Les Petits poèmes grecs/Pindare/Olympiques/V

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V.

AU MÊME PSAUMIS (1),

Vainqueur à la course des chars (2).

Fille (3) de l’Océan, recevez avec joie cette palme dont Olympie vient de couronner le plus glorieux des triomphes et de sublimes vertus. Psaumis la dépose à vos pieds ; elle est la récompense des infatigables coursiers de son char.

C’est à ce mortel généreux que Camarina doit son agrandissement et son lustre (4), et ces douze autels que sa religion a consacrés aux grands dieux de l’Olympe et sur lesquels le sang des taureaux a coulé pendant les cinq jours solennels où Pise le vit se distinguer par son adresse à diriger un char, à faire voler ses mules et à guider un célès rapide. Quelle gloire ne vous a-t-il pas acquise en ce jour où il a fait proclamer et le nom de son père Acron et celui de sa patrie (5) relevée tout récemment de ses ruines par sa munificence.

À peine revenu de ces lieux charmans où tout rappelle Œnomaüs et Pélops, c’est dans ton bois sacré, ô Pallas ! protectrice (6) des cités, qu’il offre ses premiers vœux. La pompe (7) de ses fêtes embellit le fleuve Oanis, le lac dont les bords l’ont vu naître, et ces canaux magnifiques par lesquels l’Hipparis (8) porte le tribut de ses eaux, les matériaux de nombreux et superbes édifices, et la richesse et le bonheur à un peuple autrefois indigent.

Toujours les entreprises périlleuses coûtent à l’homme vertueux beaucoup de peines et de travaux ; mais quand un heureux succès couronne de tels efforts, alors les peuples applaudissent à leur sagesse.

Ô Jupiter sauveur ! toi qui foules aux pieds les nues (9), qui habites le Cronium et te plais sur les bords majestueux de l’Alphée et dans l’antre (10) sacré de l’Ida, que mes chants, mêlés aux accords des flûtes (11) lydiennes, s’élèvent jusqu’à toi ! Daigne illustrer à jamais cette cité par les plus éclatantes vertus ! et toi, vainqueur olympique, si fier de tes coursiers rivaux de ceux de (12) Neptune, puisses-tu, entouré de tes enfans, couler une heureuse et paisible vieillesse.

Le mortel qui joint une santé florissante à la richesse et à la gloire doit se garder d’envier le sort des dieux.