La Maison de la Courtisane (recueil)/Jours perdus

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JOURS PERDUS

D’après un portrait peint par Miss V. T.

Un blond et svelte enfant, qui n’est point fait pour la douleur de ce monde, avec une chevelure dorée qui tombe à grands flots autour des oreilles, et des yeux pleins d’aspirations, à demi voilés par de vaines larmes, comme les eaux les plus bleues, vues à travers les brouillards de la pluie, des joues pâles où jamais encore baiser n’a laissé sa tache, lèvre inférieure rouge rentrée en dedans par effroi de l’Amour, et blanche gorge, plus blanche qu’une poitrine de colombe. — Hélas ! Hélas ! si tout cela n’existait qu’en vain !

En arrière, des champs de blé, et des moissonneurs en ligne, accomplissant d’un air las leur tâche fatigante, sans qu’aucun son de rire ou de luth y mette de la douceur.

Et indifférent au flamboiement écarlate du soleil couchant, l’enfant rêve encore. Il ne sait pas que la nuit approche, et que nul ne récolte des fruits pendant le temps de la nuit.