La Nation aux Gardes-françaises

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[chez Nyon le jeune, libraire] (p. 3-24).

La Nation aux Gardes-françaises

Honneur de l’Armée Française ; troupe inspirée par l’enthousiasme de la vraie gloire ; généreux soldats, la nation vous adopte ; vous êtes ses enfants.
Cette mère tendre, toujours attentive aux mouvements divers de votre conduite, et pesant les généreux motifs qui l’ont dictée, prend soin aujourd’hui de dissiper le ridicule odieux dont on a voulu la couvrir : elle saura détruire jusqu’au germe d’une abominable calomnie et de quelques soupçons injurieux ; ce témoignage doit suffire à votre délicatesse. Eh ! à quel Juge plus intègre, plus impartial, pourriez-vous recourir ?
En vain la fureur s’exhale ; en vain la cruelle nécessité, ou plutôt la situation pénible de rester sans vengeance provoque de lâches convulsions : en vain l’ambition frémit du renversement éternel de ses infâmes projets ; en vain la basse envie épuise ses traits envenimés ; nouvelle Thétis, la Nation saura vous rendre nouveaux Achilles ; comme lui vous deviendrez invulnérables ; votre réputation est à l’abri des traits impurs qui l’assiègent ; mon estime est l’Egide qui doit les parer tous ; lancés d’une main incertaine et tremblante de crime et d’horreur, ils tomberont sans effet ; d’avance je vous justifie. [1]
C’est vous cependant, braves Gardes-françaises ; c’est vous que des lâches ont osé noircir en vous dénommant comme eux-mêmes ; c’et vous qu’ils ont osé traiter d’infidèles à Votre Roi ; c’est vous qu’ils ont osé nommer parjures.
Eh ! quel est leur serment ? Quel est son premier objet ? N’est-ce pas la Patrie ?
Qu’est-ce qu’un Roi ? N’est-ce pas l’objet du choix, de la prédilection de toute une Nation ? N’est-ce pas le Dépositaire de ses intérêts, de son bonheur ? Est-il Roi pour lui-seul ? L’est-il par lui seul ? Ne l’est-il pas par la Nation elle-même ? N’est-ce pas moi, moi seule, qui suis la Dispensatrice libre de l’autorité souveraine. N’est-ce pas de moi qu’il tient le diadème ? n’est-ce pas moi qui ceins son front du bandeau de la Royauté ? N’est-ce pas moi enfin qui lui donne des Soldats pour en faire respecter les droits sacrés, et en soutenir l’éclat majestueux ? Ces soldats, en servant leur Patrie, en se dévouant à son salut, ont-ils cessé de servir leur Monarque ? Parlez, monstres.
Quel crime ont-ils commis ? La tendresse d’un fils pour sa mère en est-il un ? Parlez.
Brutus, en se souillant du meurtre de Jules, quel crime commit-il ? Je vous le demande : parlez ; mais tremblez… comme enfant, il attrista, il est vrai, il révolta la Nature ; mais comme Citoyen, ne se couvrit-il pas d’une gloire immortelle ?
Quel est leur crime, monstres ? Est-ce d’avoir refusé fermement de plonger leurs armes meurtrières dans mon sein ? Est-ce d’avoir renversé les projets ambitieux de cette espèce d’hommes qui n’en ont que le nom, dont leurs seuls titres sont d’être appelés grands ? Est-ce d’avoir contribué à confondre les prétentions injustes de quelques êtres méprisables, qui ne se croient importants qu’autant qu’ils sont distants de cette classe malheureuse de citoyens, que leur fortune et leur rang même mettent en état de secourir.
Ah, non sans doute, j’ai lu dans le cœur de ces braves soldats et dans leur marche ; je les ai toujours vu concilier les intérêts de leur Prince et celui de son Peuple.
Toujours fidèles à leur digne Maître, s’ils ont refusé d’exécuter des ordres sanguinaires, c’est qu’étant sûrs du cœur de Louis, ils n’ont pu, sans injustice, croire que ce fussent les siens : ils ont voulu que Louis ne régnât pas sur un monceau de cadavres sanglants ; ils ont voulu que Louis fût toujours Roi des Français. L’eût-il été sans Sujets ?... Est-il de Roi sans Peuple ?...
Que les intérêts d’un grand Peuple soient lésés ; que le Monarque séduit, trompé et sans égard, persiste dans des dispositions peu favorables, son Peuple, ses Soldats, doivent-ils raisonnablement être les victimes des astuces et de l’adulation qui l’égarent ? Quel droit un tel Monarque a-t-il alors sur des troupes qu’il tire du sein même de ce Peuple ? Ne les perd-il pas tous ? Les intérêts d’un seul doivent-ils balancer jamais ceux d’une grande Nation ?
Mais, diront des plats Sophistes ; et si la Nation a tort ! a-t-on jamais vu une Nation entière avoir tort contre un seul ? Et quand l’esprit de sédition se monte jusqu’au délire, oserait-on douter alors si les motifs sont justifiés ?
Mais, dira-t-on encore, le Monarque a donc tort : non, vous dis-je, raisonneurs fades ; c’est que le trône est un écueil pour la vérité ; les marches en sont d’un verre frêle et cassant ; s’il arrive quelquefois qu’elle parvienne jusqu’à la première, dès qu’elle y pose un pied, cette foule d’Argus, intéressés à rendre ses pas tardifs, la précède, monte avec elle ; le poids l’emporte, le verre casse, et la vérité fuit en cédant.
Eh bien ! ces soldats l’ont pensé de même ; ces vrais Patriotes, pour aider Louis autant que pour détruire les vues d’une cabale exécrable qui lui dérobe son nom auguste, pour couvrir ses manœuvres odieuses ; ces soldats, dis-je, ont consacré leurs armes salutaires à leur Patrie.
Cet acte a accéléré la marche pénible de l’auguste assemblée qui me représente : ces généreux Dévoués ont presque seuls décidé la grande question ; le voile a disparu ; les yeux se sont ouverts ; cette indigne cabale a frémi ; mais elle a cédé ; et Louis, que les Gardes-françaises étaient accusés d’abandonner si lâchement, leur doit aujourd’hui, j’ose le dire, la vie et le bonheur de tous ses Sujets, le sien propre.
S’ils eussent cédé aux vues criminelles d’un despotisme barbare, quel meurtre horrible ! que de sang !... Souffrez que je m’arrête :
Je ne vous peindrai pas le tumulte, les cris ;
Le sang, de tous côtés, ruisselant dans Paris ;
Le fils assassiné dans les bras de son père ;
Le frère avec la sœur, la fille avec la mère.
Ah ! trop de motifs concouraient à déterminer cette généreuse conduite ; tout leur disait de revoler dans mon sein pour m’aider à secouer le joug et à récupérer uen liberté trop souvent négligée.
Ils ont vu ces Soldats, leurs pères, leurs frères, leurs amis, manquer de pain, parce que le produit de leur travail, comparé avec le prix excessif des denrées, ne suffisait pas aux besoins de leur existence.
Ils ont vu, à cette même époque, trente mille hommes armés arriver de toutes parts, portant dans leurs yeux l’impression de la menace, et dont la consommation devenait d’un préjudice sensible à la Capitale.
Quelle fausse politique ! est-ce dans un temps où tout manquait à Paris, qu’il fallait rassembler tout ce monde ? Et pourquoi ?
Ou la Cabale a tort, ou elle ne l’a pas ; si elle a tort, elle chercherait en vain son salut dans les armes de trente mille hommes ; dans le fond, que peut ce nombre contre moi ? J’en dresse les épaules, et je ris des efforts convulsifs d’un despotisme qui ne bat plus que d’une aile ; et d’ailleurs qui lui répondait que les armes lui fussent assurées ?
Si elle n’a pas tort, cette infernale Cabale, si elle ne nuit pas à mes intérêts, pourquoi ose-t-elle penser que j’arme contre elle mes dociles enfants ? Qu’a-t-elle tant à craindre ?
Quelle fausse politique, je le répète ! l’appareil seul des troupes qui arrivaient journellement aux environs de la Capitale, n’était-il pas capable de provoquer l’esprit de faction. « Pourquoi ces Soldats, se demandait-on tout bas ? pour qui ? contre qui ? Est-ce pour la personne du Roi ? Qu’a-t-il à craindre ? Les ennemis du dehors ? Nos bras sont armés ; ceux du dedans ? Nos cœurs ne sont-ils pas pour lui une barrière plus impénétrable que les plus solides remparts ? »
Une disette alarmante, augmentée par la consommation journalière de ces troupes, bientôt ne laissait aux Parisiens d’autre espoir que celui de trouver dans les bras d’une mort affreuse, le terme consolant des maux les plus inouïs…
Et l’on voulait que mes Gardes-françaises tournassent leurs armes contre moi !
Ah ! monstres, vous ne jouirez pas du spectacle de la Panthère, contentez-vous d’en avoir été si longtemps les héros, ces mêmes soldats que vous êtes forcés d’estimer à l’instant même que votre intérêt les juge coupables, ces soldats sont trop reconnaissants, trop éclairés.
A cela je les entends s’écrier, des soldats éclairés ! Ah ! ah ! ah ! – Oui éclairés ; est-il surprenant que dans une capitale, la plus digne d’être celle de l’univers, est-il surprenant, dis-je, que des soldats soient éclairés ? Dans le sein des connaissances peut-on n’être pas susceptible d’en prendre une teinte ; ce séjour même n’est-il pas pour eux un avantage que n’ont pas les autres troupes françaises ?
Nos soldats d’aujourd’hui diffèrent bien de ceux des siècles passés ; on ne les mène plus aveuglément au combat ; ils raisonnent ; ils parlent politique ; ils se familiarisent avec les mots Etats, forces, causes, justice, moyens.
Et pourquoi, dans une action, leur refuseraiton la connaissance de la cause pour laquelle ils sont armés, je croirais que ce serait un bien nécessaire au succès de leurs armes.
Si la cause est légitime, leur courage en reçoit une double impression, voilà un grand avantage établi ; si la cause est illégitime, pourquoi sacrifier des soldats. Pourquoi combattre ? Dans l’un et l’autre cas, la connaissance de la cause pour laquelle le soldat est préposé est d’un avantage réel. Dans le premier, armés pour la justice, nous devrions à des généreux efforts qui n’émanent que d’elle, de bien glorieuses journées.
Dans le second, le soldat prévenu par l’illégitimité de la cause, refusant de prêter ses armes à l’usurpation, forcerait les Souverains à ne s’armer que pour leur défense, et cette sage Constitution commune à tous les états rendrait les armes inutiles. Heureux les Empires où les soldats reposent sans cesse. Laissons le Soldat tel qu’il est[2], me répondront les lâches complices d’un meurtre longtemps prémédité ; c’est une machine que l’on fait mouvoir à son gré, et les Gardes Françaises, chez qui l’argent répandu…… Arrêtez, infâmes, l’argent n’a rien pu sur eux, l’amour seul de la patrie a tout fait ; dans des circonstances où il s’agit de la liberté, par conséquent, du bonheur de toute une nation, leur a-t-il fallu plus que leur cœur pour les déterminer ?
Naturellement fiers, jaloux de leur honneur, pensez-vous que la seule proposition ne fût pas une insulte pour eux ? Et solidaires plus que jamais les uns des autres, ils ne se pardonneraient pas de laisser un tel outrage impuni ; il en existe des preuves qui ajouteront à jamais un nouveau lustre à leur gloire. [3]
Et de tels soldats sont des lâches ! Qu’on les juge par la prise de la Bastille, à laquelle ils ont coopéré avec les généreux citoyens.
La Bastille [4] ! oui, la Place la plus forte que nous ayons en France, et devant laquelle les armes d’un de nos Rois ont éprouvé trois ans d’obstacles sans être suivis d’aucun succès.
C’est là qu’on les vit animés d’une audace guerrière, portant un cœur intrépide, une main redoutable contre les ennemis de leur Prince et de son peuple, tenter, franchir tous les obstacles.
Les cris plaintifs et redoublés de quelques malheureux, qui s’y étaient introduits sur la parole d’un Gouverneur perfide, la nature, leur cœur les avertit qu’ils sont trahis ; alors leurs yeux étincellent de rage ; leur sang bouillonne ; leur courage s’enflamme, l’amour de la patrie, celui de la gloire… : ils brisent, ils renversent tout ce qui s’oppose à leur passage ; fiers, ils s’avancent au milieu d’une milice fort considérable, qui ose un instant résister ; mais tout tremble à leur aspect, et tout promet leur triomphe ; et de tels soldats sont des lâches !
D’après un exploit aussi mémorable, peut-on, sans la plus grande injustice, soupçonner les soldats de refuser leurs bras et leurs armes à la défense d’un Monarque si cher au peuple français ? Pense-t-on qu’ils trembleraient à la vue de l’ennemi ?
Lâches vous-mêmes, qui avez tâché, mais sans succès, de les diviser avec moi, parce que vous redoutiez nos efforts réunis ; qui avez soufflé, mais en vain, le poison de la discorde entre une mère et ses enfants ; qui avez fait jouer, mais sans fruit, tous les ressorts pour les perdre.
Lâches vous-mêmes, qui avez ordonné de les désarmer pour leur ôter tout moyen de me secourir.
Lâches vous-mêmes, qui, perdant l’espoir abominable de les détruire à force ouverte, n’avez pas rougi d’user d’un moyen le plus inouï, le plus noir, le plus scélérat… Si la Providence ne veillait sur eux, chaque instant, chaque pas leur offrait un tombeau, mais
L’innocence a des droits sur la bonté des Dieux.
Sans eux, ils trouveraient la mort dans les objets destinés à fomenter leur existence, et peut-être même en cet instant, plusieurs d’entr’eux portent dans leurs entrailles, renferment dans leur sein malheureux une substance homicide, un feu dévorant, dont l’explosition (sic) tardive, mais plus affreuse, sera le terme de leur vie, le poison… l’idée seule en fait frémir.
Pour perdre un ennemi, n’est-il pas d’autres traits ?
La trahison n’est pas d’un cœur noble et français.
Plus généreux que vous, ces mêmes soldats que vous jugez à la rigueur, n’ont pas cru de fléchir le genou devant un peuple irrité avec tant de justice contre un Chef peu fait pour l’être, et dont eux-mêmes avaient tant à se plaindre, leurs prières l’ont attendri, ses jours sont sauvés, et de tels soldats sont des lâches !
Vous avez redouté la conduite de ces braves soldats, parce qu’elle tendait à renverser vos espérances, à traverser vos vues odieuses.
C’est vous lâches qui, abusant des droits et des honneurs insigne, qui vous appellent auprès de la personne sacrée du Monarque le plus juste et le plus débonnaire, avez su séduire, égarer son cœur paternel, surprendre son amour pour son peuple ; c’est vous qui, sous des prétextes spécieux du bien public, armiez, sans qu’il s’en doutât, (son cœur n’est pas fait à la duplicité) son peuple contre lui ; c’est vous qui me cachant ses dispositions favorables, le montriez à mes regards sous les plus noirs couleurs, qui m’en faisiez un ennemi dangereux, et qui, par un contrecoup funeste, me peigniez moi-même, à ses yeux fascinés, comme un monstre avide de son sang ; et cependant, est-il de Nation qui, plus que moi, chérisse son Souverain.
Je ne vois pas sans émotion, sa vie est pour les cœurs français une source intarissable d’attendrissement et de sensibilité. Périssent tous ceux qui le voient avec indifférence !
Arme ton bras, Louis….. frappe…. Que dis-je, la main des Rois n’est pas faite pour tremper dans un sang impur ; mais demande ou consens, les coupables ne seront plus. Ton cœur ne peut… sa bonté vous pardonne, lâche cabalistes, mais craignez ma juste colère, craignez que je n’interdise au Tiers la liberté de vous accorder ses services ; craigniez que je ne vous renferme dans votre cercle étroit, et que vous forçant par-là à labourer vos champs, à pétrir votre pain, à texurer vos vêtements, vous ne sentiez bientôt le néant de votre être. Vous apprendrez alors à apprécier la sueur de cette classe que jusqu’ici, vous avez foulée ; de cette classe de qui vous tenez tout, le corps et la substance des Etats.
Allez impies, allez athées, semblables à ces enfants ingrats qui, favorisés une fois du hasard et de la fortune, méprisent leur mère et ses autres enfants, vous oubliez que c’est dans mon sein que vous avez puisé la vie ; naissance, fortune, soins, éducation, vous me devez tout.
Quoi qu’il en soit, c’est au Gardes-françaises, joints à ces mêmes Citoyens à qui je dois ma régénération, à eux je dois ma liberté ; c’est vous qui l’aviez usurpée ; faut-il tant s’étonner si vous les nommiez lâches !
Quoi qu’il en soit, en servant vos vues détestables, la France bientôt n’allait plus offrir que l’image de la désolation et de la mort ; ce n’était plus qu’un vaste tombeau ; les habitations se changeaient en de lugubres hécatombes ; en se refusant, au contraire, à vos iniques desseins, qu’en est-il résulté ? La paix…
Vos derniers efforts n’ont pu même ébranler une Garde de trois cents hommes à Versailles ; vous aviez trop bien senti combien la présence de ces dignes soldats était un reproche humiliant pour vous, vous vouliez en tarir la source, en les privant de l’existence. Vous aviez formé le projet horrible de les faire massacrer [5]; mais, ne perdant pas de vue qu’ils sont et peuvent devenir de plus en plus utiles à leur Patrie, qu’ils se doivent tous entiers à son salut, ils sont sans cesse en garde, et se persuadent qu’on aurait à leur reprocher l’imprudence qui les priverait des glorieux avantages de la servir encore.
Vous vouliez les éloigner du poste honorable qu’ils occupent auprès du meilleur des Rois ; vous pensiez que vos menaces étaient capables de leur faire oublier Louis par un lâche abandon ; maîtres alors, vous portiez vos armes ou déchirées, ou fumantes encore du sang de vos victimes, dans le sein de cette élite respectable [6], de Citoyens qui me représentent, et dont l’heureux génie, en faisant avorter tous vos desseins, vous a interdit de réclamer à titre de possession ce que vous ne deviez qu’à des abus négligés.
Votre attente fut trompée, des généreux Citoyens, armés pour leur défense, se joignirent à eux. Ensemble, ils veillaient à la conservation de leur Roi, de leurs frères, de leur Patrie ; vous, vous veilliez pour le crime ; aujourd’hui, dispersés et déchus, vous traînez une vie odieuse, il vous reste la honte d’avoir tramé sans succès ; eux, au contraire, au sein de leur Patrie, estimés de leurs Concitoyens, servant encore leur Prince, ils jouissent de la gloire du triomphe.
Voilà des Soldats, voilà des Patriotes, c’est à eux à qui l’on doit de retrouver l’ancienne Rome dans le sein de Paris.

O puissant amour de la Patrie ! O sentiment inné, mais longtemps combattu dans tous les cœurs des Français, sois aujourd’hui une source sans cesse renaissante des devoirs du Citoyen, sois le mobile de toutes les actions, et la France va devenir dans peu l’objet de l’admiration et de la terreur de tous les peuples de l’univers.
Pour vous, braves Soldats, reposez-vous sur une mère sensible, vous m’êtes devenus trop chers, vous avez trop de droits à mon estime pour que je néglige de vous récompenser.
C’est moi qui veille sur vous ; je vais inspirer ma favorite, Paris va vous prendre sous sa protection, ses Habitants seront vos pères, ils vous réserveront aux meilleures places dans votre retraite ; pendant le temps de vos services, ils vous destineront aux gratifications, on vous nommera les Soldats de la Nation ; ce titre caractéristique annoncera vos âmes généreuses, il sera pour vous un hommage immortel ; nos descendants entendront le récit de vos actions avec un plaisir mêlé d’enthousiasme, et votre mémoire s’éternisera dans tous les cœurs des Français.
Et vous, dignes Représentants de la plus tendre mère, consignez dans les fastes de l’Histoire nationale un acte dont bien des siècles, depuis l’antiquité Romaine, n’ont eu d’exemple ; que leur nom, confondu avec celui des braves Citoyens qui ont eu leur part à une action si glorieuse, soit écrit dans les annales de la postérité, et faites qu’une marque distinctive des autres Troupes annonce à nos derniers neveux les Libérateurs et les Restaurateurs de la Patrie.

Par M. Vialla, Bachelier en Droit

  1. On leur reproche d’avoir montré de l’indiscipline et du désordre dans ces circonstances ; cette faute n’est pas la leur ; elle est celle des chefs ; si plus prudents, plus sages, ils eussent su manier les esprits, se gagner leur cœur, ils les auraient contenus. Le Soldat Français a naturellement de l’âme ; mais n’en eut-il pas, il est d’un chef de le supposer ; cette supposition, en flattant l’amour-propre, inspire, à coup sûr, la confiance, et la confiance reçoit toujours son prix ; en leur faisant sentir l’importance et la nécessité de la conduite qu’ils ont tenue ; en aidant à leur âme à donner un libre cours à leur généreux patriotisme, ils se les seraient attachés, et ils auraient eu la triple gloire de servir leur Prince, leur Patrie, et de maîtriser leurs Soldats.
  2. Qu’est devenu ce temps, cet heureux temps,
    Où les Rois s’honoraient du nom de fainéants ?
  3. On en a vu plusieurs refuser constamment de l’argent de quelques Particuliers, animés par le seul motif de la reconnaissance.
  4. Nous apprenons dans ce moment, que le brave Grenadier, qui le premier entra dans cette forteresse et s’empara du Gouverneur, est mort de ses blessures.
  5. La nuit du 16 au 17, les Gardes-françaises de Versailles furent avertis qu’on s’armait contr’eux.
  6. L’Assemblée Nationale.