Le Docteur Grégoire

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Chansons de Gustave NadaudHenri Plon (p. 129-131).


LE DOCTEUR GRÉGOIRE.


Le docteur que j’ai
N’est pas agrégé ;
Il n’a ni cordons ni grades ;
Il est détesté
De la faculté :
Il guérit tous ses malades.
Ah ! le bon docteur
Et le remède admirable !
C’est une liqueur
Qu’on peut même prendre à table.

Quel plaisir,
Quel plaisir de boire

L’élixir
Du docteur Grégoire !

Il dit : Mes enfants,
Soyez bons vivants ;
Suivez bien mon ordonnance :
C’est la bonne humeur
Oui fait le bonheur,
Voilà toute la science.
Votre corps va mal ?
Vite, prenez-moi ce verre ;
Si c’est le moral,
Buvez la bouteille entière.

Quel plaisir,
Quel plaisir de boire
L’élixir
Du docteur Grégoire !

Au pauvre ouvrier
Lassé du métier,
Et qu’on veut mettre à la diète,
Il dit : Viens ici ;
Tiens, prends-moi ceci :
C’est de l’or dans ta cassette.
Et, quand il a bu
Le remède de Grégoire,
L’ouvrier fourbu
Se met à chanter victoire !

Quel plaisir,
Quel plaisir de boire
L’élixir
Du docteur Grégoire !


À qui voudrait voir
Tout le monde en noir,
Il met des lunettes roses ;
Aux pauvres rimeurs
Qui versaient des pleurs,
Il a fait chanter des choses !…
Il a guéri plus :
Deux ou trois cents journalistes,
Cent mille cocus
Et quatre socialistes.

Quel plaisir,
Quel plaisir de boire
L’élixir
Du docteur Grégoire !

Eh bien, la liqueur
De ce bon docteur
Est le jus d’une racine
Qui vient du Pérou,
De je ne sais où,
De Golconde ou de la Chine…
Non : c’est du raisin
Qui pousse dans la campagne,
Et qui fait du vin
D’Argenteuil ou de Champagne.

Quel plaisir,
Quel plaisir de boire
L’élixir
Du docteur Grégoire !