Le Miroir des jours/La chambre

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La chambre (1912)
Le Miroir des joursMontréal (p. 134).


LA CHAMBRE


 
Entre les murs étroits de ma chambre, n’ayant
Pour clarté qu’un reflet de vitre dépolie
Où le frimas simule une forêt jolie,
Mon rêve meurt, dans la tristesse se noyant.

Comme une rose, un jour d’octobre, défaillant,
Mon âme penche au poids de sa mélancolie
Et, dans cette lumière hésitante et pâlie,
Perd ce qui se dressait en elle de vaillant…

Le beau soleil, le bleu du ciel, la plaine blanche,
Les arbres dentelés de givre à chaque branche,
L’air vierge, le vent pur : délices des poumons !…

Ah ! nous trouvons parfois notre chambre petite !
Pourtant, c’est là, dans l’ombre, ― ô l’adorable gîte ! ―
Que pour rêver d’amour, seuls nous nous enfermons !