La Lanterne magique/83

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Petites Études : La Lanterne magique
G. Charpentier, éditeur (p. 130-131).
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Septième douzaine

LXXXIII. — SOUS BOIS

La reine Titania est couchée au fond du bois sur un lit de mousse, et à ses pieds dort le bel enfant indien, qu’elle n’a pas voulu donner à Obéron pour en faire son page. Sur la tête de la grande Fée se baissent des rameaux chargés de fleurs, qui, tandis qu’elle repose, emplissent l’air de leurs divins arômes. Mais tout à coup, dans ces fleurs mêmes, dans leurs calices rougissants et roses et sur les brindilles qui les supportent, elle entend les minces roulements de mille et mille petits tambours. C’est tous les petits Sylphes qui s’avancent sur les branches en rang de bataille, ayant sur leurs ventres nus des petites caisses réglementaires, vêtues de beau cuivre jaune, pendues à leur cou par des bandoulières en peau de rat, et ils battent des marches avec un entrain sauvage.

— « Qu’est cela ? dit Titania. Ne me laissera-t-on pas dormir ?

— Différemment, grande Reine, dit le petit génie Goutte de Rosée, en imitant de son mieux le crâne accent du nommé Pitou, je demande pardon excuse à Votre Majesté, mais il n’y a pas moyen de dormir, et ce matin il faut que nous fassions nos ra et nos fla et tout le tonnerre du tremblement, — parce que le général Farre est enfoncé, et qu’on a rétabli les tambours ! »