Les Poliorcétiques — Chapitre 3

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Chapitre 2 Les Poliorcétiques
Apollodore de Damas
Chapitre III
Des murs en brique
Chapitre 4



§ 1. — Du trépan.[modifier]

Si nous voulons renverser promptement le mur, nous le perforerons au moyen de nombreux trépans.

Ces trépans doivent être des pièces de bois d’un doigt d’épaisseur, à l’extrémité desquelles est clouée une bande de fer, de douze doigts de largeur (0,23 m) et huit de hauteur (0,15 m) portant une mèche en son milieu ; à l’autre extrémité on doit fixer un cylindre en bois, aminci dans la partie centrale, de manière à pouvoir le tourner par la poignée, soit avec des barres,[1] soit avec les mains.

Le cylindre doit également être muni d’un autre pivot, tournant dans une crapaudine poussée par une barre, qui accompagne toujours la mèche qui fait le trou.

La longueur totale de la barre qui constitue le trépan ne doit pas être inférieure cinq pieds.

§ 2. — Du percement des trous.[modifier]

Le trou du foret doit être fait en biais, et plus élevé à l’intérieur du mur, afin que, d’une part, la terre rongée tout autour puisse glisser et sortir du trou, et que, d’autre part, la tige du trépan s’appuie sans difficulté sur la règle placée en travers sur le sol, qui le contrebute, et que l’inclinaison des trous non seulement amène la chute du mur, mais encore le fasse glisser vers l’extérieur, et que la chute se produise tout d’un coup. La figure de l’inclinaison est ci-contre.

Ces trous dans le mur se font avec ordre, et en ligne droite, espacés d’un pied et quart.

§. 3. — Du bourrage des trous.[modifier]

Lorsque le front est percé, il faut remplir les trous, non sur toute la profondeur, mais jusqu’à un pied, avec de petits fragments de bois, qui ne doivent pas être carrés, afin de ne pas se réunir par leur faces planes, mais de forme arrondie, comme des pieux ; on les pousse comme des coins, afin qu’ils supportent le mur, et on les fait arrondis, pour que de tous côtés il existe des intervalles entre eux.

S’il est possible, ces petits rondins seront faits avec des bois résineux ; à leur défaut, avec des bois bien secs, ou soufrés, ou enduits de poix. Leur largeur ne doit pas dépasser trois doigts (0,06 m).

§ 4. — Deuxième série de trous.[modifier]

Une fois tous les trous bourrés, on doit percer l’intervalle qui les sépare de trous placés sur la même ligne droite ; la figure est ci-dessous.

Il faut faire obliquer les trous de chaque côté, afin qu’ils se rencontrent à l’intérieur.

§ 5. — Incendie du rempart.[modifier]

On remplit les seconds trous de copeaux secs et de broussailles combustibles, ou de petits fragments de bois auxquels on met le feu ; les rondins ont été intentionnellement avec une surface inégale et avec une saillie sur le parement du mur par en bas, pour que le feu puisse s’en emparer, et être attisé par le vent.

Au cas contraire (si le vent n’aide pas), on se sert de roseaux semblables à ceux des oiseleurs ; percés de bout en bout, et remplis d’air au moyen de soufflets de forge, ils atteignent le point voulu, et excitent le feu, étant armés d’une buse allongée, faite d’un tube de fer.

Voila tout ce qui concerne les murs en briques.

  1. Le texte grec porte « astérisques » (asteriskoi). Héron de Constantinople (chapitre VII, page 221 du texte du Wescher et figure LXXXVIII, p. 222) que nous reproduisons ci-contre), dit : S’il (le cylindre) reçoit, à la manière de treuil de puits, des petites barres le traversant en croix par le milieu, que quelques uns appellent, à cause de la forme de la figure, des astérisques… Cette disposition était identique à celle de nos cabestans, ou de nos treuils de haquet.