L’Atlantide/V

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Albin Michel (p. 77-91).


CHAPITRE V


L’INSCRIPTION


D’un seul coup de sa canne ferrée, Morhange fit sauter un morceau de roche du flanc noir de la montagne.

— Qu’est ceci ? — demanda-t-il, me l’ayant tendu.

— Un basalte à péridot, — dis-je.

— Ce n’est pas intéressant : vous n’y avez jeté qu’un coup d’œil.

— C’est très intéressant, au contraire. Mais pour l’instant, j’avoue que j’ai d’autres sujets de préoccupation.

— Quoi ?

— Regardez un peu de ce côté, — lui dis-je, désignant vers l’Ouest, à l’horizon, un point sombre, de l’autre côté de la plaine blanche.

Il était six heures du matin. Le soleil était né. Mais on le cherchait en vain au ciel étonnamment lisse. Et pas un souffle d’air, pas un souffle.

Soudain, un de nos chameaux piaula. Une énorme antilope venait de surgir et s’en était allée donner de la tête, affolée, contre la muraille rocheuse. Elle restait là, hébétée, à quelque pas de nous, grelottant sur ses minces jambes.

Bou-Djema nous avait rejoints.

— Quand les jambes du mohor vacillent, c’est que les colonnes du firmament ne sont pas loin de s’ébranler, — murmura-t-il.

Les yeux de Morhange me fixèrent, puis se reportèrent vers l’horizon, sur le point noir maintenant doublé.

— Un orage, n’est-ce pas ?

— Oui, un orage.

— Et vous voyez là un motif de vous inquiéter ?

Je ne lui répondis pas tout de suite. J’étais en train d’échanger quelques brèves paroles avec Bou-Djema, occupé lui-même à maîtriser les chameaux qui devenaient nerveux.

Morhange réitéra sa question. Je haussai les épaules.

— De l’inquiétude ? Je n’en sais rien. Je n’ai jamais vu d’orage au Hoggar. Mais je me méfie. Et tout me porte à croire que celui qui se prépare va être d’importance. Au reste, voyez déjà.

Sur la roche plate, une légère poussière s’était élevée. Dans l’atmosphère immobile, quelques grains de sable se mirent à tourner en rond, avec une vitesse qui s’accrut jusqu’à devenir vertigineuse, nous donnant par avance le spectacle microscopique de ce qui allait fondre tout à l’heure sur nous.

Poussant d’aigres cris, un vol d’oies sauvages passa. Très basses, elles venaient de l’Ouest.

— Elles fuient vers la Sebkha d’Amandghor, — dit Bou-Djema.

— Il n’y a plus d’erreur possible, — pensai-je.

Morhange me considérait avec curiosité.

— Que devons-nous faire ? — demanda-t-il.

— Remonter immédiatement sur nos chameaux, nous hâter de chercher abri sur quelque élévation de terrain. Rendez-vous compte de notre situation. Il est commode de suivre le lit d’un oued desséché. Mais, avant un quart d’heure peut-être, l’orage aura éclaté. Avant une demi-heure, c’est un véritable torrent qui va se ruer par ici. Sur ce sol, à peu près imperméable, les pluies roulent comme un seau d’eau projeté sur un trottoir bitumé. Rien en profondeur, tout en hauteur. Au reste, voyez plutôt.

Et je lui désignai, à une dizaine de mètres en l’air, au flanc du couloir rocheux, longues traînées creuses et parallèles, de vieilles traces d’érosion.

— Dans une heure, les eaux ruisselleront à cette hauteur-là. Voilà les marques de la précédente inondation. Allons, en route. Il n’y a plus un instant à perdre.

— En route, — fit placidement Morhange.

Nous eûmes toutes les peines du monde à faire agenouiller nos chameaux. Lorsque chacun de nous fut juché sur le sien, ils filèrent à une allure que la terreur faisait de plus en plus désordonnée.

Brusquement, le vent s’éleva, un vent formidable, et presque en même temps le jour sembla s’éclipser du ravin. Au-dessus de nos têtes, le ciel était devenu, en un clin d’œil, plus ténébreux que les parois noires du couloir où nous dévalions à perdre haleine.

— Un gradin, un escalier dans la roche, — criai-je dans le vent à mes compagnons. — Si nous n’en atteignons pas un avant une minute, c’est fini.

Ils ne m’entendirent pas, mais, m’étant retourné, je vis qu’ils ne perdaient pas leurs distances, Morhange immédiatement derrière moi. Bou-Djema le dernier, poussant devant lui, avec une admirable maîtrise, les deux chameaux porteurs de nos bagages.

Un éclair aveuglant déchira l’obscurité. Un coup de tonnerre, répercuté à l’infini par la muraille rocheuse, retentit, et, aussitôt, d’énormes gouttes tièdes se mirent à tomber. En un instant, nos burnous, tendus par la vitesse horizontalement derrière nous, furent collés à nos corps ruisselants.

Brusquement, sur notre droite, une faille venait de s’ouvrir au milieu de la muraille. C’était le lit presque à pic d’un oued, affluent de celui où nous avions eu la malencontreuse idée de nous engager le matin. Un véritable torrent s’en écoulait déjà avec fracas.

Jamais je n’ai mieux apprécié l’incomparable sûreté des chameaux à gravir les endroits les plus abrupts. Se raidissant, distendant leurs immenses jambes, s’arc-boutant parmi les roches qui commençaient à se desceller, les nôtres firent en cette minute ce que n’auraient peut-être pas réussi des mulets pyrénéens.

Au bout de quelques instants d’efforts surhumains, nous nous trouvâmes enfin hors de danger, sur une espèce de terrasse basaltique qui dominait d’une cinquantaine de mètres le couloir de l’oued où nous avions failli rester. Le hasard avait bien fait les choses : une petite grotte s’ouvrait derrière nous. Bou-Djema réussit à y abriter les chameaux. De son seuil, nous eûmes le loisir de contempler en silence le prodigieux spectacle qui s’offrait à notre regard.

Tu as, je pense, assisté, au camp de Chalons, aux tirs d’artillerie. Tu as vu, sous l’éclatement des percutants, cette terre de craie de la Marne entrer en effervescence, comme les encriers où, au lycée, nous jetions un morceau de carbure de calcium. Cela s’enfle, monte, bouillonne, parmi le vacarme des obus qui éclatent. Eh bien, ce fut à peu près ainsi, mais au milieu du désert, mais au milieu de l’obscurité. Les eaux se précipitaient, blanches, au fond de ce trou noir, montaient, montaient vers notre socle. Et c’était, sans interruption, le fracas du tonnerre, et celui, plus fort encore, de pans entiers de murailles rocheuses, sapées par l’inondation, qui s’écroulaient d’un seul coup et se dissolvaient en quelques secondes au milieu du flot déferlant.

Tout le temps que dura ce déluge, une heure, deux peut-être, Morhange et moi demeurâmes, sans un mot, penchés sur cette fantastique cuve, anxieux de voir, de voir toujours, de voir quand même, nous complaisant avec une espèce d’horreur ineffable à sentir osciller, sous les coups de bélier de l’eau, le piton de basalte où nous avions trouvé refuge. Je crois que pas un instant nous ne songeâmes, tant ce fut beau, à souhaiter la fin de ce gigantesque cauchemar.

Enfin, un rayon de soleil brilla. Alors, seulement, nous nous regardâmes.

Morhange me tendit la main.

— Merci, — me dit-il simplement.

Et il ajouta en souriant :

— Finir noyés au beau milieu du Sahara eût été prétentieux et ridicule. Vous nous avez, grâce à votre esprit de décision, évité cette fin paradoxale.

Ah ! que n’a-t-il, son chameau ayant buté, roulé pour toujours au milieu de ce flot ! Ce qui est arrivé ensuite ne serait pas arrivé : voilà à quoi je songe aux heures de faiblesse. Mais je te l’ai dit, je me reprends bien vite. Non, non, je ne regrette pas, je ne peux pas regretter que ce qui a eu lieu depuis ait eu lieu.

Morhange me quitta pour pénétrer dans la petite grotte, où s’entendaient les gloussements satisfaits des chameaux de Bou-Djema. Je restai seul à contempler le torrent qui montait, montait sans cesse, sous l’apport impétueux de ses affluents déchaînés. Il ne pleuvait plus. Le soleil brillait au ciel redevenu bleu. Je sentais sécher sur moi, avec une incroyable rapidité, mes vêtements, une minute auparavant tout trempés.

Une main se posa sur mon épaule. Morhange était de nouveau à côté de moi. Un étrange sourire de satisfaction éclairait son visage.

— Venez, — me dit-il.

Assez intrigué, je le suivis. Nous pénétrâmes dans la grotte.

L’ouverture, suffisante pour en avoir permis l’accès aux chameaux, laissait passer le jour. Morhange me conduisit devant un pan de roche lisse, en face.

— Regardez, — dit-il avec une joie mal contenue.

— Eh bien ?

— Eh bien, vous ne voyez-donc pas ?

— Je vois qu’il y a là plusieurs inscriptions touareg, — répondis-je, un peu déçu. — Mais je croyais vous avoir dit que je lisais mal l’écriture tifinar. Ces inscriptions ont-elles plus d’intérêt que celles que nous avons déjà, à plusieurs reprises, rencontrées ?

— Regardez celle-ci, — dit Morhange.

Il y avait un tel accent de triomphe dans sa voix que, cette fois, toute mon attention se trouva fixée.

Je regardai.

C’était une inscription dont les caractères étaient disposés en forme de croix. Elle tient dans cette aventure une place assez considérable pour que je n’omette pas de te la retracer.

Voici :

Elle était dessinée avec beaucoup de régularité, les caractères assez profondément entaillés dans la roche. Sans avoir, à cette époque, une grande science des inscriptions rupestres, je n’eus pas de peine à reconnaître celle-là comme très ancienne.

Morhange la considérait avec un air de plus en plus radieux.

Je lui jetai un regard interrogateur.

— Eh bien ! Qu’en dites-vous ? — fit-il.

— Que voulez-vous que je dise ? Je vous répète que je sais à peine déchiffrer le tifinar.

— Voulez-vous que je vous aide ? — proposa mon compagnon.

Ce cours d’épigraphie berbère, après les émotions par lesquelles nous venions de passer, me semblait pour le moins inopportun. Mais la joie de Morhange était tellement visible que je me serais fait un scrupule de la lui gâter.

— Eh bien donc, — commença mon compagnon, aussi à son aise que devant un tableau noir, — ce que vous remarquerez d’abord dans cette inscription, c’est sa répétition en forme de croix. C’est-à-dire qu’elle contient deux fois le même mot de bas en haut, et de droite à gauche. Le mot qui la compose étant de sept lettres, la quatrième lettre, W, se trouve figurer naturellement au centre. Cette disposition, unique dans l’épigraphie tifinar, est déjà assez remarquable. Mais il y a mieux. Déchiffrons maintenant.

Me trompant trois fois sur sept, j’arrivai, avec l’aide patiente de Morhange, à épeler le mot.

— Y êtes-vous ? — fit, avec un clignement d’œil, Morhange, quand je fus au bout de mon exercice.

— Moins que jamais, — répondis-je un peu agacé, — j’ai épelé le mot : a, n, t, i, n, h, a : Antinha. Antinha, je ne vois aucun mot de ce genre, ni qui s’en rapproche, dans tous les dialectes sahariens que je connais.

Morhange se frotta les mains. Sa jubilation prenait des proportions insolites.

— Vous avez trouvé. C’est précisément en quoi cette découverte est unique.

— Comment ?

— Il n’y a rien en effet, ni en arabe, ni en berbère, d’analogue à ce mot.

— Alors ?

— Alors, mon cher ami, c’est que nous sommes en présence d’un vocable étranger traduit en caractères tifinar.

— Et ce vocable appartient, selon vous, à quelle langue ?

— Vous commencerez par vous souvenir que la lettre e ne figure pas dans l’alphabet tifinar. Ici, elle a été remplacée par le signe phonétique qui en est le plus proche : h. Restituez-le, à la place qui lui appartient dans ce mot, et vous obtiendrez.

Antinéa.

— Antinéa, parfaitement. Nous nous trouvons en présence d’un vocable grec reproduit en tifinar. Et je pense que maintenant vous êtes d’accord avec moi pour reconnaître que ma trouvaille a un certain intérêt.


Ce jour-là, nous n’expliquâmes pas plus avant ces textes. Un grand cri, angoissé, effrayant, venait de retentir.

Au dehors, où nous nous étions immédiatement précipités, un bizarre spectacle nous attendait.

Bien que le ciel fût redevenu tout à fait pur, le torrent roulait toujours ses eaux d’écume jaune sans qu’on pût encore présager sa prochaine décrue. Au milieu, une extraordinaire épave, grisâtre, molle et ballottée, filait désespérément dans le courant.

Mais ce qui, de prime abord, nous combla d’étonnement, fut de voir, bondissant parallèlement dans les éboulis des rochers de la berge, comme à la poursuite de l’épave, Bou-Djema, d’habitude si calme, et qui, en cette minute, semblait atteint de parfaite folie.

Tout à coup, je saisis le bras de Morhange. La chose grisâtre s’animait. Il en sortit un long cou pitoyable, avec un navrant appel de bête affolée.

— Le maladroit, — criai-je, — C’est un de nos chameaux qu’il a laissé échapper et que le torrent emporte.

— Vous vous trompez, — dit Morhange. — Nos chameaux sont au complet dans la caverne. Celui après lequel Bou-Djema est en train de courir n’est pas à nous. J’ajouterai que le cri d’angoisse que nous venons d’entendre, ce n’est pas Bou-Djema qui l’a poussé, Bou-Djema est un brave Chaamba qui, à l’heure actuelle, n’a qu’une idée : s’approprier le capital en déshérence que constitue ce chameau à vau-l’eau.

— Qui a crié alors ?

— Essayons, voulez-vous, — dit mon compagnon, — de remonter le cours de ce torrent, que notre guide est en train de descendre à si belle allure.

Et sans attendre ma réponse, il s’était déjà engagé le long de la rive rocheuse fraîchement saccagée…


En ce moment, on peut bien dire que Morhange est allé au-devant de sa destinée…


Je le suivi. Nous eûmes toutes les peines du monde à faire deux ou trois cents mètres. Enfin, nous aperçûmes, à nos pieds, une petite crique clapotante, où le flot était en train de baisser.

— Regardez, — dit Morhange.

Un paquet noirâtre se balançait sur les eaux de la crique.

Quand nous fûmes au bord, nous vîmes que c’était le corps d’un homme vêtu des longs voiles bleu foncé des Touareg.

— Donnez-moi une main, — dit Morhange, — et arc-boutez-vous de l’autre à la roche, ferme.

Il était fort, très fort. En un instant, comme se jouant, il avait ramené le corps sur la berge.

— Il vit encore, — constata-t-il avec satisfaction. — Maintenant il s’agit de le conduire à la grotte. Cet endroit ne vaut rien pour ranimer un noyé.

Il souleva le corps entre ses bras puissants.

— C’est étonnant comme il pèse peu, pour un homme de sa taille.

Quand nous eûmes fait en sens inverse le chemin de la grotte, les cotonnades du Targui étaient à peu près sèches. Mais elles avaient abondamment déteint ; et c’était un homme indigo que Morhange était en train de rappeler à la vie.

Lorsque je lui eus administré un quart de rhum, il ouvrit les yeux, nous dévisagea tous deux avec surprise, puis les ayant refermés, murmura, en arabe, d’une voix à peine intelligible, cette phrase dont nous ne devions comprendre le sens que quelques jours plus tard :

Se peut-il que je sois arrivé au terme de ma mission !

— De quelle mission veut-il parler ? — dis-je.

— Laissez-le revenir tout à fait à lui, — répondit Morhange. — Tenez, ouvrez une boîte de conserve. Avec des gaillards de cette trempe, on ne doit pas observer les précautions prescrites pour nos noyés européens.

C’était en effet à une espèce de géant que nous venions de sauver la vie. Le visage, quoique très maigre, était régulier, presque beau. Le teint était clair, la barbe rare. Les cheveux déjà blancs révélaient un homme d’une soixantaine d’années.

Quand j’eus déposé devant lui une boîte de corn-beef, un éclair de joie vorace passa dans ses yeux. Cette boîte renfermait bien les portions de quatre solides mangeurs. Elle fut vidée en un clin d’œil.

— Là, — dit Morhange, — voilà un robuste appétit. Nous allons maintenant pouvoir poser nos questions sans scrupule.

Déjà, le Targui avait ramené sur son front et sur son visage le voile bleu rituel. Il fallait même qu’il fût bien affamé pour n’avoir pas accompli plus tôt cette formalité indispensable. Seuls, maintenant, étaient visibles ses yeux, qui nous regardait avec une flamme de plus en plus sombre.

— Officiers français, — murmura-t-il enfin.

Et, ayant pris la main de Morhange, il la posa contre sa poitrine, puis la porta à ses lèvres.

Soudain, une expression d’anxiété courut dans son regard.

— Et mon Mehari ? — demanda-t-il.

Je lui expliquai que notre guide était en train d’essayer de sauver la bête. À son tour, il nous conta comment celle-ci ayant buté, puis dégringolé dans le torrent, il y avait roulé lui-même en s’efforçant de la retenir. Son front avait heurté un rocher. Il avait crié. Ensuite, il ne se souvenait plus de rien.

— Tu t’appelles ? — demandai-je.

— Eg-Anteouen.

— À quelle tribu appartiens-tu ?

— À la tribu des Kel-Tahat.

— Les Kel-Tahat sont bien les serfs de la tribu des Kel-Rhelâ, les grands nobles du Hoggar ?

— Oui, — répondit-il en me jetant un regard de biais. On aurait dit que des questions si précises, sur les choses du Hoggar, n’étaient pas de son gré.

— Les Kel-Tahat, si je ne me trompe, sont installés sur le flanc sud-ouest de l’Atakor[1]. Que faisais-tu, si loin de vos terrains de parcours, quand nous t’avons sauvé la vie ?

— J’allais, par Tît, vers In-Salah, — dit-il.

— Qu’allais-tu faire à In-Salah ?

Il était sur le point de répondre. Mais, soudain, nous le vîmes tressaillir. Ses yeux fixes ne quittaient plus un point de la caverne. Notre regard s’y porta. Il rencontra l’inscription rupestre qui avait, une heure plus tôt, donné tant de joie à Morhange.

— Tu connais cela ? — interrogea celui-ci avec une soudaine curiosité.

Le Targui ne proféra pas un mot, mais ses yeux eurent un éclair étrange.

— Tu connais cela ? — insista Morhange. Et il ajouta :

— Antinéa ?

— Antinéa, — répéta l’homme.

Et il se tut.

— Réponds donc au capitaine, — criai-je, sentant une bizarre colère me gagner.

Le Targui me regarda. Je crus qu’il allait parler. Mais ses yeux devinrent tout à coup durs. Sous le voile lustré, je sentis ses traits qui se raidissaient.

Morhange et moi, nous nous retournâmes.

Sur le seuil de la caverne, haletant, déconfit, fourbu par une heure de course vaine, Bou-Djema venait de surgir.

  1. Autre désignation, en langue temahaq, du Hoggar. (Note de M. Leroux.)