François Rabelais tourangeau

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FRANÇOIS


RABELAIS


TOURANGEAU



This was a man.
Shakespeare.




TOURS
XXV JUIN M DCCC LXXX



a


M. Henri DUMAIGE


Ludovic LETRÔNE, Anatole de MONTAIGLON, François FERTIAULT



Ceux qui de Rabelais font un vieux faune ivrogne
Sont des sots. Il n’avait pas le nez purpurin ;
C’était un philosophe, un Caton Censorin ;
Il avait un visage et non pas une trogne.

Son siècle était perdu de vermine et de rogne,
Et, pour le fustiger avec le fouet d’airain
De son rire sonore, amer et souverain,
Ce fut au satirique une rude besogne.

Sans les grosses gaîtés de son propos salé,
Son temps n’eût pas permis et n’eût pas avalé
Ce qu’il avait à dire et des grands et de Rome ;

Mais, quand on l’a compris, quand on l’a pénétré,
Ce n’est pas seulement un savant, un lettré,
Un styliste, un penseur. C’est bien plus ; c’est un homme.


Anatole de Montaiglon.



Ah, tu n’es pas de ceux dont la verve s’oublie,
Moraliste aux mots gras, ô vieux maître François !
Pour cingler les abus, que toi seul aperçois,
Tu mets, sage, ta plume aux doigts de la folie.

Chez toi le sens profond au grotesque s’allie ;
Toujours tu parles d’or, si bouffon que tu sois.
Tu souilles par moments la chaire où tu t’asseois,
Mais ton style est un vin, ardent jusqu’en sa lie.

Tu tailles dans le vif, et, si parfois tu crains,
Alors, voilant ta force à tes contemporains,
Tu montres comme un jeu le grand pouvoir d’écrire.

Penseur, ta sauce fait avaler le poisson....
Plus d’un se frotte encor de la verte leçon
Parmi les foudroyés des éclats de ton rire.


François Fertiault.