Le Nécromancien ou le Prince à Venise/Livre second

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Peu après ces événemens, je commençai à observer une altération sensible dans l’humeur du prince ; ses dernières aventures y avaient sans doute contribué ; mais elle dut encore ses progrès à un concours de plusieurs autres circonstances accidentelles.

Le prince, jusqu’alors, avait soigneusement évité tout examen sérieux de sa religion ; il s’était contenté de rectifier les notions imparfaites et peu raisonnées qu’il en avait reçues dans son enfance, par les idées plus réfléchies qui s’étaient présentées à lui dans la suite ; et en cherchant à les accorder, il ne s’était point attaché à scruter trop soigneusement les fondemens mêmes de sa croyance. En général, il me l’a souvent avoué, il regardait tout système de religion comme un château enchanté, dans lequel on ne pouvait mettre le pied qu’en tremblant ; et il prétendait qu’il valait beaucoup mieux passer à côté avec respect, que de courir risque de s’égarer dans le labyrinthe qui l’entoure.

Cette manière d’en juger était l’effet naturel de l’éducation bigote et servile qu’il avait reçue. Dans le temps où son cerveau, tendre encore, était susceptible des impressions les plus profondes, on avait rempli son imagination de fantômes que, dans la suite, il n’en put jamais entièrement écarter. Une mélancolie religieuse était la maladie héréditaire de sa famille, et l’éducation qu’il reçut, ainsi que ses frères, fut analogue à cette malheureuse disposition. Les hommes aux soins desquels leur jeunesse fut confiée, étaient ou des enthousiastes, ou des hypocrites adroits. Jaloux de plaire aux augustes personnages dont ils tenaient leur autorité et leurs pensions, ils étouffaient d’une main également stupide et sévère la vivacité naturelle de leurs élèves. Des impressions de sa première enfance, résulta pour le prince cette couleur sombre qui obscurcit le cours de sa jeunesse ; la gaîté était bannie même de ses jeux ; toutes ses idées, tous ses sentimens présentaient quelques nuances de ces teintes rembrunies qui frappaient le plus vivement son imagination, et y laissaient les traces les plus durables. Son dieu était un dieu d’effroi ; et son adoration, l’aveugle et craintive soumission d’un timide esclave.

Tous ses penchans naturels furent comprimés. Jouissant d’une santé brillante, sensible et dans l’âge des plaisirs, jamais cependant il n’osa saisir leur coupe séduisante. Dès qu’une inclination secrète le sollicitait à les goûter, la religion était là pour en arrêter tout à coup l’essor. La trouvant ainsi en opposition continuelle avec tout ce qui pouvait flatter son jeune cœur, jamais il ne la connut bienfaisante, toujours menaçante et terrible. C’est ainsi qu’insensiblement s’élevait contre elle une secrète indignation dans son ame, et ce sentiment formait le mélange le plus bizarre avec le respect qu’il ne pouvait lui refuser.

On ne s’étonnera pas après cela s’il saisit la première occasion d’en briser le joug importun : mais semblable à un esclave qui, échappant à la tyrannie, en regrette quelquefois les chaînes, dans le sein même de la liberté, il portait encore avec lui le sentiment de la servitude. S’il avait abandonné les opinions de son enfance, ce n’était pas par l’effet d’un choix, formé dans le conseil d’une raison tranquille et épurée ; il s’était échappé comme un fugitif sur lequel son premier maître conserve ses droits. Forcé de revenir à ces mêmes opinions dès que les distractions qui l’en avaient éloigné avaient cessé, il s’était sauvé, pour ainsi dire, avec un bout de sa chaîne, et devenait la proie du premier imposteur qui savait la saisir et en faire usage. Le lecteur a déjà soupçonné qu’un tel fourbe ne tarda pas à se présenter : mais il faut lire la suite pour comprendre à quel point l’infortuné prince pouvait en être le jouet.

Les aveux du Sicilien avaient laissé dans son ame des traces plus profondes que ne le méritait réellement toute cette aventure, et sa confiance en sa propre raison s’était considérablement augmentée par le triomphe que celle-ci avait obtenu sur une misérable imposture. La facilité avec laquelle il avait déjoué cette intrigue, parut l’avoir étonné lui-même. La vérité et l’erreur n’occupant pas dans son esprit des places assez distinctes pour qu’il ne lui arrivât pas fréquemment de les confondre, le même coup qui détruisit sa foi aux miracles, dut ébranler en même temps l’édifice entier de sa croyance. Il lui arriva ce qui arrive à l’homme sans expérience, qui, pour avoir été trompé en amitié ou en amour, ne veut plus croire à la réalité de ces sentimens. Une imposture dévoilée lui rendit donc la vérité suspecte, parce que malheureusement les bases de la vérité n’étaient pas établies d’une manière plus solide chez lui que celles de l’erreur et de l’imposture.

Ce prétendu triomphe le flatta d’autant plus, que le joug dont il le délivrait lui pesait davantage. Dès ce moment tout devint objet de doute pour lui, même les principes les plus évidemment vrais, même les maximes les plus respectables.

Diverses circonstances au reste concoururent à le confirmer dans cette disposition d’esprit. À la retraite dans laquelle il avait vécu jusqu’alors, succéda assez promptement le genre de vie le plus dissipé. Son rang était connu ; l’étiquette dont il lui fit une obligation, des politesses reçues, des devoirs à rendre, le portèrent peu à peu dans un tourbillon dont jusque-là il s’était tenu sagement écarté. Sa naissance, ses qualités personnelles le firent désirer dans les cercles les plus brillans de Venise ; bientôt il se trouva en relation suivie avec les hommes d’état et les savans les plus distingués de la république. Obligé d’étendre ses idées dans la mesure de la sphère où ces circonstances l’avaient porté, il rougit des limites étroites dans lesquelles il les avait tenues jusque-là circonscrites ; et, s’apercevant à regret combien toutes ses notions étaient mesquines et bornées, il sentit le besoin de leur donner plus d’élévation et d’étendue. La forme surannée de son esprit, qui présentait d’ailleurs les côtés les plus estimables, contrastait en effet assez fortement dans la société, avec les idées reçues. Il était quelquefois si étranger aux objets les plus communs, que son ignorance l’exposait au ridicule ; et le ridicule était, de toutes les armes dont on pouvait se servir contre lui, celle qu’il craignait davantage. Il existait contre l’esprit des hommes de son pays un préjugé qu’il trouvait injuste ; il se crut obligé de travailler de tout son pouvoir à le détruire. À ces motifs de se distinguer par son savoir et sa politesse, s’en joignait un autre qui tenait à une singularité de son caractère : il s’affligeait de toutes les prévenances qu’il pouvait attribuer à son rang plutôt qu’à sa personne ; il était surtout très-humilié de se rencontrer avec ceux que leur esprit seul faisait distinguer, et qui, par leur mérite, avaient en quelque sorte triomphé de l’obscurité de leur naissance. Toutes ces raisons lui firent sentir la nécessité d’élever son esprit au niveau du monde spirituel qu’il fréquentait, et à l’égard duquel il se trouvait si fort en arrière.

La lecture des ouvrages modernes lui parut devoir conduire le plus directement à ce but : il s’y livra bientôt avec cette ardeur qu’il portait ordinairement dans ses occupations favorites. Malheureusement, dans le choix de ses lectures, ce ne fut point à celles qui pouvaient former son cœur et développer sa raison, qu’il s’attacha de préférence : outre cela, son goût l’entraînait irrésistiblement vers tous ces objets qui semblent placés hors de la sphère de l’intelligence humaine. Pour ces choses-là, il ne manquait ni d’application, ni de mémoire ; mais son cœur restait vide et son jugement sans culture, tandis qu’il forçait les fibres de son cerveau à se prêter à ces notions obscures et compliquées. Le style brillant d’un auteur entraînait son imagination ; les subtilités d’un autre embarrassaient inutilement sa raison. Il n’était pas difficile à des écrivains de ce genre d’asservir à leurs idées un esprit naturellement disposé à devenir la dupe du premier sophiste qui l’attaquait avec une certaine hardiesse. Une lecture à laquelle il s’était livré avec passion pendant plus d’une année, avait rempli sa tête de doutes, sans l’enrichir d’aucune connaissance vraiment salutaire ; et ces doutes, qui n’avaient d’abord que de vaines spéculations pour objet dans un caractère aussi conséquent que le sien, prirent bientôt le chemin du cœur. Le dirai-je enfin ? il était entré en enthousiaste crédule dans l’obscur labyrinthe où sa curiosité l’égara ; il en sortit sceptique, et enfin esprit fort.

Dans le nombre des cercles où l’on avait su l’attirer, se trouvait une société fermée, qu’on appelait le Bucentaure ; là, sous l’apparence d’une liberté raisonnable de penser, et d’une manière d’agir au-dessus du vulgaire, régnait une licence d’opinions et de mœurs qui ne connaissait aucune borne. On voulut que le prince s’y fît agréger, et il s’y prêta d’autant plus volontiers, qu’elle comptait parmi ses membres plusieurs ecclésiastiques, et à leur tête quelques cardinaux. Certaines vérités dangereuses, pensait-il, ne pouvaient être déposées plus sûrement qu’entre des mains obligées par état à la décence, et assez habiles pour peser et balancer soigneusement les opinions opposées. Ici, le prince paraissait oublier que le libertinage d’esprit et de mœurs, dans les personnes de cet état, se portait d’autant plus facilement à l’excès, qu’il avait un frein de moins à briser ; et c’était le cas du Bucentaure : la plupart des membres de cette société déshonoraient non-seulement leur état, mais l’humanité même, par les erreurs d’une détestable philosophie, et par une conduite digne d’une tel guide. Une égalité absolue présidait à cette réunion ; toute marque distinctive de rang, de religion et de nation devait être déposée en y entrant. La société avait ses grades secrets ; mais j’aime à croire, pour l’honneur du prince, qu’il ne fut point jugé digne d’être introduit dans son sanctuaire. Pour le choix et l’avancement de ses membres, les avantages de l’esprit étaient seuls consultés. On s’y piquait au reste du meilleur ton et du goût le plus épuré ; et en effet personne à Venise ne lui contestait cet avantage. Cette réputation de politesse, et l’apparence d’une égalité que l’on paraissait y chérir, séduisirent le prince ; il fut entraîné. Un commerce animé par tout ce que l’esprit conçoit de plus délicat et de plus fin, des conversations intéressantes et instructives, une réunion de tout ce qu’on connaissait à Venise de plus distingué dans le monde savant et politique ; tous ces avantages contribuèrent à lui cacher long-temps le poison que recélait cette société dangereuse. Mais lorsqu’au travers du masque qui le couvrait, il aperçut l’esprit de cette institution ; lorsque, fatigués de s’observer vis-à-vis du prince, les hommes qu’elle rassemblait cessèrent enfin de se tenir aussi soigneusement sur leurs gardes, le retour n’était déjà plus sans inconvénient pour lui. Une fausse honte, peut-être même l’intérêt de sa sûreté, le forcèrent donc à dissimuler son mécontentement. Mais si des relations familières avec ces hommes corrompus ne purent émousser entièrement en lui le sens moral, la pureté et la simplicité de son ame en furent cependant altérées. Sa raison, manquant d’un point d’appui solide, ne put se débarrasser par elle-même des filets dont elle se vit entourée. Le progrès du mal fut tel, qu’au bout de quelque temps presque toutes les bases sur lesquelles reposait sa moralité furent détruites ; elles ne purent résister à la séduction et à l’exemple dont la contagion les sapait continuellement. Ces salutaires principes, qu’il avait regardés jusqu’alors comme les fondemens solides de son bonheur, n’étaient plus à ses yeux que de vains sophismes ; et ces guides perdus pour lui, il fut contraint, dans des momens critiques et décisifs, de tenir à la première ancre qu’on lui jetait.

Peut-être était-il temps encore de le tirer de l’abîme, et que la main d’un ami y aurait réussi. Mais outre que je n’ai connu que long-temps après, et lorsqu’il n’était plus temps d’arrêter le mal, tous ces détails sur l’intérieur du Bucentaure, un événement imprévu m’avait forcé de quitter Venise. La tête de lord Seymour, froide et inaccessible à toute espèce d’illusion, eût été un excellent guide pour le prince, et l’aurait infailliblement soutenu ; mais cet Anglais nous avait abandonnés pour retourner dans sa patrie. Les personnes que je laissai auprès du prince étaient sans doute de fort honnêtes gens, mais assez bornés et d’ailleurs sans expérience ; il leur manquait et la pénétration nécessaire pour découvrir la source du mal, et un certain crédit auprès de leur maître pour l’arracher aux impressions dont il était le jouet. Aux sophismes spécieux dont celui-ci appuyait son systême, ils ne savaient opposer que des décisions sans preuves, qui tour à tour irritaient le prince et l’amusaient. Supérieur à eux dans l’art du raisonnement, il les réduisait sans peine au silence, et ils perdaient leurs meilleures causes par leur maladresse à les soutenir. Quant à ceux qui dans la suite s’emparèrent de sa confiance, loin de songer à le tirer de l’abîme où ils le voyaient plongé, ils ne cherchaient qu’à l’y enfoncer davantage ; et l’année suivante, quand je revins à Venise…. Dieu ! dans quel état je le trouvai !

Cette nouvelle philosophie influa beaucoup sur le genre de vie du prince. À mesure qu’il acquérait de nouveaux amis, il perdait dans l’esprit des anciens. Tous les jours j’étais moins satisfait de lui ; nous nous voyions moins fréquemment, et nos conversations finissaient bientôt. Le tourbillon du grand monde l’entraînait avec une rapidité qui le laissait à peine respirer. Chez lui, c’était une affluence nombreuse, un continuel concours ; les jeux, les fêtes, les plaisirs se succédaient sans interruption. Il était l’homme à la mode, le dieu du jour, l’idole de tous les cercles. Étonné lui-même de ses succès, il ne pouvait comprendre comment il avait pu se faire en si peu de temps à un train dont la vie insipide et monotone qu’il avait menée jusque-là ne pouvait même lui donner l’idée. Il était suivi, recherché ; on se jetait au-devant de lui ; tout ce qui sortait de sa bouche était excellent, et on lui reprochait son silence comme un vol que la société avait peine à lui pardonner. Au moyen de quelques secours adroitement placés, on avait l’art de tirer de son esprit les idées les plus heureuses ; il ne se concevait pas lui-même ; et en effet, le succès qui le suivait partout, en lui inspirant de la confiance et du courage, l’avait placé, parmi les gens d’esprit, à un rang réellement supérieur à celui que ses facultés naturelles semblaient lui marquer. La haute opinion qu’il conçut alors de son mérite lui fit ajouter foi aux éloges que l’on faisait de son esprit, et que leur exagération seule eût dû lui rendre suspects. Cette voix générale n’était au fond qu’une confirmation de ce qu’un orgueil satisfait lui avait dit quelquefois dans le secret de son ame : c’était un tribut qu’on ne pouvait plus lui refuser.

Quelque dangereux que fussent les piéges qu’on lui tendait, il est vraisemblable qu’il y aurait échappé, si on lui avait permis de reprendre haleine, et s’il eût pu comparer à loisir son mérite réel avec l’image embellie que lui présentait un miroir flatteur ; mais son existence était un état habituel d’ivresse et de vertige. Plus la place où on l’avait élevé était distinguée, plus il croyait avoir besoin d’efforts continuels pour s’y soutenir : cette tension d’esprit le consumait sans cesse ; même le sommeil n’était plus pour lui du repos, tant ses côtés faibles avaient été habilement saisis, et les effets de la passion qu’on avait allumée dans son sein supérieurement calculés.

Les honnêtes gentilshommes de la suite du prince ne tardèrent pas à s’apercevoir, dans leurs relations avec lui, du vol qu’avait pris leur maître. Les maximes sérieuses, les sentimens respectables auxquels jusqu’alors il avait tenu avec affection, étaient devenus l’objet de ses éternelles plaisanteries ; il semblait surtout vouloir se venger sur les vérités de la religion du joug sous lequel les préjugés l’avaient tenu si long-temps courbé : mais comme une voix incorruptible s’élevait du fond de son cœur, combattait les égaremens de sa tête, il y avait dans ses plaisanteries plus d’amertume que de véritable gaîté. Son naturel changea tout à coup ; il prit de l’humeur. La modestie, qui avait été jusque-là l’un des plus beaux ornemens de son ame, semblait être devenue étrangère à son caractère. Son cœur, naturellement excellent, commençait à éprouver l’effet du poison de la flatterie. Ces attentions obligeantes, ces égards délicats dans le commerce, qui jusqu’alors avaient fait oublier à ses gentilshommes qu’il était leur maître, firent place très-souvent à des manières brusques et à un ton despotique et tranchant. Quelquefois il se plaisait à leur faire sentir sa supériorité, et ils en étaient d’autant plus humiliés, que ce n’était point sur la différence des rangs qu’elle portait (on s’en console plus aisément), mais sur celle des talens et du mérite personnel. Livré chez lui à une foule de réflexions pénibles qu’il parvenait à écarter dans le monde où il les trouvait déplacées, ses gens ne le voyaient jamais que sombre et grondeur ; toute sa gaîté était réservée pour les cercles, où nécessairement il fallait plaire et briller. Ce fut avec une vive douleur que nous le vîmes se jeter dans une carrière si dangereuse ; on fit quelques tentatives pour le ramener, elles furent infructueuses. Que pouvait la faible voix de l’amitié dans le tumulte qui l’étourdissait ? Hélas ! il était trop distrait pour l’écouter, et surtout trop subjugué pour la comprendre.

Dès les premiers temps de cette fatale époque, j’avais été rappelé à la cour de mon souverain, par des circonstances auxquelles devaient céder les intérêts les plus pressant, et ceux même de l’amitié. Une main inconnue, que cependant je parvins à découvrir dans la suite, avait trouvé le moyen d’embrouiller tellement mes affaires ; l’imposture avait répandu contre moi des bruits si odieux, si faux, que je ne dus pas perdre un instant pour aller les dissiper par ma présence : il fallut quitter le prince, et c’était ce qu’on se proposait en me calomniant. D’après le plan formé pour l’amener par tous les moyens possibles à embrasser la foi catholique, on ne devait pas négliger l’éloignement d’un ami fidèle et vrai, dévoué au prince et à toute sa famille, et zélé partisan de la religion qu’on voulait lui faire abandonner. Je doute au reste que lors même que je serais resté plus long-temps, j’eusse rien obtenu de lui. Depuis long-temps le lien qui nous unissait était relâché ; j’avais perdu mon crédit sur son esprit, mes droits d’ami dans son cœur ; il m’avait complètement retiré sa confiance, et il me vit partir sans regret. Son sort cependant ne pouvait cesser de m’inspirer le plus vif intérêt, et j’exigeai du baron de F** la promesse de m’instruire, avec détail, de tout ce qui lui arriverait d’intéressant pendant mon absence : il a tenu fidèlement parole. Ce n’est donc plus comme témoin oculaire que je vais parler ; les lettres du baron, dont je donnerai des extraits, rempliront le vide que j’ai dû laisser ; je l’introduis donc ici à ma place. Quoique la manière de voir de mon ami ne soit pas, à tous égards, la mienne, je me ferais un scrupule d’y rien changer ; je conserverai même ses propres expressions, et le lecteur jugera mieux de la vérité.