Grammaire nationale/Petit vocabulaire grammatical

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Simon, Garnier (p. 14-16).
PETIT VOCABULAIRE GRAMMATICAL[1]



ABSOLUMENT. Prendre, employer un mot absolument. Employer sans complément un mot susceptible d’en avoir un. Espérer, c’est jouir. Vivre dans l’abondance. — Employer elliptiquement une expression en supprimant le mot ou les mots qui la régissent ordinairement, comme dans cette phrase de commandement, Pied à terre, où le mot mettez est sous-entendu.

ACCEPTION. Signification, sens dans lequel un mot se prend. Acception propre, naturelle, étendue, rigoureuse, détournée, figurée.

ACCORD. Rapport des mots entre eux, exprimé par le genre et le nombre. Accord de l’adjectif avec le substantif, du verbe avec son sujet.

ACTIVEMENT. Se dit d’un verbe neutre. Parler, s’emploie activement dans cette phrase : Cet homme parle bien sa langue.

ADJECTIVEMENT. En manière d’adjectif. Ce mot s’emploie adjectivement.

ADVERBIALITÉ. Qualité d’un mot considéré comme adverbe. Peu usité.

ADVERBIAL. Se dit de deux ou de plusieurs mots qui, joints ensemble, ont force et signification d’adverbe. Ces mots se nomment façons de parler, phrases, ou locutions adverbiales.

ADVERBIALEMENT. D’une manière adverbiale. Dans cette phrase : Chanter juste, l’adjectif juste est pris adverbialement.

ADVERSATIF. S’emploie dans cette locution : Conjonction, particule adversative, Conjonction, particule qui marque opposition, différence entre ce qui la précède et ce qui la suit.

ANALOGIE. Rapport qu’ont entre elles les consonnes qui se prononcent avec la même partie de l’organe vocal, comme le B et le P, consonnes labiales, le D et le T, consonnes dentales, etc. — Rapport que divers mots ont ou doivent avoir ensemble pour leur formation, comme passionné, formé de passion, etc.

ANTÉCÉDENT. Se dit des noms et pronoms, quand ils précèdent et régissent le relatif qui. Dieu qui peut tout.

APHÉRÈSE. Figure par laquelle on retranche une syllabe ou une lettre au commencement d’un mot. On l’emploie souvent dans les étymologies. C’est ainsi que de gibbosus on a fait bossu, etc.

APOCOPE. Figure par laquelle on retranche une lettre ou une syllabe à la fin d’un mot. Grand’mère, pour Grande mère, etc. En poésie : Je voi, encor, pour Je vois, encore, etc.

APPOSITION. Figure par laquelle on joint un substantif à un autre, sans particule conjonctive, et par une sorte d’ellipse, pour exprimer quelque attribut particulier de la chose dont on parle. Cicéron, l’orateur romain, etc.

APPUI. L’appui de la voix sur une syllabe. L’élévation plus ou moins sensible de la voix, indiquée par l’accent tonique.

ASPIRATION. La manière de prononcer en aspirant. Dans plusieurs mots, l’H se prononce avec aspiration.

ASPIRER. Prononcer plus ou moins fortement de la gorge. Dans les mots hauteur, honte, etc., il faut aspirer la voyelle qui suit l’H, il faut aspirer l’ H. Une H aspirée.

COMPARAISON. Se dit des degrés de signification dans les adjectifs : le positif, le comparatif, et le superlatif. Comparaison de supériorité, d’égalité, d’infériorité. — Des adverbes qui indiquent ces différents rapports : plus, moins, autant, etc.

COMPLÉTIF. Se dit des mots qui servent de complément.

CONJONCTIF. Se dit de certaines particules qui servent à lier un mot, un sens à un autre, comme et, ni, et quelquefois que.Locution conjonctive.

CONSTRUCTION. L’arrangement des mots suivant les règles et l’usage de la langue. Construction grammaticale, régulière, vicieuse, louche, elliptique.

CONSTRUIRE. Arranger les mots suivant les règles. Construire une phrase.

DÉRIVER. Neutre. Se dit des mots qui tirent leur origine d’un autre. Ce mot dérive de l’arabe. — Activ. Ce mot est dérivé du grec. — Dérivé, substantiv. Le verbe courir et ses dérivés.

DÉSINENCE. Se dit de la terminaison des mots.

DÉTERMINATIF. Qui détermine la signification d’un mot. Adjectif, complément déterminatif.

DÉTERMINER. Se dit de ce qui précise ou restreint le sens d’un mot. Dans la phrase Le livre de Pierre, les mots de Pierre déterminent le mot livre.

DIRECT. Construction directe. Construction qui place les différents mots de la phrase dans l’ordre de la relation grammaticale.

DISJONCTIF. Se dit des conjonctions qui, en unissant les membres de la phrase, séparent les choses dont on parle, comme ou, soit, ni. — Subs. fém. La disjonctive ou.

DISSYLLABE. Qui est de deux syllabes. — Subs. masc. Un dissyllabe.

DOUTEUX. Se dit des noms que les uns mettent au masculin, et d’autres au féminin.

ÉLIDER. Retrancher une voyelle finale, la supprimer dans l’écriture ou dans la prononciation. La lettre élidée est remplacée, dans l’écriture, par une apostrophe. — S’élider se dit de la lettre qui souffre élision. Dans la prononciation, on supprime l’e muet final devant une voyelle ou une h muette : Un’ heure, quatr’ans ; mais l’élision ne se marque pas dans l’écriture.

ELLIPSE. Retranchement d’un ou de plusieurs mots qui seraient nécessaires pour la régularité de la construction, mais que l’usage permet de supprimer : La Saint-Jean, au lieu de La fête de saint Jean. — Elle est fréquemment usitée dans les réponses qui suivent immédiatement les interrogations : Quand viendra-t-il ? Demain ; on sous-entend, Il viendra.

ELLIPTIQUE. Qui renferme une ellipse. Façon de parler, tour, langue elliptique.

ELLIPTIQUEMENT. Par ellipse. Du tout, pour Pas du tout ou point du tout.

ÉPITHÈTE. Adjectif, mot qui sert à qualifier un nom substantif, pour en préciser ou modifier le sens. Épithète expressive, oiseuse.

EXTENSION. L’action d’étendre la signification d’un mot. Le sens par extension tient le milieu entre le sens propre et le sens figuré. L’éclat (au propre) de la lumière. L’éclat (au figuré) de la vertu. L’éclat (par extension) du son.

FIGURÉMENT. Dans un sens figuré. Employer un mot figurément.

FIGURÉ. Le sens figuré d’un mot, d’une phrase. L’emploi d’un mot, d’une phrase dans une signification détournée par rapport au sens propre. Expression, phrase figurée, Qui renferme une figure. Discours, style figuré, Dans lequel il y a beaucoup de figures. — Substantiv. Le propre et le figuré.

FINAL. Se dit des dernières lettres ou des dernières syllabes d’un mot. — Subst. fém. La dernière syllabe d’un mot. Finale longue, brève.

FINI. Sens fini, se dit par opposition à sens incomplet ou suspendu. Mode fini, se dit des modes du verbe indiquant personne, nombre, et temps.

FORMATION. La manière dont un mot se forme d’un autre mot, ou dont un mot passe par ses diverses formes. La formation d’un adjectif verbal, du pluriel, d’un temps, d’un mode.

FORME. Se dit d’un mot considéré par rapport à sa composition, à ses modifications. Ce mot a une forme grecque. La forme du singulier, du pluriel. Les formes actives, passives d’un verbe.

HOMONYME. Se dit des choses qui ont un même nom, quoiqu’elles soient de nature différente, et plus ordinairement des mots pareils qui expriment des choses différentes. Les différentes choses exprimées par le mot homonyme. Mule, animal, et Mule, chaussure ; Chaîne et Chêne, etc., sont des mots homonymes. — Subst. masc. Les homonymes.

HOMONYMIE· Qualité de ce qui est homonyme. L’homonymie des termes.

IDIOTISME. Construction, locution contraire aux règles générales, mais propre et particulière à une langue. Chaque langue a ses idiotismes.

IMPERSONNEL. Se dit des modes du verbe qui ne reçoivent pas d’inflexions indiquant les personnes, tels que l’infinitif et le participe. Mode impersonnel. Forme impersonnelle.

IMPERSONNELLEMENT. Se dit des verbes qui deviennent accidentellement impersonnels. Le verbe arriver est employé impersonnellement dans cette phrase : Il arrive souvent que…

INDÉFINI. Se dit de ce qui exprime une idée vague ou générale qu’on n’applique point à un objet déterminé. Sens indéfini. Mot, pronom indéfini : On, quiconque, un, etc. Un homme sage doit toujours, etc.

INDÉFINIMENT. Se dit des mots pris dans un sens indéfini.

INFLEXION. Se dit de la manière de conjuguer un verbe, des différentes formes que prend ce verbe quand on le conjugue.

INTERROGANT. Se dit du point dont on se sert dans l’écriture pour marquer l’interrogation (?). On dit plus ordinairement : Point d’interrogation.

INTERROGATIF. Se dit de ce qui sert à interroger, qui marque interrogation. Particule, phrase interrogative, Termes interrogatifs.

INTERROGATION. Se dit d’une phrase ou d’une expression par laquelle on interroge. Point d’interrogation, Point que l’on met pour marquer l’interrogation (?).

INVARIABLE. Se dit des mots dont la terminaison ne change jamais, tels que les adverbes, etc.

INVERSION. Transposition, changement de l’ordre dans lequel les mots sont ordinairement rangés dans le discours. Inversion élégante, poétique, forcée.

LIAISON. Se dit de ce qui lie ensemble les parties du discours : Liaison des idées. Liaison dans les phrases ; de certains mots qui servent à lier les périodes, et qu’on nomme autrement Conjonctions.

NASALEMENT. Se dit de ce qui se prononce avec un son nasal. Cette syllabe se prononce nasalement.

NASALITÉ. Se dit de la qualité d’une lettre nasale. N, à la fin d’une syllabe, est ordinairement le signe de la nasalité.

NÉGATIF, IVE. Se dit de ce qui exprime une négation. Terme négatif. Proposition, particule négative. — Substantif au féminin. Mot qui sert à nier. Les négatives Non, ni, ne. On dit plus ordinairement Négation.

NÉGATION. (Voir ci-dessus, Négative, subst.)

NEUTRALEMENT. Se dit des verbes actifs employés d’une manière neutre.

ONOMATOPÉE. Formation de mots dont le son imite la chose qu’ils signifient, tels que : Coucou, glouglou, trictrac, etc. — Se dit des mots imitatifs eux-mêmes. Dictionnaire des onomatopées.

PARONYME. Se dit d’un mot qui a du rapport avec un autre, par son étymologie, ou seulement par sa forme, comme abstraire et distraire, amande et amende.

PASSIVEMENT. Se dit des verbes employés dans le sens passif.

PHONIQUE. Se dit des signes destinés à représenter les sons de la voix. Signe, accent, phonique.

POLYSYLLABE. Se dit des mots composés de plusieurs syllabes. — Subst. masc. Un polysyllabe.

POSSESSIF. Se dit des pronoms et des adjectifs qui servent à marquer la possession, tels que Mon, ton, son, etc.

PRÉPOSITIF, IVE. Se dit de ce qui a rapport à la préposition. Particule, locution prépositive.

PRIMITIF. Se dit du mot radical dont se forment les mots qu’on appelle dérivés ou composés. Mot primitif. — Subst. Les primitifs.

PRIVATIF, IVE. Se dit de ce qui marque privation. Particule privative. — Subst. Les privatifs.

PRONOMINALEMENT. Se dit d’un verbe employé accidentellement comme verbe pronominal.

PROPOSITION. Se dit d’un discours qui affirme ou qui nie quelque chose. J’aime Dieu est une proposition. Toute proposition se compose de trois termes : le sujet, le verbe et l’attribut. Dans la plupart des phrases il y a une proposition principale à laquelle se rattachent diverses propositions accessoires, subordonnées, incidentes. Proposition simple, composée, complexe, incomplexe.

PROSODIE. Se dit de la prononciation régulière des mots conformément à l’accent et à la quantité. Traité, règles de prosodie.

PROSODIQUE. Se dit de ce qui a rapport à la prosodie. Signe, accent, langue prosodique·

RACINE. Se dit des mots primitifs d’où les autres sont dérivés, ou dont ils sont composés.

RAPPORT. Se dit de la relation que les mots ont les uns avec les autres. Le rapport de l’adjectif au substantif du participe passé au substantif qui le précède

RÉDUPLICATIF. Se dit des mots qui expriment la réitération des actions. Sens réduplicatif. Particule réduplicative, Re.

RÉDUPLICATION. Répétition d’une syllabe ou d’une lettre.

RÉFLÉCHIR (Se). Se dit figurément de l’action du verbe qui se reporte sur le sujet, exemple : Je me repens, il se flatte

RÉGIR. Se dit des verbes et des propositions, et signifie, Avoir, exiger pour régime ou complément. La préposition sert ordinairement à exprimer le rapport du mot qu’elle régit avec ce qui la précède.

RÈGLE. Se dit des préceptes qui, dans les sciences et les arts, servent à les enseigner, des principes qui en rendent la connaissance plus facile et la pratique plus sûre. Règles générales, particulières.

SENS. Se dit de la signification d’un mot, d’une phrase, d’un discours. Sens propre, figuré, détourné, faux, forcé, naturel, métaphorique, allégorique, littéral, mystique, moral.

SOUS-ENTENDRE. Se dit de certains mots qu’on n’exprime pas, et qui peuvent aisément être suppléés. Dans une bouteille de vin, le mot pleine est sous-entendu.

SUPPLÉMENT. Se dit des mots que, pour compléter le sens, on doit ajouter à ceux qui composent la phrase usuelle et elliptique. Dans cette phrase, À la Saint-Martin, les mots fête de sont le supplément.

SYLLEPSE. Figure par laquelle le discours répond plutôt à notre pensée qu’aux règles grammaticales : La plupart des hommes sont bien fous ; ou par laquelle un mot est employé à la fois au propre et au figuré : Galatée est pour Corydon plus douce que le miel du mont Hybla.

SYNALÈPHE. Réunion, jonction de deux mots en un seul. Quelqu’un pour quelque un.

SYNCHISE. Confusion, transposition des mots qui trouble l’ordre et l’arrangement d’une phrase, d’une période.

SYNCOPE. Figure qui consiste dans le retranchement d’une lettre ou d’une syllabe au milieu d’un mot. Gaîté, pour Gaieté, etc.

SYNCOPÉ. Se dit d’un mot du milieu duquel on a retranché une lettre ou une syllabe.

SYNONYME. Se dit d’un mot qui a la même signification qu’un autre mot, ou une signification presque semblable, comme Aimer et Chérir. — Subst. masc. Peur est le synonyme de Crainte. — Au plur. Titre de certains ouvrages en forme de dictionnaire, dans lesquels la différence des mots synonymes est expliquée. Les Synonymes français.

SYNONYMIE. Qualité des mots synonymes. La synonymie des mots Courroux et Colère.

SYNTAXE. Arrangement, construction des mots et des phrases selon les règles de la grammaire : Observer la syntaxe ; les règles mêmes de la construction des mots et des phrases : Apprendre la syntaxe ; par extension Le livre qui contient ces règles : J’ai perdu ma syntaxe.

TERMINAISON. Se dit de la désinence d’un mot. Terminaison masculine, féminine. Terminaison en or, en ir, en ur, en er, en ir, en oir, en re, etc.


  1. On n’a pas mis ici les termes de grammaire expliqués dans le cours de l’ouvrage.