Les Pères de l’Église/Tome 3/De la tradition, d’après saint Irénée

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Texte établi par M. de GenoudeSapia (Tome troisièmep. xxxiii-li).

LA TRADITION CATHOLIQUE D’APRÈS SAINT IRÉNÉE.


Dans le troisième livre de son Traité contre les hérétiques, saint Irénée combat ses adversaires par des raisonnements tirés des écrits des apôtres et de la tradition de l’Église. Quoique ces deux sources soient considérées comme le double fondement de la foi, les hérétiques ne laissaient pas néanmoins de s’en prévaloir ; car, lorsqu’on les pressait par l’autorité de l’Écriture, ils avaient recours à la tradition, et lorsqu’on leur objectait la tradition ils revenaient à l’Écriture[1]. Afin donc de les mettre entièrement hors de combat, le savant évêque leur démontre non-seulement que ces deux choses sont entièrement conformes entre elles, mais encore que l’une et l’autre sont également contraires aux prétentions de ses adversaires. Il commence par en établir l’autorité ; et la grande raison qu’il donne pour ce qui regarde les livres des apôtres, c’est qu’ils ne les ont écrits qu’après la descente du Saint-Esprit, et après avoir reçu une connaissance entière et parfaite de nos mystères.

Pour faire ressortir contre les hérétiques toute la force de la tradition, il démontre qu’aucun des évêques qui ont succédé aux apôtres n’a enseigné que ce que l’on croyait dans toute l’Église. Nous l’apprenons, dit-il, par ceux mêmes qui leur ont succédé depuis le commencement sans interruption, dont nous avons d’ailleurs une connaissance si parfaite, que nous pourrions en donner ici une liste exacte. Mais, pour ne nous arrêter qu’à ceux de l’Église de Rome, la plus grande et la plus ancienne connue par toute la terre, et fondée par les glorieux apôtres Pierre et Paul, nous savons que ces deux derniers choisirent Lin pour gouverner après eux cette Église. À Lin succéda Anaclet ; vinrent après, Clément, Évariste, Alexandre, Sixte, Thélesphore qui souffrit le martyre, Hygnis, Pie, Anicet, Soter, et en dernier lieu Éleuthère, qui est aujourd’hui le douzième évêque de Rome[2]. C’est par la tradition de cette Église[3], et par sa foi prêchée et conservée jusqu’à nous par ces dignes successeurs des apôtres que nous venons de nommer, que nous confondons tous ceux qui osent former des assemblées illicites, soit par amour-propre, soit par vaine gloire, ou par aveuglement, ou enfin par quelque autre motif que ce soit ; car c’est à cette Église, comme à la principale, que l’Église universelle, c’est-à-dire tous les fidèles, sont obligés de s’unir, parcequ’elle a toujours inviolablement conservé la doctrine des apôtres.

Saint Irénée conclut qu’on ne doit pas rechercher la vérité ailleurs que dans l’Église, où les apôtres l’ont mise comme en dépôt. Car enfin, dit-il, s’il s’élevait quelque dispute touchant la foi, à qui devrait-on recourir sinon aux Églises les plus anciennes, où les apôtres ont eux-mêmes enseigné de vive voix ? Mais que serait-ce encore s’ils ne nous avaient laissé aucune écriture ? Ne faudrait-il pas suivre l’ordre de la tradition, qu’ils ont confiée à ceux auxquels ils remettaient le gouvernement des Églises ? C’est ce que font encore, ajoute saint Irénée, plusieurs nations barbares, qui croient en Jésus-Christ, sans papier ni encre, ayant la doctrine du salut écrite dans leur cœur par le Saint-Esprit, et gardant avec soin l’ancienne tradition.

Comme la conformité des deux Testaments est une preuve des plus fortes qu’ils ont été inspirés par le même auteur[4], saint Irénée puise dans cette conformité même un argument victorieux en faveur de la tradition. Il démontre aux hérétiques que Jésus-Christ n’est pas venu pour détruire la loi, mais pour l’accomplir ; qu’il ne l’a point transgressée par les guérisons miraculeuses qu’il opérait le jour du sabbat, parce que la loi ne défendait en ce jour que les œuvres serviles, c’est-à-dire celles qui se faisaient par l’espoir de quelque gain.

Saint Irénée reconnaît que le nouveau Testament est plus parfait que l’ancien[5] ; mais il soutient que cette supériorité de la nouvelle loi, bien loin de supposer la moindre contrariété entre l’une et l’autre, est au contraire une marque certaine qu’elles sont émanées d’un même principe, le plus ou le moins ne se rencontrant que dans des choses qui ont relation entre elles. Il établit encore la conformité des deux lois par d’autres raisons puissantes, entre autres par celle-ci : qu’il n’y a presque aucune page de l’ancien Testament, et surtout des livres de Moïse, où il ne soit fait mention du fils de Dieu. Il cite entre autres la fameuse prophétie de Jacob touchant la venue du Messie.

Jésus-Christ, bien loin d’abolir l’ancienne loi, en a confirmé les points principaux, entre autre les deux grands commandements de la charité envers Dieu et envers le prochain, dans lesquels il assure lui-même que la loi et les prophètes étaient renfermés. Mais, en donnant plus d’étendue à ces préceptes, il a condamné les fausses traditions inventées par les pharisiens, abandonnant ainsi la loi de Dieu pour lui en substituer une autre de leur façon, dans laquelle ils ont ajouté, retranché, et donné des explications suivant leurs caprices. Cette loi, dit saint Irénée, se nomme encore aujourd’hui[6] pharisaïque, et c’est celle surtout, dont se servent pour tromper les peuples, les docteurs des Juifs.

La circoncision non plus que les autres pratiques de l’ancienne loi, ne pouvaient conférer par elles-mêmes la justification parfaite ; ainsi, c’est avec raison que Jésus-Christ en a exempté les Chrétiens, d’autant plus que les motifs pour lesquels elles avaient été établies ne subsistaient plus[7]. Il ne les a pas laissés néanmoins sans aucun sacrifice ; mais, à la place des victimes que l’on offrait dans l’ancienne loi, il a substitué le sacrifice de son corps et de son sang. Car, prenant le pain, qui est l’ouvrage de Dieu, il dit : Ceci est mon corps ; de même, prenant le calice, il déclara que ce qu’il contenait était son sang, et enseigna ainsi la nouvelle oblation du nouveau Testament, cette oblation que l’Église a reçue des apôtres, et qu’elle offre à Dieu par toute la terre, suivant ce qui a été dit par le prophète Malachie : Du levant au couchant mon nom est glorifié parmi les nations, et en tout lieu on offre en mon nom la victime et le sacrifice pur[8]. Il n’y a que l’Église qui offre cette oblation pure au Créateur ; les Juifs n’ont plus de sacrifices, parce qu’ils n’ont pas reçu le Verbe, qui est lui-même la victime.

Toutefois, les hérétiques du temps de saint Irénée étaient convaincus, de même que les catholiques, de la réalité du corps et du sang de Jésus-Christ dans l’Eucharistie. Le passage suivant de saint Irénée le prouve clairement, lorsqu’il dit[9] : Comment pourront-ils être assurés que le pain de l’Eucharistie est le corps de leur Seigneur, et que ce qui est dans le calice est son sang, s’ils ne le reconnaissent pas pour le fils du Créateur. Qu’ils changent d’opinion à ce sujet, ou qu’ils cessent d’offrir le saint sacrifice. Comme le pain, qui vient de la terre, recevant l’invocation divine, n’est plus un pain commun, mais l’Eucharistie, composée de deux choses, l’une terrestre et l’autre céleste ; ainsi nos corps, en recevant l’Eucharistie, ne sont plus corruptibles, mais ils ont l’espérance de la résurrection.

Jésus-Christ, dit ensuite saint Irénée, au sujet de la tradition, est comme un trésor caché dans les saintes Écritures[10]. Pour l’y découvrir, il faut avoir confiance aux prêtres, c’est-à-dire aux évêques, qui succédant à la dignité des apôtres, ont en même temps succédé à leur foi ; les autres, qui sans égard pour cette succession, établissent des assemblées particulières, doivent être regardés comme suspects. Il indique en même temps des signes certains pour les distinguer les uns des autres. Les vrais docteurs sont ceux qui ont succédé aux apôtres, et qui conservent saine et entière la doctrine qu’ils ont reçue d’eux.

Celui qui a la foi, et qui a soin de s’instruire des saintes Écritures auprès des prêtres dépositaires de la doctrine apostolique, celui-là est cet homme vraiment spirituel dont parle saint Paul, qui doit juger de tout, sans pouvoir être jugé de personne. Il[11] jugera les schismatiques, qui sont préoccupés de leur bien propre plutôt que de l’unité de l’Église ; qui, pour de faibles raisons, déchirent le corps de Jésus-Christ si grand, si glorieux, et le tuent autant qu’il est en eux, parlant de paix et faisant la guerre ; car ils ne peuvent faire de réforme dont l’utilité répare le mal du schisme. Enfin il jugera tous ceux qui sont hors de la vérité, c’est-à-dire hors de Église. Ce n’est que dans l’Église que se trouve la charité parfaite ; c’est pourquoi elle seule envoie à Dieu une multitude de martyrs en tous temps et en tous lieux.

Après avoir fait, dans le quatrième livre de son Traité contre les hérétiques, une récapitulation des hérésies réfutées dans le cours de son ouvrage, saint Irénée montre que leurs hérésies n’ont commencé à paraître que longtemps après les premier évêques auxquelles les apôtres avaient confié le soin des églises ; d’où il tire cette conséquence, que c’est à l’Église qu’il faut avoir recours pour s’instruire de la véritable foi, parce qu’elle[12] est le chandelier à sept branches qui éclaire le monde entier ; au lieu que les hérétiques, voulant renchérir sur ce qu’ils ont appris des anciens, se sont par là éloignés de la vérité. Ce sont des aveugles et des guides d’aveugles qu’il faut fuir aussi bien que leur doctrine, pour se jeter entre les bras de l’Église, afin d’être élevé dans son sein et s’y nourrir des saintes Écritures.

Quoique saint Irénée reconnaisse l’Écriture sainte pour la règle immuable de notre foi, il ajoute néanmoins qu’elle ne renferme pas tout, et qu’étant obscure en divers endroits, il est nécessaire de recourir à la tradition[13], c’est-à-dire à la doctrine que Jésus-Christ et ses apôtres nous ont transmise de vive voix. Cette doctrine est connue, et la même dans toutes les Églises dont les évêques sont les successeurs des apôtres, mais surtout dans l’Église de Rome, dans celle de Smyrne, et dans celle d’Éphèse, qui toutes ont eu soin de conserver pur le dépôt de la foi qu’elles avaient reçu des apôtres, soit par écrit, soit de vive voix.

Mais à quelles marques reconnait-on la véritable Église ? À celle-ci, selon saint Irénée : c’est que, répandue dans tout l’univers, elle enseigne partout une même foi, s’appuyant sur la tradition fidèle des apôtres[14], méditant les mêmes préceptes, gardant en tous lieux la même hiérarchie sur la terre et les mêmes espérances pour le ciel, montrant partout la même voie du salut. C’est aux prêtres qui sont dans la véritable Église qu’il faut obéir ; ce sont eux qui, avec la succession de l’épiscopat, ont reçu la grâce de la vérité ; quant à ceux qui se séparent des successeurs des apôtres, et qui établissent des assemblées particulières, quelque part que ce soit, ils doivent être regardés comme suspects, soit d’hérésie, soit de schisme. La vraie science est la doctrine des apôtres[15], qui est parvenue jusqu’à nous, fidèlement conservée par l’explication entière des Écritures. C’est dans l’Église seule que Dieu a mis les opérations du Saint-Esprit et la nourriture de la vie.

Saint Irénée enseigne en plusieurs endroits l’unité d’un Dieu en trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ; il enseigne que c’est Dieu qui a créé le monde par son Verbe et par son Saint-Esprit qu’il nomme aussi sagesse ; que le Verbe et le Saint-Esprit existent avec le Père de toute éternité, et sont de même substance ; que Jésus-Christ est fils de Dieu, et Dieu lui-même, et qu’il est en même temps vrai homme, seul sauveur de tous ceux qui croient en lui, qu’il a été envoyé par son père pour notre salut ; qu’il s’est fait homme dans le sein de la vierge.

Saint Irénée s’explique clairement sur la nécessité de la confession des crimes secrets[16], sur le péché originel, la nécessité du baptême, le libre arbitre de l’homme ; et dit que lui seul a été la cause de sa perte ; que le mal ne vient point de Dieu, mais de la créature ; que, sans le secours de la grâce, l’homme ne peut opérer son salut, ni parvenir à la gloire à laquelle Dieu appelle tous les hommes, sans aucun mérite de leur part. Il enseigne que les sacrifices extérieurs étaient inutiles sans la charité ; qu’au lieu des sacrifices de la loi ancienne, Jésus-Christ a institué une nouvelle oblation de son corps et de son sang ; qu’il n’y a que l’Église qui offre cette oblation[17]. La foi de l’Église sur le changement réel du vin au sang de Jésus-Christ dans l’Eucharistie, est encore bien marquée[18] dans ce que saint Irénée rapporte d’un certain Marc, qui, pour imiter ce que pratiquait l’Église catholique dans la célébration des divins mystères, prenait des calices pleins d’eau et de vin, et, après de longues prières qu’il prononçait en forme de consécration, afin qu’on crût qu’il consacrait véritablement et les changeait au sang de Jésus-Christ, faisait paraître ces calices pleins d’une liqueur rouge.

À l’occasion du discours que saint Paul prononça, durant son séjour à Milet, saint Irénée dit que les prêtres que l’apôtre fit venir d’Éphèse, étaient les évêques et les prêtres des villes voisines ; ce qui fait voir qu’il distinguait ces deux degrés dans la hiérarchie ecclésiastique[19].


Nous croyons devoir citer ici quelques pages d’un livre remarquable qui a paru dernièrement : Le Voyage d’un Irlandais à la recherche de la vérité. Elles confirment, sous une forme piquante, tout ce que nous avons établi sur la tradition d’après saint Clément, le pasteur Hermas, Barnabé, saint Ignace, saint Justin, Athénagore et saint Irénée. Nous espérons mettre de plus en plus dans tout son jour cette vérité importante, que tout ce que croit aujourd’hui l’Église catholique a toujours été cru depuis l’origine du Christianisme, et par conséquent est d’origine apostolique. Quand cette conviction sera entrée dans tous les esprits, on ne pourra plus dire que le clergé a ajouté un iota à la croyance des peuples. Écoutons un catholique irlandais qui penchait à se faire protestant, dans le moment où il examine les deux religions.


Premier siècle. — Le pape saint Clément. — Saint Ignace. — Présence réelle. — Hérésie des docètes. — Tradition. — Reliques.


Ceux qui croient que la religion catholique est déchue de sa première pureté, sont loin d’être d’accord. Quant à l’époque à laquelle il faut rapporter cette apostasie, les uns sont disposés à étendre l’âge d’or de l’Église jusqu’au septième ou au huitième siècle[20], tandis que d’autres la resserrent dans des limites beaucoup moins étendues. Quoiqu’il en soit, voulant par dessus tout, autant que possible, integros accedere fontes, je sentais que plus je m’approchais de la source même dans les recherches que j’allais commencer, plus j’avais de chances de succès ; c’est pourquoi je débutai par les écrits de ces saints personnages qui sont distingués par le titre de Pères apostoliques, comme ayant tous conversé avec les apôtres ou avec leurs disciples.

Ma surprise fut donc grande, et même je l’avoue, accompagnée d’un léger remords, lorsque je rencontrai dans la personne d’un de ces écrivains simples, apostoliques, un pape, oui, un véritable pape, le troisième évêque après saint Pierre, de cette Église romaine que j’allais abandonner pour m’attacher à sa moderne rivale. Ce pontife qui occupait le siége de Rome, c’était saint Clément, un des compagnons des travaux de saint Paul, « dont les noms sont écrits dans le livre de vie ; » et Tertullien nous apprend que saint Pierre lui-même l’avait ordonné son successeur. Cette preuve de l’ancienneté et de l’origine apostolique de l’autorité papale, me causa le plus vif déplaisir. « Quoi ! un pape, un pape ordonné par saint Pierre lui-même, m’écriai-je en ouvrant le volume, par l’Église de saint Pierre, et par saint Pierre aussi ! ceci me surprend fort. » Cependant il restait encore assez de papisme dans mon cœur pour me faire parcourir les pages de saint Clément avec un respect marqué ; et je ne pus m’empêcher de voir que, même dans ce siècle simple et ennemi de toute controverse, où il y avait si peu de différends à terminer, la prédiction de la chaire de saint Pierre avait été pleinement reconnue.

Un schisme, ou comme saint Clément l’appelle, une sédition impie et scandaleuse, ayant éclaté dans l’Église de Corinthe, on fit un appel à celle de Rome pour demander ses conseils et son intervention, et l’épître que ce saint Père adressa aux Corinthiens, en réponse à leur demande, est universellement reconnue pour un des monuments les plus intéressants de littérature qui nous soient parvenus.

Parmi les premiers disciples des apôtres dont les écrits attirèrent ensuite mon attention, fut saint Ignace, successeur immédiat de saint Pierre dans le siège d’Antioche. Les contemporains de ce saint homme le désignaient par l’épithète de Théophore ou Dieu porté, parce qu’ils croyaient qu’il était cet enfant que notre Sauveur prit dans ses bras et plaça au milieu de ses disciples. Ce fut donc avec un sentiment de curiosité mêlé de respect, que j’abordai son ouvrage ; et quelque grand qu’eut été mon étonnement, en voyant un pape ou un évêque de Rome présider à une pareille époque au monde Chrétien, les dogmes qui se présentèrent à mes yeux dans les pages de saint Ignace m’étonnèrent et m’embarrassèrent bien davantage ; un écrivain qui s’était élancé le premier sur les pas du divin Maître, n’était certainement pas celui dont j’attendais une doctrine aussi essentiellement catholique que celle de la présence réelle, que j’avais toujours regardée comme une invention des siècles les plus ténébreux, maintenue en dépit de la raison aussi-bien que des sens.

Parlant des docètes ou fantastiques, hérétiques qui croyaient que Jésus-Christ n’était homme qu’en apparence, une image ou un simulacre de l’humanité, saint Ignace s’exprime ainsi : « Ils s’éloignent de l’Eucharistie et de la prière, parce qu’ils ne veulent pas reconnaître que l’Eucharistie est la chair de notre Sauveur, cette chair qui a souffert pour nos péchés. »

Or, quand nous réfléchissons que les docètes tenaient pour principe que le corps de Jésus-Christ n’était qu’une apparence, il ne peut rester le moindre doute que le dogme des fidèles contre lequel ils s’étaient déclarés ne fût celui de la présence réelle du corps de notre Sauveur dans l’Eucharistie ; car il est évident qu’une présence figurative ou non substantielle, dans le sens des protestants, n’aurait nullement choqué leurs idées anti-corporelles. Au contraire, elle aurait été parfaitement conforme aux notions entièrement spirituelles de la venue de Jésus-Christ, qui avait engagé ces hérétiques à nier la possibilité de l’incarnation.

Cette preuve incontestable de l’existence d’une pareille croyance, parmi les orthodoxes du premier âge, fut pour moi, je l’avoue, le sujet d’un étonnement difficile à exprimer. Je trouvai en outre plusieurs endroits où le Père s’exprime de la même manière par rapport à l’Eucharistie, surtout dans son épître aux Philadelphiens et dans celle aux Romains.

S’il ne s’y fût rencontré que ces remarques, peut-être aurait-on pu douter de son sentiment précis sur le point en question, et interpréter autrement ces passages, comme cela est arrivé en bien d’autres cas, où les saints Pères se sont exprimés d’une manière obscure ou allégorique ; mais rapprochés de l’hérésie des docètes, comme je l’ai déjà observé, et représentant la croyance de ces hérétiques, touchant l’Eucharistie, comme entièrement opposée à celle des fidèles, ces passages n’admettent d’autre interprétation que celle-ci : que les fidèles d’alors voyaient dans le pain et le vin consacrés, non un simple souvenir ou une représentation, non un type, ni toute autre figure du corps de notre Seigneur, mais en réalité sa propre substance, présente corporellement et entrant dans la bouche même des fidèles.

Mais ce n’est pas tout, une nouvelle découverte vint bientôt après ajouter à ma surprise et à mon embarras ; car en parcourant le récit qu’on nous a laissé de la vie et du martyre de saint Ignace, j’y trouvai un autre argument, pour le moins aussi grand, en faveur du papisme.

Aucun lecteur de martyrologe n’ignore qu’Ignace fut emmené à Rome pour y être livré aux lions de l’amphithéâtre.

Après qu’il y eut été mis en pièces, les fidèles diacres qui l’avaient suivi dans son voyage, ramassèrent le peu d’ossements que les bêtes féroces avaient épargnés, et les ayant rapportés à Antioche, ils les y déposèrent dans une châsse autour de laquelle les fidèles s’assemblaient tous les ans, la veille de son martyre, et là, au souvenir de son dévoûment héroïque, ils veillaient auprès de ses restes.

Je ne dois pas passer sous silence une autre circonstance. Cet illustre Père, traversant les villes d’Asie pour se rendre à la scène de ses souffrances, exhorte les Églises à se tenir sur leurs gardes contre l’hérésie, et à demeurer attachés aux traditions des apôtres ; appuyant ainsi de son autorité cette double règle de foi, la parole non écrite, ainsi que la parole écrite, que tous les bons protestants regardent comme la plus fausse de toutes les fausses doctrines des catholiques.

Je ne puis disconvenir que ces découvertes ne me parussent étranges, bien étranges ! Un pape, reliques des saints, tradition catholique, présence réelle ; tous ces dogmes là dans les premiers siècles de l’Église ! qui aurait pu s’y attendre ?


Visions d’Hermas. — Jeûne.


Je parcourus les deux lettres qui nous restent de saint Barnabé et de saint Polycarpe, sans rien apprendre qui pût répandre de la lumière sur l’objet de ces recherches. Ce fut douc avec plaisir que j’ouvris les pages du pieux et sensible Hermas, et que je m’oubliai, l’espace de plusieurs heures, au milieu de ses visions, qui respirent toutes la simplicité des temps apostoliques, comme au milieu de la plus brillante féerie : Le ciel s’ouvre à ses yeux, un jour qu’il prie à genoux dans une prairie, il apperçoit au milieu des nuages celle qu’il avait aimée ; elle le regarde, et lui dit avec tendresse : « bonjour, Hermas ! » Dans d’autres visions, l’Église de Dieu lui apparaît, tantôt sous la forme d’une vénérable matrone occupée à lire, tantôt sous les traits d’une jeune vierge vêtue de blanc, ayant une mître sur la tête, d’où tombe sa longue et brillante chevelure. Je m’égarais avec ce bon Père parmi toutes ces rêveries innocentes, et même inspirées, comme on le croyait alors. C’était comme le rêve d’un homme assoupi, et il me semblait que j’étais moi-même le songeur de ces visions.

Ce ne fut que, lorsque dans le cours de ma lecture, je fus arrivé à cette partie de son ouvrage intitulée Préceptes et similitudes, qui lui fut révélée, à ce qu’il raconte, par son ange gardien, sous la forme d’un berger, que je m’éveillai pour revenir à l’objet immédiat de mes recherches. Il faut remarquer que ce Père est un de ces Chrétiens distingués auxquels saint Paul envoie ses salutations dans son épitre aux Romains. Parmi les préceptes moraux qu’il nous dit lui avoir été révélés par son ange gardien, on trouve celui-ci : « La première chose que nous avons à faire, c’est d’observer les commandements de Dieu. Si ensuite quelqu’un désire y ajouter quelque bonne œuvre, telle que le jeûne, il recevra en proportion une plus grande récompense. »

Encore ici, papisme évident, en dogme comme en pratique ; satisfaction à Dieu par les bonnes œuvres, et parmi les bonnes œuvres le jeûne.

J’avais pour cette dernière observance une aversion particulière depuis mon enfance, et c’était, par conséquent, avec autant de chagrin que d’étonnement que je découvrais, qu’en fait de jeûnes, les premiers Chrétiens l’emportaient même sur les plus rigoureux catholiques romains.

Le jeûne par lequel on se préparait à la fête de Pâques était prolongé par quelques personnes pieuses, l’espace de quarante heures successives, et ceux qui se raillent aujourd’hui des papistes, parce qu’ils ont deux jours d’abstinence par semaine, auraient eu les mêmes raisons de se moquer des premiers Chrétiens, qui, d’après les canons apostoliques, étaient obligés à une pratique toute semblable ; la seule différence était que les jours d’abstinence étaient alors le mercredi et le vendredi, tandis qu’aujourd’hui c’est le vendredi et le samedi ; et même ces deux derniers jours, immédiatement avant Pâques, étaient réputés jours de jeûne, par la raison qu’en ces jours « l’époux avait été enlevé ; » et c’était à cette époque que l’on m’avait adressé pour m’émanciper du papisme.

Les premiers Chrétiens faisaient encore servir la bonne œuvre du jeûne à une autre pratique comptée aussi parmi les bonnes œuvres, l’aumône ; les canons apostoliques nous apprennent que tout ce qui avait été épargné par l’abstinence était mis en réserve pour subvenir aux nécessités des pauvres.


Second siècle. — Saint-Justin, martyr. — Transsubstantiation. — Saint Irénée. — Suprématie du page. — Sacrifice de la messe. — Tradition orale.


Ayant fait mes adieux aux simples écrivains de l’âge apostolique, je m’enfonçai hardiment dans la littérature sacrée du second siècle, espérant trouver sur ma route plus de dogmes dans le sens des 39 articles, et moins dans celui du papisme.

Ma barque abandonnée au courant n’avait pas fait beaucoup de chemin, lorsque je fus arrêté par le passage suivant de saint Justin, écrivain, dit un ancien évêque, qui se trouvait près des apôtres, non-seulement sous le rapport du temps, mais aussi sous celui de la vertu : « Nous ne prenons pas ces choses (dans l’Eucharistie) comme du pain ordinaire ou du vin ordinaire ; mais de même que Jésus-Christ notre sauveur, devenu homme par la vertu de la parole divine, prit chair et sang pour notre salut, de même aussi on nous a toujours enseigné que la nourriture sanctifiée par la prière, et qui, après le changement, nourrit notre chair et notre sang, est la chair et le sang de Jésus-Christ incarné. »

L’endroit où saint Ignace affirme que Jésus-Christ est réellement présent dans la sainte Eucharistie, ne m’avait pas peu étonné ; mais voilà, il faut en convenir, quelque chose de plus fort encore ; une croyance formelle que les espèces changent par une véritable transsubstantiation, et cela de la part d’un saint aussi illustre que saint Justin ! En vérité, ceux qui conseillent aux jeunes catholiques de s’adresser à de tels maîtres pour s’initier dans le protestantisme, doivent s’avouer coupables, ou d’avoir voulu les tromper grossièrement, ou d’être eux-mêmes dans une profonde ignorance touchant la foi des premiers chrétiens.

Nous venons de voir que la primauté de la chaire de saint Pierre avait été reconnue des chrétiens du premier âge, dans l’unique cas où l’on eût besoin de recourir à son intervention.

Je trouvai que ceux du second âge ne montraient pas moins d’empressement à s’y soumettre, en convenant de la justesse de la même prétention, comme on le voit par les décrets de l’Église et ceux de ses premiers pasteurs. Combien je m’attendais peu à une pareille découverte ! Voir la grande prostituée, la mère des fornications et des abominations (termes dont les prédicateurs de l’université protestante aimaient à se servir au sujet de la papauté), s’élever ainsi dans le brillant matin du Christianisme, souveraine et sans rivale.

Accoutumé à regarder la juridiction papale comme l’usurpation des siècles d’ignorance, je ne pus voir sans honte cette suite non interrompue de pontifes, qui la font remonter et qui l’attachent à ce roc sur lequel l’Église elle-même est bâtie ; et bien que je ne fusse moi-même qu’un embryon en fait de protestantisme, il m’était impossible de ne pas plaindre celui qui est pleinement imbu des principes de cette religion, quand il lit le témoignage que rend saint Irénée à la suprématie de la papauté. On sait que ce saint était si proche du temps des apôtres, qu’il eut pour maître, en fait de Christianisme, un des disciples de saint Jean l’évangéliste.

Voici ses paroles : « Nous pouvons compter ceux qui ont été établis évêques par les apôtres dans les Églises, de même que leurs successeurs jusqu’à nous, lesquels n’ont rien enseigné de pareil au délire de ces hommes (les hérétiques)… Mais, parce qu’il serait trop long de compter les successions de toutes les Églises, nous nous contenterons de marquer la tradition de la plus grande, de la plus illustre et de la plus ancienne Église, fondée et établie à Rome par les glorieux apôtres saint Pierre et saint Paul, cette Église qui a reçu d’eux sa doctrine annoncée aux hommes, et conservée jusqu’à nous par la succession de ses évêques. Ainsi nous confondons tous ceux qui, par aveuglement, par malice ou par vaine gloire, enseignent aux autres ce qu’ils ne doivent pas leur enseigner ; car c’est à cette Église, à cause de sa puissante principauté, que toutes les autres doivent avoir recours, c’est-à-dire tous les fidèles, dans tous les pays où l’on a conservé la doctrine enseignée par les apôtres. »

Irénée, il faut l’avouer, malgré son éducation tout apostolique, et les éloges de Photius qui le nomme le divin Irénée, n’aurait pas été un zélé partisan des 39 articles. Écoutez seulement en quels termes il parle du sacrifice de la messe, cette fable impie et blasphématoire, comme la définit le 31e des susdits articles : « De même il déclara que le calice était son sang, et enseigna la nouvelle oblation de la nouvelle alliance ; oblation que l’Église a reçue des apôtres, et offre à Dieu par toute la terre. » Il ajoute : « C’est pourquoi l’offrande de l’Église, que le Seigneur a voulu qu’on fît dans tout l’univers, est un sacrifice pur et saint aux yeux de Dieu, et agréé par lui. » Conformément à sa croyance, qu’il y avait un sacrifice dans l’eucharistie, ce père enseignait aussi, avec Justin et Ignace, la présence réelle du corps et du sang de Jésus-Christ dans le sacrement ; miracle, disait-il, si grand et si frappant, qu’on ne peut en admettre l’existence sans convenir de la divinité de celui qui l’a institué. « Comment, demande le même père, en parlant des hérétiques qui niaient la divinité de Jésus-Christ, comment peuvent-ils convenir que le corps béni par le prêtre soit le corps de leur Seigneur, lorsqu’ils refusent d’admettre qu’il soit le fils, c’est-à-dire le Verbe du créateur du monde ? »

Il se sert ailleurs d’un argument fondé sur sa croyance à la présence réelle de Jésus-Christ et à la transsubstantiation des espèces, pour combattre les mêmes hérétiques qui, conformément à leurs idées sur la corruption de la matière, ne pouvaient se résoudre d’admettre la résurrection des corps. « Lorsque, dit-il, le contenu du calice et les fragments du pain reçoivent la parole de Dieu, ils deviennent l’Eucharistie du corps et du sang de Jésus-Christ, qui nourrit et qui engraisse la substance de notre chair. Comment donc peuvent-ils prétendre que cette chair ne soit pas capable de la vie éternelle, quand elle se nourrit du corps et du sang de Jésus-Christ, et devient un de ses membres ? »

Au sujet de la tradition non écrite, cette source tant contestée de la doctrine, des observances et du pouvoir de Rome, le témoignage de ce saint mérite à plusieurs titres de fixer notre attention ; car non seulement il soutient dans tous ses écrits la puissante autorité de la tradition, mais il forme lui-même un des premiers et des plus brillants anneaux de cette chaîne de transmission orale, que l’Église a reçue de l’âge apostolique. Parlant de son maître Polycarpe, qui avait été disciple de saint Jean l’évangéliste, il s’exprime ainsi : « Polycarpe a toujours enseigné ces dogmes qu’il avait reçus des apôtres et communiqués à l’Église, et qui seuls sont vrais. » Dans un autre fragment de ses écrits, il se rencontre un passage des plus touchants et des plus intéressants, dont le sens revient au même. C’est à un hérétique nommé Florin, qui avait embrassé les erreurs des valentiniens, qu’il adresse ces mots : « Les prêtres qui nous ont précédés et qui ont conversé avec les apôtres ne nous ont jamais enseigné une pareille doctrine ; car je vous ai vu dans ma jeunesse en Asie auprès de Polycarpe… Je me souviens mieux de ce qui s’est passé dans ces temps que de ce qui s’est passé récemment ; car ces choses que nous apprenons dans notre enfance s’unissent à l’âme, et croissent avec elle. Ainsi je vais indiquer le lieu où le bienheureux martyr avait coutume de s’asseoir pour faire ses instructions ; ses sorties et ses entrées, sa manière de vivre et la forme de sa personne ; les discours qu’il tenait au peuple, et la manière dont il racontait ses entretiens avec saint Jean et d’autres qui avaient vu le Seigneur, et ce qu’il leur avait entendu dire touchant les miracles et la doctrine du Seigneur ; car il avait appris toutes ces choses de ceux qui en avaient été témoins oculaires, et il les racontait conformément aux saintes Écritures. Par la miséricorde de Dieu envers moi, j’ai entendu alors toutes ces choses, et je n’en ai rien perdu, les ayant écrites, non sur le papier, mais sur mon cœur, et, par la grâce de Dieu, j’en conserve continuellement la mémoire. »

Si nous pouvions faire revenir sur la terre, pour un instant, l’ombre de cet illustre père, de ce saint, « nourri de la parole de foi et des bonnes doctrines, » avec quel front un protestant, un parvenu de la réforme oserait-il s’opposer à un esprit aussi orthodoxe, et soutenir que la parole non écrite de l’Église catholique n’est que l’héritage de l’imposture, la juridiction de la chaire de saint Pierre une usurpation, et le saint sacrifice de la messe une fable blasphématoire ?

S’il fallait d’autres preuves pour montrer combien était profond le respect de ce Père pour l’autorité et les traditions de l’Église, nous les trouverions dans les passages suivants tirés de ses écrits : « Pour ce qui regarde l’interprétation des Écritures, les Chrétiens doivent s’en rapporter aux pasteurs de l’Église, qui, par la volonté divine, ont hérité de la vérité avec la succession de leurs sièges. Les langues des peuples varient, mais la vertu de la tradition est une et la même en tout pays, et on ne voit pas que la doctrine, ou la méthode d’enseignement des Églises de la Germanie diffèrent en rien de celle des Espagnes, des Gaules, de l’Orient, de l’Égypte ou de la Libye. Supposé que les apôtres ne nous eussent pas laissé les Écritures, ne serions-nous pas toujours obligés de suivre l’ordre de la tradition qu’ils ont transmise à ceux auxquels ils avaient confié les Églises ? C’est cette transmission orale que suivent plusieurs peuples barbares, sans le secours des lettres ou de l’encre. » (Adver. Hær. Lib. IV.)

Ainsi ne voilà pas moins de six articles de foi et d’observance catholique, sanctionnés par l’autorité des premiers champions de l’Église, parmi lesquels il se rencontrait des hommes, aux oreilles desquels la prédication des apôtres, retentissait encore. Voici ces points : 1° La reconnaissance d’un souverain pontife ; 2° respect dû aux religions ; 3° satisfaction à Dieu par les prières et les aumônes ; 4° l’autorité de la tradition ; 5° présence réelle dans l’Eucharistie ; 6° sacrifice de la messe.


  1. Irénée, liv. 3, ch. 2.
  2. Irén., liv. III, ch. 2.
  3. Ibid., liv. III, ch. 3.
  4. Irén., liv. IV, ch. 8.
  5. Ibid., liv. IV, ch. 8.
  6. Irén., liv. IV, ch. 8.
  7. Ibid., liv. IV, ch. 16.
  8. Ibid., liv. IV, ch. 17.
  9. Ibid., liv. IV, ch. 18.
  10. Irén., liv. IV, ch. 26.
  11. Ibid., liv. IV, ch. 33.
  12. Irén., liv. V, ch. 19.
  13. Ibid., liv. IV, ch. 33.
  14. Ibid., liv. V, ch. 20.
  15. Irén., liv. IV, ch. 33.
  16. Ibid., liv. I, ch. 6.
  17. Ibid., liv. IV, ch. 18 et 26.
  18. Ibid., liv. I, ch. 13.
  19. Irén., liv. III, ch. 14.
  20. Le célèbre ministre huguenot Claude est du nombre de ceux qui veulent que les beaux jours de l’Église, comme il les appelle, se soient prolongés jusqu’au septième siècle. Les savants auteurs de la Perpétuité de la foi, qui ont si victorieusement réfuté les erreurs de ce théologien, s’appuient fortement sur ce point. Le lecteur ne sera peut-être pas fâché de savoir l’opinion qu’avaient de cet homme célèbre quelques-uns de ses contemporains. « Cet homme-là, dit Houguerie lui-même, son ami et partisan de sa cause, cet homme-là était bon à gouverner chez madame la maréchale de Schomberg, où il régnait souverainement, mais il n’était point savant. Parlez-moi, pour le savoir, de Rubertin, de Daillé, de Blondel. »

    S’il faut en croire le livre des Homélies, « la religion chrétienne, au temps de Constantin (an 324) était pure et dans son âge d’or. »