Le Miroir des jours/Les jours qui fuient

La bibliothèque libre.
Le Miroir des joursMontréal (p. 103-104).


LES JOURS QUI FUIENT


 
Les jours ont fui, pareils à des oiseaux sauvages, ―
Des oiseaux blancs, des oiseaux gris, des oiseaux noirs, ―
Qui s’en vont sans retour vers de lointains rivages,
Bonheurs, tristesses, deuils, rires, sanglots, espoirs…

Les jours ont fui, pareils à des oiseaux sauvages.

En silence, ils se sont envolés pour toujours,
Emportés par l’élan de leurs ailes légères,
Chargés, comme nos cœurs, de haines et d’amours,
Rythmant leur course aux sons des heures passagères…

En silence, ils se sont envolés pour toujours.


Les étoiles ont vu leur troupe disparaître
Dans le gouffre insondable et fatal de la nuit
Où, lambeau par lambeau, s’évanouit notre être…
Et le regard de l’âme avec regret les suit…

Les étoiles ont vu leur troupe disparaître.

Un par un, à la file, ils retournent à Dieu, —
Fouettés par les grands vents, transis par les orages, —
S’absorber à jamais dans le ciel toujours bleu…
Un par un, à la file, ils retournent à Dieu,

Les jours qui fuient, pareils à des oiseaux sauvages…