Le Mirage perpétuel/L’AMOUR/Chanson triste

La bibliothèque libre.
Librairie Paul Ollendorff (p. 111-112).


CHANSON TRISTE



Quand j’ai voulu donner mon cœur
Enfin pour ne plus le reprendre,
Qui donc eût voulu me comprendre ?
Et l’on est passé sans entendre
La plainte triste de mon cœur.

Je disais des paroles douces
Et dans l’enchantement du soir
Je tendais les bras sans savoir
Comme vain était mon espoir
Et vaines mes paroles douces.


Elle est venue un jour d’été
Comme une vision légère,
Elle est passée en étrangère
Et j’en suis encore hanté.

Qu’aurait-on voulu qu’elle fasse ?
Quel reproche ne serait fou ?
Parlons de chiffons et bijoux,
Un poète, c’est un joujou,
On s’en amuse et puis le casse !

Me voici le front dans les mains,
Triste de tristesse infinie,
Et je sens comme une agonie
Qui pleure en mon âme meurtrie,
Mon front pèse dans mes deux mains.

Ô trop jolie, ô trop heureuse,
Ô petite aux yeux de clarté,
Puissent ne pas vous attrister
Toutes ces strophes douloureuses !