De la rage communiquée chez le chien

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ÉCOLE NATIONALE VÉTÉRINAIRE DE TOULOUSE


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DE LA


RAGE COMMUNIQUÉE


CHEZ LE CHIEN


PAR


Gustave JOUET

De FONS (Gard).


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THÈSE


POUR LE DIPLÔME DE MÉDECIN-VÉTÉRINAIRE


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CASTRES
TYPOGRAPHIE DU PROGRÈS
12, rue monfort, 12


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1877



À MON GRAND-PÈRE






À MON PÈRE, À MA MÈRE






À MES FRÈRES




À MES PROFESSEURS




AVANT-PROPOS




Parmi les auteurs qui se sont occupés de la rage, chez les animaux des genres félis et canis, les uns admettent la spontanéité de cette affection, les autres la nient. Nous ne rechercherons pas de quel côté se trouve la vérité, puisque cette question est en dehors du cadre que nous nous sommes tracé.

Si l’apparition spontanée de la maladie fait encore le sujet de quelques doutes, il n’en est pas de même de la rage dite communiquée. Les exemples journaliers qu’elle nous offre, attestent malheureusement sa trop grande fréquence.

Les nombreux travaux relatifs à la rage, ne nous apprennent rien de positif sur ce qui concerne cette maladie. Tous les prétendus traitements curatifs employés jusques à aujourd’hui l’ont été sans succès ; il existe à peine un moyen préservatif ; lequel bien que rationnel reste sans effet, s’il n’est pas employé avant que le virus ait été absorbé. Je veux parler de la cautérisation des plaies, immédiatement après la morsure d’un animal enragé.

Comme on le voit, les remèdes savent encore bien peu nous protéger contre la rage. Il importe donc de pouvoir éviter la contagion. Comment y arrivera-t-on ? Par la connaissance exacte de ce qui a trait aux symptômes de l’affection. Cette connaissance en effet, nous mettra à même d’apprécier la physionomie d’un chien, qui va devenir enragé et nous permettra, de nous rendre maître de cet animal, avant qu’il cherche à nous nuire. La meilleure prophylaxie de la rage, nous étant fournie par ce moyen, nous ne négligerons rien, pour le présenter clairement et avec tous les détails qu’il comporte. Mais la contagion nous occupera avant cette étude symptomatologique que nous ferons suivre d’un exposé, sur ce qui a trait aux lésions et à la nature du mal. Nous aborderons ensuite, ce qui est relatif au traitement et à la police sanitaire de l’affection.


G. J.




DE LA RAGE COMMUNIQUÉE CHEZ LE CHIEN




On donne le nom de rage, à une maladie virulente, se développant spontanément sur les animaux des genres chien et chat, contagieuse à tous nos animaux domestiques et à l’homme, à marche rapide et incurable.

La rage possède un virus : c’est le virus rabique. On appelle virus, d’une manière générale, un principe inconnu dans sa nature, ayant la propriété de faire développer dans les organismes où il est introduit, d’une manière quelconque, la maladie qui lui a donné naissance. Cette reproduction de l’affection constitue la contagion, dont nous allons nous occuper.


CONTAGION


On nomme ainsi, la transmission de la maladie d’un organisme malade, à un organisme sain, par contact médiat ou immédiat.

La contagion de la rage, offre à l’étude plusieurs points, que nous allons examiner successivement.

Et d’abord :

Quel est le véhicule du virus rabique ?

Il est hors de doute, que la salive jouit au plus haut degré, de la propriété de transmettre la maladie. Cette propriété de la salive existe tant que vit l’animal enragé. Peu après sa mort, (environ vingt—quatre heures après), alors que la raideur cadavérique envahit le sujet, la salive perd complétement ses propriétés virulentes. Il en est de même de toutes les autres matières animales qui pourraient renfermer le contage. Aussi, peut-on répéter avec raison, le vieil adage : morte la bête. mort le venin.

Il est donc reconnu que la salive est virulente. L’est-elle exclusivement, ou bien quelque tissu, quelque liquide, ou tous les éléments de l’organisme, en un mot, jouissent-ils de la même propriété ?

Le sang parait aussi être virulent. Les expériences de M. Eckel et de M. Lafosse, entreprises à ce sujet n’ont rien de bien concluant. Cependant M. Canillac cite un fait qui semble accorder pleinement au fluide sanguin cette triste propriété. Ce vétérinaire rapporte l’exemple d’une vache devenue enragée, après avoir été mordue par un chien atteint de la même affection. La parturition ayant eu lieu pendant la maladie, le veau qu’elle mit bas fut atteint de la rage, trois jours après sa naissance. M. Canillac ajoute, que des précautions avaient été prises, pour empêcher la mère de lécher son produit, lequel eut une autre nourrice jusqu’à l’apparition de sa maladie. Ce fait semblerait donc prouver, que le sang de la mère, en contact avec celui du fœtus pendant la gestation, aurait transmis la rage. Mais à ce fait on peut en opposer bien d’autres, établissant l’innocuité du sang ; telles sont les expériences de Breschet, Magendie, Dupuytren. Néanmoins, il est à présumer que ce liquide, dans la rage comme dans plusieurs autres maladies contagieuses, est imprégné de virus.

La chair des animaux enragés peut-elle être mangée sans danger ?

Si le sang. est virulent, comme on tend à le croire, il est évident que la chair l’est aussi ; cependant, comme on n’est pas encore bien fixé sur l’état de celui-là dans l’affection rabique, il importe de rapporter ce que l’expérience nous a fait connaître relativement aux propriétés de celle-ci, dans la même maladie.

Pour étau lier cette question, il est bon de considérer la viande crue et la viande cuite. Il est démontré, en effet, qu’un virus quelconque, porté à la température de soixante-dix degrés est neutralisé ; il n’y aurait donc pas de danger à manger de la chair provenant d’un animal enragé, si au préalable elle avait été convenablement chauffée. C’est ainsi que Lecamus a pu manger impunément de la chair cuite provenant d’un animal mort de la rage.

Pour ce qui est de la chair crue, il y a un réel danger à en manger, si, comme on le prétend, le sang est imprégné de virus rabique ; car, quoique les expériences de Renault tendent à prouver la neutralisation de ce même virus par les voies digestives, le fluide sanguin peut être absorbé, si la moindre plaie existe dans la bouche, et la mort peut s’en suivre.

Toutefois, il est probable que l’ingestion de la chair provenant d’un animal enragé est sans danger si la muqueuse buccale est parfaitement intacte. En effet, M. Decroix, vétérinaire militaire, a avalé à jeun, le 25 novembre 1863, un morceau de viande crue provenant d’un chien mort de la rage quelques heures auparavant et il affirme n’en avoir ressenti qu’une légère peur.

D’un autre côté, M. Lafosse fait manger à sept chiens et à un mouton, de la viande fraîche, provenant d’un bœuf, d’un mouton et d’un chien, tous animaux morts enragés. Sur un seul chien, ce professeur remarqua des symptômes ayant quelques analogies avec ceux de la rage, mais non une ressemblance complète.

Gohier a obtenu des résultats bien différents. Dans une première expérience il fait manger à un chien de la viande provenant d’un animal de son espèce, mort de la rage. Le sujet d’expérience meurt enragé.

Dans une deuxième expérience, il fait manger à deux chiens, de la viande de brebis enragées. L’un des chiens meurt enragé, l’autre résiste. Ces deux inoculations proviennent-elles de l’absorption du virus par les voies digestives, ou par des plaies existant dans la bouche de ces animaux, ou bien encore, cette rage est-elle spontanée ? On ne saurait répondre affirmativement à l’une quelconque de ces questions.

Nous venons d’énumérer, ce qui est connu, sur les effets de la chair des animaux enragés quand elle est mise dans les voies digestives. Il nous resterait maintenant à étudier ses effets, quand elle est mise au contact d’une autre surface absorbante ; mais, rien n’a été fait, que nous sachions, du moins, à ce sujet.

Quoiqu’il en soit, vu l’incertitude où l’on est encore sur ce qui regarde cette question on devra, par mesure de précaution, rejeter de la boucherie toute viande provenant d’animaux morts enragés. On pourrait cependant consommer sans danger la viande des animaux de boucherie, abattus alors que la maladie était encore à l’état d’incubation, en ayant soin toutefois de faire subir une cuisson convenable à la viande.

Le lait est-il virulent ?

La salive étant virulente on pourrait en inférer que la sécrétion lactée l’est également. L’expérience dément cette conclusion à priori.

Andry rapporte que pendant plus d’un mois, des paysans ont bu du lait d’une vache mordue par un chien enragé, sans en avoir été incommodés.

Un enfant, allaité par une chèvre jusqu’au moment où on reconnut la rage sur cet animal, ne fut pas affecté de la maladie.

Gellé a vu plusieurs personnes, user du lait d’une vache enragée jusqu’à la mort de celle-ci et rester dans un état de parfaite santé.

Les expériences de Valentin, de Baugmarten, de Baudot, fournissent un argument de plus en faveur de l’innocuité du lait.

Balthazar Thimmeus affirme bien qu’un paysan, sa femme, ses enfants et plusieurs autres personnes devinrent enragés pour avoir bu celui d’une vache morte avec tous les symptômes de la rage ; mais son observation ne mérite pas d’être prise en sérieuse considération, car il assure que le paysan et l’aîné de ses fils furent sauvés, grâce au remède qu’il leur fit prendre, tandis que onze personnes ne purent être arrachées à la mort.

Il est donc à peu près probable que ce liquide est tout à fait innocent.

Avant de quitter ce sujet, disons que personne jusqu’ici n’a fait la distinction entre le lait pur et celui qui est mélangé avec du café ou tout autre substance pouvant l’altérer plus ou moins. Il en est de même de celui qui a subi et de celui qui n’a pas subi d’ébullition.

On ne connaît pas encore les effets des autres produits de sécrétion, tel que le mucus, les larmes, les urines, provenant d’un sujet atteint de rage.

Le virus est-il contenu dans la transpiration pulmonaire.

On est tous les jours exposé à respirer l’haleine des chiens enragés et pourtant, on ne cite pas d’exemple de transmission de la maladie par l’exhalation pulmonaire. À l’École de Toulouse, il y a quelques années, les loges du chenil n’étaient séparées que par des cloisons en planches, laissant supérieurement un libre passage à l’air et communiquant toutes entre elles par conséquent. Jamais aucun cas de rage n’a été observé.

La sueur ne contient pas davantage le virus rabique. Ces sécrétions, comme toutes les sécrétions glandulaires, du reste, ont leur source dans le sang ; et pourtant la salive est virulente et elles ne le sont pas. En présence de faits semblables, on peut se demander si réellement le sang renferme le principe contagieux.

Contagion des espèces entre elles.

Longtemps on a cru que la rage des herbivores n’était pas contagieuse.[1] Des expériences nombreuses viennent prouver la fausseté de cette opinion. La rage des herbivores, en effet, a comme celle des carnivores, le caractère contagieux.

Nous allons aborder maintenant, un autre point, plein d’intérêt il est vrai, tuais bien obscur encore :

La rage est-elle transmissible pendant la période d’incubation ?

Cette question cumule toutes celles qui ont trait à la rage, du reste, a été et est encore le sujet de controverses ; néanmoins, l’opinion la plus généralement admise consiste à croire que le virus rabique n’est pas encore formé dans l’organisme, tant que la rage n’est qu’à la période d’incubation.

Baudot cite l’exemple d’une jeune fille, qui eut impunément des rapports avec un soldat, depuis le jour où celui-ci fut mordu par un chien enragé, jusqu’au moment où la rage se déclara.

Bouteille, Boissière et Rivollier citent également des observations de ce genre. Dans un cas il est constaté, que six heures avant l’apparition de la maladie, des rapports sexuels ont eu lieu, sans qu’il y ait eu propagation de l’affection en incubation. Nous avons, en ce moment, dans le chenil de l’École, depuis deux mois environ, deux jeunes chiens, nés d’une mère morte de la rage mue, peu de jours après leur naissance[2]. Jusqu’ici, ils n’ont encore présenté aucun symptôme de rage.

S’il est des faits, tendant à prouver que le contage n’est pas encore formé dans l’économie animale pendant l’incubation, il en est d’autres qui semblent les infirmer.

Chabert dit avoir vu une femme devenir enragée, pour avoir cohabité avec son mari, le soir même du jour où celui-ci fut mordu par un chien enragé.

Thamayhn, cite dix-huit cas de transmission à l’homme de la rage du chien. Les chiens qui l’avaient communiquée et qui semblaient être dans un état parfait de santé, au moment de la morsure, furent atteints de rage par la suite.

Les faits que nous venons de citer sont contradictoires ; aussi, on ne peut se prononcer affirmativement ni pour, ni contre. L’expérience seule est capable de trancher la question.

DEGRÉ DE CONTAGION DE LA RAGE


Tous les sujets mordus sont-ils fatalement condamnés à devenir enragés ? Non, car certaines causes interviennent parfois et empêchent l’absorption du virus rabique. Parmi ces causes nous devons citer pour l’homme, les habits ; pour les animaux, leur toison, leur fourrure. L’hémorrhagie abondante qui suit dans quelques cas les morsures peut encore s’opposer à l’absorption du contage ; enfin, il est des animaux qui sont en quelque sorte réfractaires à la rage. C’est ainsi qu’on a cité des chiens qui ont résisté pendant des années à toute tentative d’inoculation, ont été impunément mordus par des chiens enragés et cela dans les conditions les plus variées. — On a admis, dans certains cas, une différence d’action du virus, et l’on a observé fréquemment des chiens enragés qui ont communiqué le mal à la plupart des chiens qu’ils ont mordus, tandis que d’autres atteints de la même affection, ne l’ont transmise qu’exceptionnellement.

On admet, sans cependant l’avoir prouvé expérimentalement, que, durant les paroxysmes, le virus rabique a plus de force ; et que, durant les moments de calme, il y a comme un épuisement momentané du virus.

Le degré de contagion, c’est-à-dire les chances de terminaison funeste sont donc variables suivant le cas ; on a cependant établi une moyenne.

Ainsi M. Lafosse a constaté que sur 60 chiens ayant été mordus par des animaux de leur espèce et enragés, 21 seulement sont morts affectés de la rage.

À l’École d’Alfort, sur un nombre de 244 chiens mordus, 74 seulement ont contracté la maladie.

À Lyon, le rapport approximatif serait de 1 sur 5.

À l’École vétérinaire de Berlin, d’après le savant professeur Hertwig, sur 137 chiens mordus, 16 seulement ont contracté la rage.

Le degré de contagion, pour le chien, a donc varié entre un tiers et nu huitième.


INCUBATION


On désigne sous ce nom, le temps qui s’écoule depuis l’introduction du virus dans l’économie, jusqu’à l’apparition des premiers symptômes de la maladie, qu’il doit déterminer.

La durée de l’incubation du virus rabique est on ne peut plus variable. Telle est la conclusion qu’on lire des diverses statistiques recueillies à ce sujet.

M. Lafosse a vu que la durée la plus courte était de 5 jours, la plus longue de 155.

M. Bnuley a observé, sur 106 cas de morsures, suivies de l’apparition de la rage, que c’est durant les deux premiers mois qui suivent la morsure que les manifestations de la maladie sont les plus nombreuses : 73 cas sur 106. Sur les 33 autres animaux la maladie se déclare plus tardivement et ce n’est qu’après 240 jours que tous sont enragés, c’est-à-dire après une période de huit mois ; mais l’apparition de l’affection devient de plus en plus rare à mesure qu’on approche de ce terme extrême, de telle sorte, qu’au delà du centième jour, les accidents rabiques ne se comptent plus que par les chiffres un et deux.

Le temps que dure l’incubation n’a donc pas de limites précises, on peut dire toutefois, que c’est généralement du 40e au 60e jour après l’inoculation de la maladie, que celle-ci se déclare.


CONSERVATION DU VIRUS.


On cite des exemples de conservation du virus qui sont vraiment étranges.

Enaux et Chaussier rapportent que des personnes ont contracté la rage pour s’être servies de mouchoirs imprégnés de la salive de chiens enragés.

Des médecins auraient vu des chevaux, des moutons et des chèvres devenir enragés, après avoir mangé de la paille ayant servi de litière à des chiens enragés.

D’après Cœlius Aurélianus, une couturière serait devenue enragée, pour avoir décousu avec les dent, un habit porté par un homme mort de la rage.

La piqûre d’un couteau de chasse ayant servi à sacrifier un chien deux ans auparavant aurait pu faire développer l’affection.

On ne peut accorder une sérieuse valeur à ces faits, alors qu’on sait que le virus rabique perd toutes ses propriétés environ vingt-quatre heures après la mort de l’animal.

— Le virus s’épuise-t-il en passant dans plusieurs organismes ?

Le docteur Capello se prononce affirmativement ; mais les expériences de M. Rev, de Lyon, démontrent que le virus du chien conserve toute son activité. Ses effets sont toujours aussi prompts, malgré son passage dans plusieurs organismes. Ce virus, pris à une source unique, a pu se régénérer cinq fois sur le mouton.

— Comment se fait la contagion.

Le mot contagion, dans la maladie qui nous occupe, ne doit pas être pris dans son acception la plus générale. Le simple contact, en effet, est incapable par lui-même de produire la contagion. Pour que la maladie se transmette, il faut que la matière virulente de l’animal enragé soit déposée sur une surface susceptible de l’absorber. Cette absorption qui consiste dans le passage du virus de l’extérieur à l’intérieur de l’organisme par la voie du système circulatoire, peut avoir lieu, soit par une muqueuse, soit par la peau, soit par les surfaces traumatiques, comme nous l’enseigne la physiologie. Nous ne doutons pas que l’absorption du virus ne puisse se faite par une muqueuse fine, mais nous ne pensons pas que pareille chose ait lieu par la peau ; la salive est trop peu abondante pour cela. Du reste, on ne connaît aucun cas semblable de contagion de la rage.

C’est à l’aide de morsures, le plus généralement, que la maladie se propage, ou encore à l’aide de plaies sur lesquelles un chien enragé dépose de la salive. Les morsures les plus graves sont celles qui ne donnent que peu ou pas d’hémorragie. Une morsure qui occasionne une hémorrhagie abondante a beaucoup moins de gravité, par la raison bien simple, que le sang, en s’échappant de la plaie, peut entraîner le virus avec lui.


— Que devient le virus après son introduction dans l’organisme.


Marochetti, prétend qu’une huitaine de jours après l’inoculation, le virus est transporté sur les côtés du frein de la langue dans de petites vésicules qu’il désigne sous le nom de lysses. Après avoir séjourné vingt-quatre heures environ dans ces réservoirs spéciaux, le virus serait repris par le torrent circulatoire, transporté au cerceau, repris encore par le fluide sanguin, lequel le disséminerait alors dans toute l’économie. Ce serait à ce moment que l’on percevrait les premiers symptômes de la rage. Cette opinion n’a pas besoin d’être réfutée ; tout esprit sérieux doit voir qu’elle est contraire à nos lois physiologiques.

D’après les docteurs Berndt et Urbain, le virus rabique séjournerait dans la plaie. Il ne serait repris qu’au moment où surviendrait le prurit, le gonflement et l’ulcération de la cicatrice qui succède à la plaie. À ce moment aussi la maladie se déclarerait. Il ne sera pas besoin de nombreux arguments pour combattre cette théorie ; il nous suffira de dire que le plus souvent la rage communiqué apparaît sans qu’aucun phénomène se produise dans la cicatrice. De plus, par l’extirpation de la partie renfermant le virus et par une cautérisation profonde faite huit ou dix, jours après la morsure, on devrait obtenir la guérison, ce qui malheureusement n’a pas lieu.

SYMPTOMATOLOGIE DE LA RAGE


Rien n’est plus variable que le mode d’expression de la rage ; on pourrait dire que chaque sujet enragé à une physionomie spéciale en rapport avec sa constitution et se rapprochant plus ou moins d’un type déterminé. C’est sans doute à cause de cette grande variabilité dans la manifestation de la maladie quelles auteurs, tels que Hunauld, Pilger etc., ont admis six ou sept espèces de rage. De semblables divisions n’étant pas scientifiquement basées, nous les abandonnerons pour prendre celle qu’on admet généralement et qui comprend :

Des enragés furieux,
Des enragés muets,
Des enragés tranquilles.


RAGE FURIEUSE


Période initiale.


La rage débute avec les apparences d’une bénignité extrême. Le chien qui va devenir enragé éprouve des changements, des modifications dans ses habitudes. Tantôt il est triste, inquiet, surexcité, d’autres fois plus caressant. Ces perturbations murales se succèdent, de sorte que l’animal parait capricieux. Mais la maladie a déjà acquis son caractère contagieux, car, il ne faut pas croire, comme on l’admet généralement dans le vulgaire, que la présence du virus rabique dans l’organisme soit liée à l’existence du délire furieux, lequel n’apparaît qu’à la suite de la période initiale dons nous nous occupons.

Le sujet conserve encore le sentiment affectif qui lui est particulier ; ce sentiment : semble même s’être accru en lui. Loin de témoigner des désirs malfaisants, comme on est porté à le croire, il est plus doux, plus soumis. Il a surtout des tendances à lécher soit les murs, soit les habits, soit les mains du maître qu’il affectionne et auquel il peut facilement transmettre la terrible affection dont il est atteint, si sur la main ou d’autres organes léchés existent la moindre plaie, la moindre éraillure.

Le chien n’est pas encore agressif et n’a pas de tendance à fuir le logis de son maître. Si les personnes qui l’entourent étaient aptes à reconnaître la rage dans ce changement d’habitude, on pourrait prévenir la contagion de cette redoutable maladie. Le malaise que l’animal éprouve va bientôt modifier totalement ses habitudes. On va le voir devenir triste, somnolent, taciturne, se plaire dans la solitude et les lieux sombres.

La maladie fait de rapides progrès et ses symptômes deviennent de plus en plus caractéristiques. « Le chien dit Youatt, va, vient, rôde incessamment d’un coin à un autre ; continuellement il se lève, se couche et change de position de toutes les manières. Il dispose son lit avec ses pattes, le refoule avec son museau pour l’amonceler en tas sur lequel il semble se complaire à reposer sa poitrine ; puis tout à coup il se redresse et rejette tout loin de lui. S’il est enfermé dans une niche close, il ne reste pas un instant en repos et tourne incessamment d’un coin à un autre. S’il est en liberté, il semble à la recherche d’un objet perdu et fouille tous les coins et recoins de la chambre avec une violente ardeur qui ne se fixe nulle part. »

Le délire apparaît bientôt, accompagné d’hallucinations. Maintenant calme, il est bientôt après furieux, saute dans l’espace et mord un objet qu’il n’a que dans l’imagination.

Par intervalles, le chien fait entendre un cri sinistre, caractéristique, qui n’est ni l’aboiement, ni le hurlement. C’est le cri rabique. Son émission est entrecoupée. Elle est faite en deux temps, composés, l’un d’une note grave, l’autre d’une note aiguë, espèce de hurlement de cinq à six tons plus élevé que le commencement. Cette modification anormale de la voix est facile à reconnaître quand on l’a entendue seulement une fois. Elle glace d’épouvante tellement elle est étrange. L’affection qu’il portait à son maître va s’affaiblissant graduellement pour disparaître complètement à un moment donné. Il arrive quelquefois pourtant, et cela se voit surtout sur les chiens d’un naturel très-doux, que ce sentiment est conservé, au moins en partie, pendant toute la durée de la maladie. D’après M. Pouley, chez les chiens de montagne, de combat, de garde et tous ceux fort méchants en un mot, les sentiments affectifs disparaissent même dès le début de la période initiale et sont remplacés par une envie de mordre irrésistible.

Tous les sens sont hypéresthésiés.

L’ouïe est douloureusement impressionnée par les moindres bruits ou affaiblie pendant les hallucinations. Parfois on observe que l’oreille est le siège d’une violente douleur ou d’une vive démangeaison. — Le regard a changé de caractères, il est ordinairement triste, vague ou menaçant ; l’axe de l’œil se déplace assez souvent et se trouve alors engagé sous la paupière supérieure. La lumière impressionne fortement le globe oculaire ;il y a photophobie. La conjonctive est fortement infiltrée. — L’odorat éprouve des modifications notables. Tout le monde a pu remarquer avec combien de persistance un chien enragé flaire le sol. — Dans le début de la rage, la peau est, dans quelques cas, le siége de vives démangeaisons ; les points sur lesquels on les observe principalement sont aux oreilles ou au nez. Le prurit est quelquefois si intense que l’on peut voir, sous son influence, les animaux s’enlever des lambeaux de peau. — L’appétit peut-être diminué, mais il peut se conserver. Il est rare que le sens du goût ne se pervertisse pas avant la fin de la maladie. On voit alors les animaux déglutir soit de la terre, soit de la paille, soit leurs excréments etc. La soif est parfois diminuée ; parfois même l’eau inspire une véritable horreur au malade. De là, le nom d’hydrophobie que les Grecs ont donné à la maladie. Mais l’horreur de l’eau n’est pas un symptôme constant de la rage ; souvent, au contraire, les chiens enragés boivent avec avidité, et si la déglutition des liquides ne peut se faire, vu l’état de constriction qui existe à la gorge lorsque la maladie s’est déclarée dans toute sa violence, on peut voir le malade tourmenté par la soif, plonger vivement son museau dans l’eau, jusqu’à menace d’asphyxier. Une salive baveuse s’écoule parfois en grande abondance de la gueule entrouverte et vient pendre de chaque côté des lèvres inférieures, en avant des commissures ; mais cette salivation est un fait peu constant. Bien des enragés, au contraire, ont la bouche sèche. — La sensibilité est fortement émoussée chez le chien enragé ; c’est ainsi qu’on peut le piquer, le battre, sans qu’il manifeste aucun signe de douleur. — Des désirs vénériens exagérés apparaissent souvent de concert avec tous ces changements que nous venons de décrire dans l’état des animaux.

Quant à la plaie qui a servi de point d’absorption au virus rabique, on a exagéré en disant qu’elle était d’une cicatrisation difficile. Elle se conduit comme toutes les plaies déchirées. Il arrive cependant que du prurit se développe sur le tissu cicatriciel ; les animaux se lèchent, se grattent en ce point, un boursouflement se produit, la cicatrice se rompt et un ulcère qui va s’agrandissant jusqu’à la mort en est la conséquence. Ce fait est la très-rare exception.


RAGE CONFIRMÉE


Ou 2e période


Les symptômes de la période initiale, nous amènent par une gradation insensible et dans un espace de temps relativement court à ce qu’on pourrait appeler la période d’état de la maladie. Cette période se caractérise par des envies fréquentes de mordre, par la déglutition de tout ce qui se trouve à la portée de l’animal enragé et enfin par des paroxysmes ou accès, sous l’influence desquels, le chien, poussé par une force irrésistible, quitte le logis de son maître et fuit la queue relevée.[3]. Tous les êtres animés qu’il rencontre et surtout ceux de son espèce excitent sa fureur à un si haut degré, qu’il s’élance sur eux et leur livre des combats acharnés, pendant lesquels, malgré les nombreuses morsures qu’il reçoit, il ne se plaint un seul instant : — S’il ne peut fuir, s’il est tenu dans une loge, par exemple, on le voit au moment de ces paroxysmes s’élancer vers les personnes qui le regardent et mordre les barreaux de la cage qui les protègent de ses atteintes. Si on lui présente un bâton ou une barre de fer, il s’y précipite dessus, saisit ces corps à pleines mâchoires et mort avec frénésie. Si on introduit un animal de son espèce dans sa niche, l’envie de mordre ne disparaît pas, mais elle peut être précédée de désirs génésiques non équivoques et de tentatives pour les satisfaire si le sujet qu’on a mis avec lui est d’un sexe différent au sien.

À ces paroxysmes succède une période dite de rémission, caractérisée par de l’abattement et de la prostration. La moindre excitation, la vue d’un corps poli réfléchissant vivement la lumière suffisent pour le tirer de ce calme et faire apparaître un accès.

La physionomie du chien enragé, sous l’influence de tous ces changements survenus dans son économie, s’est profondément modifiée ; ses yeux ont pris une expression indéfinissable de tristesse sombre et de cruauté. Voici ce qu’enfin M. H. Bouley : « À travers l’ouverture de leurs pupilles excessivement dilatées, les yeux laissent échapper des lueurs comme fulgurantes, produites par le reflet de la lumière sur leur tapetum intérieur, et qui leur donnent l’apparence de deux globes de feu. Mais lorsque ces lueurs passagères s’éteignent, redeviennent ternes et sombres, et si farouches qu’on ne petit se défendre d’un sentiment d’effroi, quand on se trouve en présence de l’animal, alors même qu’on est protégé contre ses atteintes par la grille de sa cage. »

À ce moment, la bouche ensanglantée reste entrouverte et laisse apercevoir la couleur violacée de sa muqueuse. La langue, fuligineuse et pendante, est couverte de morsures ; les dents et surtout les crochets sont souvent cassés par les efforts que l’animal a faits en rongeant sa chaîne ou les barreaux de sa niche. — Les conjonctives sont fortement injectées.

Il est une opinion généralement admise encore aujourd’hui et qui consiste à croire que les chiens à l’état de santé fuient, glacés de terreur, la vue d’un chien enragé. M. Bourrel pense que ce fait n’est juste que pour un certain nombre de cas et que bien souvent : la défense est prise sans aucune crainte, dans le cas d’attaque d’un animal atteint de rage.


PÉRIODE DE DÉCLIN


Ou 3e période


L’animal est dans une prostration complète. L’appui qu’il prend sur ses membres postérieurs devient incertain et sa marche difficile et titubante. La queue est pendante. Nous ne devons voir là, que les effets d’une paralysie du train postérieur ou paraplégie. Les mâchoires peuvent aussi être paralysées ; la gueule reste alors entrouverte et la langue pend inerte, offrant une muqueuse desséchée et recouverte de l’enduit fuligineux signalé plus haut. L’animal n’a plus de ces paroxysmes et de ces rémissions si fréquents précédemment. Il est dans un état comateux, dont les plus violentes excitations sont parfois impuissantes à le faire sortir. Son œil est terne, sans éclat, enfoncé sous les paupières et quelquefois frappé de strabisme (strab. convergent).


RAGE MUE


Dans cette forme spéciale de la maladie, les muscles du larynx sont paralysés ; comme conséquence, le chien ne peut plus aboyer, de là, le nom de rage muette, donné encore à cette variété de l’affection.

La plupart. Ce phénomènes initiaux que nous avons signalés à propos de la rage furieuse se présentent ici avec un peu moins d’intensité pourtant. — Le symptôme essentiel offert par la rage mue, celui qui frappe au premier abord, c’est la paralysie de la mâchoire inférieure. La gueule, forcée de rester béante, laisse apercevoir la langue pendante et brunâtre. Une salive filante et visqueuse s’échappe par les lèvres inférieures. L’œil est injecté, hagard. La physionomie exprime la souffrance, mais jamais la férocité. L’enragé ne manifeste pas l’intention de mordre ; du reste il ne le pourrait, vu le relâchement des muscles chargés de rapprocher les maxillaires. Par la même raison, il ne peut ni manger, ni boire. La couleur rosée de la muqueuse buccale, par son contact permanent avec l’air, perd bientôt ses caractères naturels, elle se desséche et devient violacée, brunâtre.

Il y a des cas où la paralysie de la mâchoire est le seul symptôme évident et où le chien est, comme d’ordinaire, doux, obéissant, inoffensif. On est alors porté à croire que quelque chose s’oppose au rapprochement des mâchoires, à un os arrêté entre les dents, dans le pharynx, car l’arrêt de corps étrangers dans les premières voies digestives force souvent l’animal à tenir sa gueule béante. De là des méprises qui peuvent avoir les plus funestes conséquences, car, bien que les animaux atteints de rage mue ne soient pas furieux et qu’ils aient les masséters relâchés, ils peuvent, par une contraction spasmodique, rapprocher légèrement les mâchoires et pincer ainsi les doigts. Et quand même cette contraction serait rendue impossible d’une manière quelconque, les personnes qui se livrent à cette manipulation pourraient, à leur insu, avoir quelque excoriation, quelque légère plaie par laquelle le virus serait absorbé. On court, dans ces cas, de graves dangers, la rage mue étant aussi contagieuse que la rage furieuse. On a de nombreux exemples des plus déplorables accidents arrivés par cette imprudence.


RAGE TRANQUILLE


Dans quelques cas, très-rares il est vrai, le chien atteint de rage se couche dans un coin, se pelotonne et ne porte pas la moindre attention aux bruits qui se produisent autour de lui ; il reste indifférent à tout, même à la vue des boissons et des aliments qu’on lui présente. Plongé dans une sorte d’assoupissement et d’insensibilité, il maigrit et s’éteint sur place, peu de temps après que les premiers symptômes se sont manifestés. Cette variété de rage ne pouvait être mieux désignée que par l’expression de rage tranquille, employée la première fois par Bernd. La salive des chiens atteints de cette variété de rage, est virulente comme celle des autres rages ; par conséquent, les plus grandes précautions doivent être prises pour éviter son contact avec les tissus vivants.


MARCHE, DURÉE, TERMINAISON, PRONOSTIC


RAGE FURIEUSE


Trois périodes sont à distinguer dans cette forme de maladie, une période initiale, une période d’état et une période paralytique ou de déclin. — Elle n’a pas une marche continue, au contraire, comme on a pu s’en apercevoir par la description des symptômes, on constate des paroxysmes que l’on peut faire apparaître en, quelque sorte à plaisir et des rémissions ou périodes de calme succédant aux paroxysmes et durant plus ou moins longtemps. Certains auteurs ont signalé des rémissions de deux et même de huit jours, pendant lesquelles les animaux paraissent reprendre leur calme.


RAGE MUE


L’irritabilité du système cérébro-spinal est comme anéantie. Cet anéantissement va progressant jusqu’à la mort. La variété de rage dite rage mue est pour ainsi dire une rémission continue.

À quelque forme qu’appartienne l’affection, sa durée ne dépasse pas dix jours. Il est rare même de voir un chien enragé vivre ce temps-là. Généralement c’est au bout de deux, trois, quatre jours que la maladie se termine par la mort. — La plus ou moins grande irritabilité des animaux à une notable influence sur la durée du mal. Si c’est un chien très-irritable qui soit enragé, la facilité qu’on aura de faire développer chez lui des paroxysmes ; et de l’épuiser par conséquent, sera une cause de mort prompte.

La rage est-elle fatalement mortelle ?

Quelques vétérinaires et entre autres M. Decroix ne le pensent pas. À l’appui ils citent plusieurs cas de guérison spontanée sur (les chiens ayant présenté tous les symptômes de la forme furieuse. On comprend aisément toute la réserve que l’on doit attacher à leurs observations.


DIAGNOSTIC


On confond parfois la rage avec d’autres maladies parmi lesquelles nous devons citer la gastro-entérite et l’arrêt de corps étrangers dans les premières voies digestives. Il est pourtant quelques symptômes qui peuvent nous éviter toute confusion. C’est ainsi que dans la rage on n’observe pas la toux fréquente, les efforts expulsifs, les frottements réitérés exercés sur la gorge avec les pattes de devant, que l’on constate lorsqu’un corps étranger est arrêté dans le pharynx ou à l’origine de l’œsophage. — Les vomissements de la gastrite ne se manifestent pas non plus dans les affections rabiques.

Il va sans dire que ces caractères différentiels ne peuvent pas toujours se percevoir dans une première inspection. L’observation est alors nécessaire. Au bout de vingt-quatre heures, généralement tous les doutes sont éloignés et le diagnostic est définitivement établi.


AUTOPSIE


État du sang. — La première des choses qui frappe à l’ouverture d’un cadavre, c’est la couleur noire du sang. M. Bouley attribue cette coloration à ce que vers la fin de la maladie, l’hématose se fait incomplètement. Mais, cette altération du sang n’est pas essentiellement une lésion de la période extrême, on la constate aussi dès le début de l’affection. Cette modification du fluide sanguin donne une certaine valeur à l’opinion de M. Lafosse sur la nature de la maladie.

Appareil digestif. — Nous savons qu’à la période ultime de la rage, la muqueuse buccale possède une teinte brune. Cette coloration doit être attribuée à la modification pathologique que le sang a subie et à la distension des vaisseaux de cette région par suite sans doute de la paralysie de leurs nerfs moteurs. Cette couleur foncée est encore augmentée par la poussière qui vient se déposer à sa surface durant le cours de la maladie.

Marochetti a signalé sur les côtés du frein de la langue la présence de lysses ou vésicules particulières devenant ulcéreuses par la suite. En 1825, l’École de Lyon eut à les constater. Depuis cette époque elles ont été observées par un grand nombre de praticiens ; mais les lysses ne sont pas constantes. M. Peuch, sur vingt-sept cas de rage qu’il a observés, ne les a constatées que quatorze fois. On les remarque plus souvent sur un seul côté que sur les deux à la fois. On croit que ces prétendues lysses ne sont que des aphtes dues à un soulèvement de l’épithélium, remplacées bientôt par des érosions toutes superficielles. Cette lésion n’existe pas toujours ; elle ne saurait être considérée, par conséquent, comme caractéristique de la rage ; d’autant plus, qu’on peut l’observer sur des chiens en parfaite santé et dans les affections typhoïdes du même animal.

Le pharynx et l’œsophage ne nous fournissent que les signes d’une légère inflammation que nous nous expliquons parfaitement du reste, si nous considérons les substances qui ont été ingérées durant la maladie.

Mais l’examen de l’estomac est d’une étude plus importante. On rencontre d’abord, à l’ouverture de cet organe, une grande accumulation de matières étrangères à l’alimentation habituelle, telles que foin, paille, copeaux, graviers, ordures, en un mot, tout ce que l’animal a pu déglutir. Cette réunion de matières non nutritives et si s hétérogènes est un fait tellement caractéristique, que, si de son vivant un chien a été suspecté de rage, il suffit pour confirmer l’existence de la maladie. Nous devons reconnaître toutefois que ce signe n’est pas constant et que, dans certains cas, rares il est vrai, l’estomac est parfaitement vide. Il ne faut pas oublier non plus que dans certaines maladies il y a aussi perversion du sens du goût et déglutition de matières non comestibles. — Sur la muqueuse du réservoir gastrique d’un animal mort enragé, on aperçoit presque toujours les traces d’une inflammation qu’occasionnent les corps étrangers qui sont en contact avec elle. — La rougeur inflammatoire est d’une teinte plus foncée au sommet des plis de l’estomac que partout ailleurs et des taches ecchymotiques, disséminées assez irrégulièrement, se remarquent à l’intérieur de ce dernier organe. — Avec la coloration de la muqueuse, coïncide la présence, dans l’intérieur de l’estomac, d’un liquide rouge foncé, provenant d’un mélange de sang, de bile et de salive.

L’intestin grêle présente d’ordinaire une injection de ses capillaires et des taches ecchymotiques. Parfois le duodenum et le jejunum renferment des matières étrangères à l’alimentation. Le reste de l’appareil digestif est ordinairement vide.

Appareil urinaire. — Les reins, d’une teinte plombée, se déchirent facilement. Ils sont hypérémiés. La vacuité de la vessie, dans le plus grand nombre de cas, les taches ecchymotiques, la coloration rouge de sa muqueuse sont de bons caractères que Renault prend en très-sérieuse considération.

Appareil respiratoire. — La glotte et l’épiglotte sont souvent injectées, de même la muqueuse de la trachée et des bronches. Le poumon est fort souvent le siège d’une congestion par cyanose ou asphyxie.

Système nerveux. — On constate bien souvent une injection des méninges cérébro-spinales, mais ce n’est pas un fait constant.

Les observations microscopiques font absolument défaut dans l’étude des altérations pathologiques de la rage.


NATURE DE LA MALADIE


Rossi considérait la rage comme due à, une altération des centres cérébro-spinaux. S’il en eût été ainsi, Hertwig aurait produit la contagion en insérant des morceaux de nerf dans les tissus vivants.

Desault croyait que la maladie était due i une foule de petits vers se trouvant dans la salive. Ce n’était qu’une hypothèse que l’expérience réfuta bien vite. On mit en usage, en effet, les mercuriaux anthelmintiques par excellence et la maladie persista, ce qui démontra le peu de fondement de l’idée de ce médecin.

Magendie attribue l’affection rabique à l’engouement du poumon et des gros troncs artériels, par la presque totalité de la masse sanguine.

De Sauvages pense que la rage est due à un principe venimeux naissant dans l’organisme et jouant le rôle de ferment animal. Après avoir vicié toute la masse sanguine, ce principe serait éliminé de l’économie, soit par ses cryptes, soit par les glandes salivaires, en se mélangeant à leur produit de sécrétion.

Enfin notre professeur, M. Lafosse, s’appuyant sur les théories de fermentation de Liebig et les travaux de MM. Pasteur et Desmazures, dit que la rage résulte d’une.altération du sang. Voici ce qu’il a écrit à ce sujet : « Le sang, en raisonnant par analogie, doit éprouver certaines altérations dans la rage. Lorsque la maladie est spontanée, on peut nier ou affirmer qu’il soit altéré, mais sans pouvoir fournir des preuves bien convaincantes à l’appui de l’une ou de l’autre de ces assertions. On a dit qu’il était visiblement modifié ; mais, dans les nombreuses autopsies auxquelles nous nous sommes livré, nous n’avons pu saisir, ni dans la couleur, ni dans la consistance de ce fluide ; ni dans son odeur, ni dans son mode de coagulation, des signes évidents de modifications qu’il éprouverait dans la rage. Eckel paraît bien être parvenu à produire la rage par l’inoculation du sang ; mais la rage du sujet sur lequel ce fluide avait été puisé appartenait à la variété communiquée. La preuve de l’altération du sang dans la rage spontanée n’est donc pas encore bien acquise. Il est au contraire extrêmement probable, sinon certain, que cette altération existe dans la rage communiquée. — Ici l’analogie est un guide auquel nous pouvons accorder notre confiance sans trop de restriction. En effet, il est généralement admis que, après l’inoculation d’une maladie contagieuse, son virus est introduit par absorption dans le sang ; par conséquent, il altère ce fluide à partir du moment où l’absorption est effectuée. Si quelques doutes pouvaient exister à ce sujet, ils ont été détruits, au moins en ce qui concerne la morve, par les expériences de M. Renault. La morve communiquée se transmet au moyen du sang pendant la période d’incubation, c’est-à-dire avant l’apparition des symptômes caractéristiques de la maladie. Ainsi donc, le raisonnement basé sur la connaissance des lois de l’absorption, sur l’analogie, venant à l’appui du résultat des expériences d’Eckel, il n’est guère permis de douter que la rage communiquée soit une intoxication du sang par le virus rabique ; et, comme la rage spontanée ressemble en tout à la précédente, tant par son mode d’expression, par l’état dans lequel laisse le cadavre, que par son redoutable caractère spécifique, il est logique d’induire qu’elle lui ressemble aussi par sa nature. »


TRAITEMENT


On ne connaît aucun remède contre la rage. Cette maladie, de nos jours encore, doit être considérée comme incurable. Il sera donc inutile de décrire longuement, les divers traitements que la médecine raisonnée a mis en usage suivant l’opinion qu’elle s’est faite de la maladie.

Ceux qui, comme Rossi, croyaient que la maladie était due à une altération des centres nerveux, employaient les nervins, les antispasmodiques, les anesthésiques pour la combattre. À cet effet, l’éther sulfurique, le chloroforme, etc., ont été mis en usage ; le résultat négatif qu’ils ont donné les ont fait abandonner. Il en a été de même de la jusquiame, de la belladone et de la stramoine. M. Lauranin, docteur allemand, disait avoir obtenu la guérison d’un grand nombre de cas de rage confirmée, (plus de cinq cents) en faisant prendre chaque jour au malade une pilule de cinq centigrammes de l’extrait de l’une ou de l’autre de ces trois substances. Les expériences de M. Lafosse, faites sur le chien, infirment de la façon la plus complète ce résultat.

Magendie, s’appuyant sur l’idée qu’il se faisait de la nature de la maladie conseillait de vicier le système circulatoire à l’aide de la saignée et de remplacer le sang par de l’eau tiède. Tout absurde que fut son procédé, Magendie eut quelques prosélytes.

La cétoine dorée, si vantée par Guérin de Menneville, le cédron si employé en Orient, d’après ce que dit M. d’Abadie, la pomme épineuse (datura stramonium) donnée dans l’empire d’Annam, à doses assez fortes pour produire un commencement d’intoxication, ont été reconnus inefficaces.

Le bain de surprise, les sudorifiques unis aux diurétiques et aux purgatifs n’ont pas donné de bons effets.

Comme on le voit, le remède curatif de la rage est encore à trouver. Mais doit-on conclure de là que la thérapeutique restera impuissante contre la maladie ? Ce serait sûrement aller trop loin que de parler ainsi, surtout aujourd’hui où l’on croit généralement que la rage est due à une altération du sang par le principe virulent inoculé ; par conséquent, il faudrait tendre, autant que possible, à neutraliser ce principe, en arrêtant la fermentation qu’il doit produire dans le torrent circulatoire. Or, d’après les expériences du docteur Polli, de Milan, les sulfites et surtout celui de magnésie, peuvent, au plus haut degré, décomposer les ferments et annihiler leurs effets ; il y aurait alors à diriger les recherches dans cette voie ; peut-être arriverait-on ainsi à quelque bon résultat.


TRAITEMENT PRÉSERVATIF


Les remèdes divers conseillés comme préservatifs de la rage ont été plus nombreux encore que les curatifs. Nous ne les énumérerons pas tous.

Les omelettes aux coquilles d’huîtres calcinées, les tisanes de rue, de sabine, de passe-rage que les prétendus guérisseurs emploient encore de nos jours ont joui d’une grande réputation anti-rabique, mais aujourd’hui on est persuadé de leur inefficacité.

Les frictions mercurielles, si vantées par Desault et que Dezanneau voulait faire revivre en 1840, ne sont bonnes qu’a hâter la mort du sujet qui les supporte, par l’intoxication qu’elles produisent.

Marochetti, dans l’espoir de s’opposer au passage du virus rabique dans le sang, conseillait de surveiller l’apparition des lysses et de les ponctionner peu après.

Tout récemment, le docteur russe Grzymala, dans une lettre adressée au professeur Gubler, annonce que le xanthium spinosum (lampourde épineuse) neutralise infailliblement les effets du virus rabique, ) la condition toutefois qu’il soit employé temps, c’est-à-dire avant l’apparition de la maladie. La dose pour un adulte est 0 gr. 60 centigr. de poudre sèche de feuille de xanthium répétée trois fois par jour et continuée pendant trois semaines. Les enfants au-dessous de douze ans en reçoivent la moitié. Pour le chien la dose serait de 30 gr. par jour en trois fois (10 gr. chaque fois) dans la soupe. Grzymala cite quelques exemples qui semblent faits tout exprès pour prouver les propriétés anti-rabiques de cette plante. Les expériences qu’on a entreprises aux Écoles d’Alfort et de Toulouse, sont loin d’accorder à la lampourde les merveilleuses propriétés que lui attribue le docteur russe. Néanmoins, comme elles n’ont pas été faites dans toutes les conditions voulues, on doit attendre de nouvelles études expérimentales, avant de se prononcer défi nativement sur les effets du xanthium.

Le plus sûr de tous les préservatifs après la morsure d’un chien enragé est la neutralisation sur place du virus, ou son expulsion aussitôt après son contact avec les tissus vivants. Nous allons résumer rapidement ce qui a été dit à ce sujet. Il importe de savoir toutefois, qu’un sujet quelconque étant atteint de semblables morsures, on doit agir immédiatement pour que les moyens employés puissent avoir quelques succès. Car, il n’est pas permis de douter de l’absorption presque instantanée de tout principe liquide on solide, mais susceptible d’être dissous par les fluides organiques. Les expériences physiologiques faites à ce sujet le prouvent surabondamment ; nous ne les rapporterons pas toutes ici, nous dirons seulement les expériences de Renault relatives à l’absorption par les surfaces traumatiques. Ce savant à démontré, que, dans les circonstances ordinaires ce phénomène physiologique ne peut s’accomplir en moins de cinq minutes. On pourra donc agir avec succès pendant ce laps de temps. Si même le sujet venait de finir son repas, ou s’il avait pris des aliments depuis trois ou quatre heures seulement, on pourrait agir avec fruit un quart et même une demi-heure après la morsure. Enfin, par des circonstances toutes fortuites, il pourrait se faire qu’on pût arrêter le passage du virus dans le sang quelques heures après la morsure. D’après M. Renault, vingt-quatre heures après l’accident, tous les moyens sont inutiles.

En résumé, on doit agir rapidement afin de prévenir la pénétration du virus dans l’organisme. Pour remplir cette indication, on peut neutraliser sur place le virus par les caustiques, ou, à défaut, faciliter son expulsion par le lavage, la succion, le débridement de la plaie, l’application de ventouses et enfin, si l’on manquait de tous les moyens précédents, il resterait à s’opposer à son absorption par la compression à l’aide de ligatures quand la région le permet et ne pas les conserver trop longtemps en place, car, arrêtant la circulation dans la partie qu’elles entourent, les ligatures amèneraient infailliblement la gangrène.


NEUTRALISATION SUR PLACE DU VIRUS PAR LES CAUSTIQUES


Le caustique qui donne les meilleurs résultats est le cautère actuel ou fer rouge, mais on ne se sert pas toujours du cautère actuel pour cautériser la plaie. On a alors recours aux caustiques potentiels. On s’est demandé quel était celui qu’il fallait employer de préférence pour détruire le virus rabique. Les uns voulaient que les acides azotique, chlorhydrique, sulfurique, acétique concentré, arsénieux eussent la préférence ; les autres accordaient des propriétés spécifiques à l’ammoniaque, au perchlorure de fer, au nitrate acide de mercure, au beurre d’antimoine etc, On peut dire d’une manière générale, que tous les caustiques con viennent parfaitement pour remplir le but qu’on se propose. Néanmoins, les caustiques liquides ont sur les autres l’avantage de pouvoir se mettre en contact avec toutes les anfractuosités de la plaie et de détruire par conséquent le virus d’une façon plus complète.

Avant de procéder à la cautérisation, on devra opérer, à l’aide du bistouri, le débridement de la plaie si elle est an frac tueuse.

Si des organes importants, comme les membres, avaient leurs tissus trop déchirés, les animaux seraient sacrifiés. L’amputation de ces parties, que l’on pratique chez l’homme, mettant nos animaux dans l’impossibilité de tout service, ne saurait être conseillée. Tout au plus serait-elle indiquée pour les chiens de salon que l’on garde à cause de l’agrément qu’ils procurent. Dans les cinq minutes qui suivent la morsure, on pourrait faire avec succès l’amputation de la queue ou des oreilles, si ces organes étaient le siège de pareilles blessures.

L’application de ventouses, jointe à la compression de la plaie, pouvant maintenir le virus à sa surface, trouvera son indication, en attendant que la cautérisation soit faite.

Les bons résultats de ce traitement nous sont prouvés par la statistique du Comité d’hygiène (1865-68). Cette statistique donne une mortalité moyenne de 31 à 33 0/0. Les cent sujets mordus ont eu les plaies cautérisées.

Pour ceux qui n’ont pas eu recours aux caustiques, la mortalité a été de 84 0/0.

La cautérisation trop tardivement ou incomplètement exécutée donne des résultats analogues.

Les moyennes fournies par ces chiffres sont assez éloquentes pour pouvoir se passer de commentaires. Elles montrent, en effet, les avantages incontestables de ce moyen préservatif.

POLICE SANITAIRE


La police sanitaire de la rage se réduit à fort peu de choses.

La déclaration est obligatoire pour tout propriétaire ayant un animal enragé ou suspect de rage. La déclaration une fois obtenue, les autorités devront ordonner l’abattage. Cette mesure est peut-être un peu rigoureuse, mais c’est la plus sage.

La séquestration de tout animal suspect de rage est une mesure de peu de valeur ; car, généralement, ont est dans l’habitude de n’isoler les chiens ainsi suspectés, que pendant une quarantaine de jours. Or, il est des faits qui prouvent que la rage peut ne se développer que quatre, six et même huit mois, après l’introduction du virus dans l’économie.

La muselière, que les autorités prescrivent à certaines époques, ne saurait donner de bons résultats, car, il est reconnu aujourd’hui, que la rage est une maladie de toutes les saisons.

Le musellement à une période déterminée de l’année est donc une prescription absurde. En outre, la muselière, lorsqu’elle est employée, ne l’est qu’au dehors des habitations ; or, c’est précisément dans celles-ci que se produit le plus souvent la contagion. Il y a donc peu à espérer de ce moyen, de la façon dont il est employé au moins.

La vente de viande et de lait d’animaux morts enragés devra être rigoureusement interdite.



Nous ne terminerons pas sans dire un mot d’une excellente mesure préservative, que M. Lafosse cite dans son cours et dans son traité de pathologie et dont M. Bourrel s’attribue le mérite de l’invention : il s’agit de l’émoussement des dents de l’espèce canine.

Le système dentaire du chien, comme celui de tous les carnassiers, du reste, est admirablement disposé pour déchirer. Il possède, à cet effet, des incisives pointues, des canines très-développées, aiguës et munies d’une cannelure à leur face interne. Quant aux molaires, hérissées de prolongements, elles dilacèrent avec une facilité extrême les tissus animaux. Avec une telle conformation de l’appareil masticateur, il est évident que le chien enragé pourra facilement communiquer la rage, ses dents s’implantant facilement dans l’es tissus. Pour obvier à cet inconvénient, les auteurs dont nous avons parlé plus haut, ont proposé d’émousser les dents de cet animal.

L’émoussement consiste à limer les incisives, les canines, voire même les premières molaires, la gueule de l’animal étant préalablement ouverte et maintenue dans cet état, pendant les cinq minutes environ que dure l’opération. Pour aller plus rapidement, on peut sectionner les canines avec des pinces à résection. Par cette méthode, on arrive à mettre les dents des carnivores en meule, absolument comme celles des herbivores. Or, nous savons que les herbivores ont la salive virulente et que s’ils ne transmettent pas généralement la maladie, à l’aide de leurs morsures, c’est à cause de la forme de leur table dentaire. Si donc par ce moyen, nous obtenons une disposition analogue de la surface des dents du chien, nous voyons de suite tous les avantages qu’il peut procurer.

Les dents une fois limées, ne sont pas plus prédisposées qu’avant à la carie. — Il est quelques cas où l’on doit s’abstenir de cette pratique : c’est lorsqu’il s’agit d’un chien qui chasse la bête fauve. Le chien de garde même pourrait être épargné.

Cette opération ne prive pas le chien d’organes bien utiles, car, à l’état domestique, cet animal n’a pas besoin, comme à l’état sauvage, de saisir et d’égorger sa proie, de sorte que les dents limées sont encore très-propres à remplir leur but. Quelques critiqueurs ont qualifié ce moyen de barbare. M. Bourrel réfute cette opinion en se basant sur ce qu’éprouve l’homme, quand il se lime une dent. Il ne ressent alors qu’un peu d’agacement. Pourquoi en serait-il différemment chez le chien ? Et d’ailleurs, l’utilité du but à atteindre ne justifierait-elle pas pleinement la barbarie du moyen, si barbarie il y avait, ce qui n’est pas probable. Du reste, de nos jours, on fait des opérations bien plus barbares et qui n’ont pour raison que le caprice du propriétaire, telles sont l’esorillement et l’écaudage.

Il n’y a donc que des avantages à retirer de la mise en pratique d’une pareille mesure préventive, qui, sans nul doute, se généralisera avec le temps.

G. J.

  1. Cette opinion provenait de ce que la table dentaire d’herbivores n’étant pas favorable comme celle des carnivores à l’inoculation, la morsure des herbivores n’était, jamais ou presque jamais suivie de l’apparition de la maladie.
  2. Il va sans dire que leur mère, les a allaités, jusqu’au moment où l’on a reconnu qu’elle était atteinte de la rage.
  3. Par suite de la fatigue où de la paralysie elle devient pendante.