Le Fontainier.

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La chanson de nos jours, chansons populaires contemporaines, deuxième volumeEyssautier, éditeurVolume 2 (p. 289-291).

LE FONTAINIER.



Air Prenez vos bottes, vos étrilles.


Je raccommode les fontaines,
Je vends par jour maintes douzaines
De robinets ;
Doué des talents les plus rares,
Je sonne aussi force fanfares
Sur deux cornets.

Entendez-vous ma ritournelle
Voyez comment je patine un piston ;

Ohé ! — me voilà, qui m’appelle ?
Des fontainiers c’est à moi le pompon.

Je pose de fortes cannelles
Qui coulent comme des pucelles,
Raide, à plein bord ;
Elles ont même un avantage,
C’est de s’agrandir à l’usage
Un peu moins fort.
Entendez-vous, etc.

Si par une faute maudite,
Quelquefois votre eau prend la fuite.
J’ai du ciment ;
Je peux réparer l’avarie ;
Plus d’une fille qu’on marie
En fait autant.
Entendez-vous, etc.

Je possède dans ma boutique
De quoi contenter la pratique
Sur tous les points ;
Car j’ai des clefs de tout calibre,
Et pas un trou ne reste libre
Entre les joints.
Entendez-vous, etc.


J’en vends aussi qui, par mystère,
N’ouvrent qu’à leur propriétaire
Un fonds discret ;
Combien de maris, bonnes âmes,
Voudraient posséder pour leurs femmes
Pareil secret !
Entendez-vous, etc.

Jamais mes filtres ne pourrissent,
Car dans la fontaine ils durcissent
Comme un caillou ;
Des hommes c’est tout le contraire,
Puisque plus on mouille à Cythère
Plus on est mou.
Entendez-vous, etc.

Mesdames, la chose est certaine,
Jamais le trou d’une fontaine
N’est trop étroit ;
Or, si vos filtres infidèles
Ont besoin de grosses cannelles,
Appelez-moi.
Entendez-vous, etc.

Victor Rabineau.