Les Poliorcétiques — Avant-propos

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Les Poliorcétiques
Apollodore de Damas
Avant-propos
>> Chapitre 1



§ 1. — Envoi à l’Empereur Hadrien.[modifier]

J’ai lu, Prince, ta lettre sur les machines, et j’ai été heureux que tu m’aies jugé digne de recevoir communication de tes idées à ce sujet.

Aussi, ayant construit divers modèles utiles à l’art des sièges, je t’en ai adressé les dessins ; pour tous, j’ai ajouté quelques mots d’explication, et je t’ai envoyé un de mes aides, à qui j’ai tout montré, et devant lequel j’ai travaillé, de telle manière qu’il pourra, chaque fois que besoin en sera, construire d’après mes modèles.

Ne connaissant pas les lieux, j’ai fait des figures nombreuses et variées, discutant les principes, indiquant pour chaque cas le nombre d’hommes nécessaires pour le travail, la protection et la sécurité,[1] et exposant des types dont la plupart sont faciles à établir, légers, d’un grand effet, et de nature à être rapidement construits par des ouvriers quelconques.

Sur toutes ces choses, Prince, je t’ai ouvert la voie, en t’indiquant non seulement de quelle manière doivent être conçus ces ouvrages, mais aussi comment on doit les employer : car, autre est l’attaque des points fortifiés, avec des préparatifs complets, en n’épargnant ni les matériaux ni le temps, autre est celle de provinces ou de pays entiers, qui changent de maître au premier revers. Aussi, ayant considéré ces choses et y ayant réfléchi, ai-je tardé à te répondre, n’ayant rien pu trouver d’utile dans les anciens auteurs, soit au point de vue de la nouveauté, soit à celui de la rapidité de l’emploi.

Je t’ai envoyé aussi des charpentiers du pays et d’autres ouvriers capables de bien travailler et exécuter. Car je sais, m’étant trouvé auprès de toi dans des préparatifs de guerre, combien j’ai dû m’estimer heureux d’être riche en soldats propres à fournir un bon travail, soit par suite d’habitude, soit grâce à leur dextérité naturelle, tandis qu’en campagne on manque ordinairement à un point incroyable de ce qui est nécessaire à la facilité des manœuvres, soit en fait d’hommes, soit en fait de machines.

Si j’ai laissé quelque chose d’obscur dans mes explications sur ces divers engins, sois indulgent pour moi, Prince ; car les termes techniques sont peu usités dans le langage courant, et le sujet lui-même est d’une étude compliquée ; moi-même, enfin, peut-être suis-je un médiocre écrivain. Mais je compte sur ta haute valeur naturelle pour redresser mes imperfections, et sur ta bienveillance pour les excuser.

§ 2. — Énumération des machines nécessaires à l’attaque.[modifier]

Il faut pour les sièges les machines suivantes : des tortues-bélières,[2] des tortues de mineurs, des tortues pour rouler des fardeaux, des béliers de modèles faciles à préparer, des ponts volants, des équipages pour les béliers ; des gardiens pour tous les engins qu’on élève ; des guetteurs ou observatoires pour surveiller l’intérieur de la place, des échelles faciles à établir, des mines variées selon la disposition des remparts, des ponts sur les rivières, pour lesquels on assemble un grand nombre de pièces.

Tout cela doit pouvoir se construire aisément avec les moyens dont on dispose, être de formes variées, des plus petites dimensions et du moindre poids possible, facile à exécuter par les premiers ouvriers venus, de nature à être aisé à établir et à modifier, d’un succès certain, et d’un transport commode offrir de la sécurité, être difficile à brûler, à détériorer, à briser, et aisément démontable.


  1. Ces discussions devaient faire partie des instructions verbales données à l’aide, car les manuscrits grecs n’en font pas mention.
  2. Tortues destinées à supporter le bélier ; cette machine et plusieurs autres énumérées par Apollodore ont été décrites complètement par Athénée. (Recueil à la mémoire de Ch. Graux).