Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Serin et la Chauve-Souris

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Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 36r).
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LE SERIN[1] ET LA CHAUVE-SOURIS


Un serin, qui était dans une cage accrochée à une fenêtre, chantait pendant la nuit. Une chauve-souris entendit de loin sa voix, et, s’approchant de lui, lui demanda pour quelle raison il se taisait le jour et chantait la nuit. « Ce n’est pas sans motif, dit-il, que j’en use ainsi ; car c’est de jour que je chantais, lorsque j’ai été pris ; aussi depuis ce temps, je suis devenu prudent. » La chauve-souris reprit : « Mais ce n’est pas à présent qu’il faut te mettre sur tes gardes, alors que c’est inutile : c’est avant d’être pris que tu devais le faire. »

Cette fable montre que, quand le malheur est venu, le regret ne sert à rien.


  1. Je traduis βωταλίς par serin ; mais en réalité on n’a pas identifié cet oiseau.