La Vengeance de l’Amour

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LA VENGEANCE DE L’AMOUR,

OU

DIANE ET ENDIMION,

PANTOMIME HÉROÏQUE, EN TROIS ACTES,

EXÉCUTÉE DEVANT LEURS MAJESTÉS, À FONTAINEBLEAU, À LA
SUITE DE PALMIRE.




LA VENGEANCE DE l’ AMOUR,


ou


DIANE ET ENDIMION,


PANTOMIME HÉROÏQUE.



ACTE PREMIER.


Le théâtre représente une forêt. Plusieurs forges, galamment ornées, sont placées dans des buissons.


Une troupe d’Amours entre sur la scène sous la conduite de leur chef. Les uns travaillent, sur des enclumes, à forger des fers et des flèches ; d’autres les aiguisent ; d’autres arrondissent des arcs ; quelques-uns les tendent, et essaient leurs traits on tirant à des blancs suspendus aux arbres. La fatigue assoupit successivement les Amours. Ils tombent, les uns après les autres, sur le gazon, pour y prendre du repos. Lorsqu’ils sont endormis, on voit paraître quelques Nymphes de Diane. Elle marquent de la crainte en apercevant les Amours. Quelques-unes avancent avec timidité ; elles fuyent au moindre bruit qu’elles croient entendre, au moindre mouvement que font quelques Amours en dormant.

Enfin, elles font signe à leurs compagnes d’approcher ; elles vont au-devant d’elles, et reviennent toutes ensemble pour s’encourager mutuellement. Peu à peu elles s’enhardissent ; elles approchent, et profitent du sommeil des Amours pour les désarmer et pour briser leurs arcs et leurs flèches. Devenues encore plus hardies par ce succès, une d’entre elles va allumer une torche de branchages au feu des forges, tandis que les autres font un monceau des armes brisées auquel elles mettent le feu, et se retirent précipitamment.

Les Amours se réveillent. Ils voient avec douleur le ravage que les Nymphes ont fait. Un d’entre eux trouve un trait échappé à leur fureur ; il s’en saisit ; il le remet à l’Amour principal qui le montre à la troupe comme l’instrument d’une vengeance prochaine. Ils sortent tous de la scène, pour se mettre en embuscade dans différens endroits de la forêt.

Diane vient avec ses Nymphes, qui lui font remarquer les débris des armes qu’elles ont brisées. La déesse leur ordonne d’aller tendre des filets aux environs. Les Nymphes s’éloignent pour exécuter ses ordres. Quelques-unes restent auprès de Diane, pour la féliciter de l’avantage qu’on vient de remporter sur les Amours.

On aperçoit un grand mouvement dans les filets ; toutes les Nymphes y courent. Diane attend avec impatience qu’on lui amène sa proie. Les nymphes reviennent et conduisent Endimion enchaîné avec des guirlandes de feuilles. Il paraît leur demander grâce. Il sollicite en vain leur pitié ; ses prières ne font qu’irriter leur barbarie. Une d’entr’elles veut le percer de son javelot ; Diane le saisit et fait entendre qu’elle veut elle-même punir le téméraire. Les Nymphes se retirent.

Diane se dispose à immoler la victime ; Endimion implore sa clémence. La déesse paraît inexorable. Il se jette à ses pieds ; elle détourne ses regards , et cependant suspend le coup fatal. Enfin, elle fixe les jeux sur Endimion, et lui tend la main pour le relever ; il lui témoigne sa reconnaissance ; elle paraît le voir avec plaisir ; ils dansent un pas de deux, et les regards de la déesse expriment au jeune berger les sentimens les plus flatteurs.

Les Nymphes reviennent ; elles paraissent surprises de la clémence de Diane. Un nuage dérobe Endimion à leur colère.



fin du premier acte



ACTE II.


Le théâtre représente une grotte, au fond de la forêt.


L’Amour, porté par des Faunes sur un trône de fleurs, entre en triomphe sur la scène, accompagné d’une troupe d’amours, de bergers et de bergères, qui célèbrent, par leurs danses, la victoire de ce dieu.

La grotte s’ouvre aux ordres de l’Amour. On y voit Endimion endormi. Le silence, le mystère et les songes l’environnent.

Les songes forment des danses d’enchantement. Un pas de deux amans que l’Amour enchaîne et que le mystère couronne, peint à Endimion la gloire qui lui est destinée.

Diane survient à son approche : toute la troupe se retire ; et les amours se cachent dans les environs. Diane touche Endimion de son arc ; il s’éveille ; il court avec empressement à la déesse, qui, dans un pas de deux, exprime toute sa tendresse et annonce le rang glorieux auquel elle va l’élever.


fin du second acte.



ACTE III.


Le théâtre représente le palais de la Lune, préparé pour célébrer l’hymen de Diane et d’Endimion.


La déesse est sur son trône brillant avec Endimion, et environnée de toute sa cour, à laquelle s’est jointe la troupe des amours et les suivans d’Endimion, unis aux Nymphes de Diane. Tous ensemble célèbrent, par leurs danses, la victoire de l’Amour et le bonheur d’Endimion ; ce qui l’orme le divertissement général, à la fin duquel la déesse vient elle-même se joindre, pour danser avec Endimion, qu’elle couronne d’une guirlande d’étoiles brillantes.


fin du troisième acte.