Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Antigone, tragédie d’alamanni

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Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 2p. 442).

Antigone, tragédie d’Alamanni. L’auteur, déjà célèbre en Italie, se contenta de la gloire de faire passer dans la langue italienne les beautés de cette même Antigone de Sophocle que Rucellaï avait déjà imitée dans sa Rosemonde. Il suivit exactement, scène par scène, la marche du poète grec, et ne se donna d’autre liberté que d’étendre ou de resserrer quelques passages. Il conserva même fidèlement le chœur de ces vieux Thébains, introduit par Sophocle comme un éloge indirect du gouvernement républicain d’Athènes, et comme une satire de la royauté dégénérée en tyrannie. Le seul mérite que puisse avoir eu Alamanni dans cette pièce, c’est celui du style. Il est, à cet égard, fort supérieur aux poëtes qui l’ont précédé. Il garde pour ainsi dire le milieu entre la trop grande simplicité de Trissin et la grandeur étudiée de Rucellaï. La clarté, l’élégance, peu d’énergie, mais jamais d’enflure, telles sont les qualités que l’on retrouve généralement dans les poésies d’Alamanni, et qui ne brillent pas moins dans son Antigone. Il est à croire qu’il la composa en France pendant son exil ; du moins, elle fut imprimée pour la première fois a Lyon (1533).

Dans une de ses pièces, Giraldi avait personnifié la Tragédie, qui y récitait le prologue ; Alamanni assistait à la représentation. Dix ans après, quand Giraldi fit imprimer sa pièce, il ajouta un épilogue où la Tragédie se félicitait elle-même d’avoir, en cette occasion, paru en scène devant celui qui avait, revêtu d’un habit toscan, transporté de Thèbes jusqu’au delà des Alpes la sensible sœur de Polynice.