Élégies et Sonnets/Tout aussi tot que ie commence à prendre…

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IX


Tout aussi tot que ie commence à prendre
Dens le mol lit le repos desiré,
Mon triste esprit hors de moy retiré
S’en va vers toy incontinent se rendre.

Lors m’est auis que dedens mon sein tendre
Ie tiens le bien, ou i’ay tant aspiré,
Et pour lequel i’ay si haut souspiré ;
Que de sanglots ay souuent cuidé fendre.

Ô dous sommeil, ô nuit à moy heureuse !
Plaisant repos, plein de tranquilité,
Continuez toutes les nuiz mon songe :

Et si iamais ma poure ame amoureuse
Ne doit auoir de bien en vérité.
Faites au moins qu’elle en ait en mensonge.