Le Mirage perpétuel/LES PAYSAGES/Défaillance

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Librairie Paul Ollendorff (p. 53-54).


DÉFAILLANCE



L’accablante torpeur des midis embrasés
Couve sinistrement sur la plaine tragique,
Il s’insinue en moi un désir nostalgique
De vivre ainsi qu’on meurt, immobile et blasé.

Le fleuve comme un lourd serpentement de fièvre
Passe au loin taraudant ses rives sans roseaux,
Le soleil met du feu liquide dans ses eaux
Et tue autour de lui les chevreaux et les chèvres.


Que m’importe la vie et son stérile effort ?
L’Islam en sa douceur ardente et souveraine
M’offre l’oubli total des plaisirs et des peines
Dans le parfait repos qui prépare à la mort.

Le passé ne m’est plus qu’un miroir éphémère
Où s’agitent en vain mes frères d’Occident,
Je retrouve l’espoir en Dieu, l’oubli du temps,
Et la sérénité suprême de nos pères.