La Philosophie dans le boudoir/Tome I/Aux Libertins

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Aux dépens de la Compagnie (Tome Ip. ).

AUX LIBERTINS.



Voluptueux de tous les âges et de tous les sexes, c’est à vous seuls que j’offre cet ouvrage ; nourrissez-vous de ses principes, ils favorisent vos passions, et ces passions, dont de froids et plats moralistes vous effrayent, ne sont que les moyens que la nature emploie pour faire parvenir l’homme aux vues qu’elles a sur lui ; n’écoutez que ces passions délicieuses, leur organe est le seul qui doive vous conduire au bonheur.

Femmes lubriques, que la voluptueuse Saint-Ange soit votre modèle ; méprisez, à son exemple, tout ce qui contrarie les loix divines du plaisir qui l’enchaînèrent toute sa vie.

Jeunes filles trop long-temps contenues dans les liens absurdes et dangereux d’une vertu fantastique et d’une religion dégoûtante, imitez l’ardente Eugénie, détruisez, foulez aux pieds, avec autant de rapidité qu’elle, tous les préceptes ridicules, inculqués par d’imbéciles parens.

Et vous, aimables débauchés, vous qui, depuis votre jeunesse, n’avez plus d’autres freins que vos desirs et d’autres loix que vos caprices, que le cinique Dolmancé vous serve d’exemple ; allez aussi loin que lui, si, comme lui, vous voulez parcourir toutes les routes de fleurs que la lubricité vous prépare ; convainquez-vous à son école que ce n’est qu’en étendant la sphère de ses goûts et de ses fantaisies, que ce n’est qu’en sacrifiant tout à la volupté, que le malheureux individu connu sous le nom d’homme, et jeté malgré lui sur ce triste univers, peut réussir à semer quelques roses sur les épines de la vie.