La Lanterne magique/89

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Petites Études : La Lanterne magique
G. Charpentier, éditeur (p. 137-138).
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Huitième douzaine

LXXXIX. — LE TROUPEAU

En rang, conduites par des religieuses jaunes comme l’ivoire, passent les orphelines vêtues de leurs robes violettes à raies, coiffées de bonnets de linge, et portant au cou le large ruban bleu auquel pend une médaille. Longues, masculines, droites comme des bâtons, tannées et baisées par l’ombre, par la brise et par le soleil, elles ressemblent à des garçons, parce que le charme ne leur a pas été enseigné, et parce qu’elles sont trop pauvres et déshéritées pour avoir appris la grâce. Une seule parmi elles, par quelque jeu absurde et fou de la destinée, est belle comme une jeune reine, onduleuse avec des traits impérieux et divins, pareille à un lys sauvage qui aurait poussé dans un champ de seigle.