Histoire de l’abbaye d’Hautecombe en Savoie/Note 6

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N° 6 (Page 315.)

Fragments de procédure criminelle ; — enquête en 1512.

« Derrière l’abbaye d’Hautecombe s’étendait un bois considérable qui servait souvent de repaire aux voleurs. On peut en voir un exemple dans les détails qui suivent et qui sont extraits d’un procès criminel existant aux archives de Turin. La procédure est en latin, mais les paroles soulignées sont en français.

« Le 17 avril 1512, sur la poursuite du sire de La Ravoire, secrétaire ducal, Claude Pollier se rendit, en qualité de commissaire, à Hautecombe, pour procéder à une enquête ; on entendit un assez grand nombre de témoins. Je n’en rappellerai que ce qui peut offrir quelque intérêt.

« Claude Mamerii ? se rendant, un jour de carême, de l’abbaye à sa maison située au-dessus, traversait le bois en suivant le grand chemin. Arrivé au lieu dit au Châtaignier de laz pesse, près de la Charbonnière, il rencontra quatre hommes qui descendaient dans le bois, mais hors du chemin. Il voulut s’enfuir ; l’un d’eux lui cria : demeuraz ribau ; tous les quatre le poursuivirent ; l’ayant atteint, l’un des quatre ho dit : Vien ça, attit rien à manger en ceste mayson qu’est là auprès du lac. Il répondit que non ; mais l’un des autres, blasphémant horriblement, lui répondit : A ! pour la mordieu tu vas mentir, car je suys bien informer qu’il y a des vivres tout cuys pour vint gendarmes et plus. Puis, à la grande satisfaction du témoin, ils s’en allèrent. Deux d’entre eux portaient une javeline et une grande épée ; les deux autres avaient une rapière ; deux portaient un hoqueton. On lui a dit que c’étaient des voleurs. Un autre étant à pêcher sur le lac, dans un bateau, avec Jean Rubellin, celui-ci lui dit : A ! tu as heu belle peur des larrons que tu trovis lautre jour au boys, mes il ne toy feront point de mal, car il nec te cherchent point. — Jehan Ruhellin, répondit-il, je ne sais qui feront toutefois, ils ont déjà démorés pour icy pour le boys plus de quinze jours, sed mauvais signe. Ils en demeureront ien encore plus icy advant qu’ils sen allent. Etc.

Furent encore entendus : 1o Jean Borré, notaire, citoyen de Belley. Venant, il y a trois semaines, de Valence, de tenir la cour au dieu des amours, arrivé à l’endroit dit aux Embarrges, il rencontra Pierre Pignère, de Champagneu, lequel lui présenta un chien qu’il conduisait ; il le refusa, en ayant déjà d’autres. Il était armé d’une javeline, d’une hallebarde, d’une pique, d’une grande épée, etc., et il a entendu dire que c’était un des voleurs dont il s’agit.

2o Pemette, fille de Jacques Glenet, d’Ontex, et autres.

(Extrait des Mss de Chapperon.)