La Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle/Chapitre 17

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Chapitre XVII.


Le même plan primitif se montre dans la structure des animaux rayonnes ou zoophytes fossiles.


Les mêmes difficultés que nous avons éprouvées à choisir dans les autres grandes divisions du règne animal des points qui pussent nous servir à établir la comparaison entre les formes éteintes et les formes actuellement existantes des diverses classes qui les composent, nous les retrouvons encore dans ce groupe des zoophytes, le dernier qui nous reste à étudier. On remplirait de nombreux volumes avec les descriptions seulement des espèces fossiles appartenant à tous ces beaux genres d’animaux rayonnés, dont les représentans fourmillent à l’heure qu’il est dans les eaux de nos mers modernes.

La comparaison des espèces vivantes avec les espèces fossiles conduirait à ce résultat, que presque jamais elles ne sont les mêmes, mais qu’elles ont été constamment établies sur un seul et même type général, et qu’au milieu des formes infiniment variées sous lesquelles elles remplissent les fonctions qui leur ont été assignées, on voit ressortir une unité de plan tellement parfaite, qu’il est impossible d’expliquer cette uniformité mystérieuse autrement qu’en invoquant l’action directe d’une Intelligence créatrice unique et toujours la même.


SECTION I.


ÉCHINODERMES FOSSILES.


Les animaux de cette classe la plus élevée des rayonnés, savoir les échinidiens, les stelléridiens et les crinoïdiens, ont été considérés jusqu’ici comme formés de parties semblables, disposées en rayons autour d’un centre commun. Mais M. Agassiz a fait voir tout récemment[1] que ces êtres n’offrent point le caractère qui a fait donner aux rayonnés le nom sous lequel on les désigne ; que leurs rayons sont dissemblables, et ne sont pas toujours en relation avec un centre unique ; mais que, dans ces familles des oursins, des astéries et des crinoïdes, il est des espèces qui offrent une disposition symétrique bilatérale tout à fait analogue à celle que l’on observe dans les classes animales les plus parfaites.


ÉCHINIDIENS ET STELLÉRIDIENS.


Le professeur Goldfuss, dans les planches de son ouvrage sur les fossiles (Petrefacten), a présenté d’une manière remarquable l’histoire des espèces fossiles d’échinidiens et de stelléridiens. Bien que ces débris proviennent de couches d’époques différentes, cet auteur les regarde comme appartenant pour la plupart à des genres qui existent encore à l’époque actuelle.

La famille des échinidiens paraît avoir traversé toutes les formations depuis la série de transition jusqu’à nos jours[2].

Aucun stelléridien n’a été signalé jusqu’ici dans des couches plus anciennes que le calcaire conchylien (muschel-kalk).

Comme la structure des espèces fossiles de l’une et de l’autre de ces deux familles est à peu près identique avec celle des oursins et des étoiles de mer, qui font partie de la création actuelle, nous réservons toute la place dont nous pouvons disposer en faveur de la classe des échinodermes, pour une famille que l’on ne rencontre guère qu’à l’état fossile, et qui paraît avoir été des plus abondantes dans les formations fossilifères les plus anciennes.


CRINOÏDIENS.


Parmi les familles fossiles de la division des rayonnés, les géologues en ont découvert une à laquelle on ne connaît encore que peu d’analogues à l’état vivant, et qui mérite une attention spéciale, soit pour son importance numérique, soit pour son extraordinaire beauté.

On rencontre souvent des successions de couches dont chacune est épaisse de plusieurs pieds, et offre plusieurs milles en étendue, dans la composition desquelles les débris calcaires d’encrinites entrent pour plus de moitié. Le marbre à entroques du comté de Derby, et la roche noire des buttes de calcaire carbonifère des environs de Bristol, sont des exemples bien connus de terrains stratifiés ainsi composés ; et ces exemples font voir quelle large part ont eue parfois les débris animaux dans l’accroissement de volume des matériaux qui composent l’enveloppe minérale du globe.

Les débris fossiles dont il s’agit ont été long-temps connus sous le nom de pierres liliformes (stone lilies), ou encrinites. On les a dernièrement réunis en un ordre sous le nom de crinoïdes. Cet ordre comprend plusieurs genres et un grand nombre d’espèces, que Cuvier place après les astéries, dans l’embranchement des zoophytes. Presque tous paraissent avoir été fixés soit sur le fond de la mer, soit sur des corps flottans étrangers[3].

Les deux genres les plus remarquables de cette famille sont connus depuis long-temps des naturalistes sous les noms d’encrinite et de pentacrinite. Le premier[4] est celui dont les espèces rappellent le plus la forme d’un lys ; elles sont portées sur une tige cylindrique. Les espèces du second genre[5] ont avec les encrinites des analogies générales de structure ; mais la forme pentagonale de leur tige leur a valu le nom de pentacrinites. Un troisième genre, désigné sous le nom d’apiocrinite ou encrinite poire (pear encrinite)[6], fait voir, sur une grande échelle, les parties constituantes du corps dans cette famille, et il a été placé par M. Miller en tête de son ouvrage important sur les crinoïdiens, ouvrage où nous prendrons plusieurs des descriptions qui suivent, ainsi que les planches qui les accompagnent.

Deux espèces récentes ont servi à mettre en lumière la nature de ces débris fossiles ; ce sont la pentacrinite tête de Méduse, des Indes occidentales[7], et la comatule frangée (comatula fimbriata)[8] figurées par M. Miller dans la première planche de son ouvrage sur les crinoïdiens.

Nous allons étudier les arrangemens mécaniques que nous offre la structure de deux ou trois des espèces fossiles les plus importantes de cette famille, dans leurs rapports avec les fonctions de zoophytes destinés à s’emparer de leur nourriture à l’aide de filets tendus, soit que, fixés au fond de la mer, ils soient réduits aux mouvemens limités que leur corps peut exécuter autour d’un point déterminé ; soit qu’ils se servent des mêmes organes en flottant dans les eaux, libres ou fixés, comme les anatifes de l’époque actuelle, à des pièces de bois flottantes.

Malgré la rareté des espèces qui représentent les crinoïdiens dans la création dont nous faisons partie, cette famille occupait, sous le point de vue numérique, une place importante parmi les habitans des anciennes mers[9]. On en peut juger par ce fait que ceux que l’on a déjà découverts ont été répartis en quatre divisions comprenant neuf genres, dont la plupart renferment plusieurs espèces. À voir la construction admirable de chacune des petites pièces osseuses au nombre de plusieurs milliers qui entrent dans la composition du corps, on reconnaît qu’elles appartenaient à un instrument d’un fini merveilleux, et renfermant de remarquables arrangemens mécaniques. Chacune de ces pièces, dans son action, conservait une harmonie parfaite avec tout le reste ; et elles s’ajustaient entre elles de manière à ce que leur ensemble remplît de la manière la plus complète possible certaines fonctions spéciales dans l’économie de l’animal dont il faisait partie.

Les osselets qui constituent le squelette de tous ces animaux ressemblent aux pièces solides de l’étoile de mer[10]. Ils ont pour usage, ainsi que le squelette osseux des animaux vertébrés, de constituer dans l’organisation une charpente solide destinée à protéger les viscères, et à fournir des points d’appui aux fibres contractiles qui traversent l’enveloppe gélatineuse dont toutes les portions du corps de l’animal sont revêtues[11].

De même que dans les astéries, ce sont les pièces solides qui constituent la plus grande partie du volume de l’animal. La substance calcaire de ces osselets est sécrétée probablement par un périoste ; et il paraît que ce périoste possède la faculté de remplacer par un nouveau dépôt de substance les injures accidentelles auxquelles sont exposés ces animaux si délicatement construits, au sein de l’élément turbulent où ils vivent. On voit dans l’ouvrage de M. Miller de nombreux exemples de semblables réparations chez diverses espèces fossiles de crinoïdiens ; et, dans notre planche 47 (fig. 2 a), il en existe une à la partie supérieure de la tige d’un apiocrinites rotundus.

Dans l’espèce moderne du genre pentacrinus, que nous avons figurée, pl. 52, fig. 1, un des bras est en marche de se reproduire, de la même manière que les écrevisses et les crabes reproduisent les pattes et les doigts qu’ils ont perdus, ou les lézards leurs pattes ou leur queue. Les bras des étoiles de mer se reproduisent également lorsqu’ils ont été arrachés.

Ces exemples nous font voir que cette puissance de reproduction est d’autant plus grande que les animaux sont d’ordres plus inférieurs ; et que les forces ainsi destinées à porter remède aux injures qui menacent un animal croissent ou diminuent suivant qu’il y est plus ou moins exposé, ce qui est une conséquence de la condition dans laquelle se trouvent placées les diverses créatures douées de cette faculté à un plus haut degré.


Encrinite moniliforme.


La méthode la plus sûre, pour arriver à expliquer l’économie générale des crinoïdes, c’est d’étudier avec quelques détails l’anatomie d’une espèce en particulier. Je choisis dans ce but l’espèce fossile qui forme le type de l’ordre, l’encrinite moniliforme[12]. Parkinson et Miller en ont donné des descriptions complètes et détaillées, et ils ont fait voir qu’elle offre une réunion d’agencemens mécaniques destinés à mettre chaque organe en harmonie avec les fonctions qu’il est appelé à remplir, et surpassant jusqu’à l’infini, en perfection et en délicatesse, les dispositions les plus parfaites que nous trouvions dans les mécanismes sortis de la main de l’homme.

Nous lisons dans l’ouvrage de M. Parkinson[13] que cet auteur s’est assuré, par une observation attentive, qu’indépendamment des pièces qui peuvent être contenues dans la colonne vertébrale, et qui, en raison de la longueur probable de cet organe, durent être fort nombreuses, le squelette de la partie supérieure de l’encrinite lys (encrinites moniliformis) en renferme au moins 26,000 bien distinctes[14].

M. Miller fait observer que ce nombre s’accroîtrait d’une manière encore plus surprenante si l’on y faisait entrer celui des petites lames calcaires dont se compose l’enveloppe qui recouvre la cavité abdominale et la surface interne des doigts et des tentacules[15].

Nous examinerons d’abord les dispositions des articles qui constituent la colonne vertébrale, et qui sont disposés pour que la flexion puisse s’opérer dans touts les sens ; puis nous partirons de là pour étudier l’arrangement de toutes les autres parties du corps.

Ces pièces sont empilées les unes au dessus des autres, comme les pierres d’une svelte colonnette gothique. Mais comme chaque articulation devait conserver un certain degré de flexibilité, et que le résultat total de ces flexions isolées devait varier sur les différens points de la colonne, être moindre à la base et plus grande au sommet, nous voyons varier suivant la même proportion la forme externe et interne, ainsi que les dimensions de chacune de ces parties[16]. Ces variations, dans les formes et dans la disposition des pièces d’une espèce particulière d’encrinite, peuvent être prises pour exemples des arrangemens analogues que présente la colonne dans d’autres espèces de la famille des crinoïdiens[17].

Le nom d’entroque (entrochi), ou pierres en roues, a été donné avec justesse à ces articles isolés. Le trou dont leur centre est percé rend facile de les réunir en chapelets ; aussi s’en servait-on à une époque déjà reculée comme d’un rosaire, et, dans le nord de l’Angleterre, ils conservent encore le nom de chapelets de Sl-Cuthbert.

Sur un rocher près de Lindisfarn, saint Cuthbert est assis, et il travaille ces grains de mer qui portent son nom.
Marmion.

Chacune de ces entroques offre une semblable série d’articulations différentes entre elles, suivant qu’on les prend à des hauteurs différentes du corps, et qui s’adaptent les unes aux autres, de façon à réunir tout ce qu’il fallait à l’animal de force et de flexibilité. D’une extrémité à l’autre de la colonne vertébrale, aussi bien que dans toute la longueur des mains et des doigts[18], la surface de chaque osselet dans son articulation avec la surface adjacente montre une régularité et une délicatesse d’ajustement parfaites. Telle est la précision, telle est la perfection admirable des arrangemens qui s’observent jusque dans l’extrémité des tentacules les plus déliés, qu’il ne serait pas plus absurde de supposer que ce sont les métaux eux-mêmes qui ont calculé le nombre et la forme des dents que devait avoir chacune des roues d’un chronomètre, que ce sont ces roues qui ont pris d’elles-mêmes la place précise qu’elles devaient avoir dans l’ensemble pour l’effet qui résulte de leur action combinée, qu’il ne le serait de croire que ces centaines et ces milliers d’osselets dont se compose une encrinite ont pris d’eux-mêmes ces dispositions calculées pour l’effet d’ensemble de leurs mécanismes, dispositions dans lesquelles chaque osselet a son rôle à part, dans une subordination harmonieuse avec le tout, et où le tout produit des résultats que n’eût produit peut-être aucune des séries en particulier, livrée à son action isolée.

Dans la planche 50, nous avons figuré, d’après Goldfuss, Parkinson et Miller, les détails de la structure du corps et des extrémités supérieures de l’encrinite moniliforme. Les diverses parties qui entrent dans la composition de cette encrinite sont indiquées par des lettres dont nous donnons l’explication dans la note ci-jointe[19], et nous renverrons aux auteurs ci-dessus ceux qui désireraient une description plus minutieuse des formes particulières et des usages de chacune des séries successives d’articles.

L’analyse que nous donnons, dans la note précédente, des diverses parties qui constituent le corps de l’encrinite moniliforme, fait voir que cet animal peut se décomposer en quatre séries de plaques, dont chacune est formée de cinq pièces et offre une analogie éloignée avec les pièces du squelette des animaux supérieurs dont on leur a donné le nom. Dans toute la famille des crinoïdiens, on retrouve ce même système de pièces, variant quant au nombre, mais occupant la même place dans l’intervalle qui sépare la colonne et les bras de l’animal. Les détails de toutes ces variations spécifiques ont été admirablement exposés par M. Miller, et je renverrai à son excellent ouvrage tous ceux qui seraient désireux de le suivre dans l’analyse si hautement philosophique qu’il a faite de la structure des animaux de cette famille curieuse[20].

Ces détails sur l’organisation des encrinites, que j’ai empruntés aux auteurs les plus estimés, prouvent que l’on pourrait étendre presque à l’infini de semblables observations, si l’on voulait étudier jusque dans les moindres détails chacune des nombreuses espèces de cette famille. Nous pouvons apprécier quelle fut leur importance numérique parmi les premiers habitans du globe, par les myriades sans nombre de leurs débris pétrifiés qui remplissent de si nombreux lits de calcaire des formations de transition, et qui constituent de vastes couches de marbre à entroques occupant des contrées étendues de l’Europe septentrionale et du nord de l’Amérique. La substance de ce marbre se compose souvent presque en entier d’osselets pétrifiés d’encrinites, comme un tas de blé se compose d’épis. Les hommes s’en servent pour construire leurs palais et pour décorer leurs tombeaux ; mais combien peu soupçonnent, combien peu surtout apprécient à sa juste valeur ce fait surprenant qu’une grande partie de la substance de ce marbre est formée par les squelettes de millions d’êtres organisés qui, à une certaine époque, ont eu toutes les jouissances de la vie compatibles avec leurs conditions d’existence, et qui, après avoir rempli l’emploi qui leur était assigné pour un temps dans l’économie générale de la nature vivante, ont contribué de leurs débris à grossir les masses montagneuses de la surface du globe[21].

Sur les espèces dé crinoïdiens au nombre de plus de trente qui se sont si énormément développées pendant la période de transition, presque toutes se sont éteintes avant le dépôt du lias, et il n’y en a qu’une seule qui offre la colonne anguleuse des pentacrinites. À cette seule exception près, les crinoïdiens à colonne pentagonale commencent seulement d’abonder au commencement du lias, et elles ont continué d’exister sans interruption depuis lors jusqu’au moment actuel. Leurs diverses espèces, et même leurs genres, sont également limités quant à leur étendue. Ainsi la grande encrinite-lys (E. mmiliformis) appartient au muschel-kalk, et l’apiocrinite aux étages moyens de la formation oolitique.

L’histoire physiologique de la famille des encrinites est d’une haute importance. Cette famille était représentée par de nombreuses espèces parmi les ordres les plus anciens de la création ; et leur organisation à ces époques reculées se montre élevée à un degré de perfection tout aussi haut, s’il ne l’est davantage, que celle des pentacrinites qui font partie avec nous de la création actuelle. Et, bien que la place qu’occupent ces êtres, à titre de zoophytes, soit l’une des dernières de la série animale, ils n’en sont pas moins organisés dans une harmonie parfaite avec cette condition inférieure et cette perfection n’en est pas dans une opposition moins formelle avec la doctrine qui veut que la vie chez les animaux ait progressé depuis ses rudimens les plus simples jusqu’aux formes les plus élevées que nous lui voyions dans les espèces actuellement existantes, en passant par un développement continu de formes intermédiaires s’avançant de plus en plus vers la perfection. Ainsi toutes les fois que l’on comparera l’une des formes les plus anciennes du genre pentacrinite, la pentacrinite briarée du lias[22], avec les espèces fossiles de formations plus récentes, eu avec la pentacrinite tête de Méduse, qui vit actuellement dans, la mer des des Antilles[23], on verra ressortir dans l’organisation de cette espèce si ancienne un degré de perfection tout aussi grand, et un fini de combinaisons plus admirable encore dans les organes analogues, que l’on n’en observe chez aucune des espèces qui la représentent, soit parmi les fossiles d’une date plus récente, soit parmi les espèces qui vivent encore.


Pentacrinites.


L’histoire de ces corps fossiles qui abondent dans les couches inférieures de la formation oolitique, et surtout dans le lias, a été éclairée d’une lumière toute nouvelle par la découverte de deux espèces de ce genre actuellement existantes, la pentacrinite tête de Méduse[24], et la pentacrinite d’Europe[25]. Quelques échantillons seulement de la première espèce ont été recueillis à grandes profondeurs de la mer, aux Indes occidentales, et ils ont leur extrémité inférieure brisée comme si on les avait arrachés du point où ils étaient fixés sur le fond de la mer. Quant à la pentacrinite d’Europe[26], on l’a trouvée attachée à diverses espèces de sertulaires et de flustres, dans la baie de Cork, et en d’autres points des côtes de l’Irlande.

Les pentacrinites paraissent voisines de la famille actuelle des étoiles de mer ; et elles semblent se rapprocher surtout de la comatule[27]. Leur squelette constitue la plus grande partie de la masse de leur corps. Dans les espèces actuelles, cette charpente solide est revêtue d’une enveloppe gélatineuse accompagnée d’un système musculaire destiné à déterminer les mouvemens de chacun des osselets ; et, bien que ces parties molles aient entièrement disparu dans les espèces fossiles, leur existence nous est attestée par l’appareil qui se voit sur chacun des osselets pour l’insertion des fibres musculaires[28].

Les phalanges calcaires qui constituent les doigts dans la pentacrinite d’Europe sont, de même que les tentacules, susceptibles de se contracter et de s’étendre dans tous les sens ; parfois elles s’épanouissent comme les pétales d’une fleur ; et d’autres fois elles s’enroulent et enveloppent la bouche comme les diverses pièces d’un bourgeon non encore ouvert. Ces organes ont pour but de saisir la proie et de la conduire à la bouche. Ainsi les habitudes des animaux actuellement existans nous font connaître les mouvemens et la manière de vivre des nombreux membres fossiles de cette famille ; et nous y trouvons une preuve de plus de la validité du mode de raisonnement auquel nous sommes obligés d’avoir recours dans nos études sur les débris des espèces éteintes. Nous concluons en effet du temps présent aux temps passés et des dispositions mécaniques que nous observons dans les squelettes fossiles, nous concluons la nature et les fonctions des muscles destinés à imprimer à chaque os ses mouvemens.

Parmi les nombreuses espèces fossiles du genre pentacrinite, je vais choisir celle que le nombre extraordinaire de rayons auxiliaires ou bras latéraux que l’on voit le long de la colonne vertébrale a fait désigner sous le nom de pentacrinite briarée, et dont nos figures donneront une idée plus complète et plus juste que ne pourraient le faire les descriptions verbales les plus étendues[29].


Tige ou colonne vertébrale.


Les principes d’après lesquels est construite la partie supérieure de la tige des pentacrinites sont tout à fait analogues a ceux que nous avons décrits à propos de la même partie de la tige des encrinites[30].

C’est parce que les articles qui constituent la tige présentent, vus de face, diverses modifications de la forme pentagonale et étoilée, que l’on a donné à ces êtres le nom d’astéries ou pierres étoilées (star-stones).

Ces surfaces horizontales offrent des séries variées de dentelures serrées, et qui sont reçues dans des sillons correspondans de la vertèbre suivante ; et ces dispositions ont pour but de permettre la flexion de la colonne en tous sens, sans qu’il y ait risque de dislocation[31].

La racine de la pentacrinite briarée parait avoir été faible, et facile à détacher du point où elle était fixée[32]. L’absence de larges sécrétions solides, telles que celles de l’apiocrinite, par où cette espèce pût se fixer au fond d’une manière permanente, et ce fait qu’on la rencontre fréquemment en contact avec des masses de bois flotté converti en jais (pl. 52, fig. 3), nous conduit à penser qu’elle devait être douée de locomotion, et qu’elle pouvait s’attacher d’une manière temporaires des corps flottans étrangers ou aux rochers du fond de la mer, soit à l’aide de ses bras latéraux, soit en se servant d’une petite racine articulée mobile[33].


Rayons accessoires ou bras latéraux.


Les bras latéraux deviennent de plus en plus petits à mesure qu’ils se rapprochent de l’extrémité supérieure de la colonne. Dans la pentacrinite briarée[34], on en compte près de mille, et ces organes si nombreux remplissaient, lorsqu’ils étaient épanouis, les fonctions de filets auxiliaires pour retenir la proie de l’animal, en même temps qu’ils lui servaient probablement aussi comme de grappins, pour se tenir amarré au fond, ou à des corps étrangers. Lorsque les eaux étaient agitées, ces bras se refermaient sans doute, et se tenaient couchés contre la colonne dans une position à exposer à l’action de l’élément le moins possible de leur surface ; et il est probable qu’ils se fléchissaient, ainsi que la colonne elles bras, dans le sens du courant.


Estomac.


La cavité abdominale, ou estomac des pentacrinites[35], se voit rarement conservée à l’état fossile ; elle se composait d’une poche en forme d’entonnoir, d’un volume considérable, formée d’une membrane contractile que recouvraient extérieurement plusieurs centaines de petites plaques calcaires anguleuses. Cet entonnoir se terminait à son sommet par une petite ouverture qui constituait la bouche, et qui était susceptible de s’alonger en une trompe pour saisir la nourriture[36]. Cet organe est placé sur l’axe du corps, et entouré par les bras.


Corps, bras et doigts.


Le corps des pentacrinites, compris entre le sommet de la colonne et la base des bras, est petit, et composé du bassin et des articles costaux et scapulaires[37]. Les bras et les doigts sont longs et étalés, et présentent des appendices ou tentacules en grand nombre. Chacun des articles qui les composent est armé à son bord d’un petit tubercule ou crochet[38], dont la forme varie, et qui était destiné à agir comme organe de préhension. Ces bras et ces doigts, lorsqu’ils étaient épanouis, devaient former un filet d’une étendue bien supérieure au filet des encrinites[39].

Nous avons déjà vu que Parkinson a calculé que le nombre des osselets dans l’encrinite lys excède vingt-six mille. Ce même nombre dans les doigts et dans les tentacules de la pentacrinite briarée doit s’élever au moins à cent mille ; et si l’on y ajoute cinquante autres mille pour les osselets des bras latéraux, nombre de beaucoup trop petit, le nombre total des osselets sera de plus de cent cinquante mille. Et comme chaque os était muni de deux faisceaux de fibres musculaires au moins, l’un pour l’extension, l’autre pour la contraction, nous arriverons à ce résultat que l’organisation d’une seule pentacrinite renfermait cent cinquante mille pièces osseuses, et trois cent mille faisceaux fibreux, remplissant les fonctions de muscles, et constituant un appareil musculaire destiné à régler les mouvemens des pièces solides du squelette, ce qui surpasse en développement numérique tout ce que l’on connaît jusqu’ici dans la création tout entière[40].

Si nous observons avec quel soin, avec quelle exquise délicatesse a été construite l’organisation dans chacun des individus de celle espèce de pentacrinites, qui n’est elle-même qu’un membre isolé parmi les espèces nombreuses de la famille presque éteinte des crinoïdiens ; si nous comprenons dans ce même coup d’œil tout l’ensemble des mécanismes analogues qui caractérisent les autres genres et les autres espèces de cette famille curieuse, nous nous sentirons pénétrés d’un étonnement sans bornes, en voyant que tant de soins minutieux ont été accordés au bien-être de ces créatures qui n’occupaient qu’une place si infime parmi les habitans des mers anciennes[41] ; et l’étude de ces degrés inférieurs de l’animalité ne nous convaincra pas moins irrésistiblement de la présence universelle et de l’action directe d’une Puissance Créatrice, que ne le fait la contemplation des combinaisons les plus élevées qu’il y ait dans les mécanismes animaux, et dont l’ensemble nous est offert dans le corps humain, ce chef-d’œuvre de la Création animale.


Section II.


DÉBRIS FOSSILES DE POLYPES.


Nous avons déjà dit, dans notre chapitre sur les couches de la série de transition, que les polypiers sont au nombre de leurs débris fossiles les plus abondans. Ces débris proviennent d’animaux que l’on a long-temps considérés comme ayant des affinités avec les plantes marines, et qui ont été désignés pour cette raison sous le nom de zoophytes. Ordinairement ils sont fixés à la manière des plantes, et ils recouvrent toutes les parties du fond des mers chaudes assez peu profondes pour que l’influence de la chaleur et de la lumière solaire puisse s’y faire sentir. Plusieurs espèces présentent des ramifications dont la forme et l’aspect sont ceux de végétaux. Ces corps coralliformes sont produits par des polypes très voisins de l’actinie commune ou anémone de mer de nos côtes[42]. Il en est quelques uns, tels que les caryophyllies[43], qui vivent isolés, et dont chaque individu se construit à lui-même une base et un support indépendant ; d’autres sont agrégés ou confluens, et vivent en commun sur une même base ou polypier, recouvert d’une mince couche gélatineuse, à la surface de laquelle sont disséminés les tentacules correspondant aux trous étoilés de la surface du polypier.

D’après Lesueur, qui les a observés dans les Indes occidentales, ces polypes, lorsqu’ils sont épanouis au fond de la mer, dans le calme des eaux, revêtent leurs demeures pierreuses d’une enveloppe nuancée des plus brillantes couleurs.

Leur corps gélatineux possède la faculté de sécréter le carbonate de chaux qui compose la base par où ils se fixent et les cellules où ils sont logés. Ces cellules calcaires ne persistent pas seulement pendant la vie des polypes qui les ont sécrétés, mais leur composition chimique est tellement analogue à celle du calcaire qu’elles continuent d’adhérer au fond de la mer après la destruction de l’animal qui les habitait. Ainsi une génération construit la base sur laquelle sera portée la génération qui doit suivre, et celle-ci à son tour doit fournir en quelque sorte les fondemens d’une construction nouvelle qu’élèvera une nouvelle génération, jusqu’à ce que, par une succession continue de constructions semblables, la masse tout entière atteigne la surface des eaux, et qu’une limite se trouve ainsi imposée à des accroissemens subséquens.

La tendance des polypes à se multiplier dans les eaux des climats chauds est telle, que le fond de toutes les mers tropicales fourmille de myriades sans nombre de ces petites créatures travaillant sans cesse à la construction de leurs habitations si petites, mais en même temps si durables. Il n’y a presque pas, dans toutes ces latitudes, de roche sous-marine ni de cône ou de chaîne volcanique sous-marine qui ne constituent le noyau et les fondemens de quelque colonie de polypes appartenant surtout aux genres madrépore, astrée, caryophyllie, méandrine et millepore. Les sécrétions calcaires de ces petits animaux sont accumulées en d’énormes bancs ou récifs de corail, qui ont quelquefois jusqu’à plusieurs centaines de milles d’étendue ; souvent ils s’élèvent rapidement jusqu’à la surface, en des points où jusque là on n’en avait jamais soupçonné l’existence, et ils rendent ainsi dangereuse la navigation de plusieurs parties des mers tropicales[44].

Si nous recherchons quelles sont dans l’économie actuelle de la nature les fonctions assignées aux polypes, nous voyons bientôt que c’est à eux, la classe la plus inférieure du règne animal, qu’a été départi l’office de nettoyer les eaux de la mer, et de les purger de toutes les impuretés les plus déliées qui auraient échappé même aux plus petits des crustacés. C’est ainsi que certaines tribus d’insectes, à leurs degrés divers d’accroissement, ont pour mission de trouver leur nourriture dans les impuretés qui résultent sur la surface terrestre de la décomposition des matières animales et végétales[45]. Ce système paraît avoir été suivi sans interruption depuis que la vie a commencé dans les mers les plus anciennes, et pendant toute cette longue série d’âges dont la durée nous est attestée par les successions diverses d’animaux et de végétaux dont les dépouilles sont ensevelies dans les couches de l’écorce du globe. Dans toutes ces couches en effet les habitations calcaires des polypes, de ces créatures en apparence si petites et de si peu d’importance, se sont accumulées en de vastes et puissantes masses qui ont grossi l’ensemble des matériaux solides du globe ; et elles nous offrent un exemple frappant de l’influence qu’ont eue les animaux sur la condition minérale de notre planète[46].

Si, dans l’investigation des phénomènes naturels, il pouvait se rencontrer un fait qui fût plus digne d’admiration qu’un autre fait, ce serait peut-être cette étendue infinie, cette importance immense de choses en apparence si petites et si dépourvues de toute valeur. Si j’entreprends de décrire l’insecte plus petit qu’une mite que je vois courir à la surface de cette feuille de papier où j’écris, il m’est tout aussi impossible de me faire une idée juste de la délicatesse de ses fibres musculaires, ou des petits vaisseaux qui servent à sa nutrition, qu’il m’est impossible d’embrasser dans ma pensée l’immensité de l’univers[47]. L’organisation du plus petit des infusoires résiste plus aux efforts de notre intelligence pour la comprendre que ne le fait celle de la baleine ; et un résultat auquel nous sommes conduits, comme terme de tous nos travaux, c’est la conviction que les opérations les plus grandes et les plus importantes de la nature sont produites par l’action d’atomes trop petits pour que l’œil de l’homme puisse les saisir, ou pour que son intelligence elle-même puisse y atteindre.

Nous ne pouvons mieux terminer ce coup d’œil jeté à la hâte sur l’histoire des polypiers fossiles qui se montrent depuis les roches de transition les plus anciennes jusque dans nos mers actuelles, que par les paroles suivantes dans lesquelles M. Ellis a exprimé les sentimens que firent naître dans son esprit ses belles recherches sur l’histoire des polypes vivans.

« Et maintenant, tout cela une fois posé comme vrai, à quelle conclusion tous ces travaux doivent-ils nous conduire ? Tout ce que je puis répondre, c’est que, dans ces recherches auxquelles je viens de me livrer, des scènes toutes nouvelles se sont déroulées sous mes yeux, qui ont ravi mon esprit d’admiration et d’étonnement à la contemplation de cette diversité, de cette étendue avec laquelle la vie est distribuée dans l’univers. Or si tels ont été les sentimens qu’ont excités en moi les faits que je viens de rapporter, et ces merveilles de la nature animée sur des points dont on n’avait pas même jusqu’ici soupçonné l’existence, sans doute ils exciteront dans d’autres esprits que le mien des idées agréables, sans doute des esprits plus savans et d’une pénétration plus irrésistible y trouveront plus tard encore de nouveaux faits à reconnaître, et de nouvelles preuves à découvrir, s’il en était besoin, d’une Volonté unique, infinie, d’une Toute-Puissance qui a créé, et qui maintenant conserve ce Grand Tout dans sa beauté et dans sa perfection. De là nous conclurons que si des créatures d’un degré aussi inférieur dans la grande échelle de la nature ont été ainsi douées de facultés qui leur permettent de remplir leur sphère d’action d’une manière aussi complète, nous pareillement, qui avons été placés à tant de degrés plus haut, nous nous devons, et à Lui qui nous a faits, nous et tout ce qui existe, de tendre sans cesse et de tous nos efforts vers ce degré de rectitude et de perfection auquel nos facultés nous donnent le pouvoir d’atteindre.» — Ellis, on Corallines, p. 103.


  1. Lond. and Edimb. Phil. Mag. novembre, 1834, p. 369.
  2. J’ai trouvé, il y a déjà plusieurs années, des échinidiens fossiles dans le calcaire carbonifère d’Irlande, près de Donegal. Ces animaux toutefois sont rares dans les formations de transition, ils deviennent plus fréquent dans le calcaire conchylien et dans le lias, et ils abondent dans les formations oolitiques et crétacées.
  3. Ces animaux font le sujet d’un excellent travail de M. Miller, intitulé : Natural History of the Crinoïdea, or Lilyshaped animals. On voit représentée, pl. 48 et 49, fig. 1, une des espèces les plus caractéristiques de cette famille, celle même à laquelle on adonné la première le nom de pierres liliformes (lily-stone), et deux autres espèces, pl. 47, fig. 1, 2 et 5. Ces figures feront mieux comprendre la description suivante, qu’en donne M. Miller :

    « Cet animal offre une colonne ronde, ovale ou angulaire, formée de nombreux articles, et supportant à son sommet une série de lames ou d’articles qui forment un corps cupuliforme, où sont contenus les viscères, et donnant naissance, à son bord supérieur, à cinq bras articulés qui se divisent en des doigts tentaculiformes plus ou moins nombreux, rangés tout autour de l’ouverture de la bouche (pl. 47, fig. 6, x et 7, x). Cette bouche est située au centre d’une voûte composée de plaques, et s’étendant au dessus de la cavité abdominale ; et elle est susceptible de prendre par certaines contractions la forme d’une trompe ou d’un cône.

  4. Pl. 49, fig. 1, et pl. 47, fig. 1, 2 et 3.
  5. Pl. 51 et pl. 52, fig. 1 et 3
  6. Pl. 47, fig. 1.
  7. Les comatules offrent avec les pentacrinites une conformité de structure presque parfaite dans les parties essentielles, à l’exception de la tige qui manque, ou qui est réduite au moins à une simple plaque. D’après Péron, les comatules se suspendent par leurs bras aux fucus et aux polypiers, guettant leur proie dans cette position, pour la saisir a l’aide de leurs bras et de leurs doigts développés. — Miller, p. 182.
  8. Pl. 52, fig. 1.
  9. La monographie de M. Miller, où sont décrites, jusque dans leurs détails les plus minutieux, les diverses variations de structure de chacune des parties constituantes du squelette dans les divers genres de la famille des crinoïdes, est un admirable exemple de la régularité avec laquelle un même type fondamental se maintient rigoureusement au milieu des modifications variées, qui en constituent les nombreuses formes éteintes, génériques et spécifiques.
  10. Ces osselets ne sont pas de véritables os ; mois ils tiennent à la fois de la nature des plaques de la coquille des oursins et des articles calcaires de l’enveloppe des astéries.
  11. Les fibres contractiles des animaux rayonnés ne se réunissent pas en des masses complexes, comme dans les muscles véritables des animaux des ordres plus élevés ; et le mot muscle ne peut pas s’employer dans sa stricte signification, à propos des crinoïdiens : mais comme plusieurs auteurs ont désigné ainsi les fibres contractiles les plus simples qui mettent en mouvement les petites pièces du squelette de ces animaux, nous croyons devoir le conserver de même dans nos descriptions.
  12. Pl. 48, 49 et 50
  13. Organic remaoins, t. 2, p. 180.
  14. Pl. 50, fig. 1, 2, 3, 4, etc.
    Os du bassin (pelvis) 5
    Pièces costales (ribs) 5
    Pièces claviculaires (clavicles) 5
    Pièces scapulaires (scapulæ) 5
    Pièces scapulaires (arms), composés de six articles. 60
    Mains (hands). Chacune se compose de deux doigts, en tout 20 doigts, dont chacun renferme au moins 40 osselets
    800
    Tentacules. Chacun des six articles qui entrent dans la composition de chacun des dix bras en supporte 50, en tout
    1,800
    30 naissent également, terme moyen, de chacun des 800 os des doigts, en tout
    24,000
    ———
    26,680
  15. Bien que les noms dont nous nous servons soient empruntes au squelette des animaux vertébrés, et ne puissent s’appliquer rigoureusement aux échinodermes rayonnés, il est bon de les conserver, jusqu’à ce que l’anatomie de ces animaux ait été mise plus en rapport avec leur organisation.
  16. Le corps (pl..49, fig. 1) est supporté par une longue colonne vertébrale, laquelle s’attache au fond par une base élargie (pl. 49, fig. 2). Cette colonne se compose d’une suite de pièces cylindriques épaisses, solidement articulées les unes avec les autres, et percées d’un canal à leur centre, de la même manière que le canal spinal est percé dans les vertèbres d’un quadrupède. Une petite cavité alimentaire descend dans ce canal, depuis l’estomac jusqu’à la base de la colonne. (pl. 46, fig. 4, 6, 8 et 10). Cette1 dernière offre à sa base la forme la plus avantageuse sous le rapport de la solidité, la forme cylindrique. D’espace en espace, et d’autant plus fréquemment qu’il s’agit de portions plus rapprochées du sommet, elle est interrompue par des anneaux d’un diamètre plus grand, et d’une forme globuleuse déprimée (pl 49, fig. 1, et fig. 3 et 4, a, a, a, a). Vers le sommet de la colonne (pl. 49, fig. 3 et 4), chaque anneau le plus grand est immédiatement accompagné en dessus et en dessous de deux anneaux plus minces et d’un plus petit diamètre (c, c, c), et les anneaux de cette dernière série sont séparés entre eux par des anneaux d’une troisième série (b, b, b) d’un diamètre intermédiaire. Ces différences dans la grandeur des anneaux qui se superposent ainsi avaient pour but d’accroître la flexibilité de cette portion de la colonne qui, plus voisine du sommet, exigeait une flexion plus grande.

    Les figures 6, 8 et 10 de la planche 49 représentent des coupes verticales des anneaux 5, 7 et 9, choisis aux environs de la base. On y voit que la cavité interne de la colonne est constituée par une série de doubles cônes creux, de la même manière que la série des cavités intervertébrales de la colonne dorsale d’un poisson ; et que cette disposition a, de même encore que dans les poissons, pour but de rendre plus facile la flexion de la colonne : probablement aussi ce conduit constituait un réservoir destiné à contenir les fluides nutritifs de ces animaux.

    Les diverses espèces de pierres en vis (screw stone) si fréquentes dans le silex corné (chert) du comté de Derby, et généralement dans le calcaire de transition, sont des masses qui se sont moulées dans les cavités internes des colonnes d’autres espèces d’encrinites, qui ont ordinairement leurs cônes plus comprimés que l’encrinite moniliforme.

  17. (Pl. 47, fig. 1, 2, 3, et pl. 49, fig. 4-17). La fig. 4 de la pl. 49 est une coupe verticale de la portion représentée fig. 3 ; ce sont des pièces prises à peu de distance du sommet de la colonne, là où plus de force et plus de flexibilité sont nécessaires, et où il y a aussi le plus de chances de fracture et de dislocation. Aussi l’arrangement de ces articles est-il plus complexe qu’il ne l’est vers la base ; et voici en quoi cet arrangement consiste. Les articles (a, b, c, fig. 4) sont alternativement plus larges et plus étroits. Les bords des plus étroits, c, sont reçus et enfermes dans le rebord épaissi de ceux qui sont les plus larges, et le bord crénelé extérieur des premiers s’articule avec la face interne du bord crénelé des seconds, de manière à en être enveloppé comme d’un collier. Cette disposition des articles du sommet permet une flexion plus étendue que ne peuvent le faire les surfaces planes crénelées des articles de la base, fig. 9 et 10, et elle en rend en même temps la dislocation presque impossible.

    Une troisième disposition, qui ajoute encore à la flexibilité et à la puissance de cette portion de la colonne, c’est quelles articles intermédiaires, diaires, b, b, sont considérablement plus minces que les articles en collier les plus larges, a, a.

    Les figures comprises de 11 à 26 inclusivement représentent des articles pris sur des points différens de la colonne de l’encrinite moniliforme. Ceux qui sont représentés fig. 11, 13, 15, 17, 19, 21, 23 et 25, le sont avec leur grandeur naturelle, et aussi dans leur position naturelle horizontale ; et nous y voyons, sur le bord de chacun, une crénelure dont chaque dentelure s’articule avec un sillon correspondant du bord de l’article adjacent. Les figures étoilées (12, 14, 16, 18, 20, 22, 24, 25), placées au dessous des articles horizontaux auxquels elles font respectivement suite, représentent agrandis les divers dessins internes qui en ornent les surfaces articulaires, couvertes d’une série alternative de replis et de sillons, s’ajustant dans les sillons e dans les replis de l’article correspondant comme s’engrènent entre elles les dents de deux roues qui se correspondent.

  18. Pl. 47, fig. 4, 2, 3, et pl. 50 fig. 1, 2, 3.
  19. Au sommet de la colonne vertébrale sont placées des séries successives d’osselets (pl. 50, fig. 4) que leur position et leurs usages ont fait désigner sous les noms de bassin (pelvis, e), de pièces scapulaires (scapula, h)), de pièces costales (costal, f), et qui forment, avec les plaques pectorales et capitales, une sorte de corps sub-globuleux (pl. 48 et 49, fig. 1, pl. 30, fig. et 2) s’ouvrant par une bouche à son centre, et contenant à son intérieur les viscères et l’estomac, d’où partent les fluides nourriciers qui remplissent la cavité alimentaire de l’intérieur de la colonne, et se distribuent dans les bras et dans les doigts tentaculiformes. Les pièces scapulaires, h, donnent naissance à cinq bras (pl. 50, fig. 1, k), lesquels, à mesure qu’ils s’éloignent de leur insertion, se divisent eux-mêmes en mains (h) et en doigts (n) subdivisés eux-mêmes en des tentacules déliés (pl. 50, fig. 2 et 3), dont le nombre s’élève jusqu’à plusieurs milliers ; les mains et les doigts sont représentés fermés, ou à peu près fermés (planche 48 et 49, fig. 1, et pl. 50, fig. 1 et 2.) Dans la restauration que nous devons à M. Miller de l’encrinite-poire (pl. 47, fig. 1), ces organes sont représentés ouverts comme ils le sont quand l’animal est à la recherche de sa nourriture. Ces doigts tentaculiformes ainsi épanouis constituent un filet d’une grande délicatesse, et merveilleusement propre à saisir des acalèphes ou de petits mollusques flottans dans la mer, qui faisaient probablement partie de la nourriture des crinoïdes. Au centre de ces bras était placée la bouche (pl. 47, fig. 1), laquelle pouvait s’alonger en une trompe. Les figures 6, x, et 7, x, de la planche 47 représentent le corps d’une crinoïde dont les bras ont été enlevés.

    On voit (pl. 50, fig. 1) la partie supérieure de l’animal, avec les vingt doigts rapprochés comme les pétales d’un lys fermé. La fig. 2 représente la même espèce en partie ouverte, avec les tentacules encore repliés. La figure 3 offre, vu de profil, un des doigts garni de ses tentacules, et la figure 4, la cavité intérieure du corps, où étaient contenus les viscères. La figure 5 est celle de l’extérieur de ce même corps, et de la surface par où sa base s’articule avec la première pièce de la colonne vertébrale. On voit (figures 6, 7, 8 et 9) une décomposition des quatre séries d’anneaux qui constituent le corps, et qui en forment successivement les pièces scapulaires, les pièces costales supérieures et inférieures, et le bassin. La fig. 10 représente l’extrémité supérieure de la colonne vertébrale, et la figure 11 les surfaces supérieures des cinq pièces scapulaires, pour faire voir leur mode d’articulation avec les premiers osselets des bras. Dans la figure 12, ce sont les surfaces inférieures de la même série de plaques scapulaires, pour faire voir comment ces surfaces s’articulent avec les surfaces supérieures de la deuxième série des plaques costales que l’on voit dans la fig. 15. La fig. 16 est celle de la surface inférieure de la fig. 15, et cette surface s’articule avec la surface supérieure des pièces du bassin (fig. 17) dont la face inférieure se voit dans la fig. 18 et s’articule avec le premier article de la colonne vertébrale, fig. 10.

  20. On voit figurée, dans notre planche 47, la restauration faite par M. Miller de deux autres genres. La figure 1 représente l’apiocrinites rotundus, ou encrinite-poire, avec ses racines ou la base par où elle se fixe, et les bras épanouis. La figure 2 représente la même espèce avec les bras contractés. On voit fixés sur la base, ou racine de ces deux grands individus, deux autres individus jeunes, et les troncs brisés de deux autres également jeunes ; c’est ainsi que ces racines se trouvent fixées à la face supérieure de la grande roche calcaire de Bradford, près de Bath. Durant la vie de ces beaux zoophytes, leurs racines étaient confluentes, et recouvraient le fond de la mer, dans cette localité, d’un pavé mince, au dessus duquel leurs tiges et leurs branches étalées constituaient une forêt sous-marine d’une grande beauté. On rencontre quelquefois la tige et le corps réunis, comme ils l’étaient pendant la vie ; les bras et les doigts sont au contraire presque toujours séparés ; mais on en retrouve les fragmens dispersés sur l’espèce de pavé formé par les racines à la surface de la roche oolitique sons jacente.

    La couche formée par ces débris si beaux a été recouverte par une épaisse couche d’argile. La figure 3 représente l’extérieur du corps et les articles supérieurs de la colonne, aux deux tiers environ de leur grandeur naturelle. La figure 4 est une coupe longitudinale des mêmes parties, destinée à faire voir la cavité viscérale et les grands espaces où sont admis les alimens entre les articles supérieurs plus élargis de la colonne.

    La figure 5 est celle d’un actinocrinite à trente doigts, du calcaire carbonifère des environs de Bristol, d représente les bras latéraux auxiliaires qui sont fixés à la colonne dans cette espèce. On voit, en b la base et les fibres qui servaient à la fixer au fond. Le corps est représenté (fig. 6) avec les doigts enlevés, pour faire voir les plaques pectorales, q, et les plaques capitales, r, lesquelles forment une enveloppe au dessus de la cavité abdominale, et se terminent en une bouche, x, susceptible de s’alonger en trompe par la contraction de ses tégumens cuirassés. On voit, dans la figure 7, le corps d’une encrinite appartenant au Muséum britannique, et que Parkinson a figurée tom. II, planche 17, fig. 3, sous le nom de nave-encrinite. La bouche, dans cet échantillon, se voit également en x, et est séparée de la base des bras pur une série de plaques qui constituent les tégumens extérieurs et supérieurs de l’estomac.

  21. On rencontre aussi des fragmens d’encrinites disposés irrégulièrement dans tous les dépôts de la période de transition, mêlés à des débris d’autres animaux marins contemporains.
  22. Pl. 51, 52, fig. 3, et pl. 53.
  23. Pl. 52, fig. 2 et 2′.
  24. Voyez le Mémoire de M. T. W. Thompson sur le Pentacrinus europæus (1827). Cet auteur a reconnu depuis que c’est le jeune de la comatule.
  25. Voyez M. Miller, Crinoïdea, pl. 1 et p. 127.
  26. Pl. 52, fig. 1.
  27. Pl. 52, fig. 1. — Voyez l’ouvrage d<s M. Miller, Crinoïdes.
  28. Voyez les tubercules et les sillons qui existent à la surface des osselets, pl. 52, fig.7, 9, 14, 13, 14, 15, 16, 17.
  29. Voyez pl. 51, fig. 1 et 2 ; pl. 52, fig. 5, et pl. 55.

    La pl. 51 représente un échantillon isolé de la pentacrinite briarée, qui apparaissait en relief très saillant sur la surface d’une table du lias de Lyme-Regis, presque entièrement composée d’un amas d’individus de la même espèce. Les bras et les doigts sont très épanouis, et se rapprochent de la position que ces organes devaient prendre pour la recherche de leur nourriture. On ne voit des rayons accessoires qu’à la partie supérieure de la colonne vertébrale.

    Les figures 1 et 2 de la pl. 53 représentent deux autres échantillons de la même espèce, qui forment de même un beau relief à la surface d’une table composée d’une masse de fragmens d’individus semblables. On voit, sur les tiges de ces deux échantillons, les rayons accessoires naître, dans leur position naturelle, des sillons qui séparent les arêtes de la tige pentagonale. Dans la pl. 52, fig. 1, les lettres désignent les pièces costales qui entourent la cavité du corps ; H indique les pièces scapulaires avec les bras, les doigts et les tentacules qui en naissent.

    Dans la figure 3 de la pl. 53, on voit les bras latéraux naître de la partie inférieure de la tige, et l’envelopper entièrement. La fig. 4 représente une autre tige sur laquelle, les bras latéraux étant enlevés, ou aperçoit les sillons où ces appendices s’articulent dans l’intervalle des vertèbres. La figure 5 est celle d’une portion d’une autre tige légèrement tordue.

  30. Les vertèbres de la pentacrinite briarée sont des plaques alternativement plus épaisses et plus minces, séparées entr’elles par d’autres plaques encore d’un diamètre plus petit (pl. 55, fig. 8, et fig. 8a, a, b, c). Les bords de ces dernières n’apparaissent au dehors que sur les arêtes de la colonne pentangulaire. Elles prennent à l’intérieur une épaisseur plus grande, et y forment une sorte de collier intervertébral, c, c, c.

    On voit (pl. 52, fig. 4 et 5) une semblable alternance dans les plaques vertébrales du pentacrinites subangularis.

  31. Les rangées de tubercules que l’on voit à la surface extérieure dé chacun des articles, dans les.fragmens de colonnes représentés pl. 52, fig. 7, 9 e 11, indiquent l’origine et l’insertion des fibres musculaires qui imprimaient le mouvement à ces pièces osseuses ; et, dans toutes les articulations, la manière dont les vertèbres s’ajustent par leurs bords crénelés est un principe de force et de flexibilité tout à la fois. Dans les fig. 11 et 13 de la planche 52, ces anneaux vertébraux (d) offrent cinq surfaces latérales d’articulation ; et c’est par ces surfaces que les bras latéraux se fixent à la colonne vertébrale à de certaines distances les uns des autres, comme cela se voit dans la pentacrinite tête de Méduse, pl.52, fig. 1.

    Les doubles séries de stries, qui s’étendent du centre au sommet de chacun des cinq rayons de ces vertèbres stelliformes (pl. 52, fig. 6, 7 et pl. 55, fig. 9, 15), présentent des dispositions fort agréables, et qui diffèrent, non seulement dans les différentes espèces, mais aussi dans les différens points de la colonne vertébrale d’une même espèce ; et c’est de ces dispositions que résulte le degré différent de flexibilité dont jouissaient séparément ces diverses parties.

  32. M. Miller décrit un nouvel échantillon de la pentacrinite tête de méduse, dans lequel les vertèbres des environs de la base sont en partie soudées, et ne jouissent que d’une flexibilité très faible en ce point ou presque aucune flexion n’était nécessaire ; mais plus haut les vertèbres s’amincissent, et on les voit prendre cette disposition dont nous avons déjà parlé, de pièces alternativement plus minces et plus épaisses, pins étroites et plus larges, et cette disposition devient de plus en plus sensible, à tel point que, vers le sommet, les vertèbres les plus minces ne paraissent plus que des sortes de lames membraneuses destinées à réunir entre elles les vertèbres les plus développées. Le même auteur a remarqué, à la surface interne de chaque vertèbre, des traces produites par l’action de fibres musculaires contractiles.
  33. L’échantillon figuré (pl. 52, fig. 5) provient du lias de Lyme-Regis ; il est fixé sur le côté d’une pièce d’un jais imparfait, qui faisait partie d’une couche mince de lignite contenue dans la marne Massique, entre Lyme-Regis et Charmouth.

    Dans presque toute l’étendue de cette couche, mademoiselle Anning a observé, d’une manière à peu près constante, les faits curieux que voici : la surface inférieure seule est recouverte d’une couche entièrement composée de pentacrinites, et d’une épaisseur qui varie de un à trois pouces. On trouve ces zoophytes dans une position à peu près horizontale, avec le pied dirigé vers la partie supérieure, et par conséquent vers la lignite elle-même. La plupart de ces pentacrinites sont si parfaitement conservées, qu’elles ont dû évidemment être ensevelies dans l’argile qui maintenant les enveloppe, avant que leur décomposition eût commencé. Il n’est pas rare de trouver de grandes tables longues de plusieurs pieds, à la surface inférieure desquelles seulement se voient des bras et des doigts de ces animaux fossiles, épanouis comme les plantes d’un herbier, tandis que la surface supérieure ne présente qu’un amas de tiges en contact avec la face inférieure de la lignite. Le plus grand nombre de ces tiges sont ordinairement parallèles entre elles, comme si elles avaient été entraînées dans une direction commune par le courant où elles ont flotté en dernier lieu.

    Ce fait de débris rassemblés immédiatement en dessous de la lignite, et jamais à sa surface supérieure» semble montrer que ces créatures se réunissaient par groupes nombreux, et se fixaient, comme nos anatifes modernes, à des masses de bois flottantes qui ont été ensevelies soudainement, ainsi que les animaux qu’elles portaient, dans la vase dent l’accumulation a produit la marne où se trouve enveloppé cet amas curieux de débris animaux et végétaux. On rencontre aussi dans le lias des fragmens de bois pétrifiés où sont fixés de nombreux groupes de moules, dans la position que prennent les moules modernes sur les pièces de bois flottant.

  34. Si nous supposons la portion inférieure de l’échantillon, pl. 55, fig. 2, a, réunie à la partie supérieure de la lige fracturée, fig. 3, nous aurons une idée exacte de la disposition que prenaient autour de la colonne les mille bras latéraux de cet animal, dont chacun n’avait pas moins de cinquante à cent articles, pl. 53, fig. 14. Le nombre des articles diminue graduellement à mesure que les bras sont plus voisins du sommet de la colonne vertébrale. Mais comme il y en a plus de cent dans un seul des bras les plus grands et les plus inférieurs (pl. 53, fig. 14), on peut, sans crainte d’exagération, prendre cinquante pour moyenne du nombre de ces pièces dans tout l’ensemble des bras.

    Chacune de ces pièces s’articule avec la pièce adjacente par des moyens analogues aux tenons et aux mortaises qu’emploie l’art de la charpente, mais doués de mobilité ; et les surfaces articulaires varient dans leur forme ainsi que les articles eux-mêmes, de façon à rendre d’autant plus facile le mouvement en tous sens, qu’ils se rapprochent davantage de l’extrémité du bras où le diamètre est le plus petit, pl. 55, fig. 44, a, b.

    Tout l’ensemble de ce mécanisme délicat, que nous voyons se reproduire dans chacun des bras latéraux en particulier, nous semble disposé pour un double but, d’abord celui de fixer l’animal aux corps étrangers, puis celui de saisir la proie. Chacun des articles les plus grands qui entrent dans la composition de la colonne vertébrale donne naissance à cinq de ces bras ; et l’on voit, dans la pl. 53, fig. 7, les bases où les premières phalanges de ces bras s’articulent avec la grande vertèbre qui les porte, en se dirigeant alternativement à droite et à gauche, afin d’y trouver une position plus commode pour les mouvemens qu’ils exécutent, sans se gêner mutuellement, et sans nuire à la flexion de la colonne elle-même.

    Dans la pentacrinite tête de Méduse de l’époque actuelle (pl. 52, fig. 1), les bras latéraux (d) sont disposés d’espace en espace le long de la colonne vertébrale.

  35. Pl. 51, fig. 2.
  36. L’échantillon unique que nous avons figuré fait partie de la magnifique collection de sir James Johnson, à Bristol.
  37. Pl. 51, pl. 52, fig. 1 et 3 ; pl. 553 fig. 2 et 6. E, F, H.
  38. Pl.53, fig. 17.
  39. La place qu’occupent les pentacrinites, dans la famille des échinodermes, nous conduit à penser que nous trouverons à la surface interne des doigts de petits pores analogues à ceux beaucoup plus visibles des ambulacres des oursins. Guettard les avait vus sans doute, car il parle d’orifices percés sur les phalanges terminales des doigts et des tentacules.

    Lamarck dit aussi, en décrivant les caractères génériques des encrines : « Les branches de l’ombelle sont garnies de polypes ou de suçoirs disposés par rangées.

  40. Tiedeman, dans sa Monographie des holothuries, des oursins et des astéries, fait voir que, dans l’étoile de mer, il existe plus de trois mille petits osselets.
  41. Voyez une note supplémentaire à la fin du volume.
  42. Pl. 54, fig. 4.
  43. Pl. 54, fig. 9 et 10.
  44. On trouve, dans les Voyages de Peron, de Flinders, de Kotzebue et de Beechy, des observations intéressantes sur l’étendue et le mode de formation de ces récifs de corail ; et le docteur Kidd, dans son Geological Essay, ainsi que M. Lyell, dans ses Principles of Geology (3e édit., t. 3). ont fait une application admirable de ces particularités de l’histoire des polypiers modernes a l’illustration des phénomènes géologiques.
  45. M. de La Bêche fait observer que les polypes de la caryophyllie de Smith (pl. 54, fig. 9, 10 et 11) dévorent des débris de poissons et de petits crustacés ; et il en a nourri ainsi quelques individus à Torquay. Les polypes saisissaient ces alimens avec leurs tentacules, et la digestion s’opérait dans le sac central qui constitue leur estomac.
  46. Plusieurs des genres actuels de polypiers se rencontrent dans la série de transition, et M. de La Bêche a remarqué avec justesse (Manuel de Géologie, p. 458 de la traduction française) que partout où se trouve un amas de polypiers assez considérable pour justifier le nom de banc ou de récif de corail, les deux genres astrée et caryophyllie en font partie, et que ces genres sont encore au nombre des architectes les plus actifs des bancs de corail dans les mers actuelles.

    Une grande partie du calcaire que l’on désigne sous le nom de calcaire à polypiers (coral rag), et qui forme les plaines élevées de Bullington et de Cunmer, ainsi que les collines de Wytham, sur trois des côtés de la vallée d’Oxford, est rempli par des lits continus, et des amas de polypiers pétrifiés de diverses espèces, conservant encore la position dans laquelle leur accroissement a eu lieu au fond de quelque mer ancienne, de la même manière que se forment maintenant les bancs de coraux dans les régions intertropicales des océans modernes.

    Les mêmes couches de polypiers fossiles remplissent les montagnes calcaires du nord-ouest de Berkshire, et du nord de Wilts, et on les voit encore autant ou plus puissantes dans le Yorkshire, et sur les sommets élevés de l’ouest ou du sud.ouest de Scarborough.

  47. D’après Ehrenberg, les infusoires, que jusqu’à lui on avait regardés comme à peine organisés, possèdent une structure interne qui rappelle celle des animaux les plus élevés. Il leur a trouvé des muscles, des intestins, des dents, des glandes de diverses sortes, des yeux, des nerfs, des appareils de reproduction mâle et femelle. Il a vu qu’il y en a dont les petits naissent vivans, d’autres qui se reproduisent par des œufs, et quelques uns par une division spontanée de leur corps en deux ou plusieurs animaux distincts. Ils ont une puissance de reproduction telle qu’un seul individu (hydatina senta) en a produit un million en dix jours, quatre millions en onze jours, et seize millions en douze jours. Le résultat le plus étonnant de ses observations, c’est que les plus petites taches colorées du corps du monas termo (lequel n’a en diamètre ) n’ont qu’un 48000 de ligne, et que l’épaisseur de la membrane stomacale doit être comprise entre et de ligne. Or cette peau elle-même doit contenir des vaisseaux d’un diamètre encore moindre, et dont il devient impossible de calculer les dimensions. (Abhandlungen der Académie der Wissenschaften der Berlin, 1831.) Ehrenberg a décrit et figuré plus de 500 espèces de ces animalcules : la plupart ne se rencontrent que dans certaines infusions végétales déterminées ; quelques unes seulement se montrent dans presque toutes les infusions. Un grand nombre de végétaux en produisent à la fois plusieurs espèces, dont quelques unes se propagent avec plus de rapidité que les autres dans certaines de ces infusions. Tout le monde sait avec quelle promptitude apparaissent et se propagent les animalcules dans l’infusion de poivre, et ce cas suffit à donner une idée de tous les autres.

    Ces observations des plus curieuses jettent d’importantes lumières sur la question des générations équivoques, question si obscure et depuis si long-temps en litige. Ce fait bien connu que des animalcules de caractères déterminés apparaissent dans les infusions animales et végétales préparées avec de l’eau distillée en reçoit une explication probable ; et les infusoires ne paraissent pas différer beaucoup des autres animaux quant aux principes qui président à leur propagation. Ce qu’ils offrent sous ce point de vue de plus remarquable, c’est qu’ils présentent, réunis dans une seule famille, les trois modes de reproduction vivipare, ovipare ou scissipare.

    Ce qu’il est difficile d’expliquer, c’est comment les œufs ou le corps d’individus, déjà précédemment existans, peuvent trouver accès dans chaque infusion ; mais cette explication est déjà facilitée par les faits analogues que présentent plusieurs champignons que l’on voit naître, sans aucune cause apparente, partout où une matière animale ou végétale se trouve exposée à la décomposition sous certaines conditions de température, d’humidité. Fries explique la production subite de ces végétaux par l’hypothèse que des sporules légers et presque invisibles, dont il a compté plus de 10 000, 000 dans un seul individu, sont continuellement en suspension dans l’air, et vont se déposer sur tous les points. La plus grande partie de ces corpuscules demeure stérile, parce qu’elle ne rencontre pas des conditions convenables ; ceux au contraire qui trouvent ces conditions se développent avec rapidité, et donnent eux.mêmes naissance à d’autres sporules destinés à remplir les mêmes fonctions.

    On peut expliquer de même la reproduction des infusoires. L’excessive petitesse des œufs et du corps de ces animalcules leur permet sans doute de flotter dans l’air de la même manière que les sporules invisibles des champignons, après que diverses causes, et peut être l’évaporation elle-même, leur ont fait quitter la surface des liquides où ils se sont formés. Chaque goutte d’eau qui s’évapore d’un étang ou d’un fossé, pendant l’été, entraîne peut-être avec elle des millions de ces œufs ou de ces corps desséchés, pour les dissiper dans l’atmosphère, comme les atomes qui constituent la fumée. Puis ces corpuscules reprendront vie dès qu’ils seront tombés dans quelque milieu qui leur transmette l’excitation nécessaire. M. Ehrenberg en a trouvé dans le brouillard, dans l’eau de pluie, dans la neige.

    Si le grand océan aérien qui entoure le globe est ainsi chargé de principes de vie flottant continuellement en compagnie des atomes que nous voyons scintiller dans un rayon de lumière, et prêts à se ranimer aussitôt qu’ils auront rencontré un milieu favorable à leur développement, cette condition de l’atmosphère constitue un ensemble de dispositions calculées pour la dissémination presque indéfinie de l’élément vital dans les liquides de la surface actuelle du globe ; et cet ensemble de dispositions se trouve en harmonie avec la population qui fourmillait dans les eaux de l’ancien globe, population qui nous est attestée par les myriades de débris microscopiques auxquels nous avons déjà eu l’occasion de faire allusion (section VIII, p. 338).

    M. Lonsdale a tout récemment découvert que la craie de Brighton, de Gravesend, et des environs de Cambridge, est remplie de coquilles microscopiques. On peut en détacher des milliers d’un seul petit bloc, en le grattant sous l’eau avec une brosse à ongles. Le même observateur a reconnu, parmi ces coquilles, des quantités immenses de valves de cypris marins (cytherines), et seize espèces de foraminifères.