Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Fourbe

La bibliothèque libre.

Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Fourbe.

Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 25r).
50


LE FOURBE


Un fourbe s’était engagé envers quelqu’un à prouver que l’oracle de Delphes était menteur. Au jour fixé, il prit dans sa main un petit moineau, et, le cachant sous son manteau, se rendit au temple. Là, se plaçant en face de l’oracle, il demanda si l’objet qu’il tenait dans sa main était vivant ou inanimé. Il voulait, si le dieu répondait « inanimé », faire voir le moineau vivant ; s’il disait « vivant », présenter le moineau, après l’avoir étranglé. Mais le dieu, reconnaissant son artificieuse intention, répondit : « Assez, l’homme ; car il dépend de toi que ce que tu tiens soit mort ou vivant. »

Cette fable montre que la divinité défie toute surprise.