Le Mirage perpétuel/LES PAYSAGES/Musée d’Athènes

La bibliothèque libre.
Librairie Paul Ollendorff (p. 45-46).


MUSÉE D’ATHÈNES



Comme tu parles haut, jeune mort indiscret
Dont Éros protégea la rapide carrière,
Tu fus aimé ! ce but en ta vie éphémère
Était le seul qui pût ne donner nul regret.

Un peu hautain, comme il convient à ceux qu’on aime,
Et t’enorgueillissant encor de ta beauté,
Tu redresses, hardi, la mince nudité
De ton corps façonné pour les plaisirs suprêmes.


Le marbre a conservé pour nos yeux étonnés
Le fantôme charmant de ta svelte jeunesse,
Tes bras blancs, et tes mains faites pour la caresse,
Et tout ce charme enfin qu’Amour t’avait donné.

Je te revois le front auréolé de roses…
Que de caresses dans ces boucles de cheveux,
Que de souples détours en ces jarrets nerveux,
Et que de souvenirs sous ces paupières closes !