Déclaration d’indépendance de l’État de Palestine

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État de Palestine
Déclaration d’indépendance de l’État de Palestine
UNESCO (p. 13-15).

ANNEXE I

DECLARATION D’INDEPENDANCE

Terre des messages divins révélés à l’humanité, la Palestine est le pays natal du peuple arabe palestinien. C’est là qu’il a grandi, qu’il s’est développé et s’est épanoui. Son existence nationale et humaine s’y est affirmée dans une relation organique ininterrompue et inaltérée entre le peuple, sa terre et son histoire.

Par cet enracinement inébranlable, dans le temps et dans l’espace, le peuple palestinien a forgé son identité nationale et a porté son acharnement à la défendre jusqu’à accomplir l’impossible. En dépit de la fascination exercée par cette terre ancienne et des convoitises engendrées par sa position névralgique à la croisée des civilisations et des puissances, en dépit des visées, des ambitions et des invasions qui ont empêché le peuple arabe palestinien de réaliser son indépendance politique, l’attachement permanent de ce peuple à sa terre a donné à celle-ci son identité et insufflé au peuple son amour de la patrie.

Nourri par la succession des civilisations et la diversité des cultures, inspiré par ses traditions spirituelles et temporelles, le peuple arabe palestinien s’est développé tout au long de son histoire dans une complète unité entre l’homme et son sol. C’est des mosquées, des églises et des synagogues de cette terre bénie où se sont succédé les prophètes que se sont élevés les louanges du Créateur et les cantiques de la miséricorde et de la paix.

De génération en génération, le peuple arabe palestinien n’a jamais cessé de défendre vaillamment sa patrie et ses révoltes successives ont héroïquement incarné sa volonté d’indépendance nationale.

Alors que le monde contemporain entreprenaîit de forger ses nouvelles valeurs, les rapports de force régionaux et internationaux excluaient les Palestiniens du destin commun, et il apparut, une fois encore, que la justice n’était pas capable à elle seule de faire tourner la roue de l’histoire.

À la blessure béante au flanc du peuple palestinien privé de son indépendance et soumis à une occupation d’un type nouveau vint s’ajouter la tentative d’acréditer le slogan mensonger d’une Palestine, « terre sans peuple ». Malgré cette falsification historique, la communauté internationale, par l’article 22 du Pacte de la Société des Nations adopté en 1919, et par le Traité de Lausanne signé en 1923, reconnaissait que le peuple arabe palestinien, à l’instar des autres peuples arabes détachés de l’empire ottoman, était un peuple libre et indépendant.

En dépit de l’injustice historique infligée au peuple arabe palestinien, qui a été dispersé et privé de son droît à l’autodétermination du fait de l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies de sa résolution 181 (1947) partageant la Palestine en deux Etats, l’un arabe et l’autre juif, cette résolution offre aujourd’hui encore les bases de la légitimité internationale qui consacre le droit du peuple arabe palestinien à la souveraineté et à l’indépendance nationale.

L’occupation par les forces israéliennes de la terre de Palestine et d’autres territoires arabes, le déracinement de la majorité du peuple palestinien et son expulsion par le terrorisme organisé, l’assujettissement de ceux qui étaient restés dans leur patrie à l’occupation, à l’oppression et à la destruction des fondements de leur vie nationale, constituent autant de violations flagrantes des principes de la légalité internationale et de la Charte des Nations Unies et des résolutions des Nations Unies qui reconnaissent les droits nationaux du peuple arabe palestinien, y compris son droit au retour, à l’autodétermination, à l’indépendance et à la souveraineté sur son sol national.

Au cœur de la patrie et autour d’elle, dans les terres d’exil proches ou lointaînes, jamais le peuple arabe palestinien n’a perdu sa foi inébranlable en son droit au retour et à l’indépendance. Ni l’occupation, ni les massacres, ni la dispersion n’ont réussi à priver le Palestinien de sa conscience et de son identité. Il a continué son combat acharné, approfondissant sa personnalité nationale à mesure que sa lutte se développait. Cette volonté nationale s’est forgée un cadre politique : l’Organisation de libération de la Palestine, seul représentant légitime du peuple palestinien, reconnue par la communauté internationale représentée par l’Organisation des Nations Unies et ses divers organes, ainsi que par les autres organisations régionales et internationales. Convaincue des droits inaliénables du peuple arabe palestinien et s’appuyant sur le consensus de la nation arabe ainsi que sur la légitimité internationale, l’Organisation de libération de la Palestine a conduit les combats de son grand peuple, soudé dans une unité nationale exemplaire et une résistance sans faille aux massacres et à l’encerclement, à l’intérieur comme à l’extérieur de sa patrie. Cette admirable résistance palestinienne s’est imposée à la conscience arabe et internationale comme l’un des mouvements de libération nationale les plus remarquables de notre temps.

Le grand soulèvement populaire, l’Intifada, en plein essor dans les territoires occupés, comme l’opiniâtre résistance menée dans les camps à l’intérieur et à l’extérieur de la patrie, ont permis à l’humanité entière de mieux percevoir et comprendre la réalité palestinienne et les droits nationaux palestiniens. Le rideau est finalement tombé sur toute une époque de falsification et de sommeil des consciences. L’Intifada a mis dans une situation intenable la mentalité israélienne officielle, accoutumée à s’en remettre à la fabulation et à la terreur pour nier l’existence nationale palestinienne.

Avec l’Intifada et l’expérience révolutionnaire accumulée, l’histoire palestinienne est parvenue à un tournant décisif. Le peuple arabe palestinien affirme à nouveau ses droits inaliénables et sa volonté de les exercer sur le sol palestinien.

En vertu du droit naturel, historique et légitime du peuple arabe palestinien à sa patrie, la Palestine, et des sacrifices des générations successives de Palestiniens pour la défense de la liberté et de l’indépendance de leur patrie, S e fondant sur les résolutions des sommets arabes et sur la légitimité internationale qu’incarnent les résolutions adoptées par l’Organisation des Nations Unies depuis 1947,

Exerçant le droit du peuple arabe palestinien à l’autodétermination, à l’indépendance politique et à la souveraineté sur son sol,

Le Conseil national palestinien, au nom de Dieu et du peuple arabe palestinien, proclame l’établissement de l’Etat de Palestine sur notre terre palestinienne, avec pour capitale Jérusalem (Al-Qods al-Charif).

L’Etat de Palestine est l’Etat des Palestiniens où qu’ils se trouvent. C’est dans cet Etat que doit s’épanouir leur identité nationale et culturelle et qu’ils doivent jouir de la pleine égalité des droits. C’est dans cet Etat que seront sauvegardées leurs convictions religieuses et politiques et leur dignité humaine, dans le cadre d’un système de gouvernement parlementaire démocratique reposant sur la liberté d’opinion et la liberté de créer des partis, sur le respect par la majorité des droits des minorités et par les minorités des décisions de la majorité, et sur la justice sociale, l’égalité et la non-discrimination en ce qui concerne les droits publics, sans distinction de race, de religion, de couleur ou de sexe, en vertu d’une constitution garantissant la primauté du droit et l’indépendance de la justice et sur la base d’une fidélité sans faille aux traditions spirituelles et culturelles séculaires de tolérance mutuelle et de coexistence paisible des religions en Palestine.

L’Etat de Palestine est un Etat arabe. Il fait partie intégrante de la nation arabe, dont il partage le patrimoine et la civilisation et dont il partage également les aspirations à la liberté, au progrès, à la démocratie et à l’unité. L’Etat de Palestine, affirmant son adhésion à la Charte de la Ligue des Etats arabes et sa volonté de renforcer l’action commune arabe, demande instamment aux fils de la nation arabe de l’aider à achever le processus amorcé par sa naissance, en mobilisant leur potentiel et en intensifiant leurs efforts en vue de mettre fin à l’occupation israélienne.

L’Etat de Palestine proclame son adhésion aux principes et aux objectifs de l’Organisation des Nations Unies et à la Déclaration universelle des droits de l’homme ainsi qu’aux principes et à la politique du Mouvement des non-alignés.

L’Etat de Palestine déclare en outre qu’il est un Etat épris de paix et attaché aux principes de la coexistence pacifique. Il coopérera avec tous les Etats et les peuples pour instaurer une paix durable fondée sur la justice et le respect des droits, qui permettra l’épanouissement des potentialités créatrices de l’humanité et une concurrence utile au bien-être, dans un monde qui ne connaîtra plus la peur du lendemain, car les lendemains ne promettent que paix et sécurité à ceux qui sont justes ou ont retrouvé le sens de la justice.

Dans le contexte de sa lutte pour la paix sur la terre de l’amour et de la paix, l’Etat de Palestine demande à l’Organisation des Nations Unies, qui assume une responsabilité particulière à l’égard du peuple arabe palestinien et de sa patrie, ainsi qu’à tous les peuples et tous les Etats épris de paix et de liberté, de l’aider à atteindre ses objectifs, à mettre un terme à la tragédie dont son peuple est victime, à assurer sa sécurité et à mettre fin à l’occupation des territoires palestiniens par Israël.

L’Etat de Palestine déclare à cet égard qu’il croit au règlement des différends régionaux et internationaux par des moyens pacifiques, conformément à la Charte et aux résolutions des Nations Unies. Sans préjudice de son droit naturel de défendre son territoire et son indépendance, il rejette la menace ou l’emploi de la force, de la violence ou du terrorisme contre son intégrité territoriale ou son indépendance politique, de même que contre l’intégrité territoriale de tout autre Etat.

En ce 15 novembre 1988, jour à nul autre pareil, alors que nous nous trouvons au seuil d’une ère nouvelle, nous nous inclinons avec déférence et humilité devant la mémoire de nos martyrs et de ceux de la nation arabe, dont le sacrifice généreux a illuminé notre horizon et qui sont morts pour que vive la patrie. Nous élevons nos coeurs pour qu’ils s’emplissent de la lumière qui émane de l’Intifada bénie, de l’héroïsme de ceux qui résistent dans les camps et dans les lieux de la dispersion et de l’exil, de ceux qui portent l’étendard de la liberté : nos enfants, nos anciens, nos jeunes gens, nos prisonniers, nos détenus et nos blessés, sur la terre sacrée et dans chaque camp, chaque village et chaque ville, et la femme palestinienne, héroïque gardienne de notre pérennité, de notre existence, de la flamme éternelle de notre peuple. Aux âmes de nos nobles martyrs, à l’ensemble de notre peuple arabe palestinien, à notre nation arabe, à tous ceux qui vivent dans la liberté et l’honneur, nous faisons le serment de poursuivre la lutte pour mettre fin à l’occupation et asseoir notre souveraineté et notre indépendance. Nous demandons à notre grand peuple de sa rallier au drapeau palestinien, d’en être fier et de le défendre, pour qu’il demeure à jamais le symbole de notre liberté et de notre dignité dans une patrie qui ne cessera jamais d’être une patrie libre, pour un peuple libre.

Au nom de Dieu clément et miséricordieux

Dis : O Dieux ! Souverain du Royaume : Tu donnes la royauté à qui Tu veux et Tu enlèves la royauté à qui Tu veux. Tu honores qui Tu veux et Tu abaiïisses qui Tu veux. Le bonheur est dans Ta main, Tu es, en vérité, puissant sur toute chose.