Rayons perdus (1869)/La Cure

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Alphonse Lemerre (p. 33-34).

LA CURE.


Clochers silencieux montrant du doigt le ciel !
Théophile Gautier.     


C’est un vieux cimetière étroit, pauvre, rustique,
Où d’humbles croix de bois, lugubre floraison,
Se détachent en noir sur le vert du gazon.
Puis une église avec un auvent pour portique,
Dont le petit clocher montrant le ciel du doigt,
Par un mouvement doux s’accoude sur le toit.

Adossée à l’église & plus modeste encore
La cure : une fenêtre avec un rideau blanc,
Un pot de basilic, un volet chancelant,
Au devant un jardin qu’un seul rosier décore
Et que ferme une claie, aux vieux ais vermoulus
Qui depuis bien longtemps ne se rejoignent plus.


Le tout calme, discret, charmant, mélancolique ;
Quelques saules pleureurs, un ou deux peupliers
Et comme fond, là-bas, de gros & grands noyers.
Pas une âme d’ailleurs sur le sentier oblique,
Qui fuit le long du mur & des buissons chétifs :
Seule, la rêverie y marche à pas furtifs.