L’Épître aux Romains/Édition Garnier

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L’ÉPÎTRE AUX ROMAINS, traduite de l’italien de M. le comte de Corbera (1768)
Première imposture, 95. — Deuxième imposture principale, 96. — Troisième imposture principale, qui en contient plusieurs, ibid. — Quatrième imposture, 97. — Cinquième imposture, ibid. — Sixième imposture principale, 104. — Septième imposture principale sur le prétendu pontificat de Simon Barjone, surnommé Pierre, 101. — Huitième imposture, 102. — Neuvième imposture,



L’ÉPÎTRE AUX ROMAINS

TRADUITE DE L’ITALIEN

DE M. LE COMTE DE CORBERA[1].



ARTICLE PREMIER.

Illustres Romains, ce n’est pas l'apôtre Paul qui a l’honneur de vous écrire ; ce n'est pas le digne Juif né à Tarsus[2], selon les Actes des apôtres, et à Giscala, selon Jérôme et d'autres Pères : dispute qui a fait croire, selon quelques docteurs, qu’on peut être né en deux endroits à la fois, comme il y a chez vous de certains corps qui sont créés tous les matins avec des mots latins[3], et qui se trouvent en cent mille lieux au même instant.

Ce n’est pas cette tête chauve et chaude, au long et large nez, aux sourcils noirs, épais et joints, aux grosses épaules, aux jambes torses[4] ; lequel ayant enlevé la fille de Gamaliel son maître, et étant mécontent d’elle la première nuit de ses noces[5], la répudia, et se mit par dépit à la tête du parti naissant des disciples de Jésus, si nous en croyons les livres juifs contemporains.

Ce n'est pas ce Saul Paul qui, lorsqu'il était domestique de Gamaliel, fit massacrer à coups de pierres[6] le bon Stéphano, patron des diacres et des lapidés, et qui pendant ce temps gardait les manteaux des bourreaux, digne emploi de valet de prêtre. Ce n’est pas celui qui tomba de cheval[7], aveuglé par une lumière céleste en plein midi, et à qui Dieu dit en l’air, comme il dit tous les jours à tant d’autres : Pourquoi me persécutes-tu ? Ce n’est pas celui qui écrivit aux demi-juifs demi-chrétiens des boutiques de Corinthe[8] : « N’avons-nous pas le droit d’être nourris à vos dépens, et d’amener avec nous une femme[9] ? Qui est-ce qui va jamais à la guerre à ses dépens ? » Belles paroles dont le R. P. Menou, jésuite, apôtre de la Lorraine, a si bien profité qu’elles lui ont valu à Nancy vingt-quatre mille livres de rente, un palais, et plus d’une belle femme.

Ce n’est pas celui qui écrivit au petit troupeau de Thessalonique que l’univers allait être détruit[10], moyennant quoi ce n’était pas la peine, ce n’était pas métier, comme vous dites en Italie, de garder de l’argent chez soi, car Paul disait : «[11]Aussitôt que l’archange aura crié, et que la trompette de Dieu aura sonné, Jésus descendra du ciel. Les morts qui sont à Christ ressusciteront les premiers, et nous qui vivons et qui vivrons jusqu’à ce temps-là, nous serons emportés en l’air au-devant de Jésus. »

Et remarquez, généreux Romains, que Saul Paul n’annonçait ces belles choses aux fripiers et épiciers de Thessalonique qu’en conséquence de la prédiction formelle de Luc, qui avait assuré publiquement[12], c’est-à-dire à quinze ou seize élus de la populace, que la génération ne passerait pas sans que le fils de l’homme vînt dans les nuées avec une grande puissance et une grande majesté. Romains ! si Jésus ne vint pas dans les nuées avec une grande puissance, du moins les papes ont eu cette grande puissance ; et c’est ainsi que les prophéties s’accomplissent.

Celui qui écrit cette épître aux Romains n’est pas, encore une fois, ce Saul Paul, moitié juif, moitié chrétien, qui, ayant prêché Jésus et ayant annoncé la destruction de la loi mosaïque, alla non-seulement judaïser dans le temple de Hershalaïm, nommé vulgairement Jérusalem, mais encore y observer d’anciennes pratiques rigoureuses par le conseil de son ami Jacques[13], et qui fit précisément ce que la sainte Inquisition chrétienne punit aujourd’hui de mort.

Celui qui vous écrit n’a été ni valet de prêtre, ni meurtrier, ni gardeur de manteaux, ni apostat, ni faiseur de tentes, ni englouti au fond de la mer comme Jonas pendant vingt-quatre heures, ni emporté au troisième ciel comme Élie, sans savoir ce que c’est que ce troisième ciel.

Celui qui vous écrit est plus citoyen que ce Saul Paul, qui se vante, dit-on, de l’être, et qui certainement ne l’était pas : car s’il était de Tarsus, cette ville ne fut colonie romaine que sous Caracalla ; s’il était né à Giscala en Galilée, ce qui est bien plus vraisemblable, puisqu’il était de la tribu de Benjamin, on sait assez que ce bourg juif n’était pas une ville romaine ; on sait que ni à Tarsus ni ailleurs on ne donnait pas la bourgeoisie romaine à des Juifs. L’auteur des Actes des apôtres[14] avance que ce Juif Paul et un autre Juif nommé Silas furent saisis par la justice dans la ville de Philippe en Macédoine (ville fondée par le père d’Alexandre, et près de laquelle la bataille entre Cassius et Brutus d’un côté, et Antoine et Octave de l’autre, décida de votre empire), Paul et Silas furent fouettés pour avoir ému la populace, et Paul dit aux huissiers : «[15]On nous a fouettés, nous qui sommes citoyens romains. » Les commentateurs avouent bien que ce Silas n’était pas citoyen romain. Ils ne disent pas que l’auteur des Actes en a menti ; mais ils conviennent qu’il a dit la chose qui n’est pas ; et j’en suis fâché pour le Saint-Esprit, qui a sans doute dicté les Actes des apôtres.

Enfin celui qui écrit aux descendants des Marcellus, des Scipion, des Caton, des Cicéron, des Titus, des Antonins, est un gentilhomme romain, d’une ancienne famille transplantée, mais qui chérit son antique patrie, qui gémit sur elle, et dont le cœur est au Capitole.

Romains, écoutez votre concitoyen, écoutez Rome et votre ancien courage.

. . . . . . . . . . . . . L’antico valore
Negl’ italici cor non è ancor morto.

(Petrarc., Conz. xxix.)
ARTICLE II.

J’ai pleuré dans mon voyage chez vous, quand j’ai vu des Zoccolanti[16] occuper ce même Capitole[17] où Paul-Émile mena le roi Persée, le descendant d’Alexandre, lié à son char de triomphe ; ce temple, où les Scipions firent porter les dépouilles de Carthage, où Pompée triompha de l’Asie, de l’Afrique, et de l’Europe ; mais j’ai versé des larmes plus amères quand je me suis souvenu du festin que donna César à nos ancêtres, servi à vingt-deux mille tables, et quand j’ai comparé ces congiaria, ces distributions immenses de froment, avec le peu de mauvais pain que vous mangez aujourd’hui, et que la chambre apostolique vous vend fort cher. Hélas ! il ne vous est pas permis d’ensemencer vos terres sans les ordres de ces apôtres ; mais avec quoi les ensemenceriez-vous ? Il n’y a pas un citadin parmi vous, excepté quelques habitants du quartier Transtevère, qui possède une charrue. Votre Dieu a nourri cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants, avec cinq pains et deux goujons, selon saint Jean, et quatre mille hommes, selon Matthieu[18]. Pour vous, Romains, on vous fait avaler le goujon sans vous donner du pain ; et les successeurs de Lucullus sont réduits à la sainte pratique du jeûne.

Votre climat n’a guère changé, quoi qu’on en dise. Qui donc a pu changer à ce point votre terrain, vos fortunes, et vos esprits ? D’où vient que la campagne, depuis les portes de Rome à Ostie, n’est remplie que de reptiles ? Pourquoi de Montefiascone à Viterbe, et dans tout le terrain par lequel la voie Appienne vous conduit encore à Naples, un vaste désert a-t-il succédé à ces campagnes autrefois couvertes de palais, de jardins, de moissons, et d’une multitude innombrable de citoyens ? J’ai cherché le Forum Romanum de Trajan, cette place pavée de marbre en forme de réseau, entourée d’un péristyle à colonnades chargées de cent statues ; j’ai trouvé Campo Vaccino, le marché aux vaches, et malheureusement aux vaches maigres et sans lait. J’ai dit : Où sont ces deux millions de Romains dont cette capitale était peuplée ? J’ai vérifié qu’année commune il n’y naît aujourd’hui que 3,500 enfants : de sorte que, sans les Juifs, les prêtres, et les étrangers, Rome ne contiendrait pas cent mille habitants. Je demandai : À qui appartient ce bel édifice que je vois entouré de masures ? On me répondit : À des moines ; c’était autrefois la maison d’Auguste, ici logeait Cicéron, là demeurait Pompée ; des couvents sont bâtis sur leurs ruines.

Ô Romains ! mes larmes ont coulé, et je vous estime assez pour croire que vous pleurez avec moi.

ARTICLE III.

On m’a fait comprendre qu’un vieux prêtre élu pape par d’autres prêtres ne peut avoir ni le temps ni la volonté de soulager votre misère. Il ne peut songer qu’à vivre. Quel intérêt prendrait-il aux Romains ? Rarement est-il Romain lui-même. Quel soin prendra-t-il d’un bien qui ne passera point à ses enfants ? Rome n’est pas son patrimoine comme il était devenu celui des césars : c’est un bénéfice ecclésiastique ; la papauté est une espèce d’abbaye commendataire, que chaque abbé ruine pendant sa vie. Les césars avaient un intérêt réel à rendre Rome florissante ; les patriciens en avaient un bien plus grand du temps de la république ; on n’obtenait les dignités qu’en charmant le peuple par des bienfaits, en forçant ses suffrages par l’apparence des vertus, en servant l’État par des victoires : un pape se contente d’avoir de l’argent et du pain azyme, et ne donne que des bénédictions à ce peuple qu’on appelait autrefois le peuple roi.

Votre premier malheur vint de la translation de l’empire de Rome à l’extrémité de la Thrace. Constantin, élu empereur par quelques cohortes barbares au fond de l’Angleterre, triompha de Maxence élu par vous. Maxence, noyé dans le Tibre au fort de la mêlée, laissa l’empire à son concurrent ; mais le vainqueur alla se cacher au rivage de la mer Noire : il n’aurait pas fait plus s’il avait été vaincu. Souillé de débauches et de crimes, assassin de son beau-père, de son beau-frère, de son neveu, de son fils et de sa femme, en horreur aux Romains, il abandonna leur ancienne religion sous laquelle ils avaient conquis tant d’États, et se jeta dans les bras des chrétiens, qui lui avaient fourni l’argent auquel il était redevable du diadème : ainsi il trahit l’empire dès qu’il en fut possesseur, et, en transplantant sur le Bosphore ce grand arbre qui avait ombragé l’Europe, l’Afrique, et l’Asie Mineure, il en dessécha les racines. Votre seconde calamité fut cette maxime ecclésiastique citée dans un poëme français très-célèbre, intitulé le Lutrin[19], mais trop sérieusement véritable :

Abîme tout plutôt : c’est l’esprit de l’Église.

L’Église combattit l’ancienne religion de l’empire en déchirant elle-même ses entrailles, en se divisant, avec autant de fureur que d’imprudence, sur cent questions incompréhensibles dont on n’avait jamais entendu parler auparavant. Les sectes chrétiennes, se poursuivant l’une l’autre à feu et à sang, pour des chimères métaphysiques, pour des sophismes de l’école, se réunissaient pour ravir les dépouilles des prêtres fondés par Numa : elles ne se donnèrent point de repos qu’elles n’eussent détruit l’autel de la Victoire dans Rome.

Saint Ambroise, de soldat devenu évêque de Milan, sans avoir été seulement diacre, et votre Damase, devenu par un schisme évêque de Rome, jouirent de ce funeste succès. Ils obtinrent qu’on démolît l’autel de la Victoire, élevé dans le Capitole depuis près de huit cents ans : monument du courage de vos ancêtres, qui devait perpétuer la valeur de leurs descendants. Il s’en faut bien que la figure emblématique de la Victoire fût une idolâtrie comme celle de votre Antoine de Padoue, qui « exauce ceux que Dieu n’exauce pas » : celle de François d’Assise, qu’on voyait sur la porte d’une église de Reims en France, avec cette inscription : « À François et Jésus, tous deux crucifiés ; » celle de saint Crépin, de sainte Barbe, et tant d’autres ; et le sang d’une vingtaine de saints qui se liquéfie dans Naples à jour nommé, à la tête desquels est le patron Gennaro[20], inconnu au reste de la terre ; et le prépuce et le nombril de Jésus ; et le lait de sa mère, et son poil, et sa chemise, supposé qu’elle en eût, et son cotillon. Voilà des idolâtries aussi plates qu’avérées ; mais pour la Victoire posée sur un globe et déployant ses ailes, une épée dans la main et des lauriers sur la tête, c’était la noble devise de l’empire romain, le symbole de la vertu. Le fanatisme vous enleva le gage de votre gloire.

De quel front ces nouveaux énergumènes ont-ils osé substituer des Roch, des Fiacre, des Eustache, des Ursule, des Nicaise, des Scholastique, à Neptune qui présidait aux mers, à Mars le dieu de la guerre, à Junon dominatrice des airs, sous l’empire du grand Zeus, de l’éternel Démiourgos, maître des éléments, des dieux et des hommes ? Mille fois plus idolâtres que vos ancêtres, ces insensés vous ont fait adorer des os de morts. Ces plagiaires de l’antiquité ont pris l’eau lustrale des Romains et des Grecs, leurs processions, la confession pratiquée dans les mystères de Cérès et d’Isis, l’encens, les libations, les hymnes, tout, jusqu’aux habits des prêtres. Ils dépouillèrent l’ancienne religion, et se parèrent de ses vêtements. Ils se prosternent encore aujourd’hui devant des statues et des images d’hommes ignorés, en reprochant continuellement aux Périclès, aux Solon, aux Miltiade, aux Cicéron, aux Scipion, aux Caton, d’avoir fléchi les genoux devant les emblèmes de la Divinité.

Que dis-je ? Y a-t-il un seul événement dans l’Ancien et le Nouveau Testament qui n’ait été copié des anciennes mythologies indiennes, chaldéennes, égyptiennes, et grecques ? Le sacrifice d’Idoménée n’est-il pas visiblement l’origine de celui de Jephté ? La biche d’Iphigénie n’est-elle pas le bélier d’Isaac ? Ne voyez-vous pas Eurydice dans Édith, femme de Loth ? Minerve et le cheval Pégase, en frappant des rochers, en firent sortir des fontaines : on attribue le même prodige à Moïse ; Bacchus avait passé la mer Rouge à pied sec avant lui, et il avait arrêté le soleil et la lune avant Josué. Mêmes fables, mêmes extravagances de tous les côtés.

Il n’y a pas un seul fait miraculeux dans les Évangiles que vous ne trouviez dans des écrivains bien antérieurs. La chèvre Amalthée avait sa corne d’abondance avant qu’on eût dit que Jésus avait nourri cinq mille hommes, sans compter les femmes, avec deux poissons. Les filles d’Anius avaient changé l’eau en vin et en huile, quand on n’avait pas encore parlé des noces de Cana. Athalie, Hippolyte, Alceste, Pélops, Hérès, étaient ressuscités quand on ne parlait pas encore de la résurrection de Jésus, et Romulus était né d’une vestale plus de sept cents ans avant que Jésus passât pour être né d’une vierge. Comparez et jugez.

ARTICLE IV.

Quand on eut détruit votre autel de la Victoire, les barbares vinrent, qui achevèrent ce que les prêtres avaient commencé. Rome devint la proie et le jouet des nations qu’elle avait si longtemps ou gouvernées ou réprimées.

Toutefois vous aviez encore des consuls, un sénat, des lois municipales ; mais les papes vous ont ravi ce que les Huns, les Hérules, les Goths, vous avaient laissé.

Il était inouï qu’un prêtre osât affecter les droits régaliens dans aucune ville de l’empire. On sait assez dans toute l’Europe, excepté dans votre chancellerie, que, jusqu’à Grégoire VII, votre pape n’était qu’un évêque métropolitain, toujours soumis aux empereurs grecs, puis aux empereurs francs, puis à la maison de Saxe, recevant d’eux l’investiture, obligé d’envoyer leur profession[21] de foi à l’évêque de Ravenne et à celui de Milan, comme on le voit expressément dans votre Diarium romanum. Son titre de patriarche en Occident lui donnait un très-grand crédit, mais aucun droit à la souveraineté. Un prêtre roi était un blasphème dans une religion dont le fondateur a dit en termes exprès dans l’Évangile : « Il n’y aura parmi vous ni premier ni dernier. » Romains, pesez bien ces autres paroles qu’on met dans la bouche de Jésus[22] : « Il ne dépend pas de moi de vous mettre à ma droite ou à ma gauche, mais seulement de mon père, » etc. Sachez d’ailleurs que tous les Juifs appelaient et qu’ils appellent encore fils de Dieu un homme juste : demandez-le aux huit mille juifs qui vendent des haillons parmi vous, comme ils en ont toujours vendu ; et observez avec toute votre attention les paroles suivantes[23] : « Que celui qui voudra devenir grand parmi vous soit réduit à vous servir. Le fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. »

En vérité, ces mots clairs et précis signifient-ils que le pape Boniface VIII a dû écraser la maison Colonne ? qu’Alexandre VI a dû empoisonner tant de barons romains ? et qu’enfin l’évêque de Rome a reçu de Dieu, dans des temps d’anarchie, le duché de Rome, celui de Ferrare, le Bolonais, la Marche d’Ancône, le duché de Castro et Ronciglione, et tout le pays depuis Viterbe jusqu’à Terracine, contrées ravies à leurs légitimes possesseurs ? Romains, serait-ce pour le seul Rezzonico[24] que Jésus aurait été envoyé de Dieu sur la terre ?

ARTICLE V.

Vous m’allez demander par quels ressorts cette étrange révolution s’est pu opérer contre toutes les lois divines et humaines ? Je vais vous le dire, et je défie le plus emporté fanatique auquel il restera une étincelle de raison, et le plus déterminé fripon qui aura conservé dans son âme un reste de pudeur, de résister à la force de la vérité s’il lit avec l’attention que mérite un examen si important.

Il est certain, et personne n’en doute, que les premières sociétés galiléennes, nommées depuis chrétiennes, furent cachées dans l’obscurité, et rampèrent dans la fange ; il est certain que, lorsque les chrétiens commencèrent à écrire, ils ne confiaient leurs livres qu’à des initiés à leurs mystères ; on ne les communiquait pas même aux catéchumènes, encore moins aux partisans de la religion impériale. Nul Romain ne sut, jusqu’à Trajan, qu’il y avait des Évangiles ; aucun auteur grec ou romain n’a jamais cité ce mot évangile ; Plutarque, Lucien, Pétrone, Apulée, qui parlent de tout, ignorent absolument qu’il y eût des Évangiles, et cette preuve, parmi cent autres preuves, démontre l’absurdité des auteurs qui prétendent aujourd’hui, ou plutôt qui feignent de prétendre que les disciples de Jésus moururent pour soutenir la vérité de ces Évangiles, dont les Romains n’entendirent jamais parler pendant deux cents années. Les Galiléens, demi-juifs demi-chrétiens, séparés des disciples de Jean, des thérapeutes, des esséniens, des judaïtes, des hérodiens, des saducéens et des pharisiens, grossirent leur petit troupeau dans le bas peuple, non pas assurément par le moyen des livres, mais par l’ascendant de la parole, mais en catéchisant des femmes[25], des filles, des enfants, mais en courant de bourgade en bourgade ; en un mot, comme toutes les sectes s’établissent.

En bonne foi, Romains, qu’auraient répondu vos ancêtres si saint Paul, ou Simon Barjone, ou Mathias, ou Matthieu, ou Luc, avaient comparu devant le sénat, s’ils avaient dit : Notre Dieu Jésus, qui a passé toute sa vie pour le fils d’un charpentier, est né l’an 752 de la fondation de Rome, sous le gouvernement de Cirénius[26], dans un village juif nommé Bethléem, où son père Joseph et sa mère Mariah étaient venus se faire inscrire, quand Auguste ordonna le dénombrement de l’univers ? Dieu naquit dans une étable entre un bœuf et un âne[27] ; les anges descendirent du ciel à sa naissance, et en avertirent tous les paysans ; une étoile nouvelle éclata dans les cieux, et conduisit vers lui trois rois ou trois mages d’Orient, qui lui apportèrent en tribut de l’encens, de la myrrhe, et de l’or ; et malgré cet or, il fut pauvre toute sa vie. Hérode, qui se mourait alors, Hérode, que vous aviez fait roi, ayant appris que le nouveau-né était roi des Juifs, fit égorger quatorze mille enfants nouveau-nés des environs, afin que ce roi fût compris dans leur nombre[28]. Cependant un de nos écrivains inspirés de Dieu dit[29] que l’enfant Dieu et roi s’enfuit en Égypte ; et un autre écrivain, non moins inspiré de Dieu, dit que l’enfant resta à Bethléem[30]. Un des mêmes écrivains sacrés et infaillibles lui fait une généalogie royale ; un autre écrivain sacré lui compose une généalogie royale entièrement contraire, Jésus prêche des paysans ; Jésus garçon de la noce change l’eau en vin pour des paysans déjà ivres[31]. Jésus est emporté par le diable sur une montagne[32]. Jésus chasse les diables, et les envoie dans le corps de deux mille cochons[33], dans la Galilée, où il n’y eut jamais de cochons. Jésus dit des injures atroces aux magistrats[34]. Le préteur Pontius le fait pendre. Il manifeste sa divinité sitôt qu’il est pendu ; la terre tremble[35], tous les morts sortent de leurs tombeaux, et se promènent dans la ville, aux yeux de Pontius. Il se fait une éclipse centrale du soleil[36] en plein midi, dans la pleine lune, quoique la chose soit impossible. Jésus ressuscite secrètement, monte au ciel, et envoie publiquement un autre Dieu, qui tombe en plusieurs langues de feu[37] sur les têtes de ses disciples. Que ces mêmes langues tombent sur vos têtes, pères conscripts, faites-vous chrétiens.

Si le moindre huissier du sénat avait daigné répondre à ce discours, il leur aurait dit : Vous êtes des fourbes insensés qui méritez d’être renfermés dans l’hôpital des fous. Vous en avez menti quand vous dites que votre Dieu naquit en l’an de Rome 752, sous le gouvernement de Cirénius, proconsul de Syrie ; Cirénius ne gouverna la Syrie que plus de dix ans après ; nos registres en font foi : c’était Quintilius Varus qui était alors proconsul de Syrie.

Vous en avez menti quand vous dites qu’Auguste ordonna le dénombrement de l’univers. Vous êtes des ignorants qui ne savez pas qu’Auguste n’était pas le maître de la dixième partie de l’univers. Si vous entendez par l’univers l’empire romain, sachez que ni Auguste ni personne n’a jamais entrepris un tel dénombrement. Sachez qu’il n’y eut qu’un seul cens des citoyens de Rome et de son territoire sous Auguste, et que ce cens se monta à quatre millions de citoyens ; et à moins que votre charpentier Joseph et sa femme Marie n’aient fait votre Dieu dans un faubourg de Rome, et que ce charpentier juif n’ait été un citoyen romain, il est impossible qu’il ait été dénombré.

Vous en avez ridiculement menti avec vos trois rois et la nouvelle étoile, et les petits enfants massacrés, et avec vos morts ressuscités et marchant dans les rues à la vue de Pontius Pilatus, qui ne nous en a jamais écrit un seul mot, etc., etc.

Vous en avez menti avec votre éclipse du soleil en pleine lune ; notre préteur Pontius Pilatus nous en aurait écrit quelque chose, et nous aurions été témoins de cette éclipse avec toutes les nations de la terre. Retournez à vos travaux journaliers, paysans fanatiques, et rendez grâces au sénat, qui vous méprise trop pour vous punir.

ARTICLE VI.

Il est clair que les premiers chrétiens demi-juifs se gardèrent bien de parler aux sénateurs de Rome, ni à aucun homme en place, ni à aucun citoyen au-dessus de la lie du peuple. Il est avéré qu’ils ne s’adressèrent qu’à la plus vile canaille ; c’est devant elle qu’ils se vantèrent de guérir les maladies des nerfs, les épilepsies, les convulsions de matrice, que l’ignorance regardait partout comme des sortiléges, comme des obsessions des mauvais génies, chez les Romains ainsi que chez les Juifs, chez les Égyptiens, chez les Grecs, chez les Syriens. Il était impossible qu’il n’y eût quelque malade de guéri : les uns l’étaient au nom d’Esculape, et l’on a même retrouvé depuis peu à Rome un monument d’un miracle d’Esculape avec les noms des témoins ; les autres étaient guéris au nom d’Isis ou de la déesse de Syrie; les autres au nom de Jésus, etc. La canaille guérie en ce nom croyait à ceux qui l’annonçaient.

ARTICLE VII.

Les chrétiens s’établissaient parmi le peuple par ce moyen qui séduit toujours le vulgaire ignorant ; ils avaient encore un ressort bien plus puissant : ils déclamaient contre les riches, ils prêchaient la communauté des biens ; dans leurs associations secrètes ils engageaient leurs néophytes à leur donner le peu d’argent gagné à la sueur de leur front ; ils citaient le prétendu exemple de Saphira et d’Ananias[38], que Simon Barjone surnommé Céphas, qui signifie Pierre, avait fait mourir de mort subite pour avoir gardé un écu, premier et détestable exemple des rapines ecclésiastiques.

Mais ils n’auraient pu parvenir à tirer ainsi l’argent de leurs néophytes s’ils n’avaient prêché la doctrine des philosophes cyniques, qui était l’esprit de désappropriation. Cela ne suffisait pas encore pour établir un troupeau nombreux ; il y avait longtemps que la fin du monde était annoncée : vous la trouverez dans Épicure ; dans Lucrèce, son plus illustre disciple ; Ovide, du temps d’Auguste, avait dit :

Esse quoque in fatis reminiscitur, affore tempus,
Quo mare, quo tellus, correptaque regia cœli
Ardeat, et mundi moles operosa laboret.

(Métam., I, 256.)

Selon les autres, un concours fortuit d’atomes avait formé le monde, un autre concours fortuit devait le démolir.

Quod superest, nunc me huc rationis detulit ordo,
Ut mihi, mortali consistere corpore mundum
Nativumque simul, ratio roddenda sit, esse.

(Lucr., v. 65.)

Cette opinion venait originairement des brachmanes de l’Inde ; plusieurs Juifs l’avaient embrassée du temps d’Hérode ; elle est formellement dans l’Évangile de Luc, comme vous l’avez vu[39] ; elle est dans les Épîtres de Paul ; elle est dans tous ceux qu’on appelle Pères de l’Église. Le monde allait donc être détruit ; les chrétiens annonçaient une nouvelle Jérusalem, qui paraissait dans les airs pendant la nuit[40]. On ne parlait chez les Juifs que d’un nouveau royaume des cieux : c’était le système de Jean-Baptiste, qui avait remis en vogue, dans le Jourdain, l’ancien baptême des Indiens dans le Gange, baptême reçu chez les Égyptiens, baptême adopté par les Juifs. Ce nouveau royaume des cieux où les seuls pauvres devaient aller, et dont les riches étaient exclus, fut prêché par Jésus et ses adhérents ; on menaçait de l’enfer éternel ceux qui ne croiraient pas au nouveau royaume des cieux : cet enfer, inventé par le premier Zoroastre, fut ensuite un point principal de la théologie égyptienne ; c’est d’elle que vinrent la barque à Caron, Cerbère, le fleuve Léthé, le Tartare, les Furies ; c’est d’Égypte que cette idée passa en Grèce, et de là chez les Romains ; les Juifs ne la connurent jamais jusqu’au temps où les pharisiens la prêchèrent, un peu avant le règne d’Hérode. Une de leurs contradictions était d’admettre un enfer en admettant la métempsycose ; mais peut-on chercher du raisonnement chez les Juifs ? ils n’en ont jamais eu qu’en fait d’argent. Les saducéens, les samaritains, rejetèrent l’immortalité de l’âme, parce qu’en effet elle n’est dans aucun endroit de la loi mosaïque.

Voilà donc le grand ressort dont les premiers chrétiens, tous demi-juifs, se servirent pour donner de l’activité à la machine nouvelle ; communauté de biens, repas secrets, mystères cachés. Évangiles lus aux seuls initiés, paradis aux pauvres, enfer aux riches, exorcismes de charlatans : voilà, dis-je, dans l’exacte vérité, les premiers fondements de la secte chrétienne. Si je me trompe, ou plutôt si je veux tromper, je prie le Dieu de l’univers, le Dieu de tous les hommes, de sécher ma main qui écrit ce que je pense, de foudroyer ma tête convaincue de l’existence de ce Dieu bon et juste, et de m’arracher un cœur qui l’adore.

ARTICLE VIII.

Romains, développons maintenant les artifices, les fourberies, les actes de faussaires, que les chrétiens eux-mêmes ont appelés fraudes pieuses[41] : fraudes qui vous ont enfin coûté votre liberté et vos biens, et qui ont plongé les vainqueurs de l’Europe dans l’esclavage le plus déplorable. Je prends encore Dieu à témoin que je ne vous dirai pas un seul mot qui ne soit prouvé. Si je voulais employer toutes les armes de la raison contre le fanatisme, tous les traits perçants de la vérité contre l’erreur, je vous parlerais d’abord de cette quantité prodigieuse d’Évangiles qui se sont contredits, et qu’aujourd’hui vos papes mêmes reconnaissent pour faux : ce qui démontre qu’au moins il y a eu des faussaires parmi les premiers chrétiens ; mais c’est une chose assez connue. Il faut vous montrer des impostures plus communément ignorées, et mille fois plus funestes.

PREMIÈRE IMPOSTURE.

C’est une superstition bien ancienne que les dernières paroles des vivants étaient des prophéties, ou du moins des maximes sacrées, des préceptes respectables. On croyait que l’àme, prête à se dégager des liens du corps, et à moitié réunie avec la Divinité, voyait l’avenir et la vérité qui se montrait alors sans nuage. Suivant ce préjugé, les judéo-christicoles forgent, dès le ier siècle de l’Église, le Testament des douze patriarches, écrit en grec, qui doit servir de prédiction et de préparation au nouveau royaume de Jésus. On trouve dans le Testament de Ruben[42] ces paroles : προσϰυνήσετε τῷ σπέρματι αὐτοῦ, ὅτι ὑπὲρ ὑμῶν ἀποθανεῖται ἐν πολέμοις ὁρατοῖς ϰαὶ ἀοράτοῖς, ϰαὶ ἔσται ἐν ὑμῖν βασιλεὺς αἰὠνων. « Adorez son sperme, car il mourra pour vous dans des guerres visibles et invisibles, et il sera votre roi éternellement. » On applique cette prophétie à Jésus, selon la coutume de ceux qui écrivirent cinquante-quatre Évangiles en divers lieux, et qui presque tous tâchèrent de trouver dans les écrivains juifs, et surtout dans ceux qu’on appelle prophètes, des passages qu’on pouvait tordre en faveur de Jésus. Ils en supposèrent même plusieurs évidemment reconnus pour faux. L’auteur de ce Testament des patriarches est donc le plus effronté et le plus maladroit faussaire qui ait jamais barbouillé du papier d’Égypte : car ce livre fut écrit dans Alexandrie, dans l’école d’un nommé Marc.

DEUXIÈME IMPOSTURE PRINCIPALE.

Ils supposèrent des lettres du roi d’Édesse à Jésus, et de Jésus à ce prétendu prince, tandis qu’il n’y avait point de roi à Édesse, ville soumise au gouvernement de Syrie, et que jamais le petit prince d’Édesse ne prit le titre de roi ; tandis qu’enfin il n’est dit dans aucun Évangile que Jésus sût écrire ; tandis que, s’il avait écrit, il en aurait laissé quelque témoignage à ses disciples. Aussi ces prétendues lettres sont aujourd’hui déclarées actes de faussaires par tous les savants.

TROISIÈME IMPOSTURE PRINCIPALE, QUI EN CONTIENT PLUSIEURS.

On forge des actes de Pilate, des lettres de Pilate, et jusqu’à une histoire de la femme de Pilate ; mais surtout les lettres de Pilate sont curieuses ; en voici un fragment :

« Il est arrivé depuis peu, et je l’ai vérifié, que les Juifs, par leur envie, se sont attiré une cruelle condamnation ; leur Dieu leur ayant promis de leur envoyer son saint du haut du ciel, qui serait leur roi à bien juste titre, et ayant promis qu’il serait fils d’une vierge, le dieu des Hébreux l’a envoyé en effet, moi étant président en Judée. Les principaux des Juifs me l’ont dénoncé comme un magicien ; je l’ai cru, je l’ai bien fait fouetter, je le leur ai abandonné, ils l’ont crucifié, ils ont mis des gardes auprès de sa fosse ; il est ressuscité le troisième jour. »

Je joins à cette supposition celle du rescrit de Tibère au sénat, pour mettre Jésus au rang des dieux de l’empire, et les ridicules lettres du philosophe Sénèque à Paul, et de Paul à Sénèque, écrites en un latin barbare, et les lettres de la vierge Marie à saint Ignace ; et tant d’autres fictions grossières dans ce goût. Je ne peux pas trop étendre ce dénombrement d’impostures, dont la liste vous effrayerait si je les comptais une à une.

QUATRIÈME IMPOSTURE.

La supposition la plus hardie peut-être, et la plus grossière, est celle des prophéties attribuées aux sibylles qui prédisent l’incarnation de Jésus, ses miracles, et son supplice, en vers acrostiches. Ces bêtises, ignorées des Romains, étaient l’aliment de la foi des catéchumènes. Elles ont eu cours pendant huit siècles parmi nous, et nous chantons encore dans une de nos hymnes[43] : teste David cum sibylla, témoin David et la sibylle.

Vous vous étonnez sans doute qu’on ait pu adopter si longtemps ces misérables facéties, et mener les hommes avec de pareilles brides ; mais les chrétiens ayant été plongés quinze cents ans dans la plus stupide barbarie, les livres étant très-rares, les théologiens étant très-fourbes, on a tout osé dire à des malheureux capables de tout croire.

CINQUIÈME IMPOSTURE.

Illustres et infortunés Romains, avant d’en venir aux funestes mensonges qui vous ont coûté votre liberté, vos biens, votre gloire, et qui vous ont mis sous le joug d’un prêtre ; et avant de vous parler du prétendu pontificat de Simon Barjone, qui siégea, dit-on, à Rome pendant vingt-cinq années, il faut que vous soyez instruits des Constitutions apostoliques : c’est le premier fondement de cette hiérarchie qui vous écrase aujourd’hui.

Au commencement du iie siècle il n’y avait point de surveillant, d’épiscopos, d’évêque revêtu d’une dignité réelle pour sa vie, attaché irrévocablement à un certain siége, et distingué des autres hommes par ses habits ; tous les évêques mêmes furent vêtus comme des laïques jusqu’au milieu du ve siècle. L’assemblée était dans la salle d’une maison retirée. Le ministre était choisi par les initiés, et exerçait tant qu’on était content de son administration. Point d’autel, point de cierge, point d’encens : les premiers Pères de l’Église ne parlent qu’avec horreur des autels et des temples[44]. On se contentait de faire des collectes d’argent, et de souper ensemble. La société chrétienne s’étant secrètement multipliée, l’ambition voulut faire une hiérarchie ; comment s’y prend-on ? Les fripons qui conduisaient les enthousiastes leur font accroire qu’ils ont découvert les Constitutions apostoliques écrites par saint Jean et par saint Matthieu ; « quae ego Matthaeus et Joannes vobis tradidimus[45] ». C’est là qu’on fait dire à Matthieu : « Gardez-vous de juger votre évêque, car il n’est donné qu’aux prêtres d’être juges[46]. » C’est là où Matthieu et Jean disent : « Autant que l’âme est au-dessus du corps, autant le sacerdoce l’emporte sur la royauté : regardez votre évêque comme un roi, comme un maître absolu, dominum ; donnez-lui vos fruits, vos ouvrages, vos prémices, vos décimes, vos épargnes, les prémices, les décimes de votre vin, de votre huile, de vos blés[47], etc. Que l’évêque soit un dieu pour vous, et le diacre un prophète[48]. Dans les festins, que le diacre ait double portion, et le prêtre le double du diacre ; et s’ils ne sont pas à table, qu’on envoie les portions chez eux[49]. »

Vous voyez, Romains, l’origine de l’usage où vous êtes de mettre la nappe pour donner des indigestions à vos pontifes ; et plût à Dieu qu’ils ne s’en fussent tenus qu’au péché de la gourmandise !

Au reste, dans cette imposture des Constitutions des apôtres, remarquez bien attentivement que c’est un monument authentique des dogmes du iie siècle, et que cet ouvrage de faussaire rend hommage à la vérité, en gardant un silence absolu sur des innovations qu’on ne pouvait prévoir, et dont vous avez été inondés de siècle en siècle. Vous ne trouverez, dans ce monument du iie siècle, ni trinité, ni consubstantialité, ni transsubstantiation, ni confession auriculaire. Vous n’y trouverez point que la mère de Jésus soit mère de Dieu, que Jésus eût deux natures et deux volontés, que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. Tous ces singuliers ornements de fantaisie, étrangers à la religion de l’Évangile, ont été ajoutés depuis au bâtiment grossier que le fanatisme et l’ignorance élevaient dans les premiers siècles.

Vous y trouverez bien trois personnes, mais jamais trois personnes en un seul Dieu. Lisez avec la sagacité de votre esprit, seule richesse que vos tyrans vous ont laissée, lisez la prière commune que les chrétiens faisaient dans leurs assemblées, au second siècle, par la bouche de l’épiscope :

« Ô Dieu tout-puissant, inengendré, inaccessible, seul vrai Dieu, et père de Christ ton fils unique. Dieu au Paraclet, Dieu de tous, toi qui as constitué docteurs les disciples par Christ[50] etc. »

Voilà clairement un seul Dieu qui commande à Christ et au Paraclet. Jugez si cela ressemble à la Trinité, à la consubstantialité établie depuis à Nicée, malgré la réclamation constante de dix-huit évêques et de deux mille prêtres[51].

Dans un autre endroit, le même auteur, qui est probablement un évêque secret des chrétiens à Rome, dit formellement : le Père est Dieu par-dessus tout[52].

C’était la doctrine de Paul, qui éclate en tant d’endroits de ses Épitres. « Ayons la paix en Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ[53]. »

« Nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort du fils[54]. »

« Si, par le péché d’un seul, plusieurs sont morts, le don de Dieu s’en est plus répandu, grâces à un seul homme, qui est Jésus-Christ[55]. »

« Nous sommes héritiers de Dieu, et cohéritiers de Jésus-Christ[56]. »

« Supportez-vous les uns les autres comme Jésus vous a supportés pour la gloire de Dieu[57]. »

« À Dieu le seul sage honneur et gloire par Jésus-Christ[58]. »

« Jésus nous a été donné de Dieu[59]. »

« Que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le père de gloire, vous donne l’esprit de sagesse[60]. »

C’est ainsi que le Juif chrétien saint Paul s’explique toujours ; c’est ainsi qu’on fait parler Jésus lui-même dans les Évangiles[61]. « Mon père est plus grand que moi ; » c’est-à-dire, Dieu fait ce que les hommes ne peuvent faire, car tous les Juifs, en parlant de Dieu, disaient mon père.

La patenôtre commence par ces mots : « Notre père. » Jésus dit : « Nul ne le sait que le père. Nul autre que mon père ne sait ce jour, pas même les anges[62]. Cela ne dépend pas de moi, mais seulement de mon père[63]. » Il est encore très-remarquable que Jésus, craignant d’être appréhendé au corps, et suant de peur sang et eau, s’écria : « Mon père, que ce calice s’éloigne de moi[64] ! » C’est ce qu’un polisson[65] de nos jours appelle mourir en Dieu. Enfin aucun Évangile ne lui a mis dans la bouche ce blasphème, qu’il était Dieu, consubstantiel à Dieu.

Romains, vous m’allez demander pourquoi, comment on en fit un Dieu dans la suite des temps ? Et moi, je vous demande pourquoi et comment on fit des dieux de Bacchus, de Persée, d’Hercule, de Romulus : encore ne poussa-t-on pas le sacrilége jusqu’à leur donner le titre de Dieu suprême, de Dieu créateur ; ce blasphème était réservé pour la secte échappée de la secte juive.

SIXIÈME IMPOSTURE PRINCIPALE.

Je passe sous silence les innombrables impostures des voyages de Simon Barjone, de l’Évangile de Simon Barjone, de son Apocalypse, de l’Apocalypse de Cérinthe, ridiculement attribuée à Jean, des Épîtres de Barnabé, de l’Évangile des douze apôtres, de leurs Liturgies, des Canons du concile des apôtres, de la Confection du Credo par les apôtres, les voyages de Matthieu, les voyages de Thomas, et de tant de rêveries reconnues enfin pour être de la main d’un faussaire, qui les fit passer sous des noms révérés des chrétiens.

Je n’insisterai pas beaucoup sur le roman du prétendu pape saint Clément, qui se dit successeur immédiat de saint Pierre ; je remarquerai seulement que Simon[66] Barjone et lui rencontrèrent un vieillard qui leur dit que sa femme l’a fait cocu, et qu’elle a couché avec son valet ; Clément demande au vieillard comment il a su qu’il était cocu ? « Par l’horoscope de ma femme, lui dit le bonhomme ; et encore par mon frère, avec qui ma femme a voulu coucher, et qui n’a point voulu d’elle[67]. » À ce discours, Clément reconnaît son père dans le cocu, et ce même Clément apprend de Pierre qu’il est du sang des Césars. Ô Romains ! c’est donc par de pareils contes que la puissance papale s’est établie.

SEPTIÈME IMPOSTURE PRINCIPALE SUR LE PRÉTENDU PONTIFICAT
DE SIMON BARJONE, SURNOMMÉ PIERRE.

Qui a dit le premier que Simon, ce pauvre pêcheur, était venu de Galilée à Rome, qu’il y avait parlé latin, lui qui ne pouvait savoir que le patois de son pays, et qu’enfin il avait été pape de Rome vingt-cinq ans ? C’est un Syrien nommé Abdias, qui vivait sur la fin du ier siècle, qu’on dit évêque de Babylone (c’est un bon évêché). Il écrivit en syriaque ; nous avons son ouvrage traduit en latin par Jules Africain. Voici ce que cet écrivain sensé raconte ; il a été témoin oculaire ; son témoignage est irréfragable. Écoutez bien.

Simon Barjone Pierre ayant ressuscité la Tabite, ou la Dorcas, couturière des apôtres ; ayant été mis en prison par l’ordre du roi Hérode (quoique alors il n’y eût point de roi Hérode) ; et un ange lui ayant ouvert les portes de la prison (selon la coutume des anges), ce Simon rencontra dans Césarée l’autre Simon de Samarie, surnommé le Magicien, qui faisait aussi des miracles ; là ils commencèrent tous deux à se morguer. Simon le Samaritain s’en alla à Rome auprès de l’empereur Néron ; Simon Barjone ne manqua pas de l’y suivre ; l’empereur les reçut on ne peut pas mieux. Un cousin de l’empereur vint à mourir : aussitôt c’est à qui ressuscitera le défunt ; le Samaritain a l’honneur de commencer la cérémonie ; il invoque Dieu ; le mort donne des signes de vie, et branle la tête, Simon Pierre invoque Jésus-Christ, et dit au mort de se lever ; le mort se lève, et vient l’embrasser. Ensuite vient l’histoire connue des deux chiens ; puis Abdias raconte comment Simon vola dans les airs, comment son rival Simon Pierre le fit tomber. Simon le Magicien se cassa les jambes, et Néron fit crucifier Simon Pierre la tête en bas pour avoir cassé les jambes de l’autre Simon.

Cette arlequinade a été écrite non-seulement par Abdias, mais encore par je ne sais quel Marcel et par un Hégésippe qu’Eusèbe cite souvent dans son histoire. Observez, judicieux Romains, je vous en conjure, comment ce Simon Pierre peut avoir régné spirituellement vingt-cinq ans dans votre ville. Il y vint sous Néron, selon les plus anciens écrivains de l’Église ; il y mourut sous Néron : et Néron ne régna que treize années.

Que dis-je ? lisez les Actes des apôtres ; y est-il seulement parlé d’un voyage de Pierre à Rome ? il n’en est pas fait la moindre mention. Ne voyez-vous pas que lorsque l’on imagina que Pierre était le premier des apôtres, on voulut supposer qu’il n’y avait eu que la ville impériale digne de sa présence ? Voyez avec quelle grossièreté on vous a trompés en tout : serait-il possible que le fils de Dieu, Dieu lui-même, n’eût employé qu’une équivoque de polisson, une pointe, un quolibet absurde[68], pour établir Simon Barjone chef de son Église : Tu es surnommé Pierre, et sur cette pierre j’établirai mon Église ? Si Barjone s’était appelé Potiron, Jésus lui aurait dit : Tu es Potiron, et Potiron sera appelé le roi des fruits de mon jardin.

Pendant plus de trois cents ans le successeur prétendu d’un paysan de Galilée fut ignoré dans Rome. Voyons enfin comment les papes devinrent vos maîtres.

HUITIÈME IMPOSTURE.

Il n’y a aucun homme instruit dans l’histoire des Églises grecque et latine qui ne sache que les siéges métropolitains établirent leurs principaux droits au concile de Chalcédoine, convoqué en 451 par l’ordre de l’empereur Marcien et de Pulchérie, composé de six cent trente évêques. Les sénateurs qui présidaient au nom de l’empereur avaient à leur droite les patriarches d’Alexandrie et de Jérusalem, et à leur gauche celui de Constantinople et les députés du patriarche de Rome. Ce fut par les canons de ce concile que les siéges épiscopaux participèrent à la dignité des villes dans lesquelles ils étaient situés. Les évêques des deux villes impériales, Rome et Constantinople, furent déclarés les premiers évêques avec des prérogatives égales, par le célèbre vingt-huitième canon.

« Les Pères ont donné avec justice des prérogatives au siége de l’ancienne Rome, comme à une ville régnante, et les cent cinquante évêques du premier concile de Constantinople, très-chéris de Dieu, ont par la même raison attribué les mêmes priviléges à la nouvelle Rome ; ils ont justement jugé que cette ville, où résident l’empire et le sénat, doit lui être égale dans toutes les choses ecclésiastiques. »

Les papes se sont toujours débattus contre l’authenticité de ce canon ; ils l’ont défiguré, ils l’ont tordu de tous les sens. Que firent-ils enfin pour éluder cette égalité, et pour anéantir avec le temps tous les titres de sujétion qui les soumettaient aux empereurs comme tous les autres sujets de l’empire ? Ils forgèrent cette fameuse donation de Constantin, laquelle a été tenue pour si véritable pendant plusieurs siècles que c’était un péché mortel, irrémissible, d’en douter ; et que le coupable encourait, ipso facto, l’excommunication majeure.

C’était une chose bien plaisante que cette donation de Constantin à l’évêque Silvestre.

« Nous avons jugé utile, dit l’empereur, avec tous nos satrapes et tout le peuple romain, de donner aux successeurs de saint Pierre une puissance plus grande que celle de Notre Sérénité. » Ne trouvez-vous pas, Romains, que le mot de satrape est bien placé là ?

C’est avec la même authenticité que Constantin, dans ce beau diplôme, dit « qu’il a mis les apôtres Pierre et Paul dans de grandes châsses d’ambre ; qu’il a bâti les églises de saint Pierre et de saint Paul, et qu’il leur a donné de vastes domaines en Judée, en Grèce, en Thrace, en Asie, etc., pour entretenir le luminaire ; qu’il a donné au pape son palais de Latran, des chambellans, des gardes du corps, et qu’enfin il lui donne en pur don, à lui et à ses successeurs, la ville de Rome, l’Italie, et toutes les provinces d’Occident : le tout pour remercier le pape Silvestre de l’avoir guéri de la ladrerie, et de l’avoir baptisé », quoiqu’il n’ait été baptisé qu’au lit de la mort par Eusèbe, évêque de Nicomédie.

Il n’y eut jamais ni pièce plus ridicule d’un bout à l’autre, ni plus accréditée dans les temps d’ignorance où l’Europe a croupi si longtemps après la chute de votre empire.
NEUVIÈME IMPOSTURE.

Je passe sous silence un millier de petites impostures journalières, pour arriver vite à la grande imposture des décrétales.

Ces fausses décrétales furent universellement répandues dans le siècle de Charlemagne. C’est là, Romains, que, pour mieux vous ravir votre liberté, on en dépouille tous les évêques ; on veut qu’ils n’aient pour juge que l’évêque de Rome. Certes s’il est le souverain des évêques, il devait bientôt devenir le vôtre, et c’est ce qui est arrivé. Ces fausses décrétales abolissaient les conciles, elles abolirent bientôt votre sénat, qui n’est plus qu’une cour de judicature, esclave des volontés d’un prêtre. Voilà surtout la véritable origine de l’avilissement dans lequel vous rampez. Tous vos droits, tous vos priviléges, si longtemps conservés par votre sagesse, n’ont pu vous être ravis que par le mensonge. Ce n’est qu’en mentant à Dieu et aux hommes qu’on a pu vous rendre esclaves ; mais jamais on n’a pu éteindre dans vos cœurs l’amour de la liberté. Il est d’autant plus fort que la tyrannie est plus grande. Ce mot sacré de liberté se fait encore entendre dans vos conversations, dans vos assemblées, et jusque dans les antichambres du pape.

ARTICLE IX.

César ne fut que votre dictateur ; Auguste ne fut que votre général, votre consul, votre tribun. Tibère, Caligula, Néron, vous laissèrent vos comices, vos prérogatives, vos dignités ; les barbares même les respectèrent. Vous eûtes toujours votre gouvernement municipal. C’est par votre délibération, et non par l’autorité de votre évêque Grégoire III, que vous offrîtes la dignité de patrice au grand Charles Martel, maître de son roi, et vainqueur des Sarrasins en l’année 741 de notre fautive ère vulgaire.

Ne croyez pas que ce fut l’évêque Léon III qui fit Charlemagne empereur : c’est un conte ridicule du secrétaire Éginhard, vil flatteur des papes qui l’avaient gagné. De quel droit et comment un évêque sujet aurait-il fait un empereur, qui n’était jamais créé que par le peuple ou par les armées qui se mettaient à la place du peuple ?

Ce fut vous, peuple romain, qui usâtes de vos droits ; vous, qui ne voulûtes plus dépendre d’un empereur grec, dont vous n’étiez pas secourus ; vous, qui nommâtes Charlemagne : sans quoi il n’eût été qu’un usurpateur. Les annalistes de ce temps conviennent que tout était arrangé entre Carolo et vos principaux officiers (ce qui est en effet de la plus grande vraisemblance). Votre évêque n’y eut d’autre part que celle d’une vaine cérémonie, et la réalité de recevoir de grands présents. Il n’avait d’autre autorité légale dans votre ville que celle du crédit attaché à sa mitre, à son clergé, et à son savoir-faire.

En vous donnant à Charlemagne, vous restâtes maîtres de l’élection de vos officiers ; la police fut entre leurs mains ; vous demeurâtes en possession du môle d’Adrien, si ridiculement appelé depuis le château Saint-Ange, et vous n’avez été pleinement asservis que quand vos évêques se sont emparés de cette forteresse.

Ils sont parvenus pas à pas à cette grandeur suprême, si expressément proscrite pour eux par celui qu’ils regardent comme leur Dieu, et dont ils osent s’appeler les vicaires. Jamais sous les Othons ils n’eurent de juridiction dans Rome. Les excommunications et les intrigues furent leurs seules armes ; et lorsque, dans les temps d’anarchie, ils ont été en effet souverains, ils n’ont jamais osé en prendre le titre. Je défie tous les gens habiles qui vendent chez vous des médailles aux étrangers d’en montrer une seule où votre évêque soit intitulé votre souverain. Je défie même les plus habiles fabricateurs de titres dont votre cour abonde d’en montrer un seul où le pape soit traité de prince par la grâce de Dieu. Quelle étrange principauté que celle qu’on craint d’avouer !

Quoi ! les villes impériales d’Allemagne qui ont des évêques sont libres ; et vous, Romains, vous ne l’êtes pas ! Quoi ! l’archevêque de Cologne n’a pas seulement le droit de coucher dans cette ville, et votre pape vous permet à peine de coucher chez vous ! Il s’en faut beaucoup que le sultan des Turcs soit aussi despotique à Constantinople que le pape l’est devenu à Rome.

Vous périssez de misère sous de beaux portiques. Vos belles peintures dénuées de coloris, et dix ou douze chefs-d’œuvre de la sculpture antique, ne vous procureront jamais ni un bon dîner ni un bon lit. L’opulence est pour vos maîtres, et l’indigence est pour vous : le sort d’un esclave des anciens Romains était cent fois au-dessus du vôtre, car il pouvait acquérir de grandes fortunes ; mais vous, nés serfs, vous mourez serfs, et vous n’avez d’huile que celle de l’extrême-onction. Esclaves de corps, esclaves d’esprit, vos tyrans ne souffrent pas même que vous lisiez dans votre langue le livre sur lequel on dit que votre religion est fondée.

Éveillez-vous, Romains, à la voix de la liberté, de la vérité, et de la nature. Cette voix éclate dans l’Europe, il faut que vous l’entendiez ; rompez les chaînes qui accablent vos mains généreuses, chaînes forgées par la tyrannie dans l’antre de l’imposture.


FIN DE L’ÉPÎTRE AUX ROMAINS.

  1. Il est question de cette épître dans les Mémoires secrets du 13 août 1768. L’édition originale in-8o de 42 pages sans millésime, est intitulée l’Épître aux Romains, par le comte Passeran, traduite de l’italien. Dans le tome XI des Nouveaux Mélanges, publié en 1772, le titre est : l’Épître aux Romains, traduite de l’italien. C'est dans le tome XXXIX (second des Pièces détachées) de l’édition de 1775, que fut mis le titre actuel. L’Épître aux Romains n'a été mise à l’index, à Rome, que le 1er mars 1770.
  2. Voyez, tome XVII, page 328 ; XXVI, 231.
  3. L’eucharistie.
  4. Voyez les Actes de sainte Thècle, écrits dès le ier siècle par un disciple de saint Paul, reconnus pour canoniques par Tertullien, par saint Cyprien, par Grégoire de Nazianze, saint Ambroise, etc. (Note de Voltaire.) — Sur les Actes de sainte Thècle, voyez tome XVII, page 302.
  5. Anciens Actes des apôtres, ch. xxi. (Note de Voltaire.)
  6. Actes, vii, 57.
  7. Ibid., ix, 4. (Note de Voltaire.)
  8. Ibid., 4, 5, 7.
  9. I. Aux Corinthiens, ch. ix, v. 4 et 5. (Note de Voltaire.)
  10. I. Aux Thessaloniciens, chap. iv.
  11. I. Ibid., ch. iv, v. 16 et 17. (Id.)
  12. Luc, ch. xxi, 27. (Id.)
  13. Actes, ch. xxi. (Id.)
  14. Chap. xvi, v. 22. (Note de Voltaire.)
  15. Actes, ch. xvi, v. 37. (Id.)
  16. Récollets, porte-sandales.
  17. Voyez tome XXIII, page 479, le Dialogue entre Marc-Aurèle et un Récollet.
  18. Matthieu, au chapitre xiv, compte cinq mille hommes et cinq pains, et au chapitre xv, quatre mille hommes et sept pains ; apparemment ce sont deux miracles qui font en tout neuf mille hommes et neuf mille femmes pour le moins ; et, si vous y ajoutez neuf mille petits enfants, le tout se monte à vingt-sept mille déjeuners : cela est considérable. (Note de Voltaire.)
  19. Chant I, v. 186.
  20. Saint Janvier ; voyez tome XIII, pages 96-97.
  21. Il faut lire : sa profession.
  22. Matthieu, ch. xx, v. 26. (Note de Voltaire.)
  23. Matthieu, ch. xx, v. 26, 27 et 28. (Id.)
  24. C’est le nom de famille de Clément XIII, qui fut pape de 1758 à 1769.
  25. Actes, ch. xvi, v. 13 et 14. (Note de Voltaire.)
  26. Luc, ch. ii, v. 1, 2, 3, etc. (Id.)
  27. Il est reçu dans toute la chrétienté que Jésus naquit dans une étable, entre un bœuf et un âne ; cependant il n’en est pas dit un mot dans les Évangiles : c’est une imagination de Justin ; Lactance en parle, ou du moins l’auteur d’un mauvais poëme sur la Passion, attribué à ce Lactance.

    Hic mihi fusa dedit bruta inter inertia primum
    Arida in angustis præsopibus herba cubile.

    (Id.)
  28. Matthieu, ch. ii, 16. (Note de Voltaire.)
  29. Matth., ch. ii, v. 14. (Id.)
  30. Luc, ch. 11, v. 39. (Id.)
  31. Jean, ch. ii, v. 10. (Id.)
  32. Matth., iv, 5; Luc, iv, 5.
  33. Matth., viii, 32 ; Marc, v, 13.
  34. Matth., xxiii.
  35. Matth., xxvii, 51, 52, 53.
  36. Marc, xv, 33.
  37. Actes, ii, 3.
  38. Actes, ch. v, v. 1 jusqu’à 11. (Note de Voltaire.)
  39. Tome XI, page 283 ; c’est au chapitre xxi, versets 25-31, que saint Luc parle de la fin du monde.
  40. Voyez l’Apocalypse, attribué à Jean [xxi, 2] ; voyez aussi Justin et Tertullien. (Note de Voltaire.)
  41. Voyez, les paragraphes xiv et xix des Conseils raisonnables à M. Bergier.
  42. Voyez Codex pseudepigraphus Veteris Testamenti, par J.-A. Fabricius, seconde édition ; Hambourg, 1722, tome II, page 532. Il en existe une traduction française par Fr. Macé, d’après le latin de Robert, 1713, in-12.
  43. La prose de l’office des morts.
  44. Justin et Tertullien. (Note de Voltaire.)
  45. Constitutions apostoliques, liv. II, ch. lvii. (Id.)
  46. Liv.II, ch. xxxvi. (Id.)
  47. Liv. II, ch. xxxiv. (Id.)
  48. Ibid., ch. xxx. (Id.)
  49. Ibid., ch. xxxviii. (Id.)
  50. Constitutions apostoliques, liv. VIII, ch. vi. (Note de Voltaire.)
  51. Voyez l’Histoire de l’Église de Constantinople et d’Alexandrie, bibliothèque bodléienne. (Id.)
  52. Constitutions apostoliques, liv. III, ch. xvii. (Id.)
  53. Épître aux Romains, ch. v, v. 1. (Id.)
  54. Ibid., v, 10. (Id.)
  55. Ibid., v, 15. (Id.)
  56. Ibid., viii, 17. (Id.)
  57. Ibid., xv, 7. (Id.)
  58. Épître aux Romains, xvi, 27. (Note de Voltaire.)
  59. Épître aux Galates, ch. i. (Id.)
  60. Épître aux Éphésiens, i, 17. (Id.)
  61. Jean, xiv, 28. (Id.)
  62. Matthieu, xxiv, 36. (Id.)
  63. Ibid., xx, 23. (Id.)
  64. Luc, xxii, 44, 42. (Id.)
  65. J.-J. Rousseau, dans la Profession du vicaire savoyard (au quatrième livre d’Émile).
  66. Récognitions de saint Clément, liv. IX, nos 32, 33. (Note de Voltaire.)
  67. Récognitions de saint Clément, liv. IX, nos 34 et 35. (Id.)
  68. Matthieu, xvi, 18.