Le Salut du revenant

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Traduction par Auguste Louis Staël-Holstein.
Œuvres posthumes de Madame la Baronne de Staël-Holstein, Texte établi par Achille-Léon-Victor de Broglie, F. Didot (p. 430).

LE SALUT DU REVENANT

traduit de schiller


Sur le haut de la tour antique
S’élève l’ombre du guerrier,
Et sa voix sombre et prophétique
Salue ainsi le frêle nautonier.

« Voyez, dit-il, dans ma vive jeunesse,
Ce bras était puissant, ce cœur fut indompté ;
Et tour à tour j’ai savouré l’ivresse
Des festins, de la gloire, et de la volupté.

« La guerre a consumé la moitié de ma vie ;
Pendant l’autre moitié, j’ai cherché le repos.
N’importe, passager, satisfais ton envie,
Hâte ta barque et fends les flots. »