Discussion Auteur:Marguerite Audoux

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  • Marie-Claire
  • L’Atelier de Marie Claire
  • Le Chaland de la reine, nouvelle parue dans le Matin 28 déc. 1908 (Numéro 9071)
  • Le Chaland de la reine
    • Le Chaland de la Reine (recueil de neuf contes), Les cahiers nivernais et du Centre, publication mensuelle, Nevers, 21e et 22e livraison, juin-juillet 1910.Certains de ces contes ont paru dans le journal ’’Le Matin’’
    • La Fiancée, comprend 16 contes dont les 9 du Chaland de la Reine.
  • Supplément littéraire du Figaro : La Fiancée [2]
  • Hors Série, les hommes du jour : N°1 Noel ref -> dans le recueil La fiancée
  • http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k201921h/f229.image Les cahiers d'aujourd'hui N°9 - consacré à Mirbeau, des phrases de Marguerite Audoux
  • Un tableau de Mme Marguerite Audoux article du Temps [3]

18/05/1914 (Numéro 19309), article sur un écrivain.

Voir aussi[modifier]

article de Romans-revue : guide de lectures[modifier]

  • 15 décembre 1910 page 1026 [5]
  • et classé Romans pour grandes personnes [6]
À travers les romans du mois

M. Audoux

Marie-Claire

Il y a peu d'amour dans le roman de Marie-Claire. C'est une originalité, comme vous savez.

Vous ne connaissez pas Marie-Claire ?

Marie-Claire est une orpheline, élevée dans un couvent où une religieuse captive son affection. Par elle, l'enfant est dirigée. Jusqu'autour où on la place dans une ferme de Sologne, chez Sylvain et Pauline, de braves gens. Bergère d'abord, elle y est bientôt employée au service d'intérieur. Sylvain meurt, Pauline est chassée de la ferme. Le nouveau maître, M. Alphonse, est très froid. Marie-Claire s'en accommode. Mais voici l'idylle, à peine esquissée. Les fermiers y coupent court. Marie-Claire revient au couvent : elle y assiste à la mort d'une excellente et jeune religieuse, Désirée-des-Anges, pour ne point la nommer. Quelques temps après elle en sort : elle a 18 ans et prend le train pour Paris.

Telle est l'histoire, très sobre, étonnamment sobre. L'observation est vive, le style imagé, à petits traits.

Ce livre pourrait être bon. Marie-Claire est bonne ; tous ceux ou presque tous ceux qui l'entourent, aussi. Même les moins bons ne sont pas mauvais ; rien que des notes fugitives dans ce livre : glissez,, mais n'appuyez pas.

Alors, pourquoi une ligne ou deux aux pages 47, 70, 76 et 86 ? Que veut-on faire entendre ? Une histoire peu propre, d'un bel anticléricalisme, à faire pâmer d'aise le préfacier ? On ne veut pas le croire. Non, vraiment ! Mais cela me gâte un peu Marie-Claire, si délicieuse.

article du supplément litéraire du Figaro 20/03/1926[modifier]

Gallica Dans :

Le Carnet du Bouquiniste


De la ville au moulin


par Marguerite Audoux

Eugène Fasquelle, éditeur

Annette Beaubois, fille de travailleurs est l’aînée de cinq enfants auxquels elle sert de petite mère. Ses parents, qui font mauvais ménage, ont un jour une querelle qui va jusqu’aux coups. Dans la bagarre, elle a été jetée si violemment à terre qu’elle est gravement blessée. Sa longue convalescence, elle la passe à la campagne, chez un oncle, meunier, et sa femme. Lentement elle se remet, mais elle restera boiteuse.

C’est un cœur tendre et une âme fière : elle participe aux travaux des champs pour ne pas être à la charge de ceux qui l’hébergent.

Pendant ce temps, ses parents divorcent, refont leur vie, chacun de son côté, et envoient également leurs autres enfants chez « l’oncle meunier ». Voici Annette reprise par son rôle de maman. Elle ne connaîtrait pas d’autre horizon si l’amour ne venait bouleverser sa vie.

Celui qu’elle aime et qui la paye de retour est un brave garçon, Valère. Il la demande en mariage. À ce mot de mariage, c’est toute la vision d’un enfer domestique qui se dresse devant ses yeux, c’est le lamentable spectacle de ses parents s’injuriant et se battant ; elle refuse. Mais l’amour est le plus fort, et si, dominée par cette terreur du passé, elle ne veut pas épouser Valère, elle sera sa compagne fidèle. Valère est actif, réfléchi, ordonné. Il a trouvé une bonne place dans un magasin de chaussures à Bordeaux : elle l’y suit. D’ailleurs, sa tâche auprès des siens est terminée : ses frères et sœurs vont pouvoir eux-mêmes se tirer d’affaire.

Jours heureux à Bordeaux, jours heureux encore à Nice, où les patrons de Valère ont transporté leur commerce. Il est leur homme de confiance, puis leur associé, bientôt il leur succédera. Mais Valère est faible, il s’adonne au plaisir, et surtout à la boisson. Il déchoit, devient irritable, jaloux. Pendant une de ses absences, Annette a reçu la visite de Firmin, son frère, qu’elle n’avait pas revu depuis des années. Des racontars font croire à Valère que cet inconnu est un amant. Il boit de plus en plus, injurie sa compagne qui, désespérée, quitte la maisonnette où elle avait vécu ses seules heures de joie. Départ cruel et doublement atroce, car elje est enceinte. L’enfant, né à l’hôpital, meurt. Annette gagne péniblement sa vie dans une buanderie. Survient la guerre. Firmin, son frère chéri, est tué. On est sans nouvelles de Valère. Enfin l’infidèle, qui a échappé à la tourmente, revient, assagi. Mais c’est maintenant un homme usé, un vieillard. Annette aussi est infiniment lasse. Ils n’essaient pas moins de faire revivre un peu le bonheur passé.

Cette triste histoire n’est en quelque sorte que le fil conducteur de ce roman touffu. Autour de la figure d’Antoinette se groupent celles de tous les siens, père, mère, frères, sœurs, belle-sœur, oncle, tante, et celle de tous ceux à qui son existence est mêlée. C’est l’évocation, tant aux champs qu’à Paris, de tout le monde des humbles à qui la vie est dure. L’auteur les peint en traits justes, chaque caractère est finement dessiné. On dirait une fresque exécutée avec des procédés de miniature. Mme Marguerite Audoux n’ignore rien de ceux pour qui l’existence est une lutte âpre et quotidienne. Ils sont, divers comme tous les hommes, ils sont bons ou mauvais, en majorité médiocres. Elle s’abstient de les juger, mais se penche sur eux avec une profonde pitié, et son livre, par l’ardente, sensibilité dont il est imprégné, est d’une attachante lecture.

?? Par Jacques Patiz ??

article du Figaro 26/10/1910 (Numéro 299)[modifier]

  • sur Marguerite Audoux [7] : La Vie de Paris Histoire d’un début Régis GIGNOUX.
    • LA VIE DE PARIS

Histoire d’un Début

L’histoire de Marie-Claire est doucement coloriée comme une ancienne image d’Epinal pour les enfants elle est en même temps, dans nos mœurs littéraires, un tel exemple de tendresse et de probité qu’on a le devoir d’être indiscret en la racontant. Demain peut-être, cette semaine certainement, Marie-Claire paraîtra en librairie. Ce roman de la jeunesse d’une petite paysanne abandonnée est signé du nom inconnu de Mme Marguerite Audoux. Il parut au printemps dans la Grande Revue et son édition présente réalise un miracle elle réjouit les jeunes écrivains. Tous ceux qui servent la littérature plus que leur propre ambition souhaitent que Marie-Claire soit apportée au grand public par le prix annuel de l’Académie Goncourt. Il y a même des romanciers qui ne publieront leur nouveau livre qu’au mois de janvier, par déférence. Lorsqu’ils étudieront la personnalité littéraire de Mme Marguerite Audoux, les critiques donneront les raisons de ce geste réconfortant qui indemnise et rassure. On sait uniquement aujourd’hui qu’avant de faire paraître Marie-Claire, Mme Marguerite Audoux vivait très médiocrement du métier de couturière elle dut l’abandonner à cause de l’extrême fatigue de ses yeux. Mais elle avait écrit son premier roman avant de renoncer au modeste gain des corsages à façon ; elle avait publié déjà quelques nouvelles recueillies par les « Cahiers nivernais sous le titre, le Chaland de la Reine. Donc, ce n’est pas la pauvre condition de son auteur qui fait que Marie-Claire s’impose aujourd’hui. Un écrivain s’y révèle par le ton inconnu de son style, la couleur profonde de son observation, le choix des faits retenus et classés et l’ampleur sonore de la composition. Cet écrivain sort du peuple il est libre de nos servitudes scolaires ; il apporte une sensibilité simple, rougissante et frileuse dans notre littérature. Ce que nous devons connaître, c’est comment cette vocation se révéla et fut révélée. L’histoire de Marie-Claire est d’une émouvante simplicité elle rappelle l’histoire de Cendrillon.

Une couturière travaille à Paris dans une petite chambre, toutes les journées. Elle ne se repose vraiment que les soirs de morte-saison. N’ayant pas d’ouvrage à finir, elle s’accoude à sa fenêtre devant les cheminées de Paris plantées ainsi que les croix d’un cimetière de pauvres. Elle y accroche, elle y déploie ses souvenirs d’enfance abandonnée, hospitalisée, placée dans une ferme, petite bergère, comme dans les chansons. Elle songe aux arbres et aux champs des coteaux du Berry, à la ferme, à la forêt où il y a des loups. Elle entend les paroles qui lui furent dites. Alors elle rentre dans sa chambre. Elle heurte le mannequin noir pour saisir la lampe qu’elle allume. Elle s’assied devant sa table, repousse les patrons découpés dans les journaux. Depuis qu’elle eut à réclamer les façons qu’on ne lui payait pas, elle possède des feuilles de papier à lettres. Elle les « utilise » elle écrit.

Comme c’est un doux repos de retrouver les paysages, les animaux et les gens ! Elle revoit toute son enfance avec ses yeux clairs qui ne songent pas à des comparaisons étrangères. Elle dit en un aparté, qui se prolonge dans le silence de la chambre, pourquoi elle les admire, les déteste et les aime. Elle parle comme une petite fille qui vient de pleurer. Et la nuit de Paris l’écoute, se rapproche et l’enveloppe doucement, Au matin, la couturière est plus tranquille. De telles soirées occupent sa vie. Elle serait presque heureuse s’il lui restait beaucoup de feuilles de papier à lettres. Mais il faut songer à retourner le manteau de cette dame. La cliente est aimable et avance un peu d’argent pour les fournitures. C’est l’occasion de déjeuner dans le quartier sans rentrer à la maison. Il y a une crémerie, etc.

Or, dans cette crémerie, Charles-Louis Philippe déjeunait avec une dame très simple et des amis très simples aussi. À la table voisine mangeaient des agents en bourgeois des brigades centrales dont la voix était forte et les yeux indiscrets. Intimidée, la couturière prenait place à la table des jeunes gens. Charles-Louis Philippe racontait à ses amis qu’il entreprenait d’écrire l’aventure quotidienne de Bubu de Montparnasse et de Berthe Méténier. La couturière écoutait ; elle avait pitié de Berthe Méténier. L’écrivain sentit cette pitié, il redressa son gros lorgnon toujours rouillé parce que le matin, en se lavant, il le posait sur la pierre de l’évier avec ses yeux fraternels il regarda l’étrangère qui déjà faisait partie de sa compagnie. Les présentations sont sincères autour d’une table de crémerie. Le lendemain, Charles-Louis Philippe prêtait des livres à Mme Marguerite Audoux. En échange, elle lui conta des souvenirs, elle lui récita des chansons populaires. Les amis qu’elle rencontrait chez lui goûtaient sa douceur et la sagesse de ses jugements. Ils admiraient la fierté de son visage, la paix réfléchie de ses yeux, le calme indulgent de son sourire. Leur estime les unit bientôt autant que leur commune pauvreté. Un peintre se joignait aux littérateurs et découvrait une autre réverbération de la vie. Il arriva que la couturière consentit à montrer ses feuilles de papier à lettres, les premiers chapitres de Marie-Claire.

À plusieurs années d’intervalles, Charles-Louis Philippe gardait de cette découverte la même émotion. Sans doute, il ne rappelait pas les conseils qu’il avait donnés en même temps que son exemple. Mais comme il défendait Marguerite Audoux, comme il comprenait ce qu’elle apporterait, elle aussi, dans notre littérature. Et c’était son tour de lui demander conseil, de lui faire lire le Père Perdrix, Marie Donadieu, de lui faire partager les joies de Croquignolle. Il apportait aux journaux les premières nouvelles qu’elle écrivit, et dont une, la Fiancée, parut au Supplément littéraire du Figaro. Mais les journaux ne reconnaissaient pas encore l’importance de Charles-Louis Philippe. Pour les convaincre, il fallut cette mort irréparable, le 23 décembre dernier, cette mort dont nous ne parlerons jamais qu’avec nos larmes.

La seule consolation de ses amis fut de continuer son rôle. Il avait soumis le manuscrit de de Marie-Claire à plusieurs autorités littéraires qui en avaient subi le charme trop égoïstement. Francis Jourdain porta l’humble et riche cahier à M. Octave Mirbeau celui-ci employa tout son cœur à empêcher une plus longue injustice. On ne put lui résister. Les dernières personnes qui savent lire lui seront reconnaissantes d’avoir sauvé Marie-Claire et d’avoir proclamé le nom de Mme Marguerite Audoux.

Régis Gignoux,

article du Figaro 21/12/1910 (Numéro 355)[modifier]

De Marie-Rose

à Marie-Claire

Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Le charme du talent de Mme Marguerite Audoux a séduit les lecteurs qui. s’étaient d’abord intéressés à son roman, Marie-Claire, en raison de la condition modeste de son au- teur. Ces lecteurs avaient été sages de ne pas s’étonner qu’une couturière ait pu écrire un beau livre. La destinée de Mme Marguerite. Audoux n’est point si extraordinaire, puisqu’à près d’un demi-siècle de distancé une* desti- née semblable à la sienne fut révélée à la littérature par un grand poète. ’.̃•̃-̃

Lamartine a raconté, comme M. Octave Mir- beau le fit en présentant au public Mme Mar- guerite Audoux, l’entrevue qu’ileut en i84Ôavec Mme Reine Garde,’à laquelle il dédiait son hvre. Reine Garde était couturière dans, ma famille elle avait écrit un roman intitulé M a r ie-R ose. Sachant .que. Lamartine partait pour Smyrne, elle -quitta secrètement notre

maison et se rendit à Marseille. Elle y vit,le grand poète qui, dans la préface de Geneviève, dédiée par lui Reine Garde, a fait çç. récit, de la rencontre ] Un dimanche, au retour d’une longue course en mer avec Mme de Lamartine, on nous dit qu’une femme d’un extérieur modeste et embarrassé était arrivée par la diligence d’Aix à Marseille, et qu’elle nous attendait dans, une petite serre d’orangers qui faisait suite au salon de la villa sur le jardin. Je laissai Mme de Lamartine, et j’entrai dans l’orangerie pour recevoir cette pauvre étrangère.

Je vis en entrant sous l’orangerie, une femme jeune encore, d’environ trente-six ou quarante ans. Elle était vêtue en journalière de peu d’aisance ou de peu de luxe, etc., etc.

L’émotion se lisait sur son visage qui se couvrit d’une, subite rougeur. C’était une expression de timidité mêlée de confiance dans l’indulgence d’autrui, émanant de l’abandon de sa propre nature en tout, l’imago de la bonté qu’elle porte dans son attitude comme dans son cœur, et qu’elle espère trouver dans les autres. Elle tira do sa poche trois ou quatre petites pièces de vers alignées sur du gros papier et froissées par son étui, son dé et ses ciseaux dans le voyage. Je les lus tout bas.; je fus étonné, touché, de ce que je lisais c’était naïf, c’était gracieux, c’était senti; c’était la palpitation tranquille du cœur devenue harmonie dans l’oreille; cela ressemblait à son visage modeste, pieux, tendre et doux ; vraie poésie de femme, dont l’âme cherche à tâtons sur les cordes les plus .suaves d’un instrument qu’elle ignore l’expression de ses sentiments. Cela, n’était ni déchirant, ni métallique, comme les vers de Reboul, ni épique, ni étincelant,tour à tour, de paillettes et de larmes, comme Jasmin ni mignardé comme les, strophes de quelques jeunes filles, prodiges gâtés en germe par l’imitation, ce Méphistophélès flu génie naissant et avorté. C’était elle ; c’était l’air monotone et plaintif qu’une pauvre ouvrière se chante à demi-voix elle-même, en travaillant des doigts, auprès de sa fenêtre, pour s’encourager à l’aiguille et au fil. Il y avait des notes qui pinçaient le cœur et d’autres qui ne disaient que des airs vagues et inarticulés. L’haloine s’arrêtait à la moitié de l’aspiration, mais l’aspiration était forte, juste, pénétrante. On était plus ému encore qu’étonné. C’était la poésie à l’état du premier instinct, la poésie populaire, telle qu’elle est partout où elle commence dans le peuple, même quand on ne lui prête pas encore la voix de l’art.

En 1856, Reine Garde fut couronnée par l’Académie française, ainsi que Mme Marguerite Audoux vient d’obtenir le prix de la Vie heureuse. J’ai souvent entendu dire dans ma famille, où Reine Garde resta fort longtemps, et à laquelle elle dédia beaucoup de ses poésies; que de grands écrivains, ses contemporains, la tenaient en. haute estime. Béranger la vit souvent, ainsi que Mignet ; qui lui envoya de la part de l’Académie française une lettre, que je possède,– pour annoncer à l’auteur de Marie-Rose que son •roruan venait d’être .cau£fiij.né. et d’obtenir ^en même temps un prix de mille francs. Désiré Nisard écrivit la préface de l’une de ses oeu- vres. Un prêtre de Nîmes avait réuni, il y" a deux ou trois ans, beaucoup de documents concernant la couturière-écrivain. La mort arrêta, ce travail,. qui eût permis aujourd’hui un parallèle particulièrement intéressant. Nil novi.


article du Figaro 26/04/1932 (Numéro 117)[modifier]

    • MARGUERITE AUDOUX
    • La fiancée

[8]


Instantané


Marguerite Audoux


La Fiancée


Il y a bien longtemps que l’admirable auteur de Marie-Claire n’avait pas publié. C’est que Marguerite Audoux n’a jamais rien écrit qu’au moment où elle avait quelque chose à dire.. Et quelles richesses, en effet, dans La Fiancée, le nouveau livre qu’elle nous donne après un silence de dix ans ! Amertume retenue, malice et tendresse, c’est la gamme étendue et sûre d’une sensibilité unique qu’on retrouve dans ces pages émouvantes et profondes.

« Marguerite Audoux, écrit Jacques Anselme, est une de nos romancières les plus assurées de survivre. La Fiancée contient quelques-unes des plus belles pages de la littérature d’aujourd’hui. »

article du Figaro 07/02/1937 (Numéro 38)[modifier]

Audoux ont été célébrées à Saint-Raphaël. Le ministre de l’Education nationale y était représenté par le préfet du Var. M, Jean Zay étudie la possibilité de donner le nom de Marguerite Audoux à l’école du village où est née l’auteur de « Marie. Claire ».

Les primaires - http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2020121/f272.image

article du Figaro 16/05/1920 - critique/résumé de l'atelier de Marie Claire[modifier]

LE FIGARO DIMANCHE 16 MAI 1920

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k273328j/f2.image


CHEZ LE LIBRAIRE

L’ATELIER DE MARIE-CLAIRE

par Marguerite Audoux.

Eugène Fasquelle, éditeur.

C'est dans les derniers mois de 1910, si nous avons bonne souvenance, qu'Octave Mirbeau et Régis Gignoux révélèrent au grand public le nom de Marguerite Audoux celui-là en présentant dans une préface chaleureuse sa première oeuvre, Marie-Claire celui-ci en racontant comment l'idée était venue à la petite ouvrière d'alors, humble et laborieuse, d'écrire, avec tout son cœur, un roman.

Plus de quatre-vingts éditions n'ont pas épuisé le succès de Marie-Claire souhaitons au nouveau roman de Marguerite Audoux qui vient de paraître une égale fortune. On y retrouvera les mêmes qualités de simplicité, de naturel, de sensibilité profonde dans la peinture de la vie et de ses misères quotidiennes, mises en relief par un écrivain qui semble avoir reçu en don l'art de s exprimer dans une langue ferme, vigoureuse et nette, et de fixer spontanément les plus fines nuances.

L'atelier de l'avenue du Maine où nous introduit Marie-Claire a pour patron M. et Mme Dalignac. Ouvrier adroit et méticuleux, le mari, qui brode à la machine les manteaux et les robes des clientes, est un brave homme malingre qui s'épuise au travail. Sa femme, douce, discrète et timide, est la bonté même. Et les gentilles ouvrières, Bouledogue, la petite Duratour, la grande Bergeonnctte, Sandrine, Roberte, Gabrielle, seraient toutes heureuses dans cette atmosphère amicale sans les traîtrises de la vie. Mais celle-ci est implacable à qui se fie à elle et ne se garde pas de ses embûches, et elle n'épargnera ni la jeunesse des petites ouvrières, ni l'expérience de la généreuse Mme Dalignac qu'elle jettéra dans la détresse malgré tout son courage et qu'elle finira par écraser sous le fardeau de la malchance.

Chronique mortuaire[modifier]

Le petit parision[modifier]

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k664094c/f2.image Mme Marguerite Andoux l'auteur de «  Marie-Claire » est morte à l'hôpital

Marguerite Audoux est morte à l'hôpital, parmi ces humbles qu'elle aimait et qu'elle sut incomparativement raconter dans Marie-Claire. Elle avait soixante-treize ans. Pupille de l'assistance publique, elle avait eu la dure jeunesse des travailleurs, aux champs – elle fut bergère en Sologne – puis à la villle. Quelle surprise devait éprouver Charles-Louis Philippe, ayant lu par hasard le gros cahier ̃où elle notait, au jour le jour, ses impressions. Il apprit que derrière l'auteur se cachait une modeste couturière  ! Il l’encouragea, en parla à Francis Jourdain, qui lui-même, amena Marguerite Audoux à Octave Mirbeau. La jeune femme apportait un manuscrit d'où devait naître sa fortune littéraire. Marie-Claire enthousiasma Mirbeau, qui la proposa vainement pour le Goncourt. L'échec devait être bientôt compensé. En 1910, Marguerite Audoux emportait de haute lutte la prix Fémina. Elle était célèbre.

Le quart de siècle qui s'était écoulé depuis la publication de ce livre n'en a pas terni qualités. Marie-Claire demeure à la fois l'émouvant roman d'une orpheline et l'un des documentaires les plus vrais sur les ateliers de couture, sur l'enfer de Paris, paradis de la femme. La langue y est simple, la composition sans artifice. Marguerite Audoux écrivait comme elle sentait. Elle aimait à dire qu'elle commençait toujours ses livres par la fin. Avec le temps, elle était devenue d'une extrême rigueur envers elle-même. « Je ne lâche une page, disait-elle, que lorsqu'elle est au point. »

Sans cesse remettre son ouvrage sur le métier était sa discipline. Ainsi a-t-elle peu produit, Valserine, l'Atelier de Marie-Claire, De la ville au moulin, la Fiancée, son œuvre tient en ces quelques romans. Mais qu'importe le nombre. Marguerite Audoux laisse à tous ceux de sa profession le rare exemple de celle pour qui n'exprimer que ce qu'on éprouve, ne parler que si l'on a vraiment quelque chose à dire doit rester le règle essentielle de l'écrivain.

Maurice Bourdet.

Portrait[modifier]

Émile Sicard[modifier]

extrait de "Films" Ed. Basset, 1912 pp.16 et 17 (source : IA )

MARGUERITE AUDOUX

— Il paraît qu'elle est couturière !

— Ah!

— Comment a-t-elle fait son livre ?

— Peut-être à la machine à coudre.

— Vous aimez Marie-Claire ?

— Oui.

— À cause de Mirbeau ?

— À cause de Charles-Louis Philippe.

— Marguerite Audoux doit beaucoup à Philippe.

— Qui vous dit que ce n'est pas Philippe qui doit beaucoup à Marguerite Audoux ? Marguerite Audoux lui servait de modèle sensible, elle faisait partie du petit monde douloureux et pauvre qu'il écrivait. Je crois que Philippe a donné de la littérature à Marguerite Audoux et que Marguerite Audoux a donné de la vie à Philippe.

Humbles échanges, mais si humains.

Si Charles-Louis Philippe ne se prolongeait pas tout seul, Marguerite Audoux servirait peut-être à son avenir. Ils font à eux deux une école : l’école de l'humilité écrite.

Maintenant Marguerite Audoux a de la gloire. On la lui a donnée comme un gros morceau de pain blanc. Elle est devenue une pauvresse riche. C'est Octave Mirbeau qui a fait le coup.