Le Salut par les Juifs/Chapitre 4

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Joseph Victorion et Cie (p. 13-16).

IV


En voilà donc tout à fait assez.

Je le répète, il n’entre pas dans ma pensée, ni dans mon sujet, d’insister particulièrement sur ce personnage dont le triomphe eût pu être plus grand encore sans le ridicule déconcertant de sa vanité de pion parvenu, et qui, d’ailleurs, vient d’être frappé durement par un rigoureux arrêt de cour d’assises.[1]

Mais comment ne pas le nommer au moment d’aborder cette incomparable question d’Israël qu’il se glorifie sottement d’avoir abaissée jusqu’au niveau cérébral des bourgeois les plus imbéciles ?

Je dois être peu soupçonnable d’amour tendre pour les descendants actuels de cette race fameuse. Voici, pour commencer, ce que j’écrivais, il y a six ans, dans un livre de colère que l’hostilité générale s’efforça d’étouffer par tous les moyens imaginables.

« Le Moyen Âge, disais-je en parlant des Juifs, avait le bon sens de les cantonner dans des chenils réservés et de leur imposer une défroque spéciale qui permît à chacun de les éviter. Quand on avait absolument affaire à ces puants, on s’en cachait comme d’une infamie et on se purifiait ensuite comme on pouvait. La honte et le péril de leur contact était l’antidote chrétien de leur pestilence, puisque Dieu tenait à la perpétuité d’une telle vermine.

« Aujourd’hui que le christianisme a l’air de râler sous le talon de ses propres croyants et que l’Église a perdu tout crédit, on s’indigne bêtement de voir en eux les maîtres du monde, et les contradicteurs enragés de la Tradition apostolique sont les premiers à s’en étonner. On prohibe le désinfectant et on se plaint d’avoir des punaises. Telle est l’idiotie caractéristique des temps modernes. »[2]

Je ne vois pas le moyen de changer un quart de ligne à cette page gracieuse. Plus que jamais il est clair pour moi que la société chrétienne est empuantie d’une bien dégoûtante engeance et c’est terrible de savoir qu’elle est perpétuelle par la volonté de Dieu.

Au double point de vue moral et physique, le Youtre moderne paraît être le confluent de toutes les hideurs du monde.


  1. Le Salut par les Juifs a été écrit en 1892.
  2. Le Désespéré, p. 201. Édition Soirat, la seule recommandée par l’auteur.