Le Miroir des jours/À Louis Fréchette

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Le Miroir des joursMontréal (p. 196).


À LOUIS FRÉCHETTE

 

Sur une traduction qu’il avait faite d’un poème anglais.


Comme vous maniez le dur alexandrin,
Maître ! Grand forgeron, dites, sur quelle enclume,
Avec le merveilleux marteau de votre plume,
Forgez-vous ces beaux vers souples, quoique d’airain ?

Sans doute que Ronsard, l’ouvrier souverain,
Lorsque pour le labeur sacré le feu s’allume,
Sourit à votre tâche où l’effort se résume,
Façonnant le métal d’intelligence empreint…

Maître, apprenti de l’Art, ― si long pour si peu d’âge, ―
Moi qui n’ai pas la force ardente et le courage,
Je tomberai peut-être au milieu du sentier :

Mais pendant que je marche, alerte, dans l’aurore,
Je saisis votre main que le prestige honore :
Apprenez-moi comment on apprend son métier.