Le Nickel/MINERAIS DE NICKEL

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Gauthier-Villars et fils, Masson et Cie (p. 33-55).

MINERAIS DE NICKEL



Les minéraux contenant du nickel sont assez répandus à la surface du globe, mais ceux qui permettent une extraction du métal et peuvent être considérés comme des minerais de nickel sont assez peu nombreux.

Le nickel natif est assez rare. On l’a trouvé surtout dans les météorites nickélifères, où il accompagne presque toujours le fer, avec lequel il forme peut-être des alliages définis, tels que la tœnite, la kamacite et la plessite, de Reichen bach.

Quoi qu’il en soit, le nickel, qui existe généralement en faible quantité dans les météorites, est prépondérant dans la météorite d’Octibbeha County, qui en contiendrait 59,70 % d’après Taylor.

La météorite de Carion Diablo en renferme de 2 à 7 % (H. Moissan).

Le fer météorique de Sainte-Catherine en contient 34 % d’après M. Damour.

Le nickel se rencontre en combinaison, dans la nature, sous les états suivants : oxydes, sulfures, sulfates, tellurures, sulfo-arséniures, arséniures, arséniates, antimoniures, carbonates, silicates.

Il se trouve également dans certains composés naturels, comme, par exemple, les pyrites de fer d’Australie et de la Caroline, qui en contiennent 1 à 2 %, le fer sulfuré magnétique du Tyrol, du Transvaal, et surtout du Canada, les schistes cuivreux du Mansfeld, les oxydes de manganèse du Chili et d’Australie, qui contiennent aussi du cobalt, le minerai de platine de Nischne-Tajilsk, qui en contient 0,70 %, etc.

On trouve encore de petites quantités de nickel dans la chrysolithe, l’olivine, la chrysoprase, la serpentine.

On en trouve naturellement dans les résidus de la métallurgie de minerais nickélifères, comme le speiss de cobalt et les mattes obtenues par la fonte de certains minerais d’argent, de plomb et de cuivre.

Enfin, on a signalé la présence du nickel dans l’eau minérale de Nayrac (Henry), dans un schiste bitumineux et même dans le benjoin (?) (Buchner et Kaiser).

Nous donnons, d’après M. Capelle (Bull. de la Soc. Ind. de Rouen, 1888) le tableau des principaux minerais exploités avec leur composition approximative et leur provenance.

Désignation Composition fondamentale Couleur Teneur en nickel % Provenance
Nickeline, kupfernickel NiAs rouge cuivreux 44,0 Saxe
Cloanthite, rammeisbergite NiAs2 blanc métallique 28,0 »
Annabergite, nickelocre Ni3As2O8, 8H2O verdâtre 29,6 »
Gersdortite, nickelgtanz, nickelgris NiSAs gris d’acier 31,8 Styrie
Millèrite NiS jaune laiton 61,8 États-Unis
Siégénite, linnéite (Ni, Co)3S4 gris d’acier 22,0 Prusse
Pentlandite, nieopyrite 2FeS, NiS bronze 18,3 Norwège
Grumanite, nickel bismuthé Sulf. de nickel et de bismuth gris d’acier 40,0 »
Breithauptite, nickel anitmoiné NiSb rouge cuivre 33,6 Hartz
Ulmanite, nickelspeiss NiSSb gris d’acier 36,1 »
Genthite, rewdanskite RO(SiO2)2H2O vert pomme 13,6 Oural
Bunsénite NiO » » »
Nicomélane Ni2O3 » » »
Texasite CO2, 3NiO, 5H2O vert émeraude 51,0 Texas
Morénosite, pyromélane SO4Ni + 7H2O vert clair 31,0 Hesse
Pimélite, comarite Silicat. alumineux variables vert 15 à 30 Saxe
Pyrite blanche nickelifère » blanc gris » Stiermarck
Pyrite rouge » » » »
Garniérite (MgO, NiO)SiO2 + nH2O vert 14 à 25 Nouvelle-Calédonie

Nous allons passer rapidement en revue les principaux minéraux contenant du nickel.

Oxydes. Bunsénite (Dana). — Protoxyde de nickel en petits octaèdres vert pistache, translucides, d’un éclat vitreux, présentant souvent des troncatures sur les angles. Découvert par Bergmann à Johanngeorgenstadt en Saxe, où il est accompagné d’autres minerais de nickel, d’urane, de bismuth, etc,

Dureté, 5,5 ; densité, 6,4. Poussière brune, contient 78,3 % de nickel.

Nicomélane. — La nicomélane, ou nickel noir, est généralement considérée comme du sesquioxyde de nickel impur. Très rare.


Sulfures. Millérite. — Ce minéral, appelé aussi trichopyrite et haarkies, est le sulfure NiS. Il se présente en cristaux tournant au bronze, souvent avec des irisations superficielles d’un éclat métallique.

Dureté 3 à 3,5. Poussière brillante. Densité 5,4.

Rhomboèdres de 114° 8′. Il contient généralement un peu de fer, de cuivre et de cobalt, et 64,8 % de nickel.

On en connaît une variété, la beyrichite, plus riche en soufre.

Linnéite. — Appelée aussi siégénite, est un sulfure de nickel et de cobalt, avec fer et cuivre, de la formule R3S4. Cristaux cubiques ou octaédriques d’un gris d’acier, souvent rougeâtres ou jaunâtres à la surface, d’un vif éclat métallique.

Densité 4,8 à 5,5.


Aux sulfures nickélifères se rattachent les trois minéraux suivants, découverts en 1892, par M. Emmens dans les mines de Sudbury (Canada).

Folgérite. — Sulfure de fer et de nickel, correspondant à la formule NiS, FeS, doué d’un éclat métallique, avec des nervures d’un blanc grisâtre ; en masse compacte, sa couleur est d’un beau jaune bronzé ; poussière d’un blanc d’étain, dureté 3,5, cassure irrégulière, assez fiable. La structure est toujours fibreuse. La folgérite en masse ne serait pas magnétique, tandis qu’au contraire elle le serait quand elles se présente en grains isolés.

Analyse de la folgérite :

Nickel 031,45
Fer 031,01
Soufre 037,54

Total 100,00

Bluélite. — Sulfure double correspondant à la formule NiS2, 12FeS2, d’un aspect soyeux et d’un éclat métallique, couleur gris olive pâle tirant sur le bronze, densité 4,2, dureté comprise entre 3 et 3,5. En masses compactes, non cristallines, fragiles, à cassure conchoïdale. La bluéite n’est pas magnétique. Elle a donné à l’analyse les chiffres suivants :

Nickel 003,70
Fer 041,01
Soufre 055,29

Total 100,00

Whartonite. — Sulfure double exprimé par la formule NiS2, 7FeS23 La whartonite est d’un éclat métallique, d’une couleur jaune bronzé ; elle présente une structure cellulaire, les parois des cellules étant constituées par un conglomérat de grains extrêmement fins, tandis que la cellule elle-même est garnie de cristaux microscopiques. Densité 3,73, dureté 4, cassante, cassure irrégulière.

Après pulvérisation, une partie seulement de la poudre est attirable à l’aimant, et cette partie ne contient pas trace de nickel. Il est donc à peu pris certain que ce minéral n’est pas homogène, et qu’il contient de la magnétite et de la pyrrhotine.

Il est possible que la formule donnée représente la partie non magnétique de la whartonite.

L’analyse a donné les résultats suivants :

Nickel 005,79
Fer 045,98
Soufre 048,33

Total 100,00

Grunauïte ou saynite. — Sulfure de nickel et de bismuth contenant en outre du cobalt, du fer, du cuivre, du plomb. Octaèdres ou cuboctaèdres à éclat métallique gris d’acier ou blanc d’argent, souvent jaunâtres ou grisâtres à la surface, dureté 4,5. Poussière gris foncé. Densité 5,2.

Syépoorite ou carollite. — Sulfure de cobalt contenant du nickel, en massif ou en grains, à Syepoor dans l’Inde, où il se trouve dans les schistes anciens.

Couleur gris d’acier, légère teinte jaune. Densité 5,4.

Pentlandite ou nicopyrite. — Sulfure de fer et de nickel 2FeS, NiS, se présentant en masses soit à clivages octaédriques, soit granulaires, d’un jaune de bronze. On le trouve, généralement avec la chalcopyrite, à Lillehammer en Norwège.

Dureté 3,5 : Poussière brun clair, densité, 4,6.

Analyse de nicopyrite.

Nickel 022,0
Fer 044,1
Soufre 030,0
Sulfate de magnésie 003,2

Total 099,3

Mais les minéraux que nous venons de décrire sont généralement peu abondants, quelques-uns fort rares.

Aussi a-t-on recours dans l’industrie, comme minerais sulfurés de nickel, à d’autres composés ne contenant, il est vrai, que peu de nickel, mais beaucoup plus abondants que les précédents, et parmi lesquels nous citerons les sulfures de fer nickélifères suivants :

Pyrrhotine. — Sulfure de fer dont la composition, assez variable, se rapproche de Fe7S8, contenant jusqu’à 5 % de nickel.

La pyrrhotine porte aussi les noms de pyrite hépathique, leberkies, magnétopyrite. Dans les météorites, elle prend le nom de troïlite.

Généralement en masses compactes, d’un faible éclat métallique, d’un jaune tombac, à cassure conchoïde, à Varallo dans le Piémont, à Dillembourg dans le duché de Nassau, en Suède, en Écosse et à Gap-Mine (Pensylvanie).

Voici quelques analyses de ces pyrrhotines nickélifères.

Cevia (Piémont) Sella bassa (Piémont) Sågmyra (Suède)
Nickel 001,20 001,44 00,80
Cobalt 001,00 000,36 traces
Cuivre 000,50 000,72 01,00
Fer 020,00 020,00 07,00
Soufre 028,00 028,00 11,00
Gangue 050,00 050,00 80,00
Totaux 100,70 100,52 99,80

Il sera encore question de ces sulfures nickélifères un peu plus loin, quand nous parlerons des gisements du Canada (p. 54).

À côté des sulfures et en dérivant directement, nous trouvons un sulfate.


Sulfate. Morénosite ou pyromélane. — Sulfate de nickel naturel, dont la formule correspond au sulfate normal NiSO4 + 7H2O.

Cristaux vert émeraude, deveenant jaunes en se déshydratant quand on les chauffe.

La morénosite provient généralement de l’oxydation de sulfures de nickel, au cap Ortegal (Espagne) et forme des enduits sur la magnétite avec la millérite ; on la trouve aussi à Reichelsdorf (Hesse).

Quelquefois en cristaux aciculaires et en efflorescences cristallines.

Densité 2,0.


Tellurure. Mélonite. — Tellurure de nickel avec traces d’argent, de plomb, de cobalt ; trouvé à Calaverasco (Californie) en cristaux de forme hexagonale, ou en grains indistincts et foliacés, d’un blanc rougeâtre métallique.


Arséniures. — Le type des minerais arséniés du nickel est le composé suivant.

Nickeline rouge ou kupfernickel. — Appelé aussi nicolite, c’est le corps dans lequel Cronstedt a isolé le nickel.

Il contient des traces de cobalt, de fer, d’antimoine et de soufre, et répond sensiblement à la formule NiAS.

En petits cristaux du système hexagonal, ou plus souvent en masses compactes caractérisées par leur couleur d’un rouge cuivré, presque constamment associées à l’annabergite.

Densité 7,5, dureté 5.

On la rencontre dans certains filons métallifères à Freiberg, Annaberg et Schneeberg en Saxe, Reichelsdorf, Andréasberg.

En France, à Challanches dans l’Isère.

Voici quelques analyses de ce minéral, qui, jusqu’à la découverte des mines de la Nouvelle-Calédonie, servait presque exclusivement à préparer le nickel pur :

Composition Reichelsdorf Ayer Schladming Valais
Nickel 44,2 043,5 30,6 020,3
Cobalt » 000,3 02,2 004,0
Fer 00,3 000,5 08,9 012,2
Arsenic 54,7 054,0 51,0 055,7
Soufre 00,4 002,2 04,2 001,8
Gangue » 000,2 » 006,2
Totaux 99,6 100,7 96,9 100,2

Chloantite. — La chloantite, appelée aussi rammelsbergite, ou nickeline blanche, répond à la formule NiAs2.

En cuboctaèdres ou en masses d’un gris clair, ayant l’aspect de l’étain dans les cassures fraîches, noircissant à la surface et souvent recouverte d’un enduit vert d’arséniate de nickel.

Densité 6,4, dureté 5,7. Elle renferme de petites quantités de cuivre, de bismuth et de soufre.

Sa composition est donnée par les analyse suivantes :

Composition Schneeberg Reichelsdorf Schladming
Nickel 028,14 020,74 13,4
Cobalt » 003,37 05,0
Cuivre 000,50 » »
Arsenic 071,3 073,64 60,5
Fer » 003,25 13,3
Soufre 000,14 » 05,4
Bismuth 002,19 » »
Totaux 102,27 100,00 97,6


Sulfoarséniures. Nickelglanz, disomose, gersdorfite. — Ce minéral, appelé encore nickel gris, est une arséniosulfure correspondant à la formule NiS2 + NiAs4. Ces cristaux gris d’acier clair, tirant sur le blanc d’argent.

Voici quelques analyses de gersdorfite.

Composition Loos (Suède) Harzgerod (Hartz) Kamsdorf (Thuringe) Schladming (Styrie)
Nickel 39,94 30,30 27,00 38,42
Cobalt 00,92 » » »
Fer 04,11 06,00 11,00 02,09
Arsenic 45,37 44,87 48,00 42,52
Antimoine » traces » »
Soufre 19,34 18,83 14,00 14,22
Quartz 00,34 » » 01,87

Densité 6,1. Dureté 5. Pourssière gris noir, très friable.

On l’exploite au Hartz et en Styrie. Ses principales variétés sont la wodankiess, la dobschanit, l’amoïbite, la plessite[1], la corynite.


Antimoniures. Breithauptite, NiSb. — En petites tables hexagonales, ou en masses engagées dans du calcaire, d’un aspect métallique et d’un rouge de cuivre violacé. Isomorphe de la nicolite ; cassure conchoïdale, densité 7,5 et dureté 5. Friable, poussière brun rouge.


Sulfo-antimoniures. Ullmannite. — Ce minéral, appelé encore nickelstibine, est isomorphe de la gersdorfite. Cubes ou octaèdres gris d’acier, fragiles, densité 6,3, dureté 5. En masses compactes ou lamellaires, Hartz. Sa composition peut être représentée par NiSb + NiS2.

Analyses de l’ullmannite :

Composition Freusberg Siegen
Nickel 25,25 26,10
Soufre 15,25 16,40
Arsenic 11,75 09,94
Antimoine 45,75 47,56
Totaux 100,00 100,00

Dans plusieurs variétés et en particulier dans la corynite de Zepharowitch, une partie de l’antimoine est remplacée par de l’arsenite.

Voici la composition moyenne d’un arsénio-antimoniure qui se trouve à Balen, dans les Pyrénées :

Nickel 033,0
Fer 001,4
Arsenic 033,0
Antimoine 027,8
Soufre 0 2,8
Quartz 002,0

Total 100,0


Arséniates. Annabergites ou ocre de nickel. — C’est un arséniate de nickel hydraté, en cristaux aciculaires très courts, ou en cristaux filiformes et en masses fibreuses, d’un vert pomme ou d’un blanc verdâtre ; ordinairement en enduit sur la nickéline, ou sur divers arséniures contenant du nickel, et provenant de leur décomposition. Les cristaux semblent appartenir au système clinorhombique.

La composition de cet arséniate peut être représentée par la formule Ni3As2O8 + 8H2O, et il contient 29,2 % de nickel, avec un peu d’oxyde de fer et d’acide sulfurique.

On le trouve à Annaberg dans le Hartz. À Johanngeorgenstadt on rencontre une variété jaune (xanthéosite), qui contient 38 % de nickel et une variété verte (œrugite), qui en contient 48 %.

Voici une analyse d’annabergite :

Oxyde de nickel 036,20
Acide arsénique 038,30
Chaux 001,55
Eau 0 23,91

Total 99,94

La cabrérite est un arséniate de nickel, de cobalt et de magnésie qui peut être représenté par la formule (NiO, CoO, MgO)3As2O3 + 8H2O, et qui contient 20 % de nickel, densité 2,96 ; dureté 2.

Analyse de cabrérite :

Acide arsénique 042,37
Oxyde de nickel 020,01
Oxyde de cobalt 003,06
Magnésie 003,06
Eau 025,80

Total 100,53


Carbonates. Texasite. — Ce minéral, qui porte encore les onms de nickel émeraude, ou nickel-smaragd et de zaratite, est un hydrocarbonate de nickel, d’un vert émeraude, formant des enduits ayant l’apparence de petits stalactites compacts. Sa formule correspond à

Co3Ni + 2NiO2H2 + 4H2O.

Dureté 3, densité 2,6. Poussière vert pâle.

Voici deux analyses de texasite :

Composition Texas Pensylvanie
Oxyde de nickel 058,81 56,82
Magnésie » 01,62
Acide carbonique 011,69 11,62
Eau 039,69 39,87
Totaux 100,19 99,94


Silicates. — Nous abordons maintenant un des groupes les plus importants des minerais de nickel de l’heure actuelle, la garniérite qui fournit une grande partie du nickel du commerce étamt un silicate.

Genthite ou gammite nickélifère. — Ce silicate du nickel hydraté renferme de la magnésie, avec des traces de fer et de chaux. Il se présente en masses compactes, vert pomme ou jaunâtres, d’un éclat résineux, parfois assez tendres pour être rayées par l’ongle, et se délitant dans l’eau. Densité 2,4. On lui attribue la formule

(MgO, NiO)43SiO2 + 6H2O.

On en a découvert des gisements importants à Pétrow dans les Monts Oural, dans le district de Rewdin, d’où le nom de Rewdanskite qu’on lui a donné.

Jusqu’en 1874, ces gisements ne furent pas exploités ; à cette époque, une exploitation régulière commença, mais fut interrompue bientôt par la découverte des mines de la Nouvelle-Calédonie, qui arrêta la production des mines d’Europe, en même temps que celles de Rewdin.

Ce minerai contient 5 % de nickel au minimum.

Voici l’analyse d’un échantillon, faite à Saint-Pétersbourg :

Composition Minerai tendre Minerai dur
Sable 20,08 29,30
Silice 26,48 24,93
Alumine 01,41 02,23
Oxyde de fer 03,52 07,69
Oxyde de nickel 22,55 11,03
Chaux 04,25 04,02
Magnésie 03,36 08,83
Perte à la calcination 14,80 13,25

L’alipite est une variété de genthite contenant une moindre proportion d’eau.

Pimélite. — Silicate de nickel et de magnésie contenant de l’oxyde de fer, de l’alumine et de l’eau. Couleur verte, éclat gras, cassure écailleuse. Sa composition est très variable.

Densité 2,5, dureté 2,5.

Garniérite. — Un des principaux minerais de nickel est la garniérite, qui forme de riches gisements dans la Nouvelle-Calédonie. La garniérite est un hydrosilicate de magnésie et de nickel, contenant des proportions variables de fer, qui ne semble pas faire partie de la combinaison, mais constitue plutôt des nodules isolés.

Ce minerai est disséminé dans les roches serpentineuses qui forment l’ossature de l’île, où on l’y trouve associé aux amphibolites, diorites, etc., tantôt en filons de faible importance, tantôt en ciment reliant les roches voisines, le plus souvent sous forme d’un enduit verdâtre, ou de concrétions d’un beau vert, dans les fissures de la serpentine et dont on attribuait la coloration au chrome, jusqu’aux belles recherches de M. Garnier en 1867[2], Ces dépôts semblent résulter de l’action de sources nickélifères, ayant décomposé la roche au voisinage d’argiles rouges, résultant d’une action antérieure.

Nous donnons, d’après divers auteurs, les quatre analyses suivantes de ce minerai :

Composition Liwersidge Garnier Typte Villon
Silice et gangue 47,28 38,0 55,09 41,00
Magnésie 21,59 15,0 00,18 12,69
Oxyde de nickel 23,96 18,0 35,56 19,16
Alumine et oxydes de fer 01,55 07,0 00,83 06,58
Eau 05,21 32,0 07,51 20,57
Chaux traces 00,0 traces 00,00

Nous empruntons à l’ouvrage de M. Villon les lignes suivantes, relatives à l’exploitation du minerai de nickel à la Nouvelle-Calédonie.

« Actuellement (1891) les régions riches en nickel se rapportent à trois bassins : 1° Kanala-Meri-Kuana ; 2° Thio-Port-Bouquet ; 3° Bourindi.

Le premier a été abandonné. Thio est seul en exploitation, il est plus riche et plus important que le premier ; il est aussi situé à 80 kilomètres plus près de Nouméa que Kanala.

Le troisième, le plus riche de tous, est le plus rapproché de Nouméa, sa distance à la mer est de 160 kilomètres. On n’y a pas encore touché C’est la réserve ».

C’est la disposition en filons qui prédomine dans le bassin de Thio, le seul que l’on exploite. Les filons sont généralement très irréguliers, et se terminent presque toujours en chapelets, à une profondeur moyenne de 80 à 100 mètres.

La richesse du minerai est aussi beaucoup plus variable que ne tendent à le faire supposer les analyses. La quantité de nickel qui s’y trouve contenu est en relation avec la couleur et la dureté du minerai.

Aussi a-t-on été amené à considérer trois qualités principales :

La variété la plus riche en nickel, en contient environ 20 %, est d’un beau vert et assez dure. Celle qui en contient le moins, environ 5 %, est friable et d’un blanc verdâtre. La qualité intermédiaire, qui contient 12 % de nickel, est un peu friable et d’une nuance nettement verte.

L’exploitation de la mine se fait d’une façon assez rudimentaire, quelquefois à ciel ouvert, le plus souvent en galeries, mais sans boisage, ni puits d’aération.

Une des grosses difficultés de l’entreprise est le transport du minerai à la côte. Ce transport s’effectue généralement en sacs de 25 kilogrammes, que l’on est obligé de transborder une douzaine de fois, avant d’arriver au port d’embarquement pour l’Europe.

Le prix du minerai s’en trouve par suite accru dans une très notable proportion.


Il existe en Espagne et en Sardaigne, un minerai de nickel analogue à la garniérite, contenant de plus une certaine quantité de chaux et renfermant environ 9 % de nickel.


Il faut ajouter aux minéraux que nous venons d’indiquer, la pyrite magnétique et la chalcopyrite nickélifères, qui sont maintenant les minerais les plus importants de nickel, depuis la découverte des gisements du Canada.

On en rencontre aussi en Espagne, en Écosse, et au Piémont (voir p. 41).

Voici quelques teneurs en nickel de ces minerais :

Composition Piémont Suède Écosse Canada
Nickel 01,2 00,5 07,1 03,1
Cuivre 00,5 00,6 » 12,6
Fer 20,0 23,0 50,0 29,20
Soufre 28,0 31,0 37,1 26,7
Gangue 50,0 45,0 04,5 29,3

Les gisements du Canada, dont le centre est Sudbury, près du lac Huron, n’ont commencé à être exploités que vers 1887, et en une période de deux années, la quantité de minerai extraite s’est élevée à 160 000 tonne.

Le minerai, dont la teneur en nickel et en cuivre ne dépasse guère 3 ou 4 % pour chacun des deux métaux, se présente en énormes masses lenticulaires, en relation avec des épanchements de diorites, au milieu des gneiss du terrain Laurentien.

Les mines à proximité du chemin de fer, sont seules exploitées, mais il y a un grand nombre de gîtes analogues, inconnus ou inexploités par suite des difficultés du terrain, mais qui constituent, pour l’avenir, des ressources en quelque sorte illimitées.


Enfin, pour être complets, signalons que l’on emploie encore comme minerai de nickel, le résidu de l’extraction du cobalt, ou speiss de cobalt, dont la composition, nécessairement variable, se rapproche de la suivante :

Nickel 48,20
Cobalt 01,63
Bismuth 02,44
Fer 00,65
Cuivre 01,93
Arsenic 42,08
Soufre 03,07

  1. Qu’il ne faut pas confondre avec le fer météorique nickelé du même nom (p. 33).
  2. Voici dans quels termes M. Garnier, qui a été un promoteur convaincu de l’industrie du Nickel, rapporte cette découverte :

    « De 1863 à 1867, j’eus à parcourir la Nouvelle-Calédonie comme géologue, et je rencontrai souvent dans mes excursions, surtout dans le sud-est et l’est de l’île, des amas de roches vertes qui attiraient beaucoup mon attention. En chimie, le nickel est caractérisé par des précipités vert pomme. Aussi la couleur de ces roches m’y fit soupçonner la présence du nickel, d’autant plus que je m’étais assuré que cette coloration n’était pas due au cuivre. Je rapportai en France un certain nombre de spécimens de cette roche verte, et les savants auxquels je les présentai : M, Jannettaz, qui m’aidait dans le classement de mes collections, et M. Terreil, chimiste au Muséum, ne tardèrent pas à m’assurer que j’avais découvert un véritable minerai de nickel, absolument nouveau par sa nature et son abondance. Alors que j’étais encore à la Nouvelle-Calédonie, j’avais fait parvenir également au professeur américain Dana quelques échantillons de ce curieux minéral ; il voulut bien les étudier de très près. Ces études l’amenèrent à constater que c’étaient là des hydrosilicates de nickel et de magnésie, à composition définie, mais plus ou moins mélangés dans une gangue ferrugineuse et siliceuse. Le minerai était nouveau, Dana en publia la description dans sa cinquième édition de Minéralogie en 1874 et voulut bien donner mon nom à ce minerai ; il l’appela la Garniérite ». (L’aluminium et le nickel. Conférence de M. Garnier. « Revue scientifique » du 23 mars 1895.)