Les Primitifs/Les Apaches

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Les Primitifs. Études d’ethnologie comparée.
Chamerot (p. 144-167).


LES APACHES
CHASSEURS NOMADES ET BRIGANDS


Le nom d’Apaches est le terme générique qu’on donne à plusieurs tribus indiennes de l’Amérique du nord, parmi lesquelles divers auteurs comprennent les Comanches, les Navajos, les Mohaves, les Hualapais, les Yumas, les Yampas, et les Athapaskes méridionaux, se subdivisant eux-mêmes en hordes nombreuses, parmi lesquelles, Mescaleros, Llaneros, Zicarillas, Chiriguais, Kotchis, Piñaleños, Coyoteros, Gileños, Mimbreños. Les Apaches proprement dits se sont eux-mêmes donné l’appellation de Shis Inday ou hommes des bois. Ils parcourent, plutôt qu’ils n’habitent, le vaste territoire à limites indécises, qui, des rives du Grand-Lac Salé au nord, descend vers Chihuahua au sud, et s’étend de la Californie et du Sonore à l’ouest, jusque dans le Texas et le Nouveau Mexique à l’est ; il est sillonné par le Rio Grande qui débouche dans l’Atlantique, par un autre Rio Grande et par le Rio Gila qui se déversent dans le Pacifique. Région rocailleuse, élevée de 700 à 2,000 mètres au-dessus de la mer ; ses lits de lave sont coupés de cagnons, ou rigoles, profonds d’un millier de pieds et larges d’autant, qu’ont érodés les eaux. Au-dessus des plateaux s’élèvent de nombreux pics détachés, très escarpés, excessivement froids en hiver ; pour la plupart émergeant de forêts, refuge des hommes et des bêtes. Pendant une dizaine de mois, du haut d’un ciel sans nuage, le soleil verse des ardeurs torrides sur le sable de la plaine et le roc de la montagne, puis, à l’entrée de la nuit, le froid tombe subitement des étoiles. Les violents écarts de température provoquent des bouffées de vent qui soulèvent des tourbillons d’une poussière alcaline, irritant les yeux et les poumons. Pendant quinze jours en avril et six semaines en octobre-novembre, les pluies tombent en cataractes, et bientôt après les fissures des rochers et des dépressions de terrain fleurissent et verdoient. Les mouflons, les antilopes[1], les cerfs, sortent de leurs retraites et derrière se glissent les coyotes, l’ours, le loup hyène, et l’Apache, redoutable aux hommes et à tous les animaux.

C’est une belle bête féroce que l’Apache, au moins que les Apaches granivores, ou plutôt omnivores. Les Navajos, les Mohaves, les Comanches, qui se donnent une nourriture assez variée, grâce à leur agriculture naissante, sont presque tous hauts de six pieds, les femmes n’étant pas de moins belle venue. La poitrine et les bras vigoureusement musclés, les extrémités fines, des traits souvent agréables, de grands yeux d’un noir brillant, d’un éclat singulier et d’un pouvoir de vision vraiment extraordinaire, la figure assez large, constituent un superbe ensemble. Le teint parcourt toutes les nuances du brun clair au brun foncé en passant par le brique rouge ; les cheveux sont noirs, et, détail à noter, la barbe n’est pas mal fournie. On les a souvent donnés pour les plus beaux échantillons de l’espèce humaine.

On n’en dirait pas autant des Apaches proprement dits, presque exclusivement carnivores, et qu’on nous donne pour laids et désagréables : masque impassible, traits ridés et flétris ; figure large, nez aplati, pommettes saillantes, bouche trop fendue, lèvres minces, regard de travers. Les yeux légèrement obliques et dont l’éclat vitré rappelle ceux du coyote, sont plus brillants que ceux de la plupart des Indiens du nord. Les cheveux d’un noir mat, jamais peignés, retombent sur les épaules en soies épaisses ; autrement, ils sont à peu près glabres. À côté de leurs grands voisins, ils paraissent rabougris, leur taille moyenne n’étant que de cinq pieds cinq pouces.[2]

Les cactus mettent un cheval ou un mulet tout en sang, avant d’entamer l’Apache. Son tégument épais le rend peu sensible à l’action des intempéries. Par le soleil le plus ardent, ils vont et viennent sans aucune protection ; mais quand ils ont le loisir de prendre leurs aises, ils s’enveloppent, à la mode des Australiens et Andamènes, la tête d’une calotte de boue qui leur procure une agréable fraîcheur et les débarrasse de la vermine ; pour les mêmes raisons, ils s’enduisent le corps d’une couche fangeuse. Ils se donnent généralement des mocassins, modeste luxe, pour se protéger les pieds contre les épines, et à cet effet, la forte semelle remonte en pointe large et recourbée. Quant aux vêtements proprement dits, ils s’en affublent, moins par hygiène, encore moins par pudeur, que par vanité et coquetterie, pour se faire valoir : les hommes, par quelque trophée de meurtre et de rapine ; les jeunes femmes, par une loque de couleur, par un jupon d’écorce, par une toison qu’elles ont ornée de barres et de lignes, industrieusement assouplie en la frottant de cervelle. Quelques-unes se tatouent au menton ; la suprême élégance est de se barbouiller avec des couleurs criardes. Les ablutions ne mettent nullement ce maquillage en danger, car on ne se baigne que pour l’agrément, et l’eau n’abonde point. Soit à cause de leur malpropreté, soit parce qu’ils ne se nourrissent que de chair, et principalement de celle du cheval, de l’âne et du mulet, ces Apaches, qui nous remettent en mémoire les hippophages de Solutré, dont les ossements ont été trouvés mélangés à ceux de cinquante à cent mille chevaux[3], ces Apaches, disons-nous, exhalent une pénétrante odeur équinée, surtout quand ils sont échauffés. Les montures rebroussent chemin dès qu’elles l’éventent[4]. Constatons une fois de plus que la propreté du corps est le plus souvent un signe de civilisation déjà avancée. À l’époque de la puberté, on arrache les sourcils aux filles, poil à poil, et bientôt après, on les débarrasse même des cils. — Est-ce pour les embellir[5] ?

Les huttes, en pain de sucre, aux abords encombrés de charognes infectes et de matières fécales, sont formées de gaules ou de branches entrelacées de broussailles et de feuillage, qu’on recouvre de peaux, gazons et pierres plates. Dans la rude saison, nos sauvages se réfugient volontiers dans les cavernes, où ils font de grands feux, et tout en sueur, se couchent sur la pierre fraîche, ce qui leur vaut d’être décimés par les rhumatismes et les pneumonies[6] ; une large blessure leur serait moins dangereuse. Ils ne se trouvent à leur aise qu’à l’air libre ; ils se sentent oppressés sous un toit, enfermés entre des murailles ; ils ne jouissent réellement de la vie que dans leurs expéditions. Quand les nuits sont trop froides, le vent trop glacial, ils se recroquevillent dans un enfoncement, ou fouissent un trou pour y dormir quelques heures.

Jadis, les bisons abondaient dans toute l’Amérique du nord ; en troupeaux innombrables, ils parcouraient le continent depuis le Grand Lac des Esclaves jusqu’au golfe de Floride. Mais aujourd’hui la carabine du blanc les a exterminés dans toute la partie du midi, fortement entamés dans les régions septentrionales, et, par cela même, affamé les populations qui s’en nourrissaient. — « Tuez les bisons, disait un gouvernant des Visages Pâles, vos balles feront ricochet sur l’Indien. » Si bien que l’Apache est réduit le plus souvent à « la petite chasse ». Son arme la plus dangereuse est l’indomptable patience avec laquelle il immobilise son corps brunâtre derrière des roches ou des broussailles grises[7]. On les a vus se couvrir de mottes herbues qui les transformaient en un bout de prairie ; au milieu de yuccas se déguiser en yuccas ; en rase campagne s’étendre sous une couverture de laine grise, qu’ils avaient si bien tachetée de terre, que des soldats envoyés à leur poursuite les prenaient pour des blocs de granit ; aussi habiles dans ces mystifications que les Bhils de l’Inde[8], ou que les sauvages de l’Australie.

Malgré toute leur adresse, comme ils sont sans agriculture sérieuse, ni animaux domestiques, le garde-manger de ces malheureux est souvent vide. Aussi ne dédaignent-ils rien de ce qui est mangeable : ils font leur profit des glands, fruits, bulbes, baies et racines, recueillent les mesquites, les courges et certaines fèves qui croissent spontanément. Ils sèment quelques grains de maïs, mais la presque totalité de leur nourriture est animale : daims, cerfs, mouflons, cailles, écureuils, rats, souris, vers et serpents. Nulle fausse délicatesse. On ne devient difficile sur la qualité que lorsque la quantité abonde ; il n’est de choix que dans le superflu. Quand la nourriture est à bouche que veux-tu, nos sauvages s’en gorgent, avalent des morceaux énormes. Mais en Apachie, la disette est l’état normal. Le trop court printemps est suivi d’un long et brûlant été ; bientôt les herbes sèchent, les herbivores meurent ou disparaissent, et les carnivores sont en peine. On supporte stoïquement la famine, mais après la famine prolongée, la mort !

Quand le pays ne peut nourrir l’habitant, il faut bien que l’habitant se pourvoie ailleurs. Le climat, le sol, transforment en nomades, chasseurs, brigands et voleurs, les Apaches sur le continent américain, les Bédouins et les Kourdes sur le continent asiatique, à peu près sous les mêmes latitudes. Montés sur des chevaux rapides, — ils sont nés cavaliers, — nos affamés vont à la maraude ; au nombre de trois ou quatre, rarement plus d’une douzaine, — car il faut vivre en route, — ils traversent d’énormes distances en quête de quelque proie ; heureux quand ils tombent sur un maigre herbage où ils trouveront des sauterelles, un lézard, quelque oiseau de rencontre ; en attendant, ils grignotent leurs tasajo, lanières de viande desséchée au soleil ; ils jeûnent, jusqu’à ce que la bonne Providence les dirige sur une rancheria isolée ou sur une troupe de voyageurs. Ils n’attaqueront à face découverte que s’ils ne peuvent faire autrement, ou si leur supériorité est évidente. Comme le loup ils s’embusquent : ils se cacheront, se blottiront pendant des journées, déguisés en arbrisseau, en rocher, en bille de bois ; et, au moment opportun, se jetteront sur leurs victimes, tuant les hommes, emmenant parfois des femmes pour en faire des esclaves, des enfants dont ils tireront rançon ou dont ils feront des brigands ; mais avant tout, se saisissant des chevaux et mulets, qu’ils pourchassent devant eux. Avant qu’on ait pu se mettre à leur poursuite, ils ont fui comme le vent dans le labyrinthe des gorges et des cagnons, dans ces déserts de sable brûlant, vrais lacs de feu, « traversées de mort », jornadas de muerte, comme disent les Mexicains. Pumpelly rapporte que, voyageant à travers ces terribles régions et la fatigue lui montant au cerveau, il fut pris pendant plusieurs jours d’un accès de folie. Les ravisseurs sont comme chez eux dans le désert et la montagne, doublent, triplent les étapes. Criblées de coups et de blessures, éreintées, fourbues, les bêtes capturées tombent mourantes devant la tanière des louves et des louveteaux à face humaine, qui les saluent de hurlements joyeux. Avides, anxieux, aiguisant leurs dents, ils n’attendent pas toujours que les proies soient mortes. Se jetant sur elles, ils les dévorent encore vivantes : les uns coupent et taillent ; les autres arrachent les membres et les déchiquettent, à force de bras, sans plus de souci des souffrances de la victime que le civilisé qui gobe une huître arrosée d’un filet de citron ; et sans se croire plus cruels que le cuisinier quand il écorche l’anguille qui se tord sous ses ongles. Après avoir calmé les premières fureurs de la faim, ils embrochent quelque pièce au-dessus d’un brasier, mais n’attendent guère, l’avalent encore fumeuse et brûlante, crue en même temps que charbonnée. Les entrailles passent pour délicates bouchées et morceaux d’honneur. Sur la chair de l’animal, tous ont droit égal, mais le chasseur qui l’a abattu, réclame la robe ou la toison.

Ces orgies de la faim qui s’assouvit, fêtes suprêmes de misérables qui risquent si souvent de périr d’inanition, rappellent le grand acte des mystères dionysiaques : initiés et initiées se jetant sur le chevreau, symbole de Bacchus Zagreus, mordant à cru dans les membres tremblants, plongeant des mains sanglantes dans les viscères déchirés, et se disputant le cœur pour le dévorer, tandis qu’il palpitait encore.

Entre les mangeurs de viande crue et les cannibales, la distance passe pour médiocre ; aussi les Apaches sont accusés d’anthropophagie. Le fait n’est pas prouvé. Cependant ils auraient un jour répondu que les Puntalis, tribu plus au nord, ne sont pas bons à manger, leur viande ayant un goût trop salé.

En fait d’armes, les fusils, encore rares, n’ont pas tout à fait supplanté la lance et les flèches, appointées avec des morceaux de bois durci, d’obsidienne, de cuivre natif, parfois de fer ou d’une sorte de bronze, lequel aurait la dureté et l’élasticité de l’acier et qui serait obtenu par la fonte du cuivre sur des feuilles vertes. Nous regrettons de ne pas en savoir davantage.

Nos auteurs ne s’accordent point sur le chapitre des relations sexuelles. Il y aurait pour l’animal humain, comme pour les fauves, une saison consacrée aux amours. D’après Bancroft, les Apaches proprement dits se distinguent de leurs voisins plus civilisés par la chasteté qu’ils imposeraient à leurs femmes avant et après le mariage. Ce n’est pas que le mari ne puisse répudier sa femme au moindre caprice, et même se faire rembourser du prix qu’il a payé pour elle ; ce n’est pas que la femme aussi ne puisse abandonner son époux ; mais alors l’homme délaissé se considère comme ayant reçu un affront qu’il faut laver dans le sang, tout de suite. Sans plus tarder, il se jette à droite ou à gauche, va tuer un homme à la cantonade. Pour la blessure faite à son orgueil, quelqu’un mourra ; l’offense était personnelle, la vengeance sera impersonnelle ; ce grand enfant ne voit là rien que de simple et de légitime.

D’un autre côté, on nous raconte qu’ils ne connaissent pas le mariage, que les accouplements sont facultatifs, que même en certaines occasions la promiscuité est générale. C’est clair et net, et notre autorité, Schmitz, parle en témoin oculaire. Les deux opinions peuvent n’être pas inconciliables. D’ailleurs il est constant que la communauté des femmes n’est pas absolue. Le chef de bande, au retour d’une expédition de pillage, a le droit de s’adjuger, dépouille opime, une des captives. S’il lui tresse un chiffon dans les cheveux, elle devient la « part du capitaine » ; personne ne la touchera s’il ne permet. S’il veut la prendre pour femme à long terme, il lui rompra une flèche sur la tête : par cet acte elle cesse d’être une personne et devient la chose du vainqueur.

Même symbolisme chez les Tatares nomades :

« Kasmak se saisit de la jeune Kalmouke, tira un mouchoir, le lui mit autour du cou, fit voler une flèche au-dessus de sa tête[9]…. »

Les anciens Grecs plongeaient aussi leur javeline dans la chevelure de leurs prisonnières, qu’ils disaient avoir gagnées « à la pointe de la lance ». Nous prenons sur le fait l’institution du mariage, en tant que fait de capture et d’accaparement. De cette première appropriation les autres suivront. Car ce n’est point la propriété qui procède de la famille, comme les théoriciens l’affirmaient naguère a priori ; c’est la famille qui dérive de la propriété ; la famille, son nom l’indique, commença par n’être qu’un troupeau d’esclaves.

Bien que leurs mariages ne soient que rudimentaires, ils sont déjà compliqués de certaines insanités. Les jeunes époux évitent la rencontre de leurs beaux-parents : pendant la chasse, pour ne pas manquer le gibier[10] ; en temps ordinaire, pour que les unions ne soient pas infécondes. Malgré ces précautions, les femmes perdraient d’assez bonne heure la faculté d’avoir des enfants[11]. — À quel âge ? Il serait difficile de le préciser : elles savent à peine ce qu’est une année, et s’inquiètent peu d’en compter le nombre.

D’une grossesse à l’autre, l’intervalle ordinaire comporte trois années consacrées à l’allaitement du nourrisson. L’enfant reste avec la mère jusqu’à ce qu’il cueille lui-même certains fruits, et qu’il ait attrapé un rat sans le secours de personne. Après cet exploit, il va et vient comme il lui plaît ; il est libre et indépendant, maître de tous ses droits civils et politiques, et ne tarde pas à se perdre dans le gros de la horde. Les parents seraient mal venus à punir leurs garçons et à les réprimander sévèrement. Chose aussi sérieuse n’a lieu qu’avec le consentement de l’entière tribu, laquelle n’a point abdiqué ses droits de paternité collective, ne les a pas encore délégués aux chefs de famille en leur capacité individuelle. Elle n’use de son droit que rarement, ou jamais ; elle craindrait trop de diminuer la férocité native des gamins, férocité qui les rend hardis et indomptables. Un Navajo racontait que s’il se permettait de corriger son fils, celui-ci ne manquerait pas de lui décocher une flèche de derrière un arbre[12]. — Pensez-y donc ! il faut donner au jeune homme toutes les vertus du brigand. Et sans aller bien loin, chez les Mexicains, à côté du routier un soldat ne fait que piteuse figure[13] ; encore le militaire se vante-t-il le plus souvent de n’être pas tout à fait étranger au noble métier du batteur d’estrade.

Un état social aussi primitif ne fait pas de place aux chétifs. Les forts n’ont pas assez pour eux-mêmes, comment s’embarrasseraient-ils des faibles ? Cependant quelques éclopés des bagarres précédentes parviennent à se maintenir pendant quelque temps ; ils suivent comme ils peuvent les expéditions, tant pis s’ils n’arrivent pas à temps pour avoir leur part du pillage ! Tarde venientibus ossa. Les traînards n’ont qu’à mourir. Quelques-uns, cependant, trouvent refuge chez des voisins mieux pourvus, qui peuvent être plus compatissants. Quelquefois des compagnons plus robustes, des amis, les enfants peut-être, veulent bien dépêcher le misérable d’un coup de lance ou l’étouffer en le mettant sur le dos, puis, en passant au cou un bâton aux extrémités duquel pèseront deux personnes de bonne volonté[14].

Dans ces conditions, les malades n’ont pas meilleure chance que chez nos amis, les Tchouktches ; ils retombent à la charge de la communauté ; celle-ci préfère qu’ils ne s’attardent point et qu’ils guérissent ou disparaissent promptement. Elle s’emploie au rétablissement des fiévreux, en dansant et chantant, en tambourinant des nuits entières ; procédé non moins rationnel et non moins efficace que de soulager les pauvres et les indigents par des bals de bienfaisance.

Il arrive, mais rarement, qu’on se lamente pour un mort ; il faut être de marque pour avoir des obsèques qui comportent quelque solennité. Généralement, le cadavre est empaqueté en des lanières de peau, porté sur une colline et enfoui sur le versant exposé à l’Orient ; on espère sans doute que le soleil regardera le défunt, et le réveillera quand il en sera temps.

Quelques notions de métempsycose : certaines âmes vont animer des oiseaux ou des serpents à sonnettes.

Ils possèdent le petit bagage intellectuel commun à la plupart des Peaux-Rouges : la notion d’un Grand Esprit, peut-être même de plusieurs, la tradition d’un déluge, diverses légendes. Ils vénèrent l’Ours, et ceux de son totem n’en voudraient pas manger la viande ; ils tiennent pour sacrés le hibou, les oiseaux blancs, et l’aigle en premier lieu. Un aigle immense et prodigieux en clignant de l’œil lance les éclairs, et en battant des ailes produit les éclats de la foudre. De lui sont issus les Apaches, car il s’unit à leur mère-grand Istal Naletché, laquelle donna le jour à Nahinec Gané et à Toubal Lichiné, ce dernier l’Ancêtre, le héros qui avec ses flèches tua le serpent Python, au moment où le monstre allait le dévorer[15]… C’est ainsi que les malheureux Apaches racontent le grand mythe de l’Aigle et du Serpent, d’Ahi et d’Indra, symbole antique et grandiose, qui appartient également à l’ancien monde et au nouveau, sujet trop vaste et compliqué pour que nous puissions l’aborder.

Des voyageurs ont refusé à ces hordes tout sentiment poétique ou religieux. Ce n’est pas étonnant. En matière de conscience, les sauvages se taisent autant qu’ils peuvent ; ils n’aiment pas à s’expliquer sur leurs choses intimes, — et les blancs nient imperturbablement tout ce qu’ils n’ont pas vu, tout ce qu’ils n’ont pas su deviner.

Des missionnaires espagnols avaient essayé de convertir ces malheureux Indiens, mais ont dû y renoncer par la raison qui fit échouer des tentatives analogues sur les Tasmaniens, quand il en existait encore. L’enseignement s’adressait à des intelligences bornées, dépourvues de la faculté d’abstraction qu’une longue culture a développée chez nous. Voyez donc l’embarras d’un honnête apôtre exposant la doctrine de la Résurrection, dans une langue où l’idée d’âme n’a d’autre équivalent que le mot « boyau » ! Pour faire comprendre à ces sauvages qu’ils possèdent une « âme immortelle », il était obligé d’expliquer qu’ils ont dans le ventre une « tripe qui ne pourrit pas ». — Il les faisait compter jusqu’à dix, mais ne pouvait leur inculquer le dogme de la Trinité. Comment les révérends pères auraient-ils traduit, dans une langue où le verbe être n’existe pas, la célèbre définition de l’Éternel Jéhovah : « Je suis Celui qui suis » ?

Les Peaux-Rouges ne parlent que fort peu, et moins que tous autres les Apaches, qui préfèrent s’exprimer par gestes. On en a observé qui, accroupis autour du feu, entretenaient une longue conversation dans laquelle ils ne faisaient que remuer les lèvres[16] ; méthode que nous venons d’adopter pour renseignement des sourds-muets. La langue apache abonde en sons nasaux et gutturaux, en claquements de langue[17], que les étrangers ne parviennent pas toujours à imiter ; l’idiome est décidément désagréable, et cependant les Mohaves, voisins immédiats, ont un parler doux et sonore, harmonieux autant que l’italien ou le japonais[18]. — Notons en passant l’absence de toute salutation, de toute formule de bienvenue ou d’adieu[19].

Puisque la moralité, au moins dans ses lignes générales, se mesure au développement de l’intelligence, on ne s’étonnera pas de la trouver réduite ici à ses rudiments. Ces malheureux ne vivent guère que de rapines ; leurs maraudes se compliquent de rapt et de meurtre ; leurs combats sont moins des luttes que des assassinats. Rapines, meurtres et massacres, ils en tirent gloire ; méprisent les dégénérés, les esclaves de leurs aises, tous ceux qui ne savent pas vivre dans la sauvage indépendance des déserts. De tous les animaux, pensent-ils, les plus forts et rapides, les plus beaux, sont les féroces et les ravisseurs, et de toute notre espèce, le plus noble est celui qui fait la chasse à l’homme.

On les traite de sournois et perfides, appellations qui les flatteraient ; mais ils protesteraient contre celle de lâches, qu’on leur prodigue. Le courage et la lâcheté ne sont pas des faits d’ordre simple. Certaines lâchetés comportent certains courages. Sans doute, ces truands n’attaquent personne, tant qu’ils ne se croient pas les plus forts ; n’ayant aucun goût pour la haute lutte, ils préfèrent attirer l’ennemi dans un piège, ou se jeter sur lui par derrière, procédé recommandé en haute stratégie, pratiqué par tous les animaux de proie ; ces chasseurs ont appris du gibier à se dissimuler. S’ils font des prisonniers, ils emmènent les filles et les femmes, et tout d’abord les jeunes garçons, dont ils ont besoin pour remplir les vides que la mort ou les aventures produisent dans leurs rangs, et que les naissances ne suffisent point à combler, car elles sont peu nombreuses. Par suite des privations et de la vie beaucoup trop rude qu’endurent les parents, les enfants naissent moins robustes qu’on le suppose ; rarement ils ont une constitution assez bien trempée pour les mener jusqu’à quarante ans[20]. Plusieurs blancs qu’ils avaient capturés et dont ils avaient apprécié la force ou la valeur, ont été obligés de procréer un rejeton avec une fille de la tribu, afin de conserver la bonne graine[21]. Mais le service rendu ne les a pas toujours rachetés de la mort et des tortures ; car ces sauvages se délectent à faire subir aux prisonniers d’abominables supplices ; ce que Chateaubriand avait déjà raconté dans sa Vierge des dernières amours.

Pour cruels, ils le sont. Constatons-le, sans les innocenter pour cela : les supplices qu’ils infligent, ils savent les supporter. Et ils ne trouvent pas mauvais qu’on les leur fasse subir, si par malheur ils se sont laissé prendre. Il faut aussi mettre en ligne de compte qu’ils ont pour distraction, à peu près unique, d’aboyer à la lune et qu’ils éprouvent le besoin de quelques représentations plus émouvantes. N’en ayant pas de simulées, ils se rabattront sur les réelles, car ils manquent de théâtres pour drames et mélodrames. Eux aussi ont besoin de contempler un héros aux prises avec l’adversité, « plaisir des dieux » d’après la doctrine des Stoïciens, le plus beau spectacle qu’il soit donné à l’homme de regarder. Ce qui explique aussi le succès des autodafés et des mille tourments que, hier encore, nous infligions aux hétérodoxes et libres penseurs. Ces malheureux Peaux-Rouges n’ayant pas d’acteurs pour rire, ni de bourreaux délégués par la magistrature, sont obligés de payer de leur personne, d’écorcher eux-mêmes le martyr, de brûler eux-mêmes le délinquant à petit feu. Ne l’oublions pas : dès que les fonctions réparatrices de la nutrition sont accomplies, l’animal humain n’est pas encore satisfait ; l’intelligence et l’imagination font valoir leurs droits ; la sensibilité ne veut pas rester inactive et réclame sa quote-part d’émotions. Car « l’homme ne vit pas de pain seulement ».


En tant qu’individu, on ne peut pas être moins gêné que notre Apache de toute espèce de gouvernement. Il n’est responsable envers qui que ce soit ; il fait toujours ce qu’il veut, c’est-à-dire ce qu’il peut. Dans le cas d’une grande expédition, on se réunit sous le commandement d’un camarade dont la supériorité personnelle s’impose et dont l’autorité prend fin avec l’entreprise. Si les hostilités se prolongent, il va de soi que l’influence du chef de guerre s’accroît souvent plus qu’on ne voudrait[22]. Quelques tribus se prémunissent contre ce danger, en reconnaissant une autorité purement morale à des sachems, ou Chefs de la Paix, personnages toujours distincts des capitaines d’ordre militaire ; institution des plus intéressantes, mais qu’on ne saurait étudier utilement dans ces hordes clairsemées.

Comme manifestation la plus élevée de la vie publique dans ces déserts, ces primitifs célèbrent des néoménies. Autant qu’on peut le savoir, la vénération de la Lune a partout précédé celle du Soleil. La nuit de la fête, ils allument des feux en divers endroits. Remarquons à ce propos que la plupart des tribus indiennes, sinon toutes, paraissent avoir honoré le feu au moins par quelques rites. Ils se sont approvisionnés de tabac et d’une boisson enivrante, faite avec du jus de cactus ou avec du grain bouilli et fermenté[22] ; s’ils ne fumaient et ne s’enivraient, ils ne croiraient pas se préparer dignement à un acte religieux. Couchés ou accroupis, ils attendent en un profond silence l’apparition de la reine des nuits. Dès qu’elle se montre à l’horizon, ils geignent en chœur, imitent les cris du coyote flairant une charogne, et les bandes de ces animaux ne tardent pas à leur répondre dans le lointain[23]. Cette parfaite imitation est la récompense d’une longue pratique. Plusieurs de leurs dialectes n’ont qu’un seul et même mot pour désigner le chant de l’homme et le glapissement du chien des prairies ; des voyageurs ont même trouvé de l’analogie entre les langues de l’un et le cri de l’autre[24]. Peu à peu les voix enflent, éclatent en jappements ; on dirait une meute en chasse, ou aboyant à la lune, ce qui est bien le cas. Le concert continue par les rauquements du loup-hyène et de l’ours, les bramements du cerf, les cris de tous les frères et cousins du monde animal, les hennissements du cheval et du mulet, même les braiements de l’âne, et tous alors de rire, ou plutôt de ricaner, car le rire implique une mentalité peut-être supérieure à celle qu’ont atteinte ces sauvages dégradés par la misère. D’ailleurs, les Peaux-Rouges ne se montrent guère portés à la gaieté ; ceux de l’Amérique du nord passent pour mélancoliques, et ceux de l’Amérique du sud pour tristes :

« L’Indien est toujours triste. Triste à l’église, triste en sellant son cheval, triste en s’accroupissant sur le seuil de la salle, triste en buvant, triste en dansant, triste en courtisant sa belle ; même sa chanson d’amour n’est qu’un gémissement[25]. » Cependant, d’acte en acte, de scène en scène, les cris se sont faits plus désordonnés, et la boisson aidant, la représentation dégénère en charivari, lequel ne cesse qu’au matin.

Nonobstant sa bouffonnerie, nous voyons dans cette représentation un acte religieux, un vrai mystère. Ces chasseurs s’adressent au surnaturel pour qu’il les mette en rapport intime avec les animaux, afin que le gibier abonde, prospère et se laisse prendre. Nous prenons cette solennité pour un équivalent de la « Danse du Bison » décrite par Catlin, et pratiquée par les Mandanes et la plupart des Peaux-Rouges, — de la fête « des Vessies », à laquelle nous avons assisté chez les Aléouts — des réjouissances « du cerf[26] » que les anciens Romains déguisés en bêtes, sauvages, célébraient aux Lupercales et aux Saturnales de la nouvelle année. Les descendants des Celtes, Germains et Scandinaves, mirent longtemps à s’en déshabituer, sous la pression de l’Église chrétienne, laquelle par ses conciles et synodes, ses homélies et pénitentiaires ne cessait d’admonester et de châtier les superstitieux qui « à Noël ou jours autres », s’entêtaient à « courir les génisses[27] », faire le daim ou le taurel. Plus condescendante, la religion grecque laisse faire les mascarades du carnaval, grand divertissement des moujiks, qui s’en donnent alors à cœur-joie. Tous les bons sujets et boute-en-train du village se mettent dans la peau et le caractère de quelque animal, et la bande joyeuse, accompagnée de musiciens, fait le pèlerinage des cabarets. En tête, comme de juste, l’Ours dansant avec la dame son épouse, au milieu d’oursons folâtrant et d’oursonnes folichonnant. Puis le seigneur Bœuf, haut en cornes, avec sa corpulente compagne, et la nombreuse famille de veaux et de velles. Ensuite le Loup, la Louve et les louveteaux, le Renard, la Renarde et les renardins… on voit la kyrielle qui suit — la marche est fermée par un chameau de bosse majestueuse.

Nous avons parlé des Apaches comme d’un peuple toujours existant, toujours agissant ; en réalité, il ne compte plus. Tant qu’ils n’étaient que des sauvages au milieu d’autres sauvages, leur population se maintenait telle quelle, malgré la faible fécondité des femmes, malgré les hasards des combats ; mais quand du haut de leurs montagnes, ils distinguèrent à l’horizon le panache des locomotives, leur arrêt de mort fut prononcé. Pressée de jouir, dévorée de désirs, s’inventant des besoins, notre civilisation extirpe les peuplades envahies, parce qu’elles ne peuvent se plier, instantanément, à la transformation qui lui a coûté une vingtaine de siècles. Or, les peuples chasseurs, tels que les Peaux-Rouges, se montrent récalcitrants à notre culture. Non qu’ils soient inintelligents, mais leur intelligence s’enferme de parti pris dans une spécialité. Né chasseur, l’Apache mourra chasseur. De plus, il est nomade, et, comme dit la sagesse des nations : pierre qui roule n’amasse point de mousse. Tant que le corps n’a pas sa demeure fixe, l’esprit difficilement trouvera son assiette, difficilement s’habituera aux longues réflexions, aux patientes études qui arrachent à la nature ses secrets. Sans y mettre la moindre sévérité, et sans tenir à le « ravaler plus bas que la brute », on peut douter que l’intelligence de l’Apache soit vraiment supérieure à celle du castor, ou même égale à celle des fourmis qui savent récolter des grains, qui savent en semer, nous dit-on. — À un de ces centaures, on demandait pourquoi il ne plantait pas du maïs, pour se garantir des méchances de la chasse, ainsi que le font, depuis temps immémorial, les Pueblos qu’il connaissait bien. — « Planter du maïs ? Pour que les camarades mangent la récolte sur pied, avant qu’elle n’ait mûri[28] ? »

Ils ne savent pas, ils ne veulent pas cultiver, mais ils pillent ceux qui cultivent, crime irrémissible. Les farmers sont mécontents que le gouvernement de Washington préconise — officiellement — une politique humaine ; qu’il cantonne les Apaches dans une partie du territoire qui jadis leur appartenait en entier, et qu’il leur paye une annuité de quinze cent mille francs, au grand profit des commissaires. Ils trouvent qu’elles étaient plus viriles et plus décidées, les mesures du gouverneur mexicain de Chihuahua, qui avait mis les scalps des pillards à prix : 500 francs par adulte mâle ; 250 francs par femme, et 125 francs par enfant. Des chasseurs de chevelures se mirent en campagne, apportèrent quantité de ces dépouilles, mais on se priva de leurs services quand on s’aperçut qu’ils livraient trop de têtes suspectes ; les blancs étant plus faciles à assassiner que les Indiens[29]. L’Arizone, la Sonore, la Californie, décidèrent qu’on abattrait tout Indien à portée de carabine. En 1864, des Visages Pâles organisèrent une expédition contre les Payoutes, dont ils tuèrent deux cents individus en une « battue splendide » ; ils les forcèrent à se noyer dans le lac d’Owen[30]. Deux ans après, les autorités de Humboldt City conclurent un traité qui stipulait que les survivants eussent à vider le comté dans les sept jours, sous peine de mort contre tous les retardataires : — « Ce traité est on ne peut plus favorable aux Indiens », concluait le journal du district. Le 30 avril 1871, après quelque conflit, les troupes fédérales emmenaient des Apaches prisonniers. Ce fut une aubaine pour les colons des alentours, qui se rassemblèrent de tous côtés, se jetèrent sur les captifs, et en égorgèrent du coup une centaine.

« Contre les Apaches il n’y a pas plusieurs manières de procéder : il faut une campagne bien raisonnée et patiemment conduite. Dès qu’ils se montrent, qu’on les poursuive jusque dans leurs montagnes, qu’on les traque dans leurs repaires, pour les y enfermer et affamer. Qu’on obtienne leur reddition, en leur montrant des drapeaux blancs ou autrement, et sitôt pris, sitôt fusillés. Contre eux tout moyen est bon, qu’il vienne de Dieu, qu’il vienne de l’homme. La méthode pourra choquer un philanthrope ; –pour un homme de fibre si molle j’éprouve quelque pitié, mais aucun respect. Je lui conseille de ne pas dépenser toute sa sympathie pour les Apaches, et d’en garder pour les tigres et les serpents à sonnettes[31]. »

Ces conseils étaient faciles à suivre. Les blancs recoururent à toutes les trahisons, à toutes les cruautés. L’empoisonnement par la strychnine[32], la dissémination de la petite vérole, autant de hauts faits parmi nos pionniers, qui paradaient avec des brides décorées de scalps qu’ils avaient eux-mêmes levés, avec des dents enfilées qu’ils avaient arrachées à des femmes encore vivantes[33]. À Denver, certain jour, un volontaire rentra portant au bout d’un bâton le cœur d’une Indienne. Après l’avoir tuée d’un coup de feu, il lui avait ouvert la poitrine, pour arracher le trophée que, dans les rues de la ville, saluèrent les acclamations de quelques drôles. Un autre soir, on vit arriver Jack Dunkier, de Central City, portant à sa selle une cuisse d’Indien. Le personnage prétendait n’avoir pas eu d’autre nourriture pendant deux jours. On n’en croyait pas un mot, mais cette fanfaronnade, quel symptôme ! Tel autre se vantait publiquement d’avoir grillé et mangé des côtelettes humaines[34].

Conclusion : En 1820, on évaluait à vingt mille les mâles adultes des Apaches-apaches ; cinquante ans après, le nombre n’était plus porté qu’à cinq mille.


Voleurs de chevaux, voleurs de moutons, il ne leur sera pardonné que lorsqu’ils auront été exterminés jusqu’au dernier. Ce que le propriétaire de brebis hait le plus au monde, c’est le loup, même si le loup a pris forme humaine. Race errante, affamée, altérée, race traquée et poursuivie, race endurante, rusée et passionnée, indomptable à la fatigue et à la souffrance, l’Apache, peuple loup, aura le sort du loup. Le loup périra, mangé par le mouton : le mouton n’est point ce qu’un vain peuple pense. Le mouton avance irrésistible, chassant devant lui les tigres et les lions, chassant l’homme.

— L’homme ?

— Oui, l’homme. Demandez à ces milliers d’Anglais, à ces milliers d’Écossais, à ces milliers d’Irlandais, qui ont dû se jeter à la mer, reculant devant les troupeaux de moutons que poussaient quelques nobles lords, grands propriétaires.

  1. Antilocapra americana, Beard.
  2. La taille de dix-huit Apaches et Tontos, mesurés par Ten Kate, variait entre 1,67m et 1,84m. Société Anthropologique, Bulletin, 1883.
  3. Bulletin de la Société d’anthropologie, 1874.
  4. Bancroft. L’odeur de fauve qu’émettent les Néo-Calédoniens semble persister, malgré tous les soins de propreté. — V. Patouillet, Trois ans en Nouvelle-Calédonie.
  5. Crémony.
  6. Helfft, Zeitschrift für allgemeine Erdkunde, 1858.
  7. Crémony.
  8. Bastian, Culturvœlker Amerika’s.
  9. Radloff, Türkische Staemme Süd Sibiriens. IV.
  10. Oviedo.
  11. Schmitz.
  12. Bancroft, Native Races.
  13. Dixon, White Conquest.
  14. Bancroft.
  15. Malte-Brun, Annales, 1853.
  16. Coroados, Heusel, Zeitschrift für Ethnologie, 1869.
  17. On essaie de les représenter par le signe t-ql
  18. Gatschet, Zeitschrift für Ethnologie, 1877. Buchner, Schmitz.
  19. Helfft, Zeitschrift für allgemeine Erdkunde, 1858.
  20. Fossey, Mexique.
  21. Henry.
  22. a et b Henry.
  23. Tiswin, Murphy, Indian affairs, 1857.
  24. Oscar Lœw, Zeitschrift für Ethnologie, 1877.
  25. Wiener, Pérou.
  26. Solemnitas Cervuli, d’après Denys d’Halicarnasse.
  27. Saint Firmin, cité dans Mélusine, II.
  28. Lœw, Zeitschrift für Ethnologie, 1877.
  29. Kendall.
  30. Lœw.
  31. Sylvester Mowry, Arizona and Sonora.
  32. « Strychniner » mot, d’argot local, avec la signification : « se débarrasser des Peaux-Rouges. » Europa, 1872.
  33. Pumpelly, Across America and Asia.
  34. Le Monde Pittoresque, 1883.