Le Vent de la Nuit

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Traduction par Eugène-Melchior de Vogüé dans Regards historiques et littéraires.
Le vent de la NuitArmand Colin et cie (p. 308).

Le Vent de la Nuit.

« Qu’est-ce que tu lamentes, Vent de la nuit ? — Sur quoi t’affliges-tu follement ? — Que signifie ta voix étrange — tantôt plainte sourde, tantôt rugissement ? — Dans ton langage que le cœur comprend — tu affirmes une peine incompréhensible ; — tu fouilles le cœur et tu lui arraches — des gémissements sauvages.

« Oh ! ne chante pas ces effrayantes chansons, — qui parlent du chaos primordial, du chaos paternel ! — Avec quelle avidité le monde ouvre son âme, — son âme nocturne à cette musique aimée ! — Il se précipite hors de son enveloppe mortelle, — il a soif de s’abîmer dans l’illimité. — Oh ! ne réveille pas les tempêtes assoupies ; — car au-dessous d’elles, c’est le chaos qui s’agite. »