satisfera point pour une autre, où il n’y aura ni intercession, ni compensation, ni secours à attendre.

Nous vous délivrâmes de la famille de Pharaon et des maux qui vous accablaient. On massacrait vos enfans mâles, on n’épargnait que vos filles. Votre délivrance est une faveur éclatante du ciel.

Nous ouvrîmes pour vous les eaux de la mer ; nous vous sauvâmes de ses abîmes, et vous y vîtes la famille de Pharaon engloutie.

Tandis que nous formions notre alliance avec Moïse, pendant quarante nuits, vous adoriez un veau, et vous fûtes prévaricateurs.

Nous vous pardonnâmes, afin que vous nous rendissiez des actions de grâce ;

Et nous donnâmes à Moïse un livre, avec des commandemens, pour être la règle de vos actions.

Moïse dit aux Israélites : Ô mon peuple ! pourquoi vous livrez-vous à l’iniquité, en adorant un veau ? Revenez à votre créateur ; immolez-vous mutuellement : ce sacrifice lui sera plus agréable ; il vous pardonnera, parce qu’il est indulgent et miséricordieux.

Vous répondîtes à Moïse, Nous ne croirons point jusqu’à ce que nous ne voyons Dieu manifestement. La foudre vous environna, et éclaira votre malheur.

Nous vous ressuscitâmes, afin que vous fussiez reconnaissans.

Nous fîmes descendre les nuages, pour vous servir d’ombrage : nous vous envoyâmes la manne et les cailles, et nous dîmes, Nourrissez-vous des biens que nous vous offrons. Vos murmures n’ont nui qu’à vous-mêmes.

Nous dîmes au peuple d’Israël, Entrez dans cette ville ; jouissez des biens que vous y trouverez en abondance ; adorez le Seigneur en y entrant. Dites, Le pardon soit sur nous. Vos péchés vous seront remis, et les justes seront comblés de nos faveurs.

Les méchans changèrent ces paroles, et nous fîmes descendre sur eux la vengeance du ciel, parce qu’ils étaient criminels.

Moïse demanda de l’eau pour désaltérer son peuple et nous lui ordonnâmes de frapper le rocher de sa baguette. Il en jaillit douze sources. Chacun connut le lieu où il devait se désaltérer. Nous dîmes aux Israélistes, Mangez et buvez de ce que vous offre la libéralité de Dieu ; ne soyez point prévaricateurs, et ne souillez point la terre de vos crimes.

Le peuple s’écria, Ô Moïse ! une seule nourriture ne nous suffit pas. Invoque le Seigneur, afin qu’il fasse produire à la terre des olives, des concombres, de l’ail, des lentilles et des ognons. Moïse répondit, Voulez-vous jouir d’un sort plus avantageux ? Retournez en Égypte, vous y trouverez ce que vous demandez. L’avilissement et la pauvreté furent leur partage. Le courroux du ciel s’appesantit sur eux, parce qu’ils ne crurent point à ses prodiges, et qu’ils tuèrent injustement les prophètes : ils furent rebelles et prévaricateurs.

Certainement les musulmans, les juifs, les chrétiens et les sabéens, qui croiront en Dieu et au jour dernier, et qui feront le bien, en recevront la récompense de ses mains : ils seront exempts de la crainte et des supplices.

Lorsque nous acceptâmes votre alliance, et que nous élevâmes au-dessus de vos têtes le mont Sinaï, nous dîmes, Recevez nos lois avec reconnaissance ; conservez-en le souvenir, afin que vous marchiez dans la crainte.

Bientôt vous retournâtes à l’erreur, et si la miséricorde divine n’eût veillé sur vous, votre perte était certaine. Vous connaissez ceux d’entre vous qui transgressèrent le jour du sabbat[7] ; nous les transformâmes en vils singes.

Ils ont servi d’exemples à leurs contemporains, à la postérité, et à ceux qui craignent.

Dieu, dit Moïse aux Israélites, vous commande de lui immoler une vache[8]. Prétends-tu abuser de notre crédulité ? répondirent-ils. Je retourne vers le Seigneur, ajouta Moïse, pour n’être pas au nombre des insensés. Prie le Seigneur, répliquèrent-ils, de nous déclarer quelle vache nous devons lui sacrifier. Qu’elle ne soit ni vieille ni jeune, ajouta le prophète, mais d’un âge moyen. Faites ce qui vous a été ordonné.

Prie le Seigneur, continua le peuple, de nous faire connaître sa couleur. Qu’elle soit, dit Moïse, d’un jaune clair, qui réjouisse la vue.

Prie le Seigneur de nous désigner plus particulièrement la victime qu’il demande ; nos vaches se ressemblent, et si Dieu veut, il dirigera notre choix.

Qu’elle n’ait point servi à labourer la terre, ni travaillé à l’arrosement des moissons ; qu’elle n’ait point souffert l’approche du mâle ; qu’elle soit sans tâche : tel est le précepte du Seigneur. Maintenant, s’écria le peuple, tu nous as dit la vérité. Ils immolèrent la vache, après avoir été sur le point de désobéir.

Lorsque vous mîtes un homme à mort, et que ce meurtre était l’objet de vos disputes, Dieu produisit au grand jour ce que vous cachiez.

Nous commandâmes de frapper le mort avec un des membres de la vache ; c’est ainsi que Dieu ressuscite les morts, et fait briller à vos yeux ses merveilles, afin que vous compreniez.

Après ce miracle, vos cœurs opiniâtres devinrent plus durs que les pierres ; car à la voix du Très-Haut, le rocher se fendit, et de ses flancs entr’ouverts, coulèrent des ruisseaux. Mais le Tout-Puissant ne néglige pas vos actions.

Prétendez-vous, ô musulmans ! que les juifs aient votre croyance ? Tandis qu’ils écoutaient la parole de Dieu, une partie d’entre eux en corrompait le sens, après l’avoir comprise. Et ils le savaient !

Avec les fidèles, ils se parent de leur religion. Retirés dans leurs assemblées, ils disent, Raconterons-nous aux musulmans ce que Dieu nous a découvert, afin qu’ils disputent avec nous devant lui ? N’en voyons-nous pas les conséquences ?

Ignorent-ils donc que le Très-Haut sait ce qu’ils cachent comme ce qu’ils manifestent ?

Parmi eux, le vulgaire ne connaît le Pentateuque que par la tradition. Il n’a qu’une aveugle croyance. Mais malheur à ceux qui l’écrivant de leur main corruptrice, disent, pour en retirer un faible salaire, Voilà le livre de Dieu ! Malheur à eux parce qu’ils l’ont écrit, et qu’ils en ont reçu le prix !

Ils ont dit, Nous ne serons livrés aux flammes qu’un nombre de jours déterminé. Réponds-leur, Dieu vous en a-t-il fait la promesse ? Ne la révoquera-t-il jamais ? ou plutôt, n’avancez-vous point ce que vous ignorez ?

Certainement les pervers descendront, environnés de leurs crimes, dans les flammes éternelles.

Au contraire les croyans qui auront fait le bien habiteront éternellement le paradis.

Quand nous reçûmes l’alliance des enfans d’Israël, nous leur dîmes, N’adorez qu’un Dieu, soyez bienfaisans envers vos pères, vos proches, les orphelins et les pauvres ; ayez de l’humanité pour tous les hommes ; faites la prière ; donnez l’aumône ; et, excepté un petit nombre d’entre vous, vous avez refusé de suivre ces commandemens, et vous avez marché dans l’erreur.

Quand nous formâmes avec vous le pacte de ne point verser le sang de vos frères, et de ne point les dépouiller de leurs héritages, vous le ratifiâtes, et vous en fûtes témoins.

Vous avez ensuite massacré vos frères ; vous les avez chassés de leurs possessions, vous avez porté dans le sein de leurs asiles la guerre et l’injustice. Lorsqu’il se présente à vous des captifs, vous les rachetez, et il vous était défendu de les traiter hostilement. Croyez-vous donc à une partie de la loi, tandis que vous rejetez l’autre ? Quelle sera la récompense de cette conduite ? L’ignominie dans ce monde, et au jour du jugement l’horreur des supplices, car Dieu ne voit point vos actions d’un œil d’indifférence.

Tels sont ceux qui ont sacrifié la vie future à la vie du monde. Mais la peine qui les attend ne sera point adoucie, et ils n’auront plus d’espoir.

Nous avons donné le Pantateuque à Moïse ; nous l’avons fait suivre par les envoyés du Seigneur. Nous avons accordé à Jésus, fils de Marie, la puissance des miracles. Nous l’avons fortifié par l’esprit de sainteté[9]. Toutes les fois que les envoyés du Très-Haut vous apporteront une doctrine que rejettent vos cœurs corrompus, leur résisterez-vous orgueilleusement ? En accuserez-vous une partie de mensonge ? Massacrerez-vous les autres ?

Ils ont dit, Nos cœurs sont incirconcis. Dieu les a maudits à cause de leur perfidie. Oh ! combien le nombre des croyans est petit !

Après que Dieu leur a envoyé le Coran pour confirmer leurs écritures (auparavant ils imploraient le secours du ciel contre les incrédules), après qu’ils ont reçu ce livre qui leur avait été prédit, ils ont refusé d’y ajouter foi ; mais le Seigneur a frappé de malédiction les infidèles.

Ils ont malheureusement vendu leur âme pour ne pas croire à celui que le ciel leur envoie. La bienfaisance du Seigneur, qui répand ses dons à son gré sur ses serviteurs, a excité leur envie. Ils ont accumulé ire sur ire : mais un supplice ignominieux est préparé aux impies.

Lorsqu’on leur demande : Croyez-vous à ce que Dieu a envoyé du ciel ? Ils répondent : Nous croyons aux écritures que nous avons reçues ; et ils rejettent le livre véritable venu depuis, pour mettre le sceau à leurs livres sacrés. Dis-leur : Pourquoi avez-vous tué les prophètes du Seigneur, si vous aviez la foi ?

Moïse parut au milieu de vous environné de prodiges, et, devenus sacriléges, vous adorâtes un veau.

Lorsque nous eûmes formé avec vous une alliance, et que nous eûmes élevé le mont Sinaï, nous fîmes entendre ces mots : Recevez nos lois avec ferveur ; écoutez-les. Le peuple répondit : Nous t’avons entendu, et nous n’obéirons pas. Les impies abreuvaient encore, dans leurs cœurs, le veau qu’ils avaient formé. Dis-leur : Si vous avez de la foi, ce qu’elle vous commande ne peut être qu’un crime.

Dis-leur : S’il est vrai que vous ayez dans le paradis un séjour séparé du reste des mortels, osez désirer la mort.

Ils ne formeront point ce vœu. Leurs crimes les épouvantent, et Dieu connaît les pervers.

Vous les trouverez plus attachés à la vie que le reste des hommes, plus que les idolâtres mêmes. Quelques-uns d’eux voudraient vivre mille ans ; mais ce long âge ne les arracherait pas au supplice qui les attend, parce que l’Éternel voit leurs actions.

Dis : Qui se déclarera l’ennemi de Gabriel ? C’est lui qui, par la permission de Dieu, a déposé le Coran sur ton cœur, pour confirmer les livres sacrés venus avant lui, pour être la règle de la foi et remplir de joie les fidèles.

Celui qui sera l’ennemi du Seigneur, de ses anges, de ses ministres, de Gabriel et de Michel, aura Dieu pour ennemi, parce qu’il hait les prévaricateurs.

Nous t’avons envoyé des signes éclatans : les pervers seuls se refuseront à leur évidence.

Toutes les fois qu’ils forment un pacte avec Dieu, une partie le rejette. La plupart n’ont point la foi.

Lorsque l’envoyé du Seigneur a paru au milieu d’eux, pour mettre le sceau à la vérité de leurs écritures, une partie a rejeté avec dédain le livre divin, comme s’ils ne l’eussent pas connu.

Ils ont suivi ce que l’enfer avait médité contre Salomon[10]. Salomon était juste, et le diable était infidèle. Il enseignait aux hommes la magie et la science des deux anges Harut et Marut, condamnés à demeurer à Babylone. Ceux-ci n’instruisaient personne avant de dire : Nous sommes la tentation ; prends garde d’être infidèle. Ils apprenaient quelle différence il y a entre l’homme et la femme, et ils ne pouvaient nuire sans la volonté de Dieu ; mais ils n’enseignaient que ce qui est nuisible, et non ce qui est avantageux. Les Juifs savent que ceux qui ont acheté les livres de magie n’auront point de part à la vie future : ils ont, par un malheureux commerce, vendu leurs âmes. S’ils l’eussent su !

La foi et la crainte du Seigneur leur procureraient une meilleure récompense. S’ils le savaient !

Ô croyans ! ne dites point, Considère-nous ; dites, Abaisse tes regards sur nous. Écoutez. Les infidèles sont dévoués à un supplice épouvantable.

Les idolâtres, les chrétiens et les juifs incrédules voudraient que Dieu ne répandit sur vous aucune de ses grâces ; mais il fait éclater sa miséricorde à son gré, et sa bienfaisance est sans bornes.

Si nous omettions un verset du Coran ; ou si nous en effacions le souvenir de ton cœur, nous t’en apporterions un autre meilleur, ou semblable. Ignores-tu que la puissance du Très-Haut embrasse l’univers ?

Ignores-tu que Dieu est le roi des cieux et de la terre, et que vous n’avez de secours à attendre que de lui ?

Demanderez-vous à votre apôtre ce que les juifs demandèrent à Moïse[11] ? Celui qui change la foi pour l’incrédulité, est dans l’aveuglement.

Beaucoup de juifs et de chrétiens, excités par l’envie, ont voulu vous ravir votre foi, et vous rendre infidèles, lorsqu’ils ont vu briller la vérité. Fuyez-les et leur pardonnez, jusqu’à ce que vous receviez l’ordre du Très-Haut, dont la puissance est infinie.

Faites la prière ; donnez l’aumône : le bien que vous ferez vous le trouverez auprès de Dieu, parce qu’il voit vos actions.

Les juifs et les chrétiens se flattent qu’eux seuls auront l’entrée du Paradis. Tels sont leurs désirs. Dis-leur : Apportez des preuves si vous êtes véridiques.

Bien plus, quiconque tournera sa face vers le Seigneur, et exercera la bienfaisance, aura sa récompense auprès de lui, et sera exempt de la crainte et des tourmens.

Les juifs assurent que la croyance des chrétiens n’est appuyée sur aucun fondement ; les chrétiens leur font la même objection : cependant les uns et les autres ont lu les livres sacrés. Les gentils, qui ignorent leurs débats, tiennent à leur égard le même langage. L’Éternel, au jour dernier, jugera leurs différens.

Quoi de plus coupable que de vouloir interdire l’entrée du temple du Seigneur, pour en effacer le souvenir de son nom ? Quoi de plus impie que de travailler à sa ruine ? Ils ne doivent y entrer qu’en tremblant. L’ignominie sera leur partage dans ce monde, et ils seront livrés dans l’autre à la rigueur des tourmens.

L’orient et l’occident appartiennent à Dieu. Vers quelque lieu que se tournent vos regards, vous rencontrerez sa face. Il remplit l’univers de son immensité et de sa science.

Dieu a un fils, disent les chrétiens. Loin de lui ce blasphème : tout ce qui est dans les cieux et sur la terre lui appartient ; tous les êtres obéissent à sa voix.

Il a formé les cieux et la terre. Veut-il produire quelqu’ouvrage, il dit : Sois fait, et il est fait.

Les ignorans disent : Si Dieu ne nous parle, ou si tu ne nous fais voir un miracle, nous ne croirons point. Ainsi parlaient leurs pères : leurs cœurs sont semblables. Nous avons assez fait éclater de prodiges pour ceux qui ont la foi.

Nous t’avons envoyé, avec la vérité, pour être l’organe de nos promesses et de nos menaces, et l’on ne t’interrogera point sur ceux qui seront précipités dans l’enfer.

Les juifs et les chrétiens ne t’approuveront que quand tu auras embrassé leur croyance. Dis-leur que la doctrine de Dieu est la véritable. Si tu descendais à leurs désirs, après la science que tu as reçue, quel protecteur trouverais-tu auprès du Tout-Puissant ?

Ceux à qui nous avons donné le Coran, et qui lisent sa doctrine véritable, ont la foi ; ceux qui n’y croiront pas seront au nombre des réprouvés.

Ô enfans d’Israël ! souvenez-vous des bienfaits dont je vous ai comblés ; souvenez-vous que je vous ai élevés au-dessus de toutes les nations.

Craignez le jour où une âme ne satisfera point pour une autre, où il n’y aura ni compensation, ni intercession, ni secours à attendre.

Dieu tenta Abraham, et Abraham fut juste. Je t’établirai le chef des peuples, dit le Seigneur. Accordez encore cet avantage à mes descendans, répondit Abraham. Mon alliance, reprit le Seigneur, ne comprendra point les méchans.

Nous avons établi la maison sainte pour être l’asile où se réuniront les peuples. La demeure d’Abraham sera un lieu de prière. Nous avons fait un pacte avec Abraham et Ismaël. Purifiez mon temple[12] des idoles qui l’environnent, de celles qui sont renfermées dans son enceinte, et de leurs adorateurs.

Abraham adressa cette prière à Dieu : Seigneur, établis, dans ce pays, une foi durable ; comble de tes faveurs le peuple qui croira à ton unité, et au jour dernier. J’étendrai, répondit le Seigneur, mes dons jusques sur les infidèles ; mais ils jouiront peu. Ils seront condamnés aux flammes, et leur fin sera déplorable.

Lorsqu’Abraham et Ismaël jetèrent les fondemens de ce temple[13], les yeux élevés au ciel, ils s’écrièrent : ô Dieu ! intelligence suprême, daigne recevoir cette sainte demeure.

Fais que nous soyons de vrais musulmans[14] ; fais que notre postérité soit attachée à ton culte ; enseigne-nous nos devoirs sacrés ; daigne tourner tes regards vers nous ; tu es clément et miséricordieux.

Envoie un apôtre de leur nation, pour leur annoncer tes merveilles, pour leur enseigner le Coran et la sagesse, et pour les rendre purs. Tu es puissant et sage.

Qui rejettera la religion d’Abraham, si ce n’est l’insensé ! Nous l’avons élu, dans ce monde, et il sera dans l’autre au nombre des justes.

Quand Dieu lui dit : Embrasse l’islamisme[15] ; Abraham répondit : Je l’ai embrassé ce culte du souverain des mondes.

Abraham et Jacob recommandèrent leur croyance à leur postérité. Ô mes enfans ! dirent-ils, Dieu vous a choisi une religion, soyez-y dévoués jusqu’à la mort.

Étiez-vous témoins, lorsque la mort vint visiter Jacob ? Il dit à ses fils : Qui adorerez-vous après ma mort ? Nous adorerons, répondirent-ils, ton Dieu, le Dieu de tes pères Abraham, Ismaël et Isaac, Dieu unique ; nous serons fidèles musulmans.

Ils ne sont plus ; mais leurs œuvres ne passeront point. Vous retrouverez, comme eux, ce que vous aurez acquis, et on ne vous demandera point compte de ce qu’ils ont fait.

Les juifs et les chrétiens disent : Embrassez notre croyance, si vous voulez être dans le chemin du salut. Répondez-leur : Nous suivons la foi d’Abraham, qui refusa de l’encens aux idoles, et n’adora qu’un Dieu.

Dites : Nous croyons en Dieu, au livre qui nous a été envoyé, à ce qui a été révélé à Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob, et aux douze tribus ; nous croyons à la doctrine de Moïse, de Jésus et des prophètes ; nous ne mettons aucune différence entre eux, et nous sommes musulmans.

Si les chrétiens et les juifs ont la même croyance, ils sont dans la même voie ; s’ils s’en écartent, ils feront un schisme avec toi ; mais Dieu te donnera la force pour les combattre, parce qu’il entend et comprend tout.

Notre religion vient du ciel, et nous y sommes fidèles. Qui, plus que Dieu, a le droit de donner un culte aux hommes ?

Dis-leur : Disputerez-vous avec nous de Dieu ? Il est notre Seigneur et le vôtre : nous avons nos actions, vous avez les vôtres ; mais notre foi est pure.

Direz-vous qu’Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob, et les tribus d’Israël, étaient juifs ou chrétiens ? Réponds : Êtes-vous plus savans que Dieu[16] ? Quoi de plus criminel que de cacher le témoignage du Seigneur ! croit-on qu’il voit avec indifférence les actions des hommes ?

Ces générations ont disparu. Leurs œuvres leur sont restées, comme les vôtres vous resteront. Vous ne rendrez point compte de ce qu’elles ont fait.

L’insensé demandera, Pourquoi Mahomet a-t-il changé le lieu vers lequel on adressait sa prière ? Réponds : L’orient et l’occident appartiennent au Seigneur ; il conduit ceux qu’il veut dans le droit chemin.

Nous vous avons établis, ô peuples d’élus ! pour rendre le témoignage contre le reste des nations, comme votre apôtre le rendra contre vous.

Nous avons changé le lieu vers lequel vous priez, afin de distinguer ceux qui suivent l’envoyé de Dieu, de ceux qui retournent à l’infidélité. Ce changement n’est pénible que pour celui que n’éclaire point la lumière divine. Le Seigneur ne laissera point votre foi sans récompense. Il est clément et miséricordieux.

Déjà nous te voyons lever les yeux vers le ciel. Nous voulons que le lieu où tu adresseras ta prière, te soit agréable. Tourne ton front vers le temple Haram[17]. En quelque lieu que tu sois, porte tes regards vers ce sanctuaire auguste. Les juifs et les chrétiens savent que cette manière de prier, venue du ciel, est la véritable. L’Éternel a l’œil ouvert sur leurs actions.

Quand tu ferais éclater à leurs yeux des miracles, ils n’adopteraient pas cet usage. Tu n’adopteras pas le leur. Parmi eux-mêmes, il est des rites différens. Si tu condescendais à leurs désirs, après la science que tu as reçue, tu serais au nombre des impies.

Les chrétiens et les juifs connaissent le prophète comme leurs enfans ; mais la plupart cachent la vérité qu’ils connaissent.

La vérité vient de Dieu. Elle ne doit point te laisser de doute.

Tous les peuples ont un lieu vers lequel ils adressent leurs prières. Appliquez-vous à faire ce qui est mieux partout où vous serez. Dieu vous rassemblera tous un jour. Rien ne borne sa puissance.

De quelque lieu que tu sortes, tourne ta face vers le temple Haram. Ce précepte est émané de la vérité du Dieu qui pèse les œuvres des hommes.

De quelque lieu que tu sortes, tourne ta face vers le temple Haram. En quelque lieu que tu sois, porte tes regards vers ce sanctuaire auguste, afin que les peuples n’aient point de sujet de t’accuser. Les méchans seuls l’oseront. Ne les crains point, mais crains-moi ; afin que je te comble de faveurs, et que je sois ton guide.

Nous vous avons envoyé un apôtre de votre nation, pour vous prêcher nos merveilles, vous purifier, vous enseigner le livre, et la sagesse ; et pour vous apprendre ce que vous ignoriez.

Conservez mon souvenir, je garderai le vôtre. Rendez-moi des actions de grâces. Ne soyez pas ingrats.

Ô croyans ! implorez le secours du ciel par la prière et la persévérance. Dieu est avec les patiens.

Ne dites pas que ceux qui sont tués, sous les étendards de la loi, sont morts. Au contraire, ils vivent ; mais vous ne les comprenez pas.

Nous vous éprouverons par la crainte, la faim, la diminution de vos facultés, de votre esprit, de vos biens. Heureux ceux qui supporteront ces maux avec patience !

Heureux ceux qui, au sein de l’indigence, s’écrient : Nous sommes les enfans de Dieu ; nous retournerons à lui !

Ceux-là recevront les bénédictions du Seigneur. Pour eux, il fera éclater sa miséricorde. Il les guidera dans le sentier du salut.

Sapha et Merva[18] sont des monumens de Dieu. Celui qui aura fait le pèlerinage de la Mecque, et aura visité la maison sainte, sera exempt d’offrir une victime d’expiation, pourvu qu’il fasse le tour de ces deux montagnes. Celui qui fera plus que le précepte, éprouvera la reconnaissance du Seigneur.

Que ceux qui cachent nos merveilles et notre doctrine, après ce que nous en avons fait connaître dans le Pentateuque, soient maudits de Dieu, des anges, et de tous les êtres créés !

Je pardonnerai à ceux qui, abjurant l’erreur, manifesteront la vérité, parce que je suis clément et miséricordieux.

Mais les prévaricateurs qui mourront dans leur infidélité seront frappés de la malédiction de Dieu, des anges et des hommes.

Ils en seront éternellement couverts. Leurs tourmens ne s’adouciront jamais, et Dieu ne tournera point vers eux ses regards.

Votre Dieu est le Dieu unique. Il n’y en a point d’autre. La miséricorde est son partage.

La création des cieux et de la terre, la succession de la nuit et du jour, le vaisseau qui fend les flots pour l’utilité des humains, la pluie qui descend des nuages, et rend la vie à la terre inféconde, les animaux qui couvrent sa surface, la vicissitude des vents, et des nuages balancés entre le ciel et la terre, sont aux yeux de ceux qui ont la science, des marques de la puissance du Très-Haut.

Ceux qui offrent de l’encens aux idoles, les aiment comme la divinité ; mais l’amour des croyans pour le Seigneur est plus fort et plus durable. Quel spectacle offriront les prévaricateurs, lorsqu’ils seront à la vue du supplice qui les attend ! toute puissance appartient à Dieu, et il est terrible dans ses vengeances.

Les sectaires qui auront brisé les liens qui les attachaient à leurs sectateurs, lorsqu’ils verront les tourmens de l’enfer,

Entendront leurs sectateurs s’écrier, Si nous pouvions retourner sur la terre, nous nous séparerions de ceux qui nous égaraient, comme ils se sont séparés de nous. Dieu leur montrera leurs œuvres. Ils pousseront des soupirs, et demeureront éternellement dans les flammes.

Ô hommes ! nourrissez-vous de tous les fruits de la terre salutaires et permis. Ne suivez pas les séductions de Satan ; il est votre ennemi.

Il vous excite au mal, vous précipite dans le crime, et vous porte à parler témérairement du Très-Haut.

Lorsqu’on presse les infidèles d’embrasser la doctrine que Dieu a révélée, ils répondent : Nous suivons le culte de nos pères. Doivent-ils le suivre, si leurs pères ont marché dans la nuit de l’ignorance et de l’erreur ?

Les incrédules sont semblables à celui qui entend les sons de la voix sans rien comprendre. Sourds, muets et aveugles, ils n’ont point d’intelligence.

Ô croyans ! nourrissez-vous de toutes les productions licites que nous vous avons données pour alimens, et rendez grâces au Seigneur, si vous êtes ses adorateurs.

Dieu vous interdit les animaux morts, le sang, la chair du porc, et tout animal sur lequel on aura invoqué un autre nom que le sien. Celui qui, pressé par la nécessité, et non par le désir de se satisfaire, aurait transgressé la loi, n’aura point à subir de peine expiatoire, parce que le Seigneur est indulgent et miséricordieux.

Ceux qui, pour un vil intérêt, cachent ce que Dieu a prédit dans les livres sacrés, n’auront pour nourriture qu’un feu dévorant. Le Seigneur ne leur parlera point au jour de la résurrection. Il ne les purifiera point ; et ils seront la proie des tourmens.

Ils ont acheté l’erreur pour la vérité, et les supplices au lieu du pardon. Quelles seront leurs angoisses, au milieu des flammes !

Dieu a envoyé le livre qui renferme la vérité. Ceux qui s’en écartent, marchent dans l’erreur.

Il ne suffit pas, pour être justifié, de tourner son visage vers l’orient ou l’occident ; il faut encore croire en Dieu, au jour dernier, aux anges, au Coran, aux prophètes ; il faut, pour l’amour de Dieu, secourir ses proches, les orphelins, les pauvres, les voyageurs, les captifs et ceux qui demandent ; il faut faire la prière, garder sa promesse, supporter patiemment l’adversité et les maux de la guerre : tels sont les devoirs des vrais croyans.

Ô croyans ! la peine du talion est écrite pour le meurtre. Un homme libre sera mis à mort pour un homme libre, l’esclave pour un esclave, la femme pour une femme. Celui qui pardonnera au meurtrier de son frère, aura droit d’exiger un dédommagement raisonnable, qui lui sera payé, avec reconnaissance.

Cet adoucissement est une faveur de la miséricorde divine. Celui qui portera plus loin la vengeance, sera la proie des tourmens.

Ô vous qui avez un cœur ! vous trouverez dans la peine du talion, et dans la crainte qu’elle inspire, la sûreté de vos jours.

Il est écrit, qu’en mourant, vous laisserez vos biens, par testament, à vos enfans et à vos proches, avec l’équité que doivent avoir ceux qui craignent le Seigneur.

Celui qui changera la disposition du testateur, après l’avoir entendue, sera coupable d’un crime. Dieu voit et entend tout.

Celui qui, craignant une erreur, ou une injustice de la part du testateur, aura réglé les droits des héritiers avec justice, ne sera point coupable. Dieu est clément et miséricordieux.

Ô croyans ! il est écrit que vous serez soumis au jeûne, comme le furent vos pères, afin que vous craigniez le Seigneur.

Les jours du jeûne sont comptés. Celui qui sera malade, ou en voyage, jeûnera dans la suite un nombre de jours égal. Ceux qui, pouvant supporter l’abstinence, la rompront, auront pour peine expiatoire la nourriture d’un pauvre. Celui qui fera volontairement ce qui est mieux, aura une récompense proportionnée. Il sera plus méritoire de jeûner. Si vous le saviez !

Le mois de Ramadan, dans lequel le Coran est descendu du ciel[19], pour être le guide, la lumière des hommes, et la règle de leurs devoirs, est le temps destiné à l’abstinence. Quiconque verra ce mois doit observer le précepte. Celui qui sera malade, ou en voyage, jeûnera dans la suite un nombre pareil de jours. Dieu veut vous conduire avec douceur, afin que vous remplissiez le commandement et que vous célébriez ses louanges. Il prend soin de vous guider lui-même, afin que vous l’honoriez par votre reconnaissance.

Lorsque mes serviteurs te parleront de moi, je serai près d’eux, j’exaucerai ceux qui m’adresseront leurs vœux ; mais qu’ils écoutent ma voix, qu’ils croient en moi, afin que ma grâce les éclaire.

Vous pouvez, la nuit du jeûne, vous approcher de vos épouses. Elles sont votre vêtement, et vous êtes le leur. Dieu savait que vous eussiez été transgresseurs. Il a tourné ses regards sur vous, et vous a pardonné. Voyez vos femmes, et désirez les promesses que le Seigneur vous a faites. Le manger et le boire vous sont permis jusqu’à l’instant où vous pourrez, à la clarté du jour, distinguer un fil blanc d’un fil noir. Accomplissez ensuite le jeûne jusqu’à la nuit. Éloignez-vous pendant ce temps de vos femmes, et passez le jour en prière. Tel est le précepte du Seigneur. Il déclare ses lois aux mortels afin qu’ils le craignent.

Ne dissipez point vos richesses inutilement. Ne les offrez point aux juges, pour ravir injustement l’héritage de vos frères. Vous êtes instruits.

Ils t’interrogeront sur les nouvelles lunes. Dis-leur : Ce sont des temps établis pour l’utilité des hommes. Elles servent à marquer le voyage de la Mecque. La justice ne consiste pas à entrer dans vos maisons par derrière[20], mais à craindre Dieu. Entrez dans vos maisons par la porte, et craignez le Seigneur, afin que vous soyez heureux.

Combattez vos ennemis dans la guerre entreprise pour la religion ; mais n’attaquez pas les premiers. Dieu hait les agresseurs.

Tuez vos ennemis partout où vous les trouverez ; chassez-les des lieux d’où ils vous auront chassés. Le péril de changer de religion est pire que le meurtre. Ne les combattez point auprès du temple Haram, à moins qu’ils ne vous provoquent. S’ils vous attaquent, baignez-vous dans leur sang. Telle est la récompense due aux infidèles. S’ils quittent l’erreur, le Seigneur est indulgent et miséricordieux.

Combattez vos ennemis jusqu’à ce que vous n’ayez plus à craindre la tentation, et que le culte divin soit établi. Que toute inimitié cesse contre ceux qui auront abandonné les idoles. Votre haine ne doit s’allumer que contre les pervers.

S’ils vous attaquent pendant les mois sacrés, et dans les lieux saints, faites-leur subir la peine du talion. Violez envers eux les lois qu’ils n’observeront pas envers vous. Craignez le Seigneur : souvenez-vous qu’il est avec ceux qui le craignent.

Employez vos biens à soutenir la foi. N’opérez pas, de vos propres mains, votre ruine. Faites le bien. Le Seigneur aime les bienfaisans.

Accomplissez le pèlerinage de la Mecque[21] et la visite du temple, en l’honneur de Dieu. Si vous en êtes empêchés, offrez au moins un léger présent. Ne rasez point vos têtes, jusqu’à ce que la victime soit parvenue au lieu où l’on doit l’immoler. Celui que la maladie ou quelqu’accident obligerait à se raser, aura pour expiation le jeûne, l’aumône ou quelque offrande. Lorsqu’il n’y aura rien à craindre, celui qui entreprendra le pèlerinage de la Mecque, offrira, après avoir visité les saints lieux, ce que son état lui permettra. Celui qui ne pourra rien offrir jeûnera trois jours pendant le voyage, et sept lorsqu’il sera de retour. Ce jeûne complet sera de dix jours. Nous imposons cette pénitence à celui qui n’aura point de serviteurs au temple de la Mecque. Craignez Dieu, il est terrible dans ses vengeances.

Le pèlerinage se fera dans les mois prescrits. Celui qui l’entreprendra doit s’abstenir des femmes, du crime et des dissensions. Le bien que vous ferez sera connu de Dieu. Prenez des provisions pour le voyage. La meilleure est la piété. Craignez-moi, vous qui avez un cœur.

Il ne vous est point défendu de rechercher les biens de Dieu. Lorsque vous retournerez du mont Arafat, souvenez-vous du Seigneur près du monument Haram. Souvenez-vous de lui, parce qu’il vous a éclairés, et que si vous étiez venus avant ce temps, vous auriez été dans l’erreur.

Revenez de ce lieu, d’où les autres hommes reviendront, et implorez la clémence du Seigneur. Il est indulgent et miséricordieux.

Lorsque vos saintes cérémonies seront accomplies, que le souvenir de Dieu excite dans vos cœurs un amour encore plus grand que celui de vos proches. Il est des hommes qui disent : Seigneur, donne-nous notre portion de biens dans ce monde. Ils n’auront point de part à la vie future.

D’autres disent : Verse tes dons sur nous dans ce monde et dans l’autre, et nous délivre de la peine du feu.

Ils auront tous leurs œuvres pour héritage. Dieu est exact dans ses jugemens.

Souvenez-vous du Seigneur dans les jours marqués. Celui qui aura hâté ou retardé son voyage d’un jour n’aura point de peine à subir s’il craint Dieu. Ayez sa crainte toujours présente : sachez que vous retournerez à lui.

Il est des hommes qui, en discourant des choses mondaines, ravissent votre admiration. Ils prennent Dieu à témoin de la sincérité de leurs cœurs ; mais ils sont ardens à disputer.

À peine vous ont-ils quittés qu’ils se livrent à l’injustice. La ruine accompagne leurs pas. Dieu hait les hommes corrompus.

Qu’on leur parle de la crainte du Seigneur, ils s’abandonnent à l’orgueil et à l’impiété ; mais l’enfer suffira à leurs crimes. Ils y seront couchés sur un lit de douleur.

Il est des hommes qui se sont vendus eux-mêmes pour plaire à Dieu. Il regarde d’un œil propice ses serviteurs.

Ô croyans ! embrassez l’islamisme dans toute son étendue ; ne marchez pas sur les traces de Satan : il est votre ennemi déclaré.

Si vous tombez après avoir connu la vérité, sachez que Dieu est sage et puissant.

Attendent-ils que le Tout-Puissant vienne, dans l’ombre d’un nuage, accompagné de ses anges ? Alors tout sera consommé ; tout retournera à lui.

Demande aux enfans d’Israël combien de prodiges nous avons fait éclater à leurs yeux. Que celui qui rejette les faveurs de Dieu, sache qu’il est terrible dans ses vengeances.

La vie du monde est parsemée de fleurs pour les infidèles. Ils se moquent des croyans. Ceux qui ont la crainte du Seigneur seront élevés au-dessus d’eux, au jour de la résurrection. Dieu répand à son gré ses dons innombrables.

Les hommes n’avaient qu’une religion. Dieu envoya les prophètes, organes de ses promesses et de ses menaces. Il leur donna les écritures avec le sceau de la vérité, afin qu’ils jugeassent les différens des mortels. Ceux qui reçurent les apôtres ayant connu les prédictions du Seigneur, disputèrent. L’envie leur mit les armes à la main ; mais Dieu conduisit les croyans à la vérité, objet de leurs disputes. Il dirige qui il lui plaît dans le droit chemin.

Croyez-vous entrer dans le paradis sans avoir senti les maux qu’ont éprouvés vos pères ? Le malheur les visita. Ils ressentirent ses angoisses jusqu’au temps où leur apôtre et ceux qui avaient sa croyance s’écrièrent : Quand nous viendra le secours du Seigneur ? Le secours du Seigneur n’est-il pas proche ?

Ils t’interrogeront sur le bien qu’ils doivent faire ; réponds-leur : Secourez vos enfans, vos proches, les orphelins, les pauvres et les voyageurs ; le bien que vous ferez sera connu du Tout-Puissant.

Il est écrit que vous combattrez, et vous avez la guerre en horreur.

Mais vous pouvez haïr ce qui vous est avantageux, et désirer ce qui vous est nuisible. Dieu sait ce qui vous convient, et vous l’ignorez.

Ils te demanderont si l’on combattra dans les mois sacrés ; dis-leur : La guerre, pendant ce temps, vous est pénible ; mais écarter les croyans de la voie du salut, être infidèles à Dieu, chasser ses serviteurs du temple saint, sont des crimes horribles à ses yeux. L’idolâtrie est pire que le meurtre. Les infidèles ne cesseront de vous poursuivre les armes à la main, jusqu’à ce qu’ils vous aient enlevé votre foi, s’il est possible. Celui de vous qui abandonnera l’islamisme et qui mourra dans son apostasie, aura rendu vain le mérite de ses œuvres dans ce monde et dans l’autre. Il sera dévoué aux flammes éternelles.

Les croyans qui quitteront leur patrie et combattront pour la foi, auront lieu d’espérer la miséricorde divine. Dieu est indulgent et miséricordieux.

Ils t’interrogeront sur le vin et les jeux de hasard ; dis-leur qu’ils sont criminels et plus funestes qu’utiles. Ils t’interrogeront sur l’aumône :

Réponds-leur : Donnez votre superflu ; c’est ainsi que Dieu vous fait connaître ses lois, afin que vous gardiez son souvenir dans ce monde et dans l’autre.

Ils te demanderont ce qu’ils doivent aux orphelins. Dis-leur : Faites fructifier leurs héritages.

Si vous faites communauté de biens avec eux, souvenez-vous qu’ils sont vos frères, et que Dieu sait distinguer le coupable d’avec le juste. Il peut vous affliger à son gré. Il est puissant et sage.

N’épousez point les idolâtres jusqu’à ce qu’elles aient la foi. Une esclave fidèle vaut mieux qu’une femme libre infidèle, quand même celle-ci vous plairait davantage. Ne donnez point vos filles aux idolâtres, jusqu’à ce qu’ils aient embrassé votre croyance. Un esclave fidèle vaut mieux qu’un incrédule, quand même celui-ci serait plus aimable.

Les infidèles vous appellent au feu, et Dieu vous ouvre le Paradis. Il fait grâce à qui il lui plaît, et montre ses prodiges aux hommes, afin qu’ils gardent son souvenir.

Ils t’interrogeront sur les règles des femmes : Dis-leur : C’est une tache naturelle. Séparez-vous de vos épouses pendant ce temps, et ne vous en approchez que quand elles seront purifiées. Lorsqu’elles seront lavées de cette tache, venez à elles comme vous l’ordonne Dieu. Il aime ceux qui font pénitence et qui sont purs.

Vos femmes sont votre champ. Cultivez-le toutes les fois qu’il vous plaira. Prémunissez vos cœurs. Craignez le Seigneur, et songez que vous retournerez à lui. Annonce aux croyans le bonheur qui les attend.

Ne jurez point par le nom de Dieu, que vous serez justes, pieux, et que vous maintiendrez la paix parmi vos semblables. Il sait et entend tout.

Dieu ne vous punira pas pour une parole échappée dans vos juremens. Il vous punira si vos cœurs y ont consenti. Il est indulgent et miséricordieux.

Ceux qui jureront de n’avoir point de commerce avec leurs femmes[22] auront un délai de quatre mois. Si pendant ce temps ils reviennent à elles, le Seigneur est indulgent et miséricordieux.

Si le divorce est fermement résolu, Dieu sait et entend tout.

Les femmes répudiées laisseront écouler trois mois avant de se remarier. Elles ne pourront cacher qu’elles sont enceintes, si elles croient en Dieu et au jour du jugement. Il est plus équitable alors que le mari les reprenne, s’il désire une sincère réconciliation. Il faut que les femmes se comportent avec la décence convenable, et que les maris aient sur elles la prééminence.

La répudiation n’aura lieu que deux fois. Les maris garderont leurs femmes avec humanité, ou les renverront avec justice. Ils ne peuvent rien retenir de leur dot, à moins que les deux époux ne craignissent de passer les bornes prescrites par le Seigneur. Alors le mari a droit de se racheter de la rigueur de la loi. Tels sont les préceptes divins. Ne les transgressez pas. Ceux qui les violentent sont criminels.

Celui qui répudiera trois fois une femme[23] ne pourra la reprendre qu’après qu’elle aura passé dans la couche d’un autre époux qui l’aura répudiée. Il leur sera permis alors de se réunir, s’ils croient pouvoir observer les Commandemens de Dieu. Il les annonce à ceux qui ont la science.

Lorsque vous aurez répudié une femme, et que le temps de la renvoyer sera venu, gardez-la avec humanité, ou la renvoyez avec bienfaisance. Ne la retenez point par force, de peur d’être prévaricateurs. Cette conduite serait injuste. Ne faites pas un jeu des lois divines. Souvenez-vous des grâces dont le ciel vous a comblés. Souvenez-vous qu’il vous a envoyé le livre qui renferme la sagesse. Craignez le Seigneur. Sachez que sa science est infinie.

Lorsque la femme que vous aurez répudiée aura attendu le temps marqué, ne l’empêchez pas de former légitimement un second hymen. Ces préceptes regardent ceux qui croient en Dieu et au jour dernier. Ils sont justes et sages. Dieu sait, et vous ne savez pas.

Les mères allaiteront leurs enfans deux ans complets, s’ils veulent téter pendant ce temps. La nourriture et le vêtement de la femme regardent l’époux. Il doit l’entretenir comme il convient, suivant ses facultés. Les parens ne seront pas contraints de faire pour leurs enfans plus qu’ils ne peuvent, ni les tuteurs pour leurs pupilles. Il sera permis à la mère de sevrer son nourrisson, du consentement du mari. Ils peuvent aussi appeler une nourrice, pourvu qu’il lui payent fidèlement ce qu’ils auront promis. Craignez le Seigneur. Sachez qu’il a l’œil ouvert sur vos actions.

Les femmes que vous laisserez en mourant, attendront quatre mois, et dix jours. Ce terme expiré, vous ne serez point responsables de ce qu’elles feront légitimement. Dieu voit vos œuvres.

Le désir d’épouser une femme, soit que vous le fassiez paraître, soit que vous le receliez dans vos cœurs, ne vous rendra point coupables devant Dieu. Il sait que vous ne pouvez vous empêcher de songer aux femmes ; mais ne leur promettez pas en secret, à moins que l’honnêteté de vos discours ne voile votre amour.

Ne serrez les liens du mariage que quand le temps prescrit sera accompli. Sachez que Dieu connaît le fond de vos cœurs. Craignez-le, et n’oubliez pas qu’il est clément et miséricordieux.

Vous ne serez soumis à aucune peine, en répudiant une femme avec qui vous n’aurez point eu commerce, ou à qui vous n’aurez point assigné de dot. Ce que vous donnerez à vos femmes doit répondre à vos facultés. Le riche et le pauvre les doteront différemment. La justice et la bienfaisance doivent régler leurs dons.

Celui qui répudiera une femme dotée, avant d’avoir eu commerce avec elle, lui laissera la moitié de la dot ; mais du consentement des deux époux, ou de celui seul du mari, la femme peut recevoir la dot entière, ce qui est plus digne de la piété. N’oubliez pas la bienfaisance entre vous. Le Très-Haut est témoin de vos actions.

Accomplissez exactement la prière, surtout celle du midi. Levez-vous et priez avec dévotion.

Si vous êtes dans la crainte, faites la prière en marchant, ou à cheval ; lorsque vous êtes en sûreté rappelez-vous les grâces du ciel. Songez qu’il vous a enseigné la doctrine que vous ignoriez.

Ceux qui laisseront des épouses en mourant leur assigneront un legs, comme l’entretien pendant une année, et un asile dans leur maison. Si elles sortent d’elles-mêmes, les héritiers ne seront point responsables de ce qu’elles feront avec décence. Dieu est puissant et sage.

Les dédommagemens accordés aux femmes répudiées doivent avoir pour règle la justice et la crainte de Dieu.

C’est ainsi qu’il vous explique ses préceptes divins, afin que vous les conceviez.

Ne vous rappelez-vous pas ceux que la crainte de la mort fit sortir de leurs maisons au nombre de plusieurs milles[24] ? Dieu leur dit, mourez : ensuite il leur rendit la vie, parce qu’il est plein de libéralité pour les hommes. Cependant la plupart ne le remercient point de ses bienfaits.

Combattez pour la défense de la foi, et sachez que Dieu sait et entend.

Celui qui fera au Seigneur le prêt glorieux de ses biens, les verra multiplier au centuple. Il étend, ou resserre ses faveurs à son gré. Vous retournerez tous à lui.

Rappelez-vous l’assemblée des enfans d’Israël, après la mort de Moïse, lorsqu’ils dirent à leur prophète, créez-nous un roi, afin que nous combattions pour la cause de Dieu. Serez-vous prêts à combattre, leur demanda le prophète, lorsque le temps sera venu ? Et qui pourrait, répondirent-ils, nous empêcher de marcher sous l’étendard de la foi ? Nous avons été chassés de nos maisons ; on nous a enlevé nos enfans. Lorsque le jour du combat fut venu, tous prirent la fuite, excepté un petit nombre ; mais le Tout-Puissant voit les pervers.

Le prophète leur dit : Dieu a élu Saül pour votre roi. Comment, reprirent les Israélites, aurait-il l’empire sur nous ? Nous en sommes plus dignes que lui. Il n’a pas même l’avantage des richesses. Le Seigneur, reprit Samuel, l’a choisi pour vous commander. Il a éclairé son esprit, et fortifié son bras. Le Tout-Puissant donne les diadèmes à son gré, parce qu’il possède la science, et que rien ne borne son immensité.

La marque de sa royauté, continua Samuel, sera la venue de l’arche d’alliance[25]. Elle sera le gage de votre sûreté. Avec elle vous recevrez le dépôt qu’a laissé la famille de Moïse et d’Aaron. Les anges la porteront. Ce sera un prodige pour ceux qui ont la foi.

Saül étant sorti avec son armée, dit à ses soldats : Dieu va vous éprouver au bord de ce fleuve. Celui qui s’y désaltérera ne sera point des miens. Ceux qui s’en abstiendront, ou n’avaleront qu’un peu d’eau, dans le creux de leurs mains, seront de mon parti. Presque tous en burent avidement. Lorsque le roi, à la tête des croyans, eut traversé le fleuve, ceux qui s’y étaient désaltérés s’écrièrent : Nous n’avons point de force aujourd’hui contre Goliat et ses soldats. Les fidèles, qui croyaient au jour de la résurrection, répondirent : Combien de fois, par la permission de Dieu une petite troupe a-t-elle vaincu des armées nombreuses ? Le bras du Très-Haut fortifie les braves.

Sur le point de combattre Goliat, ils adressèrent au ciel cette prière : Seigneur, accorde-nous la constance et le courage, affermis nos pas, et viens nous secourir contre un peuple infidèle.

Ils vainquirent leurs ennemis par la volonté de Dieu. David tua Goliat. Le Seigneur lui donna la royauté et la sagesse. Il lui enseigna ce qu’il voulut. Si le Tout-Puissant n’avait balancé les nations les unes par les autres, la corruption eût couvert la terre ; mais il est bienfaisant envers ses créatures.

Ces merveilles sont l’ouvrage du Très-Haut. Nous te les révélons, parce que tu es au nombre de ses apôtres.

Nous élevâmes les prophètes les uns au-dessus des autres. Dieu fit entendre sa voix à ceux-ci. Il favorisa ceux-là de dons particuliers. Nous accordâmes à Jésus, fils de Marie, le pouvoir des miracles : nous le fortifiâmes par l’esprit de sainteté. Si Dieu eût voulu, ceux qui sont venus après ses ministres, n’auraient point disputé. L’esprit de dissension s’est emparé d’eux lorsqu’ils ont vu la vérité. Une partie a cru, une partie a été infidèle. Dieu pouvait à son gré prévenir leurs divisions ; mais il fait ce qu’il lui plaît.

Ô croyans ! donnez l’aumône, des biens que nous vous avons départis, avant le jour l’on ne pourra plus acquérir, où il n’y aura plus d’amitié, plus d’intercession. Les infidèles sont voués à l’iniquité.

Dieu est le seul Dieu, le Dieu vivant et éternel. Le sommeil n’approche point de lui. Il possède ce qui est dans les cieux et sur la terre. Qui peut intercéder auprès de lui, sans sa volonté ? Il sait ce qui était avant le monde, et ce qui sera après. Les hommes ne connaissent de sa majesté suprême, que ce qu’il veut bien leur en apprendre. Son trône sublime embrasse les cieux et la terre. Il les conserve sans effort. Il est le Dieu grand, le Dieu Très-Haut.

Ne faites point de violence aux hommes à cause de leur foi. La voie du salut est assez distincte du chemin de l’erreur. Celui qui abjurera le culte des idoles, pour embrasser la religion sainte, aura saisi une colonne inébranlable. Le seigneur sait et entend tout.

Dieu est le patron des croyans. Il les conduira des ténèbres à la lumière.

Le diable est le patron des incrédules. Il les conduit de la lumière dans les ténèbres, et ils seront précipités dans un feu éternel.

Vous souvient-il de ce roi qui disputa avec Abraham, du Dieu qui avait donné la royauté ? Mon Dieu, dit Abraham, est celui qui donne la vie et la mort. C’est moi, répondit l’impie, qui donne la vie et la mort. Hé bien, ajouta Abraham, Dieu fait lever le soleil à l’orient, fais qu’il se lève à l’occident. L’infidèle resta confondu, parce que le Tout-Puissant n’éclaire point les pervers.

Vous souvient-il du voyageur[26] qui, passant près d’une ville ensevelie sous ses ruines, dit : Comment Dieu ressuscitera-t-il les habitans de cette ville détruite ? Dieu le fit mourir, et il resta cent ans dans cet état, ensuite il le ressuscita, et lui demanda : combien de temps as-tu demeuré ici ? Un jour ou quelques heures, répondit le voyageur. Vois ta nourriture et ta boisson, ajouta le seigneur, elles sont encore en leur entier. Regarde ton âne. Nous avons opéré cette merveille, afin que ton exemple instruise les humains. Vois comment nous allons rassembler et couvrir de chair les os de ton âne. À la vue du miracle, le voyageur s’écria : Je sais maintenant que la puissance de Dieu est infinie.

Lorsqu’Abraham s’écria : Seigneur, fais-moi voir comment tu ressuscites les morts ; ne crois-tu point encore, répondit le Seigneur ? Je crois, reprit Abraham, mais affermis mon cœur dans la foi. Dieu ajouta : Prends quatre oiseaux[27] et les coupe en morceaux ; disperse leurs membres sur la cime des montagnes ; appelle-les ensuite, ils voleront à toi. Sache que le Très-Haut est puissant et sage.

Ceux qui emploient leurs richesses pour défendre la cause sainte sont semblables à un grain qui produit sept épis, dont chacun donne cent grains. Dieu augmente les biens de qui il lui plaît. Sa science égale son immensité.

Ceux qui soutiennent la guerre sainte de leurs biens sans employer les reproches et les voies injustes pour se dédommager de leurs dépenses, ont leur récompense assurée auprès de Dieu. Ils seront à l’abri de la crainte et des angoisses.

L’humanité, dans les paroles et les actions, est préférable à l’aumône que suit l’injustice. Dieu est riche et clément.

Ô croyans ! ne rendez point vain le mérite de vos aumônes, par le murmure et l’iniquité. Celui qui fait l’aumône par ostentation, et qui ne croit pas en Dieu et au jour dernier, est semblable au rocher couvert de poussière. Une pluie abondante survient, et ne lui laisse que sa dureté. Ses actions n’auront aucun mérite aux yeux de l’Éternel ; parce qu’il ne dirige point les infidèles.

Ceux qui n’usent de leurs richesses que pour plaire à Dieu, et qui sont constans dans la pratique des vertus, ressemblent à un jardin placé sur une colline : une pluie favorable, et la rosée désaltèrent la terre, et font croître ses productions en abondance. Dieu voit vos actions.

Qui de vous voudrait avoir un jardin planté de palmiers, orné de vignes, entrecoupé de ruisseaux, et enrichi de tous les fruits de la terre, et être ensuite saisi par la vieillesse, laisser des enfans au berceau et voir ce jardin ravagé par un tourbillon de flammes ? C’est ainsi que Dieu vous annonce ses mystères afin que vous pensiez à lui.

Ô croyans ! faites l’aumône des biens que vous avez acquis, et des productions que nous faisons sortir de la terre ; ne choisissez pas ce que vous avez de plus mauvais pour le donner.

N’offrez point ce que vous ne voudriez pas recevoir, à moins que ce ne fût l’effet d’une convention ; sachez que Dieu est riche et comblé de louanges.

Le diable vous met devant les yeux l’image de la pauvreté. Il vous commande le crime : mais le Seigneur vous promet le pardon et l’abondance. Il est savant et infini.

Il donne la sagesse à qui il lui plaît. Celui qui reçoit cette faveur possède le plus grand des biens. Mais il n’y a que ceux qui ont un cœur à sentir ce bienfait.

L’aumône que vous ferez, le vœu que vous aurez formé, seront connus du ciel. La réprobation ne sera point le partage des bienfaisans. Il est bien de manifester ses bonnes œuvres ; il est mieux de les cacher, et de les verser dans le sein des pauvres. Elles effacent les péchés, parce que le Très-Haut est le témoin des actions.

Tu n’es point chargé de diriger les infidèles. Dieu éclaire ceux qu’il lui plaît. Vous aurez le mérite du bien que vous ferez, et vous en recevrez la récompense ; mais vous ne devez le faire qu’en vue de Dieu. Il est des fidèles combattans sous les étendards de la foi, que leur pauvreté met hors d’état de pourvoir à leurs besoins. Discrets et modestes, l’ignorant les croit riches. Vous les reconnaîtrez à ce signe : ils ne demandent point avec importunité. La bienfaisance dont vous userez à leur égard sera connue de Dieu.

Faites l’aumône le jour, la nuit, en secret, en public. Vous en recevrez le prix des mains de l’Éternel, et vous serez à l’abri des frayeurs et des tourmens.

Ceux qui exercent l’usure ne sortiront de leurs tombeaux que comme des malheureux agités par le Démon, parce qu’ils ont dit qu’il n’y a point de différence entre la vente et l’usure. Dieu aurait-il permis l’une et défendu l’autre ? Celui à qui parviendra cet avertissement du Seigneur, et qui renoncera au mal, recevra le pardon du passé, et le ciel sera témoin de son action. Celui qui retournera au crime sera la proie d’un feu éternel.

Dieu détourne sa bénédiction de l’usure et la verse sur l’aumône. Il hait l’infidèle et l’impie. Mais les croyans qui feront le bien, qui accompliront la prière et feront l’aumône, auront leur récompense auprès de Dieu. Ils seront exempts de la crainte et des supplices.

Ô croyans ! craignez le Seigneur, et si vous êtes fidèles, réparez l’usure que vous avez exercée.

Si vous refusez d’obéir, attendez-vous à la guerre de la part de Dieu et de son apôtre. Si vous obéissez à sa voix, vous retrouverez vos richesses. Ne soyez point injustes, et on ne le sera point envers vous.

Si votre débiteur a de la peine à vous payer, donnez-lui du temps, ou si vous voulez mieux faire, remettez-lui sa dette. Si vous saviez !

Craignez le jour où vous reviendrez à Dieu, où chacun recevra le prix de ses œuvres, et où l’exacte équité présidera aux jugemens.

Ô croyans ! lorsque vous vous obligerez à payer une dette au terme prescrit, qu’un scribe en fasse fidèlement l’obligation. Qu’il écrive, comme Dieu le lui a enseigné ; que le débiteur écrive et dicte ; qu’il craigne le Seigneur, et ne retranche aucun article de la dette. Si le débiteur était ignorant, malade, ou hors d’état de dicter, que son procureur le fasse pour lui, suivant les règles de la justice. Qu’on appelle pour témoins deux hommes, ou à défaut de l’un, deux femmes choisies à votre gré. Si l’une d’elles se trompait par oubli, l’autre pourrait lui rappeler la vérité. Que les témoins portent témoignage toutes les fois qu’ils en seront requis. Qu’on écrive en entier la dette grande ou petite, jusqu’au terme de sa liquidation. Cette précaution est plus juste devant Dieu, plus sûre pour les témoins, et plus propre à ôter les doutes. Si la vente se fait entre personnes présentes, et par échange, vous ne serez point obligés de l’écrire ; appelez les témoins dans vos pactes, et ne faites de violence ni au scribe ni aux témoins. Ce serait commettre un crime. Craignez le Seigneur. Il vous instruire lui-même. Il possède la plénitude de la science.

Si vous êtes en voyage et que vous ne trouviez point de scribe, vous prendrez des gages. Que le débiteur en qui on aura eu de la confiance ait soin de retirer sa foi engagée. Qu’il craigne le Seigneur. Ne refusez point votre témoignage. Celui qui le refuse a le cœur corrompu ; mais Dieu connaît vos actions.

Dieu est le souverain des cieux et de la terre. Soit que vous manifestiez, soit que vous cachiez ce qui est dans vos cœurs, il vous en demandera compte. Il fera grâce à qui il voudra, et punira qui il voudra, parce que rien ne borne sa puissance.

Le prophète a cru dans ce que le Seigneur lui a envoyé. Les fidèles ont embrassé sa croyance. Tous ont cru en Dieu, en ses anges, en ses livres saints, en ses envoyés. Nous ne mettons point de différence entre eux ; ils ont dit : Seigneur, nous avons écouté ta voix, et nous t’avons obéi. Nous implorons ta clémence. Nous reviendrons tous à toi au jour de la résurrection.

Dieu n’exigera de chacun que suivant ses forces. Chacun aura en sa faveur ses bonnes œuvres, et contre lui le mal qu’il aura fait. Seigneur, ne nous punis pas pour des fautes commises par oubli. Pardonne-nous nos péchés. Ne nous impose pas le fardeau qu’ont porté nos pères. Ne nous charge pas au dessus de nos forces. Fais éclater pour tes serviteurs le pardon et l’indulgence : aie compassion de nous. Tu es notre patron. Aide-nous contre les nations infidèles.



CHAPITRE III.
LA FAMILLE D’AMRAN.
donné à Médine, composé de 199 versets.

Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


A. L. M. Il n’y a de Dieu que le Dieu vivant et éternel.

Il t’a envoyé le livre qui renferme la vérité, pour confirmer les écritures qui l’ont précédé. Avant lui il fit descendre le Pentateuque et l’Évangile, pour servir de guides aux hommes. Il a envoyé le Coran des cieux.

Ceux qui nieront la doctrine divine ne doivent s’attendre qu’à des supplices. Dieu est puissant, et la vengeance est dans ses mains.

Rien de ce qui est dans les cieux et sur la terre ne lui est caché. C’est lui qui vous forme comme il lui plaît dans le sein de vos mères. Il n’y a point d’autre Dieu que lui. Il est puissant et sage.

C’est lui qui t’a envoyé le livre. Parmi les versets qui le composent, les uns renferment des préceptes évidens, et sont la base de l’ouvrage ; les autres sont allégoriques. Ceux qui ont du penchant à l’erreur, s’attachant à ces derniers, formeront un schisme en voulant les interpréter. Dieu seul en a l’explication. Mais les hommes consommés dans la science diront : Nous croyons au Coran. Tout ce qu’il renferme vient de Dieu. Ce langage est celui des sages.

Seigneur, ne permets pas que nos cœurs s’écartent de la vérité, après que tu nous as éclairés. Ouvre-nous les trésors de ta miséricorde. Tu es la libéralité même.

Seigneur, tu rassembleras un jour le genre humain devant ton tribunal. Nous ne saurions douter de cette vérité ; car tu ne manques point à tes promesses.

Les infidèles ne retireront aucun avantage de leurs richesses et de leurs enfans, auprès de Dieu. Ils seront la victime des flammes.

Semblables à la famille du Pharaon, et à ceux qui les ont précédés, ils ont taxé notre doctrine de mensonge. Dieu les a surpris dans leur impiété, et il est terrible dans ses châtimens.

Dis aux incrédules : Bientôt vous serez vaincus et rassemblés dans l’enfer, séjour des tourmens.

La rencontre des deux armées ne vous a-t-elle pas offert un prodige ? L’une combattait pour la foi, et était de moitié moins nombreuse. Elle parut à l’armée infidèle égale en force. Dieu favorise de son secours ceux qu’il lui plaît. Cet événement est un avertissement pour ceux qui voient.

L’amour du plaisir éblouit les mortels. Les femmes, les enfans, les richesses, les chevaux superbes, les troupeaux, les campagnes, sont les objets de leurs ardens désirs. Telles sont les jouissances de la vie mondaine ; mais l’asile que Dieu prépare est bien plus délicieux.

Dis : Que puis-je annoncer de plus agréable à ceux qui ont la piété, que des jardins arrosés par des fleuves, une vie éternelle, des épouses purifiées et la bienveillance du Seigneur qui a l’œil ouvert sur ses serviteurs ?

Tel sera le partage de ceux qui disent : Seigneur, nous avons cru ; pardonne-nous nos fautes, et nous délivre de la peine du feu.

De ceux qui ont été patiens, véridiques, pieux, bienfaisans, et qui ont imploré la miséricorde divine dès le matin.

L’Éternel a rendu témoignage de lui-même, quand il a dit : Il n’y a de Dieu que moi. Les anges, ceux qui possèdent la science et la vérité, ont répété : Il n’y a de Dieu que le Dieu puissant et sage.

La religion de Dieu est l’islamisme[28]. Ceux qui ont reçu la loi écrite ne se sont divisés que lorsqu’ils en ont eu connaissance. L’envie leur soufflait son poison ; mais celui qui refusera de croire aux prodiges du Seigneur, éprouvera qu’il est exact dans ses jugemens.

Dis à ceux qui disputeront avec toi : J’ai livré mon cœur à Dieu ; ceux qui suivent ma croyance ont imité mon exemple.

Dis à ceux qui ont reçu les Écritures, et aux aveugles : Embrassez l’islamisme, et vous serez éclairés. S’ils sont rebelles, tu n’es chargé que de la prédication. Dieu sait distinguer ses serviteurs.

Annonce à ceux qui nient la vraie foi, qui versent injustement le sang des prophètes et de ceux dont l’emploi est de commander la vérité, qu’ils seront la proie des tourmens.

Ils ont rendu vain le mérite de leurs œuvres, dans ce monde et dans l’autre. Ils n’ont plus de secours à attendre.

N’as-tu pas fait attention aux juifs[29] ? On les cite au livre de Dieu pour juger leurs différens ; une partie s’y refuse et se précipite dans l’erreur.

Ils ont dit : Le feu de l’enfer ne nous atteindra que pendant un certain nombre de jours. Ils seront la victime du mensonge qu’ils ont inventé.

Quel sera leur sort, lorsque nous les rassemblerons au jour du jugement ? Chacun, dans ce jour dont on ne peut douter, recevra le prix de ses œuvres. Personne ne sera trompé.

Dis : Ô Dieu ! roi suprême ; tu donneras et ôteras à ton gré les diadèmes. Tu élèveras et abaisseras les humains à ta volonté. Le bien est dans tes mains. Tu es le Tout-Puissant.

Tu changes la nuit en jour, et le jour en nuit. Tu fais sortir la vie du sein de la mort, et la mort du sein de la vie. Tu verses tes trésors infinis sur ceux qu’il te plaît.

Ne prenez point pour protecteurs les infidèles, à moins que vous n’y soyez forcé par la crainte. La colère de Dieu doit vous faire trembler. C’est à lui que vous retournerez. Dis-leur : Soit que vous cachiez ce qui est dans vos cœurs, soit que vous le produisiez au grand jour, Dieu le saura. Il connaît ce qui est dans les cieux et sur la terre, parce que rien ne limite sa puissance.

Un jour l’homme aura sous les yeux le spectacle de ses œuvres bonnes et mauvaises, et désirera qu’un intervalle immense le sépare du mal qu’il aura fait. Le Seigneur vous exhorte à redouter sa colère. Il regarde d’un œil propice ses serviteurs.

Dis-leur : Si vous aimez Dieu, suivez-moi. Il vous aimera ; il vous pardonnera vos péchés ; il est indulgent et miséricordieux. Obéissez à Dieu et à son apôtre ; ne vous écartez pas de lui ; il hait les rebelles.

Dieu a choisi entre tous les hommes Adam et Noé, la famille d’Abraham et celle d’Amran. Ces familles sont sorties les unes des autres. Dieu sait et entend.

L’épouse d’Amran adressa au ciel cette prière : Seigneur, je t’ai voué le fruit de mon sein ; reçois-le avec bonté, ô toi qui sais et entends tout ! Lorsqu’elle eut enfanté, elle ajouta : Seigneur, j’ai mis au monde une fille (Dieu savait ce qu’elle avait mis au jour. Des caractères marqués distinguent les deux sexes.) Je l’ai nommée Marie ; je la mets sous ta protection, elle et sa postérité, afin que tu les préserves des ruses de Satan.

Le Seigneur reçut son offrande favorablement. Il fit produire à Marie un fruit précieux. Zacarie la prit sous sa garde. Toutes les fois qu’il l’allait visiter, dans son appartement retiré, il voyait de la nourriture auprès d’elle. D’où vous vient, lui demanda-t-il, cette nourriture ? C’est un bienfait du ciel, répondit Marie. Il nourrit abondamment ceux qu’il veut.

Zacarie se mit en prière et s’écria : Seigneur, ouvre-moi les trésors de ta libéralité ; donne-moi un enfant béni, ô toi qui exauces nos vœux ! L’Ange l’appela tandis qu’il priait dans le sanctuaire.

Le Très-Haut, lui dit l’Ange, t’annonce la naissance de Jean ; il confirmera la vérité du verbe de Dieu ; il sera grand, chaste, et élevé entre les prophètes.

D’où me viendra cet enfant, répondit Zacarie ? La vieillesse m’a atteint, et ma femme est stérile. L’Ange lui répliqua : Le Seigneur fait ce qu’il lui plaît.

Fais éclater un signe, reprit Zacarie, qui soit le gage de ta promesse. Tu seras muet pendant trois jours, lui dit l’Ange. Tel sera ton signe. Souviens-toi du Seigneur, et célèbre ses louanges le soir et le matin.

L’Ange dit à Marie : Dieu t’a choisie ; il t’a purifiée ; tu es élue entre toutes les femmes.

Sois dévouée au Seigneur ; adore-le ; courbe-toi devant lui avec ses serviteurs.

Nous te révélons ces mystères. Tu n’étais point avec eux lorsqu’ils jetaient le bâton sacré. Qui d’eux eût pris soin de Marie ? Tu ne fus point témoin de leurs disputes.

L’Ange dit à Marie : Dieu t’annonce son verbe. Il se nommera Jésus, le Messie, fils de Marie, grand dans ce monde et dans l’autre, et le confident du Très-Haut.

Il fera entendre sa parole aux hommes depuis le berceau jusqu’à la vieillesse, et sera au nombre des justes.

Seigneur, répondit Marie, comment aurais-je un fils ? Aucun homme ne s’est approché de moi. Il en sera ainsi, reprit l’Ange. Dieu forme des créatures à son gré. Veut-il qu’une chose existe, il dit : Sois faite, et elle est faite.

Il lui enseignera l’écriture et la sagesse, le Pentateuque et l’Évangile. Jésus sera son envoyé auprès des enfans d’Israël. Il leur dira : Les prodiges divins vous attesteront ma mission : je formerai de boue la figure d’un oiseau ; je soufflerai dessus ; elle s’animera à l’instant, par la volonté de Dieu : je guérirai les aveugles de naissance, et les lépreux, je ferai revivre les morts, par la permission de Dieu : je vous dirai ce que vous aurez mangé, et ce que vous aurez caché dans vos maisons. Tous ces faits seront des signes pour vous si vous êtes croyans.

Je viens vous confirmer le Pentateuque que vous avez reçu avant moi, et vous rendre permise cette partie de la loi qui vous avait été défendue. Dieu m’a donné la puissance des miracles. Craignez-le et obéissez-moi. Il est mon Seigneur et le vôtre. Servez-le, c’est le chemin du salut.

Jésus ayant connu la perfidie des juifs s’écria : Qui m’aidera à étendre la religion divine ? Nous serons les ministres du Seigneur, répondirent les apôtres ; nous croyons en lui, et vous rendrez témoignage de notre foi.

Seigneur, nous croyons au livre que tu as envoyé ; nous suivons ton apôtre ; écris-nous avec ceux qui te rendent témoignage.

Les juifs furent perfides envers Jésus. Dieu trompa leur perfidie. Il est plus puissant que les fourbes.

Dieu dit à Jésus : Je t’enverrai la mort, je t’élèverai à moi. Tu seras séparé des infidèles. Ceux qui t’ont suivi seront élevés au-dessus d’eux, jusqu’au jour du jugement. Vous reparaîtrez tous devant mon tribunal, et je jugerai vos différens.

Je punirai rigoureusement les infidèles dans ce monde et dans l’autre. Ils n’auront plus de secours à attendre.

Les croyans qui auront fait le bien, en recevront la récompense des mains de l’éternel qui hait les méchans.

Nous te révélons ces vérités tirées des signes et du souvenir du sage.

Jésus est aux yeux du Très-Haut un homme comme Adam. Adam fut créé de poussière. Dieu lui dit : Sois, et il fut.

Ces paroles sont la vérité venues du ciel. Garde-toi d’en douter.

Dis à ceux qui la combattront, après la science que tu as reçue : Venez, appelons nos enfans et nos femmes ; mettons-nous en prière ; et invoquons la malédiction de Dieu sur les menteurs.

Je vous ai fait un récit véritable. Il n’y a qu’un Dieu. Il est puissant et sage.

S’ils sont rebelles, le Très-Haut connaît les pervers.

Dis aux juifs et aux chrétiens : Terminons nos différens, n’adorons qu’un Dieu, ne lui donnons point d’égal : qu’aucun de vous n’ait d’autre Seigneur que lui. S’ils refusent d’obéir, dis-leur : Vous rendrez témoignage que nous sommes croyans.

Vous qui savez l’écriture, pourquoi faites-vous d’Abraham le sujet de vos disputes ? Le Pentateuque et l’Évangile ne sont venus qu’après lui. L’ignoreriez vous donc ?

Après que des matières dont vous êtes instruits, ont été l’objet de vos débats, pourquoi disputez-vous sur celles dont vous n’avez aucune connaissance ? Dieu sait, et vous ne savez pas.

Abraham n’était ni juif ni chrétien. Il était orthodoxe, musulman, et adorateur d’un seul Dieu.

Ceux qui professent la religion d’Abraham, suivent de plus près ses traces. Tel est le prophète et ses disciples. Dieu est le chef des croyans.

Une partie de ceux qui savent les écritures ont voulu vous séduire ; mais ils se sont abusés eux-mêmes, et ils ne le sentent pas.

Ô vous qui avez reçu le livre de la loi, pourquoi ne croyez-vous pas aux prodiges du Seigneur, puisque vous en avez été témoins ?

Ô vous qui avez reçu le livre de la loi, pourquoi couvrez-vous la vérité du mensonge ? Pourquoi la cachez-vous quand vous la connaissez ?

Une partie de ceux qui ont reçu les écritures ont dit : Ayez le matin la croyance des fidèles, et rejetez-la le soir, afin de les attirer à l’incrédulité.

N’ayez de croyance que celle de ceux qui ont votre religion. Dis-leur : La vraie lumière vient du ciel ; chacun en a reçu sa portion comme vous. Disputeront-ils avec vous devant l’Éternel ? Dis-leur : Les trésors sont dans ses mains ; il les distribue à son gré ; sa science égale son immensité.

Il fera miséricorde à ceux qu’il voudra. Sa libéralité est infinie.

Il est des juifs à qui tu peux confier un trésor. Il te sera fidèlement rendu. Il en est d’autres des mains desquels tu n’arracherais qu’avec peine un denier que tu leur aurais prêté.

La loi ne nous ordonne pas, disent-ils, d’être justes avec les infidèles. Ils mentent à la face du ciel et ils le savent !

Que celui qui garde son pacte, qui a la piété, sache que Dieu aime ceux qui le craignent.

Ceux qui font commerce de l’alliance du seigneur et de leurs sermens, perdent, pour un vil intérêt, la portion qui leur était destinée dans l’autre vie. Dieu ne leur parlera point au jour de la résurrection. Il n’abaissera point sur eux ses regards. Il ne les purifiera point, et ils seront la proie des supplices.

Quelques-uns d’entr’eux corrompent le sens des écritures, et veulent vous faire croire que c’est le véritable. Ils vous disent que c’est la parole de Dieu, et ce n’est point la parole de Dieu. Ils prêtent un mensonge au Très-Haut, et ils le savent !

Il ne faut pas que celui à qui Dieu a donné le livre, la sagesse et le don de prophétie, dise aux hommes : Soyez mes serviteurs, mais soyez les serviteurs de Dieu, puisque vous étudiez la doctrine du livre, et que vous vous efforcez de la comprendre.

Dieu ne vous commande pas d’adorer les anges et les prophètes. Vous ordonnerait-il l’impiété à vous qui avez la foi ?

Lorsque le Tout-Puissant reçut le pacte des prophètes[30], il leur dit : Voici ce que je vous ai apporté du livre, et de la sagesse. (L’Apôtre du ciel est venu vous confirmer cette vérité. Croyez en lui. Aidez-le de tout votre pouvoir.) Dieu ajouta : Êtes-vous résolus de garder votre engagement ? Recevez-vous mon alliance à ce prix ? Nous le garderons inviolablement, répondirent les prophètes. Soyez donc témoins, reprit le Seigneur, je rendrai témoignage avec vous.

Quiconque, après cet engagement, retournera à l’infidélité, sera au nombre des pervers.

Demanderont-ils une autre religion que celle de Dieu ? Tout ce qui est dans les cieux et sur la terre lui rend un hommage volontaire ou forcé. Vous reparaîtrez tous devant lui. Dis : Nous croyons en Dieu, à ce qu’il nous a envoyé, à ce qu’il a révélé à Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob et aux douze tribus : nous croyons aux livres saints que Moïse, Jésus et les prophètes ont reçus du ciel ; nous ne mettons aucune différence entr’eux ; nous sommes musulmans.

Celui qui professera un autre culte que l’islamisme, n’en retirera aucun fruit, et sera au nombre des réprouvés.

Comment Dieu éclairerait-il ceux qui, après avoir cru, et rendu témoignage à la vérité du prophète, après avoir été témoins des oracles divins, retournent à l’infidélité ? Dieu ne conduit point les pervers.

Leur récompense sera la malédiction de Dieu, des anges, et des hommes.

Ils en seront éternellement couverts. Leur supplice ne s’adoucira point, et Dieu ne les regardera jamais.

Ceux que le repentir ramènera dans la bonne voie éprouveront l’indulgence du Seigneur.

Les apostats qui ajouteront sans cesse à leur iniquité, n’ont plus de pardon à espérer. La réprobation est leur partage.

Autant d’or que la terre en peut contenir ne rachèterait pas des supplices celui qui mourra dans son infidélité. Il n’est plus pour lui d’espérance.

Vous ne serez justifiés que quand vous aurez fait l’aumône de ce que vous avez de plus cher. Tout ce que vous donnerez sera connu de Dieu.

Toute nourriture fut permise aux enfans d’Israël, excepté celle que Jacob[31] s’interdit à lui-même avant la venue du Pentateuque. Dis : Apportez le Pentateuque, et lisez si vous êtes véridiques.

L’impie qui nierait ces vérités mentirait à la face du ciel.

Dis : Dieu est la vérité suprême. Suivez donc le culte d’Abraham qui adora son unité, et ne fut point souillé par l’idolâtrie.

Le premier temple consacré à Dieu est celui de la Mecque ; temple béni, séjour où brille la vraie lumière.

Ce lieu saint est fécond en merveilles. C’est là qu’Abraham s’arrêta[32]. Il est devenu l’asile inviolable des peuples. Tous les hommes qui peuvent en faire le pèlerinage doivent y venir rendre hommage à l’Éternel.

Que l’incrédule apprenne que le Tout-Puissant n’a pas besoin de l’encens des humains.

Dis à ceux qui ont reçu les écritures : Ne rejetez pas les merveilles du Seigneur ; il est le témoin de vos actions.

Pourquoi rejetez-vous de la voie du salut le croyant ? Vous voudriez la détourner, et vous la connaissez ; mais Dieu ne voit point vos actions d’un œil d’indifférence.

Vous, croyans, si vous suivez la doctrine des juifs, ils vous arracheront votre foi, et vous rendront infidèles.

Eh quoi ! pourriez-vous devenir apostats, tandis qu’on vous révèle les oracles du ciel, tandis que vous avez au milieu de vous son apôtre ? Celui qui s’attache fortement au Seigneur, marche dans le droit chemin.

Ô croyans ! ayez de Dieu une juste crainte, et vous mourrez fidèles.

Embrassez la religion divine dans toute son étendue. Ne formez point de schisme. Souvenez-vous des faveurs dont le ciel vous a comblés. Vous étiez ennemis, il a mis la concorde dans vos cœurs. Vous êtes devenus frères, rendez-en grâce à sa bonté.

Vous étiez sur le bord de l’abîme de feu, il vous en a arrachés. C’est ainsi qu’il fait éclater sa miséricorde pour vous, afin que vous marchiez dans la voie du salut.

Afin qu’unis par des liens sacrés, vous appeliez les hommes à l’islamisme, vous commandiez la justice, vous proscriviez le crime, et vous jouissiez de la félicité.

Vous ne ressemblerez point à ceux qui, après avoir vu la vraie lumière, ont formé des schismes et des dissensions ; les tourmens seront leur partage.

Un jour tous les visages des hommes deviendront noirs ou resplendissans. Ceux dont le front sera couvert de ténèbres auront apostasié. Dieu leur dira : Soyez la proie des flammes, puisque vous avez abandonné la foi.

Ceux au contraire dont le front sera devenu radieux éprouveront la miséricorde divine et en jouiront éternellement.

Tels sont les oracles du ciel. Nous te les récitons avec vérité. Dieu ne veut point perdre ses créatures.

Il possède ce qui est dans les cieux et sur la terre. Il est le centre où tout se réunira.

Vous êtes le peuple le plus excellent de l’univers. Vous commandez l’équité, vous défendez le crime, vous croyez en Dieu. Si les juifs et les chrétiens embrassaient votre foi, ils auraient un sort plus heureux. Quelques-uns d’entre eux croient ; mais la plupart sont pervertis.

Les juifs ne sauraient vous causer que de faibles dommages. S’ils combattent contre vous, ils tourneront le dos, et n’auront point de secours à attendre.

L’opprobre entassé sur leurs têtes les suivra partout. L’alliance de Dieu et des hommes pourra seule assurer leurs jours. Dieu a imprimé sur leur front le sceau de sa colère. La pauvreté s’est appesantie sur eux, parce qu’ils ont refusé de croire aux prodiges divins ; qu’ils ont injustement mis à mort les prophètes ; et qu’ils sont rebelles et prévaricateurs.

Tous ceux qui ont reçu les écritures ne se ressemblent pas. Il en est dont le cœur est droit. Ils méditent les préceptes de Dieu pendant la nuit, et sont ses adorateurs.

Ils croient en Dieu et au jour dernier ; ils commandent le bien et défendent le mal. Ils se livrent avec ardeur aux œuvres de piété, et pratiquent la justice.

Le bien qu’ils font ne leur sera point ôté. Dieu connaît ceux qui le craignent.

Les infidèles ne tireront aucun avantage de leurs richesses et de leurs enfans auprès de Dieu. Ils seront les victimes d’un feu qui ne s’éteindra point.

Leurs aumônes sont semblables à un vent glacial qui souffle sur les campagnes des pervers, et dévore leurs productions. Dieu ne les a point traités injustement. Ils ont été injustes envers eux-mêmes.

Ô croyans ! ne formez de liaisons intimes qu’entre vous. Les incrédules s’efforceraient de vous corrompre. Ils veulent votre perte. Leurs discours ont assez manifesté leur haine. Ce qui couve dans leur sein est pire encore. Nous vous en avons donné des preuves évidentes, si vous savez comprendre.

Vous les aimez, et ils vous haïssent. Vous croyez dans le livre entier ; ils feignent lorsqu’ils vous rencontrent, d’avoir la même croyance : à peine vous ont-ils quittés, qu’enflammés de colère, ils se mordent les doigts. Dis-leur : Vous mourrez dans votre haine, et l’Eternel connaît le fond des cœurs.

Le bien qui vous arrive les afflige. Ils se réjouissent de vos malheurs ; mais si vous avez de la patience et de la piété, leur méchanceté ne vous nuira point, parce que le Tout-Puissant connaît leurs œuvres.

Quand, dès le matin, tu t’arrachas du sein de ta famille, à dessein de préparer aux fidèles un camp[33] pour combattre, Dieu suivait d’un œil attentif tes démarches.

Quand deux cohortes allaient prendre la fuite, il ranima leur courage. Que les fidèles mettent donc en lui leur confiance.

À la journée de Beder, où vous étiez inférieurs en nombre, le Tout-Puissant se hâta de vous secourir[34]. Craignez-le donc, et soyez reconnaissans.

Tu disais aux fidèles : Ne suffit-il pas que Dieu vous envoie du ciel trois mille anges ?

Ce nombre suffit sans doute ; mais si vous avez la persévérance à la piété, et que les ennemis viennent tout à coup fondre sur vous, il fera voler à votre aide cinq mille anges.

Il vous envoya ces milices célestes pour porter dans vos cœurs la joie et la confiance. Toute aide vient de Dieu. Il est puissant et sage. Il peut à son gré renverser les infidèles, les mettre en fuite ou les exterminer.

Soit que le Seigneur leur pardonne, soit qu’il les punisse, leur sort ne te regarde pas. Ils sont livrés à l’infidélité.

Dieu est le souverain des cieux et de la terre. Il fait grâce ou justice à son gré ; mais il est indulgent et miséricordieux.

Ô croyans ! ne multipliez point vos richesses par l’usure. Craignez le Seigneur, et vous serez heureux !

Craignez le feu préparé aux infidèles. Obéissez à Dieu et au prophète, afin d’obtenir miséricorde.

Efforcez-vous de méditer l’indulgence du Seigneur, et la possession du paradis, dont l’étendue égale les cieux et la terre, séjour préparé aux justes.

À ceux qui font l’aumône dans la prospérité et dans l’adversité, et qui, maîtres des mouvemens de leur colère, savent pardonner à leurs semblables. Dieu aime la bienfaisance.

Ceux qui, après avoir marché dans le sentier du vice et de l’erreur, se rappellent le souvenir du Seigneur, implorent le pardon de leurs crimes (quel autre que Dieu a le droit de pardonner ?), et abandonnent l’iniquité après l’avoir connue,

Éprouveront la clémence du Seigneur, et habiteront éternellement des jardins arrosés par des fleuves. Telle sera la récompense de ceux qui travaillent.

Avant vous, Dieu avait donné des préceptes. Parcourez la terre, et voyez quelle a été la fin de ceux qui nous accusent de mensonge.

Ce livre est la lumière du monde, la règle de la foi, et l’exhortation de ceux qui sont pieux.

Ne perdez point courage, ne vous affligez point, vous serez victorieux si vous êtes fidèles.

Si le fer meurtrier vous atteint, combien de vos ennemis auront un pareil sort ? Nous varions les succès parmi les mortels, afin que Dieu connaisse les croyans, qu’il choisisse parmi vous ses martyrs (il hait les méchans),

Et afin d’éprouver les croyans et de perdre les incrédules.

Croyez-vous entrer dans le paradis avant que Dieu sache ceux d’entre vous qui ont combattu et qui ont persévéré ?

Vous désiriez la mort avant qu’elle se présentât, et lorsque vous l’avez vue, vous avez balancé.

Mahomet n’est que l’envoyé de Dieu. D’autres apôtres l’ont précédé. S’il mourait ou s’il était tué, abandonneriez-vous sa doctrine ? Votre apostasie ne saurait nuire à Dieu ; et il récompense ceux qui lui rendent grâce.

L’homme ne meurt que par la volonté de Dieu. Le terme de ses jours est écrit. Celui qui demandera sa récompense dans ce monde la recevra. Celui qui désirera les biens de la vie éternelle les obtiendra. Nous récompenserons ceux qui sont reconnaissans.

Combien de prophètes ont combattu contre des armées nombreuses, sans se décourager des disgrâces qu’ils avaient éprouvées en soutenant la cause du ciel ? Le malheur ne les a point abattus. Ils ne se sont point avilis par la lâcheté. Dieu aime ceux qui ont de la constance.

Ils se bornaient à dire : Seigneur, pardonne-nous nos fautes, et la transgression de nos devoirs ; affermis nos pas, et nous aide contre les nations infidèles. Dieu les combla de biens dans cette vie, et leur donna la félicité dans l’autre. Il aime les bienfaisans.

Ô croyans ! si vous suivez les infidèles, ils vous feront retourner sur vos pas, et vous périrez.

Dieu est votre protecteur. Qui mieux que lui peut vous secourir ?

Nous jetterons l’épouvante dans le cœur des idolâtres, parce qu’ils ont associé au Très-Haut des divinités impuissantes. Le feu sera leur habitation, séjour déplorable des pervers.

Dieu réalisa ses promesses quand vous poursuiviez les ennemis défaits ; mais, écoutant les conseils de la lâcheté, vous disputâtes sur les ordres du prophète. Vous les violâtes après qu’il vous eut fait voir ce qui était l’objet de vos vœux[35].

Une partie d’entre vous soupirait après la vie du monde, les autres désiraient la vie future. Dieu s’est servi du bras de vos ennemis pour vous mettre en fuite et vous éprouver. Il vous a pardonné, parce qu’il est plein de bonté pour les fidèles.

Tandis que vous preniez la fuite en désordre, vous n’écoutiez plus la voix du prophète qui vous rappelait au combat. Le ciel vous punit de votre désobéissance. Que la perte du butin et votre disgrâce ne vous rendent pas inconsolables, toutes vos actions sont connues de Dieu.

Après ce funeste événement, Dieu fit descendre la sécurité et le sommeil sur une partie d’entre vous. Les autres, inquiets, osaient dans leurs folles pensées, prêter un mensonge à Dieu. Sont-ce là, disaient-ils, les promesses du prophète ? Réponds-leur : Le Très-Haut est l’auteur de ce désastre. Ils cachaient dans leur âme ce qu’ils ne te manifestaient pas. Si les promesses qu’on nous a faites, répétaient-ils, avaient quelque fondement, une partie d’entre nous n’aurait pas succombé ici. Réponds-leur : Quand vous auriez été au sein de vos maisons, ceux pour qui le combat était écrit, seraient venus tomber au lieu où ils sont morts, afin que le Seigneur connût et éprouvât le fond de vos cœurs. À lui en appartient la connaissance.

Ceux qui se retirèrent le jour de la rencontre des deux armées[36], furent séduits par Satan, en punition de quelque faute qu’ils avaient commise. Dieu leur a pardonné, parce que sa miséricorde est sans bornes.

Ô croyans ! ne ressemblez pas à ceux qui, devenus infidèles, disent : Nos frères ont péri en marchant à la guerre ou en combattant. S’ils fussent restés parmi nous, ils ne seraient pas morts. Ces paroles impies leur coûteront des soupirs. Dieu donne la vie et la mort. Il voit vos actions.

Si vous mourez ou si vous êtes tués en défendant la foi, songez que la miséricorde divine vaut mieux que les richesses que vous auriez amassées.

Que vous mourriez ou que vous soyez tués, Dieu vous rassemblera devant son tribunal.

Tu leur as fait un portrait flatteur de la clémence divine. Si, plus rigide, tu ne leur eusses montré que de la dureté, ils se seraient séparés de toi. Aie de l’indulgence pour eux, demande leur pardon, conseille-les dans leurs entreprises ; et lorsque tu délibéreras sur quelque affaire, mets ta confiance dans le Seigneur. Il aime ceux qui ont mis en lui leur confiance.

Si Dieu vient à votre secours, qui pourra vous vaincre ? S’il vous abandonne, qui appellerez-vous à votre aide ? Que les fidèles mettent donc leur confiance dans le Seigneur !

Le prophète ne saurait vous tromper. Le fourbe paraîtra avec sa tromperie au jour de la résurrection. Dans ce jour, chacun recevra le prix de ses œuvres, et l’exacte justice présidera aux jugemens.

Pensez-vous que celui qui aura fait la volonté de Dieu, sera traité comme le coupable qui aura mérité sa colère, et qu’il sera livré aux tourmens de l’enfer, séjour du désespoir ?

Le Tout-Puissant les traitera différemment. Il pèse les actions des mortels.

Dieu a déjà fait éclater sa bienfaisance pour les fidèles. Il leur a envoyé un apôtre d’entre eux pour leur annoncer ses merveilles, les purifier et leur enseigner le livre et la sagesse. S’ils étaient venus plus tôt, ils auraient vécu dans l’erreur.

Lorsque le malheur s’est fait sentir (et vous en aviez éprouvé de semblables), vous avez dit : D’où nous vient cette disgrâce ? Réponds-leur : De vous-mêmes. La puissance de Dieu est infinie.

Dieu permit ce qui vous arriva le jour du combat, afin de distinguer les vrais fidèles des hypocrites. Lorsqu’on dit aux croyans : Venez combattre sous l’étendard de la foi, venez repousser l’ennemi ; ils répondirent : Si nous savions combattre, nous vous suivrions. Dans cet instant ils étaient plus près de l’infidélité que de la foi.

Leur cœur démentait ce que proférait leur bouche ; mais Dieu sait ce qu’ils cachaient.

Réponds à ceux qui, restés au sein de leurs foyers, s’écrièrent : Si nos frères nous avaient cru ils ne seraient pas morts ; mettez-vous à l’abri de la mort si vous êtes véridiques.

Ne croyez pas que ceux qui ont succombé soient morts ; au contraire, ils vivent et reçoivent leur nourriture des mains du Tout-Puissant.

Enivrés de joie, comblés des grâces du Seigneur, ils se réjouissent de ce que ceux qui marchent sur leurs traces, et qui ne les ont pas encore atteints, seront à l’abri des frayeurs et des peines.

Ils se réjouissent de ce que le Seigneur a versé sur eux les trésors de sa bienfaisance, et de ce qu’il ne laisse point périr la récompense des fidèles.

Ceux qui, après leur disgrâce, ont obéi à Dieu et au prophète, ont fait le bien, et craint le Seigneur, recevront un prix glorieux.

Ceux qui, à la nouvelle des forces que l’ennemi rassemblait, loin de s’effrayer, se sont écriés : Dieu nous suffit, il est le dispensateur de toutes choses,

Sont retournés comblés des faveurs du ciel. L’adversité ne les a point éprouvés, parce qu’ils ont suivi la volonté de Dieu dont la libéralité est infinie.

Satan s’efforcera de vous inspirer la crainte de ses adorateurs. Ne le craignez point. Craignez-moi, si vous êtes fidèles.

Que ceux qui courent dans la voie de l’infidélité ne t’affligent point. Ils ne sauraient nuire à Dieu. Il ne leur donnera point de part à la vie future. Ils souffriront des peines rigoureuses.

Ceux que l’intérêt rend apostats, ne nuisent point au Tout-Puissant. L’enfer sera leur habitation.

Que les incrédules ne regardent pas comme un bonheur de vivre long-temps. Si nous prolongeons leurs jours, c’est afin qu’ils mettent le comble à leurs iniquités, et qu’ils soient la proie d’un supplice ignominieux.

Dieu ne laisse les fidèles dans l’état où vous êtes, que jusqu’à ce qu’il ait discerné les méchans d’avec les bons.

Dieu ne vous élèvera pas à la connaissance de ses mystères. Il choisit les envoyés qu’il lui plaît pour les leur confier. Croyez donc en lui et en ses ministres. La foi et la crainte du Seigneur auront leur récompense.

Que l’avare ne regarde pas les biens qu’il reçoit de Dieu comme une faveur, puisqu’ils causeront son malheur.

Les objets de son avarice seront attachés à son col au jour de la résurrection. Dieu a l’héritage des cieux et de la terre. Rien de ce que vous faites n’échappe à sa connaissance.

Il a entendu la voix de ceux qui ont dit : Dieu est pauvre et nous sommes riches. Nous tiendrons compte de leurs discours, et du sang des prophètes injustement versé par leurs mains, et nous leur dirons : Goûtez la peine du feu.

Ils y seront précipités à cause de leurs crimes ; car Dieu n’est point injuste envers les hommes.

Il en est qui disent : Nous avons fait serment à Dieu de ne croire à aucun prophète, à moins qu’il ne présente une offrande que le feu du ciel consume.

Réponds-leur : Vous aviez des prophètes avant moi. Ils ont opéré des miracles, celui-là même dont vous parlez. Pourquoi avez-vous teint vos mains dans leur sang, si vous dites la vérité ?

S’ils nient ta mission, ils ont traité de même les apôtres qui t’ont précédé, quoiqu’ils fussent doués du don des miracles, et qu’ils eussent apporté le livre qui éclaire.

Tous les hommes subiront la mort. Chacun recevra le prix de ses œuvres au jour de la résurrection. Celui qui aura évité le feu et qui entrera dans le paradis, goûtera la vraie félicité. La vie humaine n’est qu’une jouissance trompeuse.

Vous serez éprouvés dans vos biens et dans vos personnes. Vous souffrirez des blasphèmes des juifs et des idolâtres ; mais ayez la patience et la crainte du Seigneur. Toutes ces choses sont dans les décrets éternels.

Dieu reçut l’alliance des juifs à condition qu’ils manifesteraient le Pentateuque, et qu’ils ne cacheraient point sa doctrine. Ils l’ont jeté avec dédain, et l’ont vendu pour un vil intérêt. Malheur à ceux qui l’ont vendu !

Ne pensez pas que ceux qui s’enorgueillissent de leurs actions, et qui veulent être loués de ce qu’ils n’ont pas fait, soient à l’abri des châtimens. Ils seront rigoureusement punis.

L’empire des cieux et de la terre appartient à Dieu. Il est le Tout-Puissant.

La création du ciel et de la terre, la vicissitude des nuits et des jours, offrent, aux yeux du sage, des signes de sa puissance.

Ceux qui, debout, assis, couchés, pensent à Dieu et méditent sur la création de l’univers, s’écrient : Dieu n’a point formé en vain ces ouvrages. Que ton nom soit loué, Seigneur ! préserve-nous de la peine du feu. Seigneur, celui que tu précipiteras dans les flammes sera couvert d’ignominie. Il n’y aura plus d’espoir pour les pervers.

Seigneur, nous avons entendu la voix de ton prophète qui nous appelait à la foi, et qui criait : Croyez en Dieu, et nous avons cru.

Seigneur, pardonne-nous nos fautes ; lave-nous de nos péchés, et fais que nous mourions dans la voie des justes.

Seigneur, accorde-nous ce que tu nous as promis par ton apôtre, et ne nous couvre pas d’opprobre au jour de la résurrection, puisque tu ne manques point à tes promesses.

Le Seigneur leur répond : Je ne laisserai point périr les actions des hommes, chacun recevra sa récompense.

J’effacerai les péchés de ceux qui auront été chassés de leurs maisons, qui auront souffert, combattu, et seront morts pour défendre ma cause. Je les introduirai dans des jardins où coulent des fleuves.

Dieu les récompensera lui-même. Ses récompenses sont magnifiques.

Que la prospérité des infidèles qui sont à la Mecque ne te séduise point. Leurs jouissances seront de courte durée, et leur demeure sera l’enfer, séjour des infortunés.

Ceux qui craignent le Seigneur habiteront les jardins de délices. Ils y demeureront éternellement. Ils seront les hôtes de Dieu. Qui mieux que lui peut combler de biens les justes ?

Parmi les juifs et les chrétiens, ceux qui croient en Dieu, aux Écritures, au Coran, et qui se soumettent à la volonté du ciel, ne vendent point sa doctrine pour un vil intérêt.

Ils trouveront leur récompense auprès de l’Éternel, qui est exact à peser les actions des mortels.

Ô croyans ! soyez patiens. Combattez avec constance. Craignez le Seigneur, afin que vous jouissiez de la félicité.





LES FEMMES.


donné à médine, composé de 175 versets
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Au nom de Dieu clément et miséricordieux.



Mortels, craignez le Seigneur qui vous a tous créés d’un seul homme, dont il forma la femme, et qui a couvert la terre de leur postérité. Craignez le Seigneur au nom duquel vous vous priez mutuellement. Respectez les liens du sang. Dieu observe vos actions.

Donnez aux orphelins ce qui leur appartient. Ne rendez pas le mal pour le bien. Ne consumez pas leur héritage pour grossir le vôtre. Cette action est un crime.

Si vous avez pu craindre d’être injuste envers des orphelins, craignez de l’être envers vos femmes[37]. N’en épousez que deux, trois, ou quatre. Choisissez celles qui vous auront plu. Si vous ne pouvez les maintenir avec équité, n’en prenez qu’une, ou bornez-vous à vos esclaves. Cette conduite sage vous facilitera les moyens d’être justes, et de doter vos femmes. Donnez-leur la dot dont vous serez conve- nus. Si la générosité les portait à vous la remettre, employez-la à vous procurer les commodités de la vie.

Ne confiez pas aux soins d’un insensé les biens dont Dieu vous a donné la garde. Qu’ils servent à nourrir et à vêtir vos pupilles. Vous leur devez une éducation honnête.

Élevez-les jusqu’à ce qu’ils soient en âge de se marier, et lorsque vous les croirez capables de se bien conduire, remettez-leur l’administration de leurs biens. Gardez-vous de les dissiper en les prodiguant ou en vous hâtant de les leur confier, lorsqu’ils sont trop jeunes.

Que le tuteur riche s’abstienne de toucher aux biens de ses pupilles. Celui qui est pauvre ne doit en user qu’avec discrétion.

Lorsque vous leur rendrez compte de leurs biens, appelez des témoins. Dieu sera le juge de vos actions.

Les hommes et les femmes doivent avoir une portion des richesses que leur ont laissées leurs pères et leurs proches. Cette portion doit être réglée par la loi, soit que l’héritage soit considérable, ou de peu de valeur.

Lorsque l’on sera rassemblé pour partager l’héritage, que l’on ait soin d’entretenir les parens pauvres et les orphelins, et de les consoler par des paroles d’humanité.

Que ceux qui craignent de laisser après eux des enfans dans la faiblesse de l’âge, pénétrés de commisération et de la crainte du Seigneur, élèvent leurs voix en faveur des orphelins, et règlent leur sort avec justice.

Ceux qui dévorent injustement l’héritage de l’orphelin, se nourrissent d’un feu qui consumera leurs entrailles.

Dieu vous commande, dans le partage de vos biens entre vos enfans, de donner aux mâles une portion double de celles des filles. S’il n’y a que des filles, et qu’elles soient plus de deux, elles auront les deux tiers de la succession. S’il n’y en a qu’une, elle en recevra la moitié. Si le défunt n’a laissé qu’un fils, ses parens prendront un sixième. Si le défunt n’a point laissé d’enfans, et que ses parens soient héritiers, sa mère aura un tiers de la succession, et un sixième seulement s’il a des frères, après que l’on aura acquitté les legs et les dettes du testateur. Vous ne savez qui de vos pères ou de vos enfans vous sont plus utiles. Dieu vous a dicté ces lois. Il est savant et sage.

La moitié des biens d’une femme morte sans postérité appartient au mari, et le quart si elle a laissé des enfans ; les legs et les dettes prélevés.

Les femmes auront un quart de la succession des maris morts sans enfans, et un huitième seulement s’ils en ont laissé ; les legs et les dettes prélevés.

Si l’héritier constitué d’un parent éloigné a un frère ou une sœur, il leur doit un sixième de la succession. Ils recevront un tiers s’ils sont plusieurs, après l’accomplissement légitime des legs et des dettes.

Gardez-vous de violer ces préceptes. Ils sont émanés du Dieu savant et miséricordieux.

Celui qui les observera et qui obéira au prophète, sera introduit dans des jardins où coulent des fleuves, séjour de délices, où il goûtera une éternelle félicité.

Celui qui désobéira à Dieu et à son envoyé, et qui transgressera ses lois, sera précipité dans l’abîme de feu, où il sera éternellement en proie aux tourmens et à l’opprobre.

Si quelqu’une de vos femmes a commis l’adultère, appelez quatre témoins. Si leurs témoignages se réunissent contre elle, enfermez-la dans votre maison, jusqu’à ce que la mort termine sa carrière.

Imposez une peine à l’homme et à la femme libres surpris dans le crime ; et si, touchés de repentir, ils se corrigent, pardonnez-leur. Le Seigneur est indulgent et miséricordieux.

Ceux qui, ayant péché par ignorance, retournent à Dieu avec un cœur contrit, éprouveront sa miséricorde, parce qu’il est savant et sage.

Le repentir est inutile pour ceux qui, ayant vieilli dans le crime, disent aux portes du tombeau : je me repens : il est inutile pour ceux qui meurent dans l’infidélité. Nous leur avons préparé un tourment douloureux.

O croyans ! il ne vous est pas permis d’hériter de vos femmes contre leur volonté, ni de les empêcher de se marier[38], afin de leur ravir une partie de ce que vous leur avez donné, à moins qu’elles ne soient coupables d’un crime manifeste. Attachez-les par des bienfaits. Si vous les traitez avec rigueur, peut-être haïrez-vous celles que Dieu avait formées pour vous rendre heureux.

Si vous répudiez une femme à qui vous avez donné une dot considérable pour en prendre une autre, laissez-lui la dot entière. Voudriez-vous lui arracher injustement le fruit de votre générosité ?

Comment pourriez-vous ravir un don que vous avez fait à une personne à laquelle vous avez été uni intimement, et qui a reçu votre foi ?

N’épousez pas les femmes qui ont été les épouses de vos pères. C’est un crime ; c’est le chemin de la perdition, mais si le mal est fait, gardez-les.

Il ne vous est pas permis d’épouser vos mères, vos filles, vos sœurs, vos tantes, vos nièces, vos nourrices, vos sœurs de lait, vos grand-mères, les filles de vos femmes dont vous avez la garde, à moins que vous n’ayez pas habité avec leurs mères. Vous n’épouserez point vos belles-filles, ni deux sœurs. Si le crime est commis, le Seigneur est indulgent et miséricordieux.

Il vous est défendu d’épouser des femmes mariées libres, à moins que le sort des armes ne les ait fait tomber entre vos mains. Telles sont les lois du Seigneur. Tout le reste vous est permis. Employez vos richesses à vous procurer des épouses chastes et vertueuses. Évitez la débauche. Donnez à celles dont vous avez joui la dot promise, suivant la loi. Cet engagement accompli, tous les accords que vous ferez ensemble seront licites. Dieu est savant et sage.

Celui qui ne sera pas assez riche pour se marier à des femmes fidèles libres, prendra pour épouses des esclaves fidèles. Dieu voit votre foi. Parmi vous, les uns sont dans la dépendance des autres. N’épousez les esclaves qu’avec la permission de leurs maîtres. Dotez-les avec équité. Qu’elles soient chastes, qu’elles craignent l’impureté, et qu’elles n’aient point d’amans.

Si après le mariage elles se livrent à la débauche, qu’on leur inflige la moitié de la peine prononcée contre les femmes libres[39]. Cette loi est établie en faveur de celui qui craint l’adultère. Vous ferez bien d’éviter ces mariages ; mais le Seigneur est indulgent et miséricordieux.

Dieu vous manifeste ses volontés. Il veut vous ramener sous les lois de vos pères, et vous donner des marques de son indulgence. Il est savant et sage.

Il veut faire éclater pour vous sa clémence. Ceux qui suivent le torrent de leurs passions désirent vous entraîner dans l’abîme, et le Seigneur veut vous rendre son joug léger ; parce qu’il a créé l’homme faible.

O croyans ! ne dissipez pas vos richesses par l’usure. Qu’un mutuel consentement forme vos contrats. Ne vous donnez point la mort à vous-mêmes. Dieu est miséricordieux pour vous.

L’impie qui violera ces commandemens, sera jeté dans les flammes. Rien n’est plus facile à Dieu.

Si vous vous abstenez de transgresser les grands préceptes, nous vous laverons de vos fautes, et nous vous donnerons une place honorable dans le paradis.

Ne désirez point d’être semblables à celui que Dieu a élevé au-dessus de vous. Chacun aura pour partage le fruit de ses œuvres. Demandez la miséricorde du Seigneur. Il a la connaissance de toutes choses.

Nous vous avons désigné les héritiers à qui vous devez laisser les biens de vos pères et de vos proches. Ne négligez pas d’acquitter les engagemens contractés par le testateur. Dieu est témoin de toutes vos actions.

Les hommes sont supérieurs aux femmes, parce que Dieu leur a donné la prééminence sur elles, et qu’ils les dotent de leurs biens. Les femmes doivent être obéissantes, et taire les secrets de leurs époux, puisque le ciel les a confiées à leur garde. Les maris qui ont à souffrir de leur désobéissance, peuvent les punir, les laisser seules dans leur lit, et même les frapper. La soumission des femmes doit les mettre à l’abri des mauvais traitemens. Dieu est grand et sublime.

Si vous craignez la dissension entre le mari et la femme, appelez un juge de chaque côté, et s’ils consentent à vivre en bonne intelligence, Dieu fera régner la paix au milieu d’eux, parce que rien n’échappe à sa connaissance.

Servez le Seigneur. Ne lui donnez point d’égal. Exercez la bienfaisance envers vos pères, les orphelins, les pauvres, et ceux qui vous sont liés par le sang : exercez la envers les étrangers, vos compagnons d’armes, les voyageurs et les esclaves. Le Tout-Puissant hait l’homme dur et orgueilleux.

Les avares voudraient établir l’avarice parmi les hommes. Ils cachent les richesses dont le ciel les a comblés. Ils subiront avec les infidèles un supplice ignominieux.

Ceux qui font l’aumône par ostentation, et qui n’ont point la foi, seront les compagnons du Diable. Infortunés compagnons !

Qu’auraient-ils perdu à croire en Dieu, au jour dernier, à verser leurs richesses dans le sein de l’indigent ? Le Très-Haut n’eût-il pas connu leurs œuvres ?

Dieu ne trompera personne, pas même du poids d’un atome. Il doublera le bien que l’on aura fait, et en donnera lui-même la glorieuse récompense.

Que feront les infidèles, lorsque nous rassemblerons contre eux des témoins de toutes les nations, lorsque nous demanderons ton témoignage ? Ils souhaiteront dans ce jour terrible d’être réduits en poussière. Ils ne pourront dérober à la connaissance de Dieu une seule de leurs actions.

O croyans ! ne priez point lorsque vous êtes dans l’ivresse ; attendez que vous puissiez comprendre ce que vous proférez. Ne priez point lorsque vous êtes souillés, avant de vous être lavés. Lorsque vous serez malades, ou en voyage, et que vous aurez satisfait vos besoins naturels, ou que vous aurez eu commerce avec des femmes, frottez-vous le visage et les mains avec de la poussière faute d’eau. Dieu est indulgent et miséricordieux.

N’avez-vous pas remarqué les juifs ? Ils vendent l’erreur, et voudraient vous faire quitter le droit chemin ; mais le Seigneur connaît vos ennemis. Sa protection puissante est un asile assuré contre leur malice.

Ceux d’entre eux qui altèrent les écritures, disent : Nous t’avons entendu, et nous ne voulons pas t’obéir. Écoute ce que tu ne saurais comprendre, et examine-nous. Ils obscurcissent le sens de leurs discours, et déchirent la religion.

S’ils disaient : Nous avons entendu et nous obéissons, écoute-nous et sois notre juge. Quels avantages ne retireraient-ils pas de leur obéissance ! Dieu les a maudits à cause de leur perfidie. Parmi eux, il n’y a qu’un petit nombre de croyans.

Vous juifs, croyez au livre qui confirme la vérité du Pentateuque, avant que nous changions les visages[40], et que nous le tournions en sens contraire. Croyez avant que nous vous maudissions comme ceux qui violaient le sabat ; l’ordre de l’Éternel s’accomplit.

Le Seigneur ne pardonnera point aux idolâtres. Il remet à son gré tous les autres crimes ; mais l’idolâtrie est le plus grand des attentats.

Vous les avez vus ces hommes qui se disent justes. Dieu justifie qui il lui plaît. Il ne fera éprouver d’injustice à personne.

Vois-tu comme ils osent prêter un mensonge au Tout-Puissant ? leur impiété n’est-elle pas assez grande ?

N’avez-vous pas remarqué les erreurs des juifs ? Ils croient au Gebet et Tagot[41], et ils soutiennent que la doctrine des infidèles est plus saine que celle des croyans.

Ils sont couverts de la malédiction divine. Qui pourra protéger ceux que le ciel a maudits ?

Auront-ils leur part dans le royaume céleste, eux qui regretteraient une obole donnée à leurs semblables ?

Envieront-ils les bienfaits du Seigneur[42] ? Nous avons donné à la postérité d’Abraham les écritures, la sagesse et la possession d’un grand royaume.

Parmi eux les uns croient au prophète, les autres sont rebelles à sa voix ; mais le feu de l’enfer suffira à leurs crimes.

Ceux qui refuseront de croire aux vérités que nous annonçons, seront précipités dans les flammes. Leur peau à peine consumée se renouvellera, et ils seront en proie à de nouveaux tourmens. Dieu est puissant et sage.

Ceux qui joindront à la foi le mérite des bonnes œuvres, seront introduits dans les jardins où coulent des fleuves, séjour d’éternelles délices. Ils y trouveront des femmes purifiées et des ombrages délicieux.

Dieu vous commande de rendre le dépôt à qui il appartient, et de juger vos semblables avec équité. Il vous recommande la fidélité à ces préceptes, parce qu’il voit et entend tout.

O fidèles ! obéissez au Seigneur, à son envoyé et à ceux d’entre vous qui ont l’autorité. Portez vos différens devant Dieu et son apôtre, si vous croyez en Dieu et au jour dernier. C’est le moyen le plus sage et le plus propre pour terminer vos contestations.

N’as-tu pas considéré ceux qui assurent qu’ils croient au Coran et aux écritures ? Ils demandent d’être jugés devant Tagot, et il leur est défendu de croire en lui ; mais le diable s’efforce d’épaissir leurs ténèbres.

Si on leur propose d’écouter la doctrine du livre descendu des cieux et ; d’entendre le prophète, ils s’enfuient avec indignation.

Lorsque le malheur, juste prix de leurs forfaits, s’appesantira sur eux, ils viendront à toi et ils jureront par le nom de Dieu, qu’ils n’ont soupiré qu’après le bien et la concorde.

Dieu lit au fond de leurs cœurs. Éloigne-toi d’eux. Avertis-les avec des paroles pénétrantes.

Nous avons envoyé des apôtres, afin qu’on leur obéît. Si ceux qui ont vécu dans le vice retournent à toi, s’ils demandent à Dieu la rémission de leurs fautes, et que tu intercèdes pour eux, ils éprouveront la clémence et la miséricorde divine.

J’en jure par ton Dieu, ils ne croiront point qu’ils ne t’aient établi l’arbitre de leurs différens. Ta décision lèvera leurs doutes, et ils y acquiesceront d’eux-mêmes.

Si nous leur avions prescrit de se donner la mort à eux-mêmes, ou d’abandonner leurs possessions, peu d’entre eux l’auraient fait. Cependant en exécutant la volonté de Dieu, ils auraient eu un mérite, et leur foi se serait affermie.

Il les aurait récompensés magnifiquement, et les aurait conduits dans le chemin du salut.

Ceux qui seront fidèles à Dieu et à son envoyé, entreront dans la société glorieuse des prophètes, des justes, des martyrs, des bienfaisans, que Dieu a comblés de ses plus rares faveurs.

Telle est la libéralité du Seigneur. Sa science est suffisante.

Ô croyans ! soyez prudens dans le combat, soit que vous attaquiez séparément ou en corps.

Il y en aura parmi vous qui resteront en arrière. Ils se féliciteront de vos revers, et rendront grâces au ciel de ce qu’ils n’auront pas assisté au combat.

Si Dieu vous envoie la victoire, ils diront (comme si ce n’était pas l’amitié qui dût les faire agir) : Plût au ciel que nous eussions combattu avec eux ! Nous aurions remporté un riche butin.

Que ceux qui sacrifient la vie du monde à la vie future, se rangent sous les étendards du Seigneur, et soit qu’ils succombent en combattant, soit qu’ils sortent victorieux du combat, ils recevront une récompense glorieuse.

Qui pourrait vous empêcher de combattre pour la foi, pour ceux d’entre vous qui sont faibles, pour des femmes, des enfans qui s’écrient : Seigneur tire-nous de cette ville perverse, et nous envoie un défenseur ?

Les croyans soutiennent les intérêts du ciel, et les infidèles portent les armes sous les étendards de Tagot. Combattez contre les milices de Satan. Il n’a que de faibles ressources à vous opposer.

Vous avez remarqué ceux qui, exempts pendant un temps de porter les armes, doivent faire la prière et l’aumône : lorsqu’on leur a commandé de combattre, la plupart craignant les infidèles autant ou plus que Dieu même, se sont écriés : Seigneur, pourquoi nous ordonnes-tu la guerre ? pourquoi ne nous laisses-tu pas parvenir au terme de nos jours ? Réponds-leur : Les jouissances du monde sont passagères : la vie future est le vrai bien pour ceux qui craignent Dieu. Là, personne ne sera trompé.

En quelque lieu que vous soyez, la mort vous surprendra. Les tours élevées ne vous défendront point contre ses coups. Les infidèles remportent-ils quelque avantage, vous dites : C’est Dieu qui le leur envoie. Essuyez-vous quelque disgrâce, vous en accusez le prophète. Tout vient de Dieu. Mais à peine comprenez-vous ce qu’on vous explique.

Dieu est l’auteur du bien qui t’arrive. Le mal vient de toi. Tu es notre ministre auprès de tes semblables. Le ciel est témoin de ta mission. Son témoignage suffit.

Celui qui obéit au prophète, obéit à Dieu. Nous ne t’avons pas envoyé pour être le gardien de ceux qui sont rebelles à ta voix.

Ils disent, en ta présence : Nous obéissons. À peine t’ont-ils quitté que la plupart songent à la révolte ; mais Dieu écrit leurs projets. Fuis-les. Mets ta confiance dans le Très-Haut. Sa protection est un sûr asile.

N’ont-ils pas le Coran sous les jeux ? Si tout autre que Dieu en était l’auteur, n’y trouveraient-ils pas une foule de contradictions ?

Reçoivent-ils une nouvelle qui flatte leur espoir ou alarme leurs cœurs, ils la publient. S’ils l’annonçaient au prophète ou à ses lieutenans, ceux qui désireraient le savoir, l’apprendraient de leur bouche. Si la miséricorde divine ne veillait sur vous, la plupart seraient tombés dans les pièges de Satan.

Combattez pour la foi. Vous travaillerez pour vous-mêmes. Encourage les croyans. Le bras du Très-Haut peut arrêter l’ardeur guerrière des infidèles. Il est plus fort qu’eux, et ses châtimens sont plus terribles.

L’intercesseur qui produira le bien, en recevra le prix. Celui dont l’intercession aura de funestes effets, en portera la peine, car Dieu observe tout.

Si quelqu’un vous salue, rendez-lui le salut avec autant ou plus d’honnêteté. Dieu pèse toutes les actions.

Dieu est le seul Dieu. Il vous rassemblera au jour de la résurrection. Vous ne pouvez en douter. Quoi de plus vrai que sa parole !

Que vous importe que les impies soient divisés en deux sectes ? Dieu les a rejetés. Voulez-vous conduire ceux qu’il a égarés ? Il n’y a plus de lumière pour ceux qu’il a plongés dans les ténèbres.

Ils ont voulu vous rendre infidèles comme eux ; et vous faire participer à leur impiété. Ne formez point de liaisons avec eux, jusqu’à ce qu’ils aient quitté leur patrie pour défendre sa loi. S’ils retournaient à l’infidélité, saisissez-les, et les mettez à mort partout où vous les trouverez. N’ayez parmi eux ni protecteur ni ami.

Exceptez de cette loi ceux qui auraient cherché un asile chez vos alliés, et ceux qui sont forcés de vous faire la guerre, ou de la faire à leur propre nation. Dieu pouvait leur donner l’avantage sur vous, et vous auriez été vaincus. S’ils cessent de porter les armes contre vous, et s’ils vous offrent la paix, Dieu vous défend de les attaquer.

Il en est d’autres qui veulent allier votre croyance à celle de leur nation. Ils deviennent rebelles toutes les fois qu’on les y invite. S’ils continuent à porter les armes contre vous, s’ils ne cessent toute hostilité, s’ils ne vous offrent la paix, arrêtez-les et les tuez partout où vous les trouverez. Nous vous donnons sur eux une puissance certaine.

Il n’est pas permis à un musulman d’en tuer un autre. Si le meurtre est involontaire, le meurtrier doit la rançon d’un fidèle captif, et à la famille du mort la somme fixée par la loi[43], à moins qu’elle ne lui en fasse grâce. Pour la mort d’un croyant, quoique d’une nation ennemie, on donnera la liberté à un prisonnier. Pour la mort d’un allié on rachètera un fidèle de captivité, et on payera, à la famille du défunt, la somme prescrite. Celui qui ne trouvera point de captif à racheter, jeûnera deux mois de suite. Ces peines sont émanées du Dieu savant et sage.

Celui qui tuera un fidèle volontairement aura l’enfer pour récompense. Il y demeurera éternellement. Dieu irrité contre lui le maudira, et le condamnera à un supplice épouvantable.

O croyans ! lorsque vous marcherez pour la guerre sainte, pesez vos démarches. Que la soif du butin ne vous fasse pas dire de celui qui vous saluera paisiblement, c’est un infidèle. Dieu possède des richesses infinies. Telle fut votre conduite passée. Le ciel vous l’a pardonnée. Examinez avant d’agir. Dieu est le témoin de vos actions.

Les fidèles qui restent au sein de leur famille sans nécessité, ne seront pas traités comme ceux qui défendent la religion de leurs biens et de leurs personnes. Dieu a élevé ceux-ci au dessus des autres. Tous posséderont le souverain bien ; mais ceux qui marchent au combat auront un sort plus glorieux.

Un rang distingué, la clémence et la miséricorde divine seront leur partage. Dieu est indulgent et miséricordieux.

Les anges demandèrent aux coupables qu’ils punirent de mort : De quelle religion êtes-vous ? Nous étions les faibles habitans d’un pays idolâtre, répondirent-ils. La terre n’est-elle pas étendue, reprirent les anges ? Ne pouviez-vous pas quitter le lieu que vous habitiez ? Leur demeure sera l’enfer, séjour des tourmens.

Les personnes faibles de l’un et de l’autre sexe, les pères dépourvus de secours, et d’instruction, pourront éprouver la clémence du Seigneur, parce qu’il est indulgent et miséricordieux.

Celui qui s’expatriera pour défendre la religion sainte trouvera l’abondance, et un grand nombre de compagnons. Le fidèle qui, ayant quitté sa famille, pour se ranger sous les étendards de Dieu et de son apôtre, viendra à mourir, recevra sa récompense des mains du Dieu clément et miséricordieux.

Vous ne serez point coupables d’abréger vos prières pendant le voyage si vous avez lieu de craindre que les infidèles vous surprennent, parce qu’ils sont vos ennemis manifestes.

Lorsque tu seras à la tête de l’armée, et que tu annonceras la prière, qu’une partie prenne les armes et prie avec toi. Ceux qui auront rendu leur hommage au Seigneur se retireront derrière, et les autres prendront leur place. Qu’ils prennent leurs sûretés en priant, et qu’ils soient armés. Les infidèles voudraient que vous négligeassiez vos armes et votre bagage, afin de fondre tous ensemble sur vous. Si la maladie ou la pluie vous obligent à vous désarmer, ce ne sera pas un crime, mais soyez sur vos gardes. Dieu a préparé aux infidèles un supplice ignominieux.

La prière accomplie, gardez le souvenir du Seigneur, debout, assis, ou couchés. Lorsque vous serez en sûreté, faites la prière en entier aux heures où elle a été prescrite aux fidèles.

Que l’image des souffrances ne vous arrête point dans la poursuite des infidèles. Ils ont comme vous leurs peines, et vous avez de plus qu’eux un espoir fondé sur le Dieu savant et sage.

Nous t’avons envoyé des cieux le livre qui renferme la vérité, afin que tu juges les hommes comme Dieu te l’a enseigné ; que tu ne disputes point avec les imposteurs, et que tu implores l’indulgence du Dieu clément et miséricordieux :

Et afin que tu ne prennes point la défense de ceux qui s’aveuglent eux-mêmes, parce que Dieu hait les fourbes et les impies.

Ils se déguisent devant les hommes ; mais ils ne peuvent se cacher aux yeux de l’éternel. Il est avec eux quand, au milieu des ombres de la nuit, ils profèrent des discours qu’il abhorre. Il environne de sa science toutes leurs actions.

Vous défendez leur cause pendant cette vie ; mais qui osera la soutenir devant le Très-Haut ? Quel avocat trouveront-ils au jour de la résurrection ?

Celui qui, après s’être égaré dans les sentiers du vice, implorera la miséricorde du Seigneur, éprouvera les effets de sa clémence.

Celui qui commet l’iniquité perd son âme. Dieu est savant et sage.

Celui qui rejette la faute ou l’injustice dont il est coupable sur un innocent, est calomniateur, et se charge d’un crime infâme.

Une partie des infidèles avaient conjuré ta perte, mais ils se sont perdus eux-mêmes. La bonté divine veillait sur tes jours, Ils n’ont pu te nuire. Dieu t’a envoyé le livre et la sagesse. Il t’a enseigné ce que tu ignorais, et t’a comblé de ses faveurs.

Rarement le bien est l’objet de leurs nombreux discours. Celui qui commande l’aumône, la justice, la concorde entre les hommes et qui remplit ces devoirs par le désir de plaire au Seigneur, recevra une récompense magnifique.

Celui qui se séparera du prophète, après avoir connu le droit chemin, et qui suivra une autre doctrine que celle des fidèles, obtiendra ce qu’il a désiré : les flammes de l’enfer seront son partage.

Dieu ne pardonnera point aux idolâtres. Il fera grâce à qui il voudra. Eux seuls n’ont rien à espérer de sa miséricorde. Donner un égal au Très-Haut, c’est le comble de l’aveuglement.

Ils ont pour divinité des déesses[44] ; mais Satan est l’objet de leur culte.

Dieu le chargea de sa malédiction. J’attaquerai, dit le tentateur, une partie de tes serviteurs. Je les séduirai. Je ferai naître en eux les passions. Je leur ordonnerai de couper les oreilles des troupeaux[45], et de défigurer ta créature. Ainsi parla Satan. Mais l’apostat qui, abandonnant le Seigneur, prendra le démon pour patron, périra malheureusement.

Il flatte ses adorateurs par des promesses. Il allume dans leurs cœurs le feu des passions, mais la tromperie sera le fruit de ses promesses.

Leur demeure sera l’enfer, et il leur sera impossible d’en sortir.

Dieu a promis aux fidèles, qui auront pratiqué la vertu, l’entrée des jardins où coulent des fleuves. Ils y demeureront éternellement. Les promesses du Seigneur sont véritables. Quoi de plus infaillible que sa parole !

Vous ne serez point traités suivant vos désirs, ni comme le souhaitent les chrétiens. Quiconque fera le mal en recevra la peine, et ne trouvera point de protection contre le Très-Haut.

Ceux qui auront exercé la bienfaisance et professé l’islamisme, entreront dans le paradis, et ne seront point trompés.

Quelle religion plus sainte que l’islamisme ! Quoi de plus agréable au Seigneur, que de tourner son front vers lui, de faire le bien, de suivre la croyance d’Abraham, qui n’adora qu’un Dieu, et mérita d’être son ami !

Dieu est le souverain des cieux et de la terre. Il embrasse tout l’univers de son immensité.

Ils te consulteront au sujet des femmes. Dis-leur : Dieu vous apprendra vos devoirs à leur égard, et les préceptes que vous lisez dans le Coran au sujet des orphelines à qui vous ne donnez pas ce que la loi leur attribue, et que vous refusez d’épouser. Il vous instruira de ce qui concerne les enfans en bas âge, afin que vous les traitiez avec équité. Tout le bien que vous ferez sera connu de Dieu.

Si la dureté et l’aversion du mari faisaient craindre à la femme d’être répudiée, elle doit s’efforcer de le ramener à la douceur. La réconciliation mutuelle est le parti le plus sage. L’homme est porté à l’avarice. Soyez bienfaisans, et craignez l’injustice. Dieu est le témoin de vos actions.

Vous ne pourrez, malgré vos efforts, avoir un amour égal pour vos femmes ; mais vous ne ferez pencher la balance d’aucun côté, et vous les laisserez en suspens. Soyez justes. Craignez le Seigneur et vous éprouverez les effets de sa clémence.

Si le divorce a lieu, Dieu enrichira l’un et l’autre époux. Il est sage et infini.

Il possède ce qui est dans les cieux et sur la terre. Nous avons recommandé à ceux qui reçurent les écritures avant vous, et nous vous recommandons la crainte du Seigneur. Si vous êtes infidèles, Dieu n’en sera pas moins le Souverain des cieux et de la terre. Il est riche, et sa louange est en lui-même.

L’univers est son domaine. Sa protection vous suffit.

Mortels, si Dieu voulait, il vous ferait disparaître, et produirait d’autres hommes pour vous remplacer. Ce prodige n’est point au-dessus de sa puissance.

Désirez-vous les biens terrestres ? ils sont dans ses mains, avec le prix de la vie future. Il voit et entend tout.

O croyans ! que l’équité règle vos témoignages, dussiez-vous prononcer contre vous-mêmes, contre un père, un parent, un riche ou un pauvre. Dieu les touche de plus près que vous. Que la passion ne vous écarte jamais de la vérité ; qu’elle ne vous fasse pas refuser votre témoignage. Dieu voit vos actions.

O fidèles ! croyez en Dieu, en son apôtre ? au livre qu’il lui a envoyé, aux écritures descendues avant lui. Celui qui ne croit pas en Dieu, en ses Anges, au Coran, au prophète, et au jour du jugement, est plongé dans l’aveuglement.

Le croyant qui, après avoir tombé dans l’infidélité, en est sorti pour s’y enfoncer plus profondément, n’a plus à espérer de pardon de la part de Dieu. Il ne l’éclairera plus.

Annonce aux impies un tourment douloureux.

Ceux qui recherchent l’amitié des infidèles, plutôt que celle des croyans, prétendent-ils se faire un appui de leur puissance ? Toute puissance vient de Dieu.

Dieu vous a prédit dans le Coran que, lorsqu’on expliquera sa doctrine, la plupart ne croiront point, et s’en moqueront. Ne vous asseyez point avec ceux qui tiendront cette conduite, jusqu’à ce qu’ils en aient changé. En les fréquentant, vous deviendriez semblables à eux, et Dieu rassemblera dans l’enfer l’impie et l’infidèle.

Ceux qui observent vos démarches diront, si Dieu vous envoie la victoire : N’avons-nous pas la même croyance que vous ? Si les infidèles remportent l’avantage, ils leur tiendront ce langage : N’avions-nous pas la supériorité sur vous ? Ne vous avons-nous pas aidés contre les croyans ? Le Seigneur jugera entre vous au jour du jugement, et il ne permettra pas que les idolâtres triomphent des musulmans.

Les impies voudraient tromper Dieu ; mais ils seront la dupe de leur fourberie. Lorsqu’ils se lèvent pour prier, ils le font avec ostentation. Ils cherchent à fixer les regards des hommes, et peu d’entr’eux pensent au Seigneur.

Flottans entre la foi et l’infidélité, ils ne s’attachent ni à l’une ni à l’autre. Celui que Dieu égare ne saurait retrouver le chemin du salut.

O croyans ! ne cherchez d’amis que parmi les fidèles. Voulez-vous donner à Dieu une preuve évidente contre vous ?

Les impies seront jetés au fond de l’abîme de feu. Ils n’auront plus de secours à attendre.

Ceux qui, après avoir fait pénitence et s’être corrigés, s’attacheront fermement au Seigneur, et lui montreront une foi sincère, seront au nombre des fidèles que Dieu récompensera magnifiquement.

Pourquoi Dieu vous punirait-il, si vous avez de la reconnaissance et de la foi ? Il est lui-même reconnaissant, et sait tout.

Dieu n’aime point qu’on publie le mal, à moins qu’on ne soit la victime de l’oppression. Il sait et entend tout.

Manifestez ou cachez le bien que vous faites. Pardonnez le tort que vous avez souffert. Dieu est indulgent et puissant.

Ceux qui, rebelles à Dieu et à ses envoyés, veulent mettre de la différence entre eux, croyant aux uns, et niant la mission des autres, se font une religion arbitraire ;

Ceux-là sont les vrais infidèles, destinés à subir un supplice ignominieux.

Mais ceux qui croiront en Dieu, et en ses envoyés indistinctement, seront récompensés, parce que le Seigneur est indulgent et miséricordieux.

Fais-nous descendre un livre du Ciel, diront les juifs. Ils demandèrent davantage à Moïse, quand ils le prièrent de leur faire voir Dieu manifestement. La foudre consuma les téméraires. Ensuite ce peuple pervers adora un veau, après avoir été témoin des merveilles du Tout-Puissant. Nous leur pardonnâmes, et nous donnâmes à Moïse la puissance des miracles.

Nous élevâmes le mont Sinaï pour gage de notre alliance. Nous leur ordonnâmes d’entrer dans la ville sainte, en adorant le Seigneur, et nous leur défendîmes de violer le sabat. Ils nous en firent le pacte solennel.

Ils ont violé leur alliance, et refusé de croire à la doctrine divine. Ils ont injustement massacré les prophètes, et ont dit : Nos cœurs sont incirconcis. Dieu a imprimé sur leur front le sceau de leur perfidie. Parmi eux il n’y a qu’un petit nombre de croyans.

A l’infidélité ils ont joint la calomnie contre Marie.

Ils ont dit : Nous avons fait mourir Jésus, le Messie, fils de Marie, envoyé de Dieu. Ils ne l’ont point mis à mort. Ils ne l’ont point crucifié. Un corps fantastique a trompé leur barbarie. Ceux qui disputent à ce sujet n’ont que des doutes. La vraie science ne les éclaire point. C’est une opinion qu’ils suivent. Ils n’ont pas fait mourir Jésus. Dieu l’a élevé à lui, parce qu’il est puissant et sage.

Tous les juifs et les chrétiens croiront en lui avant leur mort. Au jour de la résurrection il sera témoin contre eux.

Nous avons retiré nos grâces des juifs, parce qu’ils ont été perfides, et qu’ils écartent leurs semblables des voies du salut.

Ils ont exercé l’usure qui leur avait été défendue, et consumé injustement l’héritage d’autrui. Nous avons préparé des châtimens terribles à ceux d’entre eux qui sont infidèles.

Mais les juifs qui sont fermes dans la foi, qui croient au Coran, au Pentateuque, qui font la prière et l’aumône, qui croient en Dieu et au jour dernier, recevront une récompense éclatante.

Nous t’avons inspiré, comme nous inspirâmes Noë, les Prophètes, Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob, les Tribus, Jésus, Job, Jonas, Aaron, et Salomon. Nous donnâmes à David les psaumes.

Nous t’avons fait connaître une partie de nos envoyés ; il en est d’autres que nous te laissons ignorer. Dieu parla lui-même à Moïse.

Nous les envoyâmes avec des promesses et des menaces, afin que les hommes n’eussent plus d’excuse devant le Dieu puissant et sage.

Dieu est témoin du livre qu’il t’a envoyé avec sa science. Les anges en sont témoins ; mais le témoignage de Dieu suffit à son authenticité.

L’erreur est le partage de celui qui refuse de croire, et qui s’écarte des voies du Seigneur.

Dieu ne pardonnera point aux infidèles chargés de crimes. Il ne les éclairera plus.

Il leur montrera le chemin de l’enfer où ils demeureront éternellement ; ce qui est facile à Dieu.

Mortels, le prophète est venu vous annoncer les vérités célestes. Croyez : il y va de votre bonheur. Si vous êtes infidèles, le Tout-Puissant est le souverain des cieux et de la terre. Il possède la sagesse et la science.

O vous qui avez reçu les écritures ! ne passez pas les bornes de la foi ; ne dites de Dieu que la vérité. Jésus est le fils de Marie, l’envoyé du Très-Haut et son verbe. Il l’a fait descendre dans Marie. Il est son souffle. Croyez en Dieu et en ses apôtres. Ne dites pas qu’il y a une trinité en Dieu. Il est un. Cette croyance vous sera plus avantageuse. Loin qu’il ait un fils, il gouverne seul le ciel et la terre. Il se suffit à lui-même.

Jésus ne rougira pas d’être le serviteur de Dieu. Les anges qui environnent son trône lui obéissent.

Un jour il fera paraître devant son tribunal l’orgueilleux qui rejette son joug.

Ceux qui réuniront la foi et la bienfaisance, en recevront le prix. Ils seront comblés des faveurs du ciel. Ceux à qui l’orgueil fera rejeter la soumission au Très-Haut, seront livrés à la rigueur des tourmens.

Ils ne pourront trouver d’appui ni de protection contre Dieu.

Mortels, le Seigneur a fait éclater pour vous ses merveilles. Il vous a fait descendre la lumière véritable. Il versera ses grâces sur les croyans qui s’attacheront fermement à lui. Il les conduira dans le chemin du salut.

Ils te consulteront. Dis-leur : Dieu vous éclairera sur les parens éloignés. La sœur d’un homme mort sans enfans, aura la moitié de son héritage. Le frère héritera de sa sœur morte sans enfans. Si le défunt a deux sœurs, elles partageront les deux tiers de la succession. S’il a laissé des frères et des sœurs, les mâles auront le double de ce qu’on donnera aux filles. Le Seigneur vous annonce ainsi ses lois de peur que vous ne vous égariez. Sa science est infinie.





LA TABLE.


donné à la mecque, composé de 120 versets
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Au nom de Dieu clément et miséricordieux.



O croyans ! gardez vos engagemens. Nourrissez-vous de la chair de vos troupeaux ; mais ne mangez pas des animaux qu’il vous est défendu de tuer à la chasse pendant le voyage de la Mecque. Dieu commande ce qu’il lui plaît.

Ô croyans ! ne profanez pas les lieux consacrés à Dieu, ni le mois haram, ni les victimes, ni leurs ornemens[46]. Respectez ceux qui font le pèlerinage, et qui cherchent à se procurer l’abondance et la bienveillance du Seigneur.

Lorsque le pèlerinage sera accompli, la chasse vous est permise. Ne vous livrez point à la haine contre ceux qui vous auront interdit l’entrée du temple, de peur que vous ne deveniez prévaricateurs. Exhortez-vous à la justice et à la piété. Prenez garde de tomber dans le crime. Craignez le Seigneur. Ses châtimens sont terribles.

Les animaux morts, le sang, la chair du porc, les animaux suffoqués, assommés, tués par quelque chute ou d’un coup de corne ; ceux qui sont devenus la proie d’une bête féroce, à moins que vous n’ayez le temps de les saigner, ceux qu’on a immolés aux autels des idoles, et sur lesquels on a invoqué un autre nom que celui de Dieu ; tout cela vous est défendu. La distribution des parts dues au sort des flèches[47] vous est aussi interdite. Malheur aux infidèles qui abandonnent votre religion ! Ne les craignez point. Craignez-moi.

Aujourd’hui j’ai mis le sceau à votre religion. Mes grâces sur vous sont accomplies. Il m’a plu de vous donner l’islamisme. Celui qui, cédant à la nécessité de la faim, sans avoir dessein de mal faire, transgressera les lois que nous avons prescrites, éprouvera l’indulgence divine.

Ils te demanderont ce qui leur est permis. Réponds-leur : Tout ce qui n’est pas immonde. La proie que vous procureront les animaux dressés à la chasse, d’après la science que vous avez reçue de Dieu, vous est permise. Mangez-en, et invoquez sur elle le nom du Seigneur. Craignez-le parce qu’il est exact dans ses comptes.

Aujourd’hui on vous a ouvert la source des biens. La nourriture des juifs vous est licite. La vôtre leur est permise. Vous pouvez épouser les filles libres des fidèles et des juifs, pourvu que vous les dotiez ; mais il vous est défendu de vivre avec elles dans la débauche, et de les avoir comme courtisanes. Celui qui trahira sa foi perdra le fruit de ses bonnes œuvres, et sera dans l’autre monde au nombre des réprouvés.

O Croyans ! avant de commencer la prière, lavez-vous le visage et les mains jusqu’au coude. Essuyez-vous la tête et les pieds jusqu’aux talons.

Purifiez-vous après vous être approchés de vos épouses. Lorsque vous serez malades ou en voyage, et que vous aurez satisfait vos besoins naturels ou en commerce avec des femmes, frottez-vous le visage et les mains avec de la poussière si vous manquez d’eau. Dieu ne veut pas que vous trouviez son joug pesant. Il veut vous rendre purs, et accomplir sur vous ses grâces, afin que vous en soyez reconnaissans.

Souvenez-vous donc des bienfaits du Seigneur. Gardez l’alliance qu’il contracta avec vous, quand vous dites : Nous avons entendu et nous avons obéi. Craignez le Très-Haut. Il sonde le fond des cœurs.

O croyans ! soyez vrais dans les témoignages que vous prêterez à la face du ciel. Que la haine ne vous porte point à commettre une iniquité. La justice est la sœur de la piété. Craignez Dieu parce qu’il connaît vos actions.

Dieu promet sa miséricorde, et une récompense éclatante à ceux qui joindront à la foi le mérite des bonnes œuvres.

Les infidèles qui accusent notre doctrine de mensonge seront les victimes de l’enfer.

O croyans ! souvenez-vous des bienfaits du Seigneur. Lorsque vos ennemis songeaient à tourner leurs armes contre vous, il arrêta leur bras. Craignez-le. Que les fidèles mettent en lui leur confiance.

Dieu reçut l’alliance des enfans d’Israël. Il leur donna douze chefs, et leur dit : Je serai avec vous. Observez la prière ; faites l’aumône ; croyez en mes envoyés ; aidez-les ; employez vos richesses pour la défense de la religion sainte. J’expierai vos offenses ; je vous introduirai dans les jardins où coulent des fleuves. Celui qui, après ces avertissemens, refusera de croire, marchera dans le chemin de l’erreur.

Ils violèrent leur pacte, et ils furent maudits. Nous avons endurci leurs cœurs. Ils corrompent les écritures sacrées. Ils en cachent une partie. Tu ne cesseras de manifester leur fraude. Presque tous en sont coupables ; mais aie pour eux de l’indulgence. Dieu aime les bienfaisans.

Nous avons reçu l’alliance des chrétiens ; mais ils ont oublié une partie de nos commandemens. Nous avons semé entre eux la discorde et la haine. Elles ne s’éteindront qu’au jour de la résurrection. Bientôt Dieu leur montrera ce qu’ils ont fait.

O vous qui reçûtes le livre de la loi ! notre envoyé vous a dévoilé beaucoup de passages que vous cachiez ; il est indulgent sur beaucoup d’autres. La lumière vous est descendue des cieux avec le Coran. Dieu s’en servira pour conduire dans le sentier du salut ceux qui suivront sa volonté. Il les fera passer des ténèbres à la lumière, et les conduira dans le droit chemin.

Ceux qui disent que le Christ, fils de Marie, est Dieu, sont infidèles. Réponds-leur : Qui pourrait arrêter le bras du Tout-Puissant, s’il voulait perdre le Messie fils de Marie, sa mère, et tous les êtres créés.

Dieu est le souverain des cieux, de la terre et de l’immensité de l’espace. Il tire à son gré les êtres du néant, parce que sa puissance est infinie.

Nous sommes les enfans chéris de Dieu, disent les juifs et chrétiens. Réponds-leur : Pourquoi vous punit-il donc de vos crimes ? Vous êtes une portion des hommes, qu’il a créés. Il pardonne ou châtie à son gré. Les cieux, la terre, l’univers, composent son domaine. Il est le terme où tout doit aboutir.

O vous qui reçûtes les Écritures ! notre apôtre va vous éclairer sur la cessation des prophètes. Vous ne direz plus : Ils ont cessé ces jours où les ministres du ciel venaient nous annoncer ses menaces et ses promesses. Un d’eux est au milieu de vous, parce que la puissance de Dieu est sans bornes.

Lorsque Moïse dit aux Israëlites : Souvenez-vous des grâces que vous avez reçues de Dieu ; il vous a envoyé les prophètes ; il vous a donné des rois, et vous a accordé des faveurs qu’il n’a faites à aucune autre nation ;

Entrez dans la Terre Sainte que Dieu vous a destinée ; ne retournez pas en arrière, de peur que vous ne marchiez à votre perte.

Ce pays, répondirent les israëlites, est habité par des géans. Nous n’y entrerons point tant qu’ils l’occuperont. S’ils en sortent, nous en prendrons possession.

Présentez-vous à la porte de la ville, dirent deux hommes craignant le Seigneur et favorisés de ses grâces, vous y pénétrerez et vous remporterez la victoire. Mettez votre confiance en Dieu, si vous êtes fidèles.

Nous ne nous y présenterons point, dit le peuple à Moïse, tant que les géans l’habiteront. Va avec ton Dieu, et combattez. Nous demeurerons ici.

Seigneur, s’écria Moïse, je suis seul avec mon Père : juge entre nous et les rebelles.

Le Seigneur prononça ces mots : L’entrée de ce pays leur sera interdite pendant quarante ans. Ils erreront sur la terre. Cesse de t’alarmer pour des prévaricateurs.

Raconte-leur l’histoire des fils d’Adam[48] avec vérité. Ils présentèrent leurs offrandes. L’une fut reçue, l’autre rejetée. Celui qui fut refusé dit à son frère : Je te mettrai à mort. Dieu, répondit le juste, ne reçoit des victimes que des hommes pieux.

Si tu attentes à mes jours, je n’aurai point recours à la vengeance, parce que je crains le Dieu de l’univers.

Tu retourneras chargé de mes iniquités et des tiennes, et tu habiteras le feu destiné aux pervers.

Malgré ces menaces, la soif du sang prévalut dans le cœur de l’envieux. Il tua son frère, et fut au nombre des réprouvés.

Dieu envoya un corbeau qui creusa la terre, et lui apprit la manière d’ensevelir le corps de son frère.

Malheureux que je suis ! s’écria le meurtrier, ne puis-je, comme ce corbeau, creuser la terre, et cacher les tristes restes de mon frère ? Il se livra au repentir.

C’est pourquoi nous avons donné ce précepte aux enfans d’Israël : celui qui tuera un homme sans en éprouver de violence sera coupable du sang de tout le genre humain ; et celui qui sauvera la vie à un homme, sera récompensé comme s’il l’avait sauvée à tout le genre humain.

Nos envoyés ont paru au milieu d’eux. Ils ont opéré des miracles ; cependant la plupart ont été prévaricateurs.

La récompense de ceux qui combattent contre Dieu et son prophète, et qui s’efforcent d’étendre la corruption sur la terre, sera la mort, le supplice de la croix. Vous leur couperez les pieds, les mains. Vous les bannirez de leur patrie. Telle sera l’ignominie dont ils seront couverts dans ce monde. Les tourmens seront leur partage dans l’autre.

Sachez que ceux qui se repentiront, avant que vous les ayez domptés, éprouveront l’indulgence et la miséricorde du Seigneur.

O croyans ! craignez Dieu. Efforcez-vous de mériter un accès auprès de lui. Combattez pour la religion et vous serez heureux.

Quand les infidèles posséderaient deux fois autant de richesses que la terre en contient, ils les offriraient en vain pour se racheter des supplices au jour de la résurrection ; ils seraient refusés ; et les tourmens qui les attendent sont épouvantables.

En vain s’efforceront-ils de s’arracher des flammes. Ils y demeureront ensevelis, et leurs souffrances seront éternelles.

Coupez les mains des voleurs,[49] hommes ou femmes, en punition de leur crime. C’est la peine que Dieu a établie contre eux. Il est puissant et sage.

Il fera grâce à celui qui touché de repentir se corrigera. La miséricorde est son partage.

Ignores-tu que Dieu est le souverain des cieux et de la terre, qu’il punit et pardonne à son gré, parce que sa puissance est sans bornes ?

O prophète ! ne t’afflige point de voir courir à l’infidélité ceux qui disent : Nous croyons tandis que leur cœur dément ce que leur bouche profère ; ni ceux qui, sectateurs du Judaïsme, ouvrent leurs oreilles au mensonge, et par respect humain, viennent aussi t’entendre. Ceux qui n’ont point encore écouté ta doctrine, corrompent le texte du Pentateuque, et disent : S’il vous lit l’écriture de cette manière, recevez-la. Défiez-vous-en si l’on y fait quelque changement. Qui préservera de l’erreur celui que Dieu veut égarer ? ceux dont il ne purifiera point le cœur, seront chargés d’opprobre dans ce monde, et souffriront dans l’autre des tourmens rigoureux.

Ils aiment le mensonge. Les mets défendus sont leur nourriture. S’ils te prennent pour arbitre, prononce entre eux, ou fuis-les. Loin d’eux, leur méchanceté ne te nuira point ; mais si tu prends la balance, juge-les avec équité. Dieu aime ceux qui sont équitables.

Comment te prendraient-ils pour arbitre ? Ils ont le Pentateuque où sont renfermés les préceptes du Seigneur ; mais ils flottent dans le doute, et ils ne croient point.

Nous avons envoyé le Pentateuque pour diriger et éclairer les hommes. Les prophètes qui suivaient l’islamisme, s’en servirent pour juger les juifs. Les docteurs et les pontifes guidèrent par ses lois, le peuple confié à leur garde. Ils étaient ses témoins. O juifs ! ne craignez point les hommes. Craignez-moi. Ne vendez point ma doctrine pour un vil intérêt. Quiconque ne prendra pas pour règle de ses jugemens la vérité que Dieu a fait descendre du ciel, sera prévaricateur.

Nous avons prescrit aux juifs la peine du talion. On rendra âme pour âme, œil pour œil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent, blessure pour blessure. Celui qui changera cette peine en aumône, aura un mérite aux yeux de Dieu. Quiconque transgressera, dans ses jugemens, les préceptes que nous vous avons donnés, sera coupable.

Après les prophètes, nous avons envoyé Jésus fils de Marie, pour confirmer le Pentateuque. Nous lui avons donné l’Évangile, qui est le flambeau de la foi, et qui met le sceau à la vérité des anciennes écritures. Ce livre éclaire et instruit ceux qui craignent le Seigneur.

Les chrétiens seront jugés d’après l’Évangile. Ceux qui les jugeront autrement seront prévaricateurs.

Nous t’avons envoyé le livre véritable qui confirme les écritures qui l’ont précédé, et qui en rend témoignage. Juge entre les juifs et les chrétiens suivant les commandemens de Dieu. Ne suis pas leurs désirs, et ne t’écarte pas de la doctrine que tu as reçue. Nous avons donné à chacun de vous des lois pour se conduire.

Dieu pouvait vous réunir tous sous une même religion, Il a voulu éprouver si vous seriez fidèles à ses divers commandemens. Efforcez-vous de faire le bien. Vous retournerez tous à lui, et il vous montrera en quoi vous aurez erré.

Que la science que tu as reçue soit la règle de tes jugemens. N’écoute pas leurs désirs. Évite la séduction, et n’oublie rien de la doctrine de Dieu. S’ils s’écartent du vrai chemin, sache que le Tout-Puissant les punit pour quelque crime qu’ils ont commis. Le nombre des prévaricateurs est très-grand.

Désirent-ils le jugement de l’ignorance ? Quel juge plus équitable que Dieu peuvent avoir les croyans ?

O croyans ! ne formez point de liaisons avec les juifs et les chrétiens. Laissez-les s’unir ensemble. Celui qui les prendra pour amis deviendra semblable à eux, et Dieu n’est point le guide des pervers.

Vous verrez ceux dont le cœur est corrompu s’unir pour repousser, diront-ils, les coups de la fortune ; mais il sera facile à Dieu de donner la victoire au prophète, et des ordres qui les feront repentir de leurs desseins.

Sont-ce là ceux qui juraient, par le nom de Dieu, qu’ils étaient de notre parti, diront les fidèles ; leurs œuvres sont vaines, et ils périssent.

O musulmans ! si vous abandonnez votre religion, Dieu appellera d’autres peuples. Il les aimera et ils l’aimeront. S’ils sont inférieurs aux croyans, ils seront supérieurs aux infidèles. Ils combattront pour la foi, et ne craindront point les reproches de celui qui blâme. Dieu fera cette faveur à qui il voudra. Il est sage et infini.

Vous avez pour appui le bras du Très-Haut, les fidèles, ceux qui font la prière, l’aumône, et qui adorent le Seigneur.

Ceux qui marchent sous la protection du Ciel, de son apôtre et des croyans, sont les milices du Seigneur. Ils remporteront la victoire.

O croyans ! ne vous liez point avec les chrétiens, les juifs et les impies, qui font de votre culte l’objet de leurs railleries. Craignez Dieu, si vous êtes fidèles.

Ne vous liez point avec ceux qui se moquent de la prière, à laquelle on les invite ; ils sont dans l’ignorance.

Demande aux juifs : quel est le sujet de l’horreur que vous avez pour les fidèles ? Est-ce parce qu’ils croient en Dieu, aux anciennes écritures, ou parce que la plupart d’entre vous sont prévaricateurs ?

Que vous peindrai-je de plus terrible que la vengeance que Dieu a exercée contre vous ? Il vous a maudits dans sa colère. Il vous a transformés en singes et en porcs, parce que vous avez brûlé de l’encens devant les idoles, et que vous êtes plongés dans les plus profondes ténèbres.

Lorsqu’ils se sont présentés à vous, ils ont dit : Nous croyons. Ils sont entrés avec l’infidélité ; ils s’en sont retournés avec l’infidélité : mais Dieu connaît ce qu’ils recèlent.

Combien d’entre eux se livrent à l’iniquité ? Combien en verrez-vous se nourrir des mets défendus ? Mais malheur à leurs œuvres !

Si leurs docteurs et leurs pontifes n’arrêtaient l’impiété de leurs discours, s’ils ne les empêchaient de transgresser le précepte des alimens, malheur aux maux qu’ils commettraient !

Les mains de Dieu sont liées, disent les juifs. Que leurs bras soient chargés de chaînes. Qu’ils soient maudits pour prix de leurs blasphèmes. Au contraire, les mains de Dieu sont ouvertes et prêtes à verser les dons sur ceux qu’il lui plaît. La grâce qu’il t’a accordée ne fera qu’accroître leurs erreurs et leur infidélité. Nous avons semé parmi eux des haines qui fermenteront jusqu’au jour de la résurrection. Le Tout-Puissant éteindra le feu de la guerre toutes les fois qu’ils l’allumeront contre toi. Ils seront errans sur la terre, et porteront avec eux la corruption ; mais le Seigneur hait les corrupteurs.

S’ils avaient la foi et la crainte du Seigneur, nous effacerions leurs péchés ; nous les introduirions dans les jardins de délices. L’observation du Pentateuque, de l’Évangile et des préceptes divins, leur procurerait la jouissance de tous les biens. Il en est parmi eux qui marchent dans la bonne voie ; mais la plupart sont impies.

O prophète ! dévoile les lois que Dieu t’a révélées, afin que ta mission soit accomplie. Le bras du Tout-Puissant te conservera contre les efforts des hommes, parce qu’il n’est point le guide des infidèles.

Dis aux juifs et aux chrétiens : Vous n’êtes appuyés sur aucun fondement, tant que vous n’observerez pas le Pentateuque, l’Évangile et les commandemens de Dieu. Le livre que tu as reçu du ciel augmentera l’aveuglement de beaucoup d’entre eux ; mais ne t’alarme point sur le sort des infidèles.

Les fidèles, les juifs, les sabéens et les chrétiens qui croiront en Dieu et au jour dernier, et qui auront pratiqué la vertu, seront exempts de la crainte et des tourmens.

Nous reçûmes l’alliance des Israélites, et nous leur envoyâmes des prophètes. Toutes les fois qu’ils leur annoncèrent des vérités, que rejetaient leurs cœurs corrompus, ils furent accusés de mensonge, ou injustement massacrés.

Ils ont pensé que leurs crimes seraient impunis, et ils sont devenus aveugles et sourds. Le Seigneur leur a pardonné, et le plus grand nombre est retombé dans l’aveuglement ; mais l’Éternel est témoin de leurs actions.

Ceux qui disent que le Messie fils de Marie est Dieu, profèrent un blasphème. N’a-t-il pas dit lui-même : O enfans d’Israël, adorez Dieu, mon seigneur et le vôtre ! Celui qui donne un égal au Très-Haut n’entrera point dans le jardin de délices. Sa demeure sera le feu. Les réprouvés n’auront plus de secours à attendre.

Ceux qui soutiennent la trinité de Dieu sont blasphémateurs. Il n’y a qu’un seul Dieu. S’ils ne changent de croyance, un supplice douloureux sera le prix de leur impiété.

Ne retourneront-ils point au Seigneur ? N’imploreront-ils point leur pardon ? Il est indulgent et miséricordieux.

Le Messie fils de Marie n’est que le ministre du Très-Haut : d’autres envoyés l’ont précédé. Sa mère était juste. Ils vivaient et mangeaient ensemble. Vois comme nous leur donnons des preuves de l’unité de Dieu, et comment ensuite ils se livrent au mensonge.

Dis-leur : Adorerez-vous une idole impuissante, qui ne saurait ni vous nuire ni vous protéger ; tandis que Dieu sait et entend tout ?

Dis aux juifs et aux chrétiens : Ne passez point les bornes de la foi, pour suivre le mensonge. N’embrassez pas l’opinion de ceux qui étaient avant vous dans l’erreur, et qui ont entraîné la plupart des hommes dans leur aveuglement.

Les juifs incrédules ont été maudits par la bouche de David et de Jésus fils de Marie. Rebelles et impies, ils ne cherchaient point à se détourner du crime. Malheur à leurs œuvres !

Vous les voyez courir en foule dans le parti des infidèles. Malheur aux forfaits dont ils sont coupables ! Dieu, dans sa colère, les précipitera pour toujours dans l’horreur des tourmens.

S’ils eussent cru en Dieu, au prophète, au Coran, ils n’auraient pas recherché leur alliance ; mais la plupart d’entre eux sont pervertis.

Vous éprouverez que les juifs et les idolâtres sont les plus violens ennemis des fidèles, et parmi les chrétiens vous trouverez des hommes humains et attachés aux croyans, parce qu’ils ont des prêtres et des religieux voués à l’humilité.

Lorsqu’ils entendent la lecture du Coran[50], vous les voyez pleurer de joie d’avoir connu la vérité. Seigneur, s’écrient-ils, nous croyons. Écris-nous au nombre de ceux qui rendent témoignage.

Pourquoi ne croirions-nous pas en Dieu et à la vérité qu’il a manifestée ? Pourquoi ne désirerions-nous pas d’avoir une place parmi les justes ?

Dieu a entendu leur voix ; il leur donnera pour habitation éternelle les jardins de délices qu’arrosent des fleuves. Telle sera la récompense des bienfaisans ; mais les infidèles, et ceux qui accuseront notre doctrine de mensonge, seront précipités dans l’enfer.

O croyans ! ne défendez point l’usage des biens que Dieu vous a permis. Ne transgressez point ses commandemens : il hait les prévaricateurs.

Nourrissez-vous des alimens licites que vous tenez de la libéralité divine. Craignez Dieu, si vous avez la foi.

Il ne vous punira pas pour un serment inconsidéré ; mais si vous contractez un engagement réfléchi, son infraction vous coûtera la nourriture de dix pauvres, leur vêtement, ou la rançon d’un captif. Celui qui sera hors d’état d’accomplir cette peine jeûnera trois jours. Telle est la loi portée contre ceux qui manqueront à leurs sermens. Gardez vos pactes : c’est ainsi que Dieu vous manifeste ses préceptes, afin que vous lui en rendiez grâces.

O croyans ! le vin[51], les jeux de hasard, les statues, et le sort des flèches, sont une abomination inventée par Satan. Abstenez-vous-en, de peur que vous ne deveniez pervers.

Le démon se servirait du vin et du jeu pour allumer parmi vous le feu des dissensions, et vous détourner du souvenir de Dieu et de la prière. Voudriez-vous devenir prévaricateurs ? Obéissez à Dieu, à son apôtre, et craignez ; si vous êtes rebelles, sachez que le prophète n’est chargé que de vous annoncer la vérité.

Les croyans qui auront pour eux le mérite des bonnes œuvres ne seront point coupables pour avoir mangé des alimens défendus, pourvu qu’ils conservent constamment la foi, la crainte du Seigneur et l’amour du bien, parce que le Seigneur aime ceux qui exercent la bienfaisance.

O croyans ! la proie que vos lances vous procureront à la chasse sera pour vous une épreuve. Dieu saura celui qui le craint dans le secret. Le prévaricateur deviendra la victime des tourmens.

O croyans ! ne tuez point d’animal à la chasse pendant le pèlerinage de la Mecque. Celui qui violera cette défense sera puni comme s’il avait tué un animal domestique ; deux hommes équitables d’entre vous le jugeront : il sera condamné à envoyer un présent au temple saint, à nourrir des pauvres, ou à subir un jeûne, afin qu’il sente la peine de sa faute. Dieu pardonne le passé, mais celui qui retombera éprouvera la vengeance céleste. Dieu est terrible dans ses châtimens.

La pêche, avec ses avantages, vous est permise ; vous pouvez vous en servir pendant le saint voyage ; mais tout le temps qu’il durera, la chasse vous est défendue. Craignez le Seigneur, vous retournerez tous à lui.

Dieu a rétabli la Caaba pour être la station des hommes ; il a institué les mois sacrés[52], les victimes, les ornemens, afin que vous sachiez qu’il connaît ce qui est dans les cieux et sur la terre, et que sa science est infinie. Souvenez-vous que la vengeance est dans ses mains, mais qu’il est indulgent et miséricordieux.

Le ministère du prophète se borne à la prédication. Dieu sait ce que vous manifestez et ce que vous cachez dans vos cœurs.

Quelque charme que le mal ait pour vous, il ne doit pas balancer le bien ; craignez le Seigneur, ô vous qui êtes sages ! et vous serez heureux.

O croyans ! mettez des bornes à votre curiosité ; la connaissance des choses que vous désirez savoir peut vous nuire, attendez à les demander que le Coran ait été révélé ; elles vous seront dévoilées. Dieu vous pardonne votre curiosité, parce qu’il est indulgent et miséricordieux. Un grand nombre, pour l’avoir eue avant vous, sont devenus incrédules.

Dieu n’a point parlé de Bahira, Saïba, Vasila[53] ni de Ham ; des infidèles sans intelligence lui ont prêté ces mensonges.

Lorsqu’on leur a dit : Embrassez la religion que Dieu a révélée à son apôtre, ils ont répondu : La croyance de nos pères nous suffit. Peu leur importe que leurs pères n’aient eu ni science ni lumières pour se conduire.

O croyans ! le soin de vos âmes vous regarde ; l’erreur des autres ne vous nuira point si vous êtes éclairés ; vous paraîtrez tous devant le tribunal de Dieu, et il vous montrera vos œuvres.

O croyans ! lorsqu’au lit de la mort vous ferez votre testament, appelez pour témoins deux hommes équitables d’entre vous. Si quelque accident mortel vous surprenait en voyage, vous pouvez vous servir d’étrangers. Vous les tiendrez sous votre garde, et, après avoir fait la prière, si vous doutez de leur foi, vous leur ferez prêter ce serment devant Dieu : Nous ne recevrons point d’argent pour témoigner, pas même d’un parent ; nous ne cacherons point notre témoignage, car nous serions criminels.

S’il était évident que les deux témoins eussent prévariqué, on en choisirait deux autres parmi les parens du testateur. Ils jureront à la face du ciel que leur témoignage est véritable, et que s’ils sont parjures, ils seront au nombre des réprouvés.

Ils prêteront témoignage en présence des premiers témoins, afin qu’ils puissent craindre d’être contredits. Craignez le Seigneur, écoutez sa voix ; il ne dirige point les pervers.

Un jour Dieu rassemblera les prophètes, et leur demandera ce que les peuples ont répondu à leurs exhortations. Seigneur, diront les prophètes, la science n’est point notre partage ; toi seul connais les secrets.

Dieu dira à Jésus, fils de Marie : Souviens-toi des grâces que j’ai répandues sur toi et sur celle qui t’a enfanté ; je t’ai fortifié dans l’esprit de sainteté afin que tu instruisisses les hommes depuis ton berceau jusqu’à la vieillesse.

Je t’ai enseigné l’Écriture, la Sagesse, le Pentateuque, l’Évangile ; tu formas de boue la figure d’un oiseau, et ton souffle l’anima par ma permission ; tu guéris un aveugle de naissance et un lépreux par ma volonté ; tu fis sortir les morts de leurs tombeaux ; je détournai de toi les mains des juifs. Au milieu des miracles que tu fis éclater à leurs yeux, obstinés dans leur incrédulité, ils s’écriaient : Tout cela n’est que prestige.

J’inspirai aux apôtres de croire en moi et en Jésus mon envoyé, et ils dirent : Nous croyons, rends témoignage de notre foi.

Ô Jésus, fils de Marie, dirent les apôtres : ton Dieu peut-il nous faire descendre des cieux une table préparée ? Craignez le Seigneur, répondit Jésus, si vous êtes fidèles.

Nous désirons, ajoutent-ils, nous y asseoir, et y manger : alors nos cœurs seront tranquilles, nous saurons que tu nous as prêché la vérité, et nous rendrons témoignage.

Jésus, fils de Marie, adressa au ciel cette prière : Seigneur, fais-nous descendre une table du ciel. Qu’elle soit une fête pour le premier et le dernier d’entre nous, et un signe de ta puissance. Nourris-nous ; tu es le plus libéral des dispensateurs.

Le Seigneur exauça sa demande et dit : Celui qui, après cette merveille, sera incrédule, subira le supplice le plus terrible qu’éprouva jamais aucune créature.

Dieu ayant demandé à Jésus, fils de Marie, s’il avait commandé aux hommes de l’adorer lui et sa mère comme des dieux ; Seigneur, répondit-il, leur aurais-je ordonné un sacrilège ? Si j’en étais coupable, ne le saurais-tu pas ? Tu connais ce qui est dans mon cœur, et j’ignore ce que voile ta majesté suprême. La connaissance des mystères n’appartient qu’au Très-Haut.

Je ne leur ai fait entendre ma voix que pour leur annoncer tes commandemens. Je leur ai dit : Adorez Dieu, mon Seigneur et le vôtre. J’ai été témoin auprès d’eux, tant que j’ai resté sur la terre. Lorsque la mort est venue par ton ordre trancher le fil de mes jours, tu as été leur gardien. Tu es le témoin universel. Si tu les punis, ils sont tes serviteurs ; si tu leur pardonnes, tu es puissant et sage.

Le Seigneur dit : Au jour du jugement, la justice sera utile à ceux qui l’auront pratiquée ; ils entreront dans les jardins où coulent des fleuves ; ils y demeureront éternellement. Dieu a mis en eux ses complaisances. Ils trouveront en lui leur bonheur. Ils jouiront de la souveraine béatitude.

Dieu est le souverain des cieux et de la terre, et de tout ce qu’ils renferment. Rien ne saurait limiter sa puissance.



  1. Ce chapitre est intitulé Fatahat, Introduction. Les auteurs sont incertains sur le lieu où il a été donné. Les uns veulent que ce soit à la Mecque, les autres à Médine. Nous avons suivi le sentiment le plus accrédité des auteurs arabes.
  2. Besm ellah elrohman elrahim. Au nom de Dieu clément et miséricordieux. Cette formule est à la tête de tous les chapitres. Elle est expressément recommandée dans le Coran. Les mahométans la prononcent lorsqu’ils égorgent un animal, au commencement de leur lecture et de leurs actions importantes. Elle est pour eux ce que le signe de la croix est pour les chrétiens.

    Giaab, un de leurs auteurs célèbres, dit que lorsque ces mots furent envoyés du ciel, les nuages s’enfuirent du côté de l’Orient, les vents s’apaisèrent, la mer fut émue, les animaux dressèrent leurs oreilles pour entendre, les démons furent précipités des sphères célestes, etc.

  3. Ces lettres, disent les commentateurs du Coran, sont des caractères mystérieux dont il ne faut point chercher à pénétrer le sens. Ils sont persuadés que Dieu n’en a révélé la connaissance qu’à leur prophète, et qu’ils seront toujours inconnus au reste des mortels. Gelaleddin. Taleb.
  4. On doit entendre par ces mots, des femmes qui ne seront point sujettes aux taches naturelles, des Vierges aux yeux noirs, qui n’enfanteront point, et seront exemptes des besoins qu’on éprouve sur la terre, excepté de celui d’aimer. Gelaleddin Elhacan.
  5. Dieu choisit Adam pour être son vicaire sur la terre, et pour enseigner les préceptes divins à sa postérité. Il le créa de la superficie de la terre. Il en prit une poignée, où étaient rassemblées les diverses couleurs qu’elle contient, et la mêla avec différentes eaux. Lorsqu’il en eut formé la figure d’un homme, il l’anima de son souffle, et la matière devint un être sensible. Gelaleddin.
  6. Les docteurs musulmans nous représentent les génies comme des êtres qui tiennent le milieu entre les esprits célestes et les hommes. Eblis, cet ange superbe qui se révolta contre l’Éternel, fut leur père. Ils habitaient la terre avant la création d’Adam. L’ayant souillée de leurs crimes, Dieu envoya contre eux les anges qui les forcèrent à se retirer dans les îles et sur le sommet des montagnes. Gelaleddin.
  7. Une partie des habitans d’Aïla, ville située sur les bords de la mer Rouge, s’étant obstinés à pêcher le jour du sabbat, malgré les représentations de leurs concitoyens, furent maudits par David, et transformés en singes. Ils demeurèrent trois jours dans cet état ; ensuite un vent violent les précipita dans la mer. Abulfeda rapporte cette phrase accréditée parmi les musulmans.
  8. Hammiel, un des plus riches d’entre les Israélites, ayant été tué, ses parens conduisirent à Moïse les prétendus meurtriers. Ils nièrent le fait. On n’avait point de témoins. La vérité était difficile à découvrir. Dieu ordonna d’immoler une vache avec les conditions requises. On toucha le cadavre avec la langue de la victime. Il revint à la vie, se leva, prononça le nom de son meurtrier, et mourut de nouveau. Abulfeda.

    Les Arabes ont puisé cette histoire dans le Pentateuque, où Dieu commande d’immoler une vache rousse, d’un âge formé, sans tache, et qui n’ait point porté le joug. On brûlait la victime, et ses cendres mêlées avec de l’eau servaient à purifier ceux qui avaient touché un cadavre. Num. chap. 19. Maracci.

  9. Par l’esprit de sainteté, les auteurs musulmans entendent Gabriel. Nous lui avons donné Gabriel pour gardien ; il le sanctifiera et l’accompagnera partout où il portera ses pas. Gelaleddin.
  10. Jahia explique ainsi ce passage : Les démons avaient écrit des livres de magie, et les avaient enfouis sous le trône de Salomon. Après sa mort ils les en tirèrent, et voulurent persuader aux amis de ce prince que c’était par leur moyen qu’il commandait aux génies et aux vents. Leur artifice fut inutile ; mais le peuple les crut et acheta les livres de magie.

    Harut et Marut, choisis parmi les anges, avaient été envoyés à Babylone pour exercer la justice sur la terre. Ils jugèrent les mortels avec équité jusqu’au temps où Vénus, dans tout l’éclat de sa beauté, vint plaider devant eux, contre son mari. Les deux anges, éblouis de tant de charmes, éprouvèrent des désirs, et le témoignèrent à la déesse. Vénus s’envola. Les coupables, bannis du ciel, furent condamnés à expier leur crime à Babylone, jusqu’au jour de la résurrection. Elhaçan.

    Ebn Abbas met moins de merveilleux dans cette histoire. Il dit que ces anges étaient deux mages qui enseignaient la magie, et que Vénus, qui vint plaider devant eux était une femme d’une rare beauté. Telles sont les opinions des mahométans au sujet de Harut et de Marut.

  11. Ce fut de leur faire voir Dieu manifestement. Gelaleddin. Jahia.
  12. Purifiez mon temple. Les descendans d’Abraham et d’Ismaël perdirent l’idée d’un Dieu unique. Ils révéraient encore le temple de la Mecque comme l’ouvrage de ces deux patriarches : mais ils avaient placé à l’entour et dans son enceinte des idoles auxquelles ils rendaient des honneurs divins. Mahomet les renversa et rétablit le culte d’un seul Dieu.
  13. La fondation du temple de la Mecque se perd dans la nuit des temps. Elle est environnée de fables pieuses révérées des mahométans, comme des histoires sacrées. Si l’on en croit un grand nombre d’auteurs arabes, la Caaba, c’est-à-dire la Maison carrée, apportée du ciel par les anges, fut placée à la Mecque. Ils y venaient faire leur adoration deux mille ans avant Adam, qui en fit quarante fois le pèlerinage à pied du fond de l’Inde. Lorsque Dieu envoya le déluge, il enleva la Maison sainte au quatrième ciel. Dans la suite, un ange en apporta le dessin à Abraham et à Ismaël. Ils bâtirent le temple Haram sur ce modèle. Pendant qu’ils travaillaient à l’élever, Gabriel leur apporta du ciel la fameuse pierre noire si vénérée des musulmans. C’était alors une hyacinthe blanche ; mais, une femme qui n’était pas pure l’ayant touchée, elle perdit son éclat et devint noire. Zamchascar.
  14. Musulmans vient du mot arabe meslemoun, consacrés à Dieu ; c’est la vraie signification de ce mot ; c’est celle qu’on doit lui donner dans cet endroit. Dans la suite elle s’est étendue, et maintenant on appelle musulmans tous les peuples qui suivent la religion de Mahomet.
  15. Il en est de même du mot islamisme. Il vient d’elam et signifie simplement consécration à Dieu. Dans la suite on a entendu par islamisme la religion mahométane, dont les principes fondamentaux sont la croyance en un seul Dieu dont Mahomet est le prophète, la prière, l’aumône, le pèlerinage de la Mecque, et le jeûne du mois de Ramadan.
  16. Mahomet prétend que sa mission avait été prédite dans le Pentateuque, mais que les juifs animés par l’envie cachaient les oracles du ciel.
  17. Le mot Haram signifie défendu. Voyez la vie de Mahomet, deuxième année de l’Hégire.
  18. Safa et Merva, collines à peu de distance de la Mecque, sont consacrées par la religion. Voyez vie de Mahomet, au pèlerinage de l’adieu.
  19. Le Coran était écrit sur la table gardée au septième ciel. Gabriel le recueillit en un volume, et l’apporta à Mahomet ; mais il ne le lui révéla que par parties et dans l’espace de vingt-trois ans. Les docteurs musulmans ne sont pas d’accord du moment précis où l’ange l’apporta. Ils conviennent que ce fut une des dix dernières nuits du mois de Ramadan. Zamchascar. Ce mois est consacré à l’abstinence. Pendant tout ce temps, les mahométans ne prennent aucune nourriture, ne boivent ni ne fument depuis le lever de l’aurore jusqu’au coucher du soleil. Ce jeune, si rigoureux pour le peuple, est observé à la rigueur. Un musulman qui le romprait publiquement courrait risque d’être lapidé. Les riches éludent le précepte. Ils passent la nuit en festins, et dorment le jour.
  20. Lorsque les Arabes revenaient du pèlerinage de la Mecque, ils se croyaient sanctifiés ; ils regardaient comme profane la porte par où ils avaient coutume d’entrer dans leurs maisons, et en faisaient ouvrir une au côté opposé. Mahomet condamne cet usage ridicule.
  21. Les Orientaux sont dans l’usage de se raser la tête ; mais lorsqu’ils entreprennent le pèlerinage de la Mecque, ils laissent croître leurs cheveux jusqu’à l’accomplissement de leur vœu.
  22. Lorsqu’un mahométan a fait serment de ne plus avoir de commerce avec sa femme, il a quatre mois de délai pendant lesquels il peut se réconcilier avec elle. S’il laisse passer le terme, il est obligé de la répudier. Elle devient libre et peut former de nouveaux nœuds.
  23. La religion punit le mahométan qui a fait trois fois le serment de répudier une femme, en ne lui permettant de la reprendre qu’après qu’elle a passé dans la couche d’un autre homme. Le coupable qui se trouve dans cette fâcheuse circonstance tâche d’éluder la loi. Il cherche un ami sur la discrétion duquel il puisse compter, l’enferme avec son épouse en présence de témoins, et attend en tremblant l’événement incertain. L’épreuve est dangereuse. Si l’officieux ami dit en sortant qu’il répudie celle dont il est censé avoir été l’époux, le premier a droit de la reprendre ; mais si, oubliant l’amitié dans les bras de l’amour, il déclare qu’il la reconnaît pour sa femme, il l’emmène avec lui, et le mariage est valide.
  24. La peste ravageait Davardan, ville de Judée. La plupart des habitans prirent la fuite. Dieu leur dit : Mourez ; et ils moururent. Plusieurs années après il les ressuscita à la prière d’Ézéchiel ; mais ils conservèrent sur leurs visages les traces de la mort. Gelaleddin. Dans ce verset, Mahomet fait allusion à la vision d’Ezéchiel. Ch. 37.
  25. Cette arche merveilleuse, envoyée du ciel à Adam, fut transmise aux enfans d’Israël : Les Amalécites les ayant vaincus, s’en emparèrent. Ils la portaient à la tête de leurs armées, et elle était pour eux le gage de la victoire. Elle renfermait un dépôt sacré, la chaussure et la baguette de Moïse, la tiare d’Aaron, un vase plein de la manne céleste, et les fragmens des tables de la loi. Les anges la portèrent à travers les airs, et vinrent la déposer aux pieds de Saül. Gelaleddin. Telles sont les fables que les écrivains orientaux racontent au sujet de l’arche d’alliance.
  26. Les interprètes du Coran disent que ce voyageur est Ozaïr. Monté sur un âne, tenant en main un panier de figues et un vase rempli de vin, il passait près des ruines de Jérusalem détruite par les Chaldéens. Ayant formé ce doute injurieux à la puissance divine, il fut puni de mort. Dieu le ressuscita cent ans après, et lui montra sa nourriture et sa boisson préservées des injures du temps. Ensuite il lui fit remarquer les os de son âne qui blanchissaient la terre. À la voix du Tout-Puissant, ils se couvrirent de chair, se réunirent, et l’animal, rendu à la vie, se mit à braire. Maracci.
  27. Les oiseaux sur lesquels Dieu opéra le miracle furent un paon, un aigle, un corbeau et un coq. Abraham dispersa leurs membres, et garda les têtes près de lui. À sa voix les membres se réunirent et vinrent retrouver leurs têtes. Gelaleddin. Ces fables pieuses, accréditées par l’ignorance, sont regardées par les mahométans comme des histoires dont la vérité est incontestable.
  28. Suivant les mahométans, la religion que tous les apôtres ont reçue du ciel est l’islamisme. Elle est fondée sur l’unité de Dieu. Gelaleddin.
  29. Ce verset fut révélé à l’occasion de deux juifs adultères qui se soumirent au jugement de Mahomet. Il prononça qu’ils devaient être lapidés. Les coupables rejetaient sa sentence. On apporta le Pentateuque, et l’on y trouva écrite la peine portée contre eux. Les juifs furent lapidés, et leur supplice indigna toutes leurs tribus.
  30. Lorsque Dieu donna les tables de la loi à Moïse sur le mont Sinaï, il fit paraître devant lui les âmes de tous les prophètes, et forma avec elles une alliance. Elles s’engagèrent à n’adorer jamais qu’un Dieu, et il leur promit à ce prix son assistance. C’est le sentiment des docteurs musulmans et des talmudistes. Marracci.
  31. Jacob étant tombé malade s’interdit la chair du chameau.
  32. La pierre sur laquelle se reposa Abraham lorsqu’il bâtit le temple, l’empreinte de ses pieds que le temps n’a pu effacer, l’asile inviolable qu’il offre à tous ceux qui pénètrent dans son enceinte, telles sont les merveilles que décrit Gelaleddin. Je ne puis m’empêcher de rapporter ici un fait qui prouve combien la prévention agit puissamment sur les esprits. On conserve dans une mosquée du vieux Caire une pierre où l’on dit qu’est gravée l’empreinte du pied de Mahomet. Cette relique précieuse est confiée à la garde d’un prêtre qui la montre à ceux qui peuvent lui faire un léger présent. Elle fait sa richesse. Pour l’accréditer il a soin de publier les miracles qui s’y opèrent. Des femmes de négocians français voulurent voir ce monument merveilleux. Elles y parvinrent à la faveur d’un habillement semblable à celui des Turques, et sous lequel il est difficile d’être reconnu. Le prêtre leur découvre la relique et y répand des parfums. Il les invite à repaître leurs yeux de l’empreinte sacrée. Elles regardent, elles considèrent avec attention ; mais elles n’aperçoivent aucune forme de pied. Cependant le gardien leur disait : Voyez ces traits, voyez ces doigts ; ah ! c’est bien là le pied de Mahomet. Des femmes turques répétaient avec admiration : Ah ! c’est bien là le pied de Mahomet. La vérité est que cette pierre n’offre rien de semblable.
  33. C’est le camp qu’il prépara sur le penchant du mont Ahed, à six milles de Médine. Voyez la vie de Mahomet, troisième année de l’hégire.
  34. Voyez la vie de Mahomet, seconde année de l’hégire.
  35. Le butin.
  36. Le jour où se livra le combat d’Ahed, Abdallah et trois soldats effrayés par le nombre des ennemis, s’en retournèrent sans combattre. (Vie de Mahomet.)
  37. Lorsque ce verset descendit du ciel, la plupart des Arabes avaient huit et dix femmes. Ils les traitaient souvent avec injustice. Gelaleddin. La polygamie a été établie de tous temps en Orient. Mahomet l’a resserrée dans des bornes plus étroites.
  38. Lorsque vous les avez répudiées.
  39. Cinquante coups de fouet et six mois d’exil.
  40. Suivant les mahométans, ce sera un des châtimens des réprouvés.
  41. Gebet et Tagot étaient deux des idoles adorées par les Coreïshites.
  42. Les juifs reprochaient à Mahomet d’avoir plusieurs femmes, et ils prétendaient que s’il eût été prophète, il aurait vécu dans le célibat. Gelaleddin leur oppose l’exemple de David et de Salomon qui eurent un grand nombre de femmes.
  43. Cette somme est le prix de cent chameaux. Gelaleddin.
  44. Les Arabes croyaient que les anges étaient les filles de Dieu. Ils leur rendaient des honneurs divins. Les habitans de la Mecque adoraient particulièrement trois déesses, Lata, Oza et Menat.
  45. Mahomet reprend la superstition des Mecquois qui coupaient l’extrémité des oreilles du dixième faon d’une femelle de chameau, et le regardaient comme un animal sacré. Jahia.
  46. Les victimes que l’on conduit à la Mecque pour y être immolées, sont ornées de feuillage, de fleurs et de banderolles.
  47. Les chefs du temple de la Mecque conservaient sept flèches sacrées sur lesquelles étaient gravés certains signes. Lorsqu’on allait les consulter, il les agitaient de leur souffle, et d’après leurs mouvemens, ils prononçaient des oracles. Gelaleddin.
  48. Ces fils sont Cabel et Habel. L’un offrit un bélier, l’autre des fruits. Le feu du ciel consuma l’offrande d’Habel. Celle de son frère fut rejetée. Gelaleddin. Caïn est appelé Cabel par tous les auteurs arabes. Ce mot, qui veut dire le premier, est peut-être son nom propre. Le surnom de Caïn, qui signifie traître, lui aura été donné dans la suite. Il paraît de même qu’Habel n’est qu’un surnom. En effet, il rappelle le triste événement qui jeta la famille d’Adam dans le deuil, et signifie proprement, il a laissé par sa mort une mère dans les larmes.
  49. Autrefois on coupait la main à un homme qui avait volé quatre écus, ou une somme plus considérable. Pour un second larcin, il devait perdre le pied gauche, ensuite la main gauche, enfin le pied droit. Gelaleddin. Cette loi n’est guère en usage parmi les Turcs. La bastonnade est la peine ordinaire du vol. Souvent aussi on coupe la tête au voleur. Ce crime est bien rare dans les villes de Turquie ; mais le défaut de police le rend fréquent sur les grands chemins, et surtout dans le désert.
  50. Ce verset fut révélé à l’arrivée des ambassadeurs du roi d’Éthiopie. Mahomet leur ayant lu un chapitre du Coran, ils versèrent des larmes de joie, et se firent musulmans. Gelaleddin. Ces ambassadeurs étaient chrétiens avant d’embrasser l’islamisme.
  51. Gelaleddin pense que le prophète défend seulement l’excès du vin ; qu’il est permis d’en boire, pourvu qu’on ne s’enivre pas. Jahia et les autres commentateurs du Coran croient que la défense est absolue. Dieu détournera pendant quarante jours ses regards du mahométan qui aura bu du vin ; et s’il s’est enivré, le Seigneur ne recevra son repentir qu’après quarante jours. Si le coupable meurt pendant cet espace de temps, il sera traité comme les idolâtres, et abreuvé de poison. Mohammed, fils d’Abuhamid. La défense du vin est mieux observée en Égypte que dans les autres parties de l’empire ottoman. Partout ailleurs, les Turcs violent le précepte sans scrupule et sans crainte.
  52. Les mois sacrés sont moharram, rajeb, delcaada, delhajj. On les appelle sacrés, parce que pendant ce temps la chasse et la guerre sont défendues.
  53. Bahira, Saïba et Vasila étaient trois femelles de chameau consacrées aux dieux. La crème du lait de la première servait à leur faire des libations. Les deux autres étaient libres, ne portaient aucuns fardeaux, et ne devaient point souffrir l’approche du mâle. Ham était le nom d’un chameau qui, après avoir couvert une femelle, restait libre pendant un certain temps. Elbokar. Mahomet abolit ces usages enfantés par la superstition.