L’Extra

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La Nouvelle Revue FrançaiseTome XIX (p. 20-29).
L’EXTRA


A Isidore Ducasse.


Si le vent qui descend en vrilie à travers les arbres de Marmor Island, après avoir balayé le duvet que l’enfant de l’aigle abandonne dans l’aire suspendue au rocher branlant qu’escalada jadis, ses os qu’a-t-on fait de ses os blancs, le brave, le vaillant Eugène Demolder, vient hypocritement caresser, le front plissé et l’œil oblique, le gazon qui dévale de la fontaine des Trois-Culs à la maison de Dolorès — quel nom venez-vous de prononcer ? — interrogez-le sur la veuve du calfat, et vous verrez ce qu’il vous répondra. Le gazon, du moins, se souvient. C’est plutôt à lui qu’il faudra adresser votre anxiété qui n’est pas seulement de la gorge, mais aussi de la poitrine, que dis-je, de la poitrine ? de l’esprit. Qu’on me pardonne d’emprunter au langage de la philosophie (lapin rouge et vulgaire) ce mot vague qui désigne avec précision une réalité si élémentaire que le premier damné charretier de ma connaissance ayant essuyé du revers de la manche son nez morveux et puant l’alcool n’aura pas l’idée de la mettre en doute. Vous voyez bien.

J’ai vu dans la me Lepic trois hommes qui ne me parurent pas être des princes déguisés. On leur avait coupé le nez pendant la guerre de 1914-18. Ils n’en avaient pas honte. Le plus jeune tenait dans sa main gauche une fleur de rhubarbe. Eh bien, je suis au regret d’avouer que le gazon de Marmor Island avait honte, lui. Il rougissait

comme une simple carotte et le voyageur, qui avait un instant posé sa besace pour calmer d'une main fraîche et bienfaisante les démangeaisons de son épaule, où en étais-je ? se croyait en automne. Ne t'arrête pas, passant à la barbe de trois jours, malgré la sueur de ta chemise et les cloches de tes pieds : crois-moi, tu le regretterais. C'est ici que Dolorès avait attiré Eugène Demolder le soir funeste qu'à l'auberge du Cygne-décoré la chance se montra si défavorable à Victor le bancal, contrairement à ce qui aurait pu se produire si la sagesse des nations avait été autre chose qu'une laveuse de vaisselle amoureuse d'un officier du génie. La perversité de cette femme, Dolorès, sera facile à mesurer.. Elle avait prévu la faiblesse du solitaire, le triomphe des yeux noirs, l'électricité qui ne prend pas naissance seulement, comme le croient d'absurdes professeurs de physique encore mal versés dans la science qu'ils enseignent déjà, par le frottement de la peau d'un chat contre un bâton d'ébonite. Elle avait choisi ce lieu pour le ruisseau qui le traverse en charriant de petits bouts de bois, quelques mouches d'eau, des cotons de peuplier, de la mousse et d'autres matériaux légers, qui respirent l'innocence. Pendant ce temps dans la cale du A mort les tyrans quel monstrueux amour unissait l'horrible mari de la volage Dolorès et ce pauvre adolescent dont le nom n'a pu parvenir à mes oreilles tant les éléments déchaînés avaient pitié de sa réputation. Il s'était engagé comme mousse à bord du Les Aristocrates à la lanterne parce qu'il avait cru les paroles doucereuses des mappemondes et la chanson monotone des voiles. Et maintenant... si comme on l'assure de pareilles scènes se reproduisent chaque jour, le ministre de la Marine devrait s'émouvoir. Que pensez- vous de Dieu, hublots impassibles, qui regardez à la fois les hommes et les poissons ?

Eugène Demolder regagne sa cabane, la veste sur le bras, le cœur occupé de Dolorès. Hélas ! il a perdu la sauge bleue de la chasteté, et il ne lui accorde pas même une pensée. Il se trouve heureux comme il est. Pauvre idiot. Le bancal, que fait-il dans tout ça ? Il se mouche. Il est assis dans la maison de Dolorès entre le pot de verveine et le calendrier des postes et télégraphes. Sa maîtresse tarde à rentrer. Voici l'impudique. Elle pousse un cri en reconnaissant Victor. Elle le croyait au jeu. Il la regarde dans les yeux. L'image d'Eugène Demolder n'en était pas encore tout à fait effacée. Mais le bancal ne reconnaît pas son rival. C'est alors que le vice à la langue de salpêtre fait son apparition entre les poutres du plafond, et descend familièrement s'asseoir sur les épaules du couple maudit, qui se livre près du foyer éteint à des jeux qui feraient baisser les yeux au diable s'il était de ce monde. J'aurais voulu que ma nourrice vît ça. Un petit enfant gémit dans la pièce voisine : Dolorès ignore le nom de son père.

Tandis qu'Eugène Demolder court la montagne à cueillir l'edelweiss, s'il y a une fleur diabolique c'est bien celle-là, pour orner le corsage de sa bien-aimée, Monsieur et Madame Demolder ses parents meurent de dénûment et de chagrin. Il n'a pas pu suivre le double convoi, Eugène, son amante rieuse avait ce jour-là envie de danser. On dirait un opéra-comique. Voici que la femme adultère montre à Victor une lettre du calfat. Victor, quoique qu'il ne sache pas lire, fait semblant de suivre par dessus l'épaule sur laquelle il pose son menton mal rasé. Ses bras enlacent la taille de Dolorès, et ses mains jointes s'exercent à la pratique démoralisante du tournement des pouces. Je sens qu'il va arriver malheur à quelqu'un :

Ma chère Doloresse,

Quand le temps n'est pas beau, il est vilain. Le plus salaud c'est les lames de fond. Je roule partout dans l'ombre de cales un million de pensées pour toi : comme des cigarettes .Dix pour les jambes, dix tu devines, dix pour les yeux, je trouve toujours

quelque chose pour dix de plus. Toutes les fois que je fais l'amour, je me dis si Doloresse était là. Maintenant c'est aire un mousse qui ne voulait pas les premières fois : ça a bien changé. Je le pends par un pied avec une corde, et hop vas-y ! Sa bouche devient violette. Il y a des jours, il m'inquiète : il me promène ses cheveux, tu croirais de la soie, sur le visage, les mains, le corps. Puis sa face semble envahie par la nuit tout d'un coup. C'est drôle. Nous ferons escale bientôt dans un pays où on a des femmes pour un timbre poste. C'est lit que tu pourrais t'en payer. La cargaison, on raconte que nous portons des oranges. Tu goûtes la plaisanterie. Le mousse a un corps blanc, blanc, blanc. Il parait que c'est bientôt l'élection du Président de la République en France. Les journaux vont être intéressants. Je ne vois rien d'autre à te dire. Je l'embrasse comme au pays des neiges, dans les temps, tu sais. Ton mari dévoué,

Félix Covenol.

Quand la femelle du hibou, après avoir visité minutieusement les brins d'herbe des clairières et le sol trompeur des marais, vient en battant doucement des ailes, comme une porteuse de pain, retrouver ses petits dont la voix depuis des heures n'a plus retenti à ses oreilles, et pour cause : car le nid a été arraché, emportés les enfants et le hibou, leur père ; quand la femelle du hibou après avoir vainement cherché son repaire est obligée de constater l'étendue de son malheur, et ce n'est pas tout de suite qu'elle y consent, elle s'élève en gémissant entre les arbres plus haut que ne le veut la coutume des hiboux. Elle suit les regards de la lune et descend en tournoyant jusqu'au vantail d'une porte de ferme et elle reconnaît son mari, sur lequel les chrétiens des campagnes ont cru venger la mort du fils de leur dieu : eh bien, que croyez-vous qu'elle fasse ? Va-t-elle chanter une romance et mettre une rose rouge dans ses cheveux ? Va-t-elle passer ses mains aux crèmes et faire de ses griffes des joyaux pour la peau des hommes? Va-t-elle s'enivrer sur des lits de dentelle,

tandis que de jeunes écervelés se traîneront à l'ombre de ses caresses, va-t-elle s'enivrer avec le jus des raisins de cette province des Gaules où il y a encore quelques églises à détruire pour la prochaine occasion, va-t-elle s'enivrer jusqu'à enlever sa robe, jusqu'à la jeter à terre sans égard pour le prix, jusqu'à oublier de la plier soigneusement comme chaque soir, jusqu'à danser, danser, danser, dans les désirs, le tabac et les verres cassés ? Non bien entendu.

La loi de la gravitation universelle a été, dit-on, battue en brèche. Quel malheur qu'il ne se soit pas trouvé là un photographe muni de plaques anti-halos ! Ecarquillez vos yeux, je puis vous montrer un spectacle qui ne le cède en rien en grandeur à cette bouffonnerie métaphysique. Une sage prudence avait toujours retenu la mère du bancal d'envoyer le petit Victor à l'école. Mais elle n'avait pas prévu, la vieille paysanne, la science de Dolorès et les vices du calfat ! Voici que les paroles écrites font sourde- ment leur chemin dans les veines de l'infirme au teint de pruneau. Il promène sa folie dans les champs de cerisiers en fleurs et ses lèvres saignantes répètent : Blanc, blanc, blanc. Les nuages sont des corps de jeunes hommes balancés par le tangage. Victor râpe la paume de ses mains contre l'écorce des arbres. Voilà quinze ans qu'il n'avait pas chanté : il émet un son rauque et prolongé comme celui que pousse le taureau qu'on a tenu enfermé tout l'hiver quand s'ouvre devant lui la première prairie et qu'il découvre dans l'herbe la puissante foulée des troupeaux. Il court. Il s'arrête un instant pour cracher. Cependant sur la place du village, on vend à l'encan le mobilier d'Eugène. L'armoire, la huche et le reste se changent ainsi devant l'église, ne sonnez pas si fort, en une paire de boucles d'oreilles en strass et en un foulard de couleur. Puis le colporteur s'éloigne avec son baluchon vert sur l'épaule.

Quel est cet homme qui vient de débarquer dans l'île ? Il porte des chemises molles et ses cheveux sont bleus

comme de l'encre. Il passe au milieu des enfants qui jouaient, il sourit au petit Erik, puis à lui-même. On le voit traverser tout à coup les places. Dans la campagne on le rencontre immobile dans des lieux sans découvert: il ne semble pas rechercher les points de vue. Dolorès attend le bancal à la fontaine. Il lui dit son secret. Elle frémit d'aise. Un projet vient de s'étirer dans sa poitrine et se prolonge jusqu'à ses lèvres. Par-dessus les barrières le couple regarde d'un air hagard des poulains se poursuivre en se mordillant. A l'infini les rayons parallèles enfin se touchent. Pour la commodité de la perspective l'infini se figure dans un coin des feuilles à dessin qui servent aux enfants des écoles à représenter d'après le plâtre l'esclave de Michel-Ange, ce scandale vivant. Mais suivez les pensées jumelles des amants de Marmor Island : leur point commun n'est pas comme vous pourriez le croire cette pâquerette aux bords légèrement rehaussés de pourpre. Ce n'est pas non plus leur point de départ. Etrangers l'un à l'autre, ils ne se réunissent encore une fois que par leur désir, que par l'objet de leur désir. Et comme celui-ci est tranquille dans la hune où il se repose, les manches retroussées, un bras entourant son front, l'autre main accrochée à un cordage qui va se baigner dans le ciel, tandis que l'air du large et le soleil se félicitent de caresser une chair tentante sans tomber ni l'un ni l'autre dans le péché mortel ! Brave Eugène Demolder, pourquoi lances-tu contre le plafond de la cabane tes naïves chaussures ? Voici ce qui s'était passé : comme il portait à sa maîtresse les bijoux payés avec ses meubles, Eugène surprit par la fenêtre la coupable intimité du bancal et de Madame Covenol. Dans un café du port, l'inconnu observe Eugène qui s'enivre. Puis il donne un peu de monnaie pour se retirer avec une grande fille pâle qui a envie de pleurer.

Le calfat Félix rêve dans les flancs du navire. Il sait enfin ce qui se passe pendant le baiser sur la bouche, ce vovage extraordinaire au pays du corail et des poissons

lumineux. Il sera empereur des Indes. Il est empereur des Indes et roi d'Aurore. Aurore est une ville à la peau douce, aux mœurs faciles, qui glisse dans un décor de palmes. Une barque au milieu des joncs. Que dit la reine ? C'est le grand éventail qui souffle, qui caresse. Réveil. Encore toi. Dans huit jours nous serons à Marmor Island, je t'emmène. C'est ma femme qui l'aura voulu. Elle parle avec Victor quelque part dans l'île tandis qu'Eugène caché dans un arbre les épie. On voit passer l'inconnu qui herborise. Il cherche de grandes fleurs laides, les examine à la loupe et les met avec satisfaction dans la boîte de fer peint qu'il porte en ban- doulière. Le mousse Adolphe a fini par aimer son maître et c'est à lui qu'il pense en se lavant les dents. L'homme qui fait tourner les étoiles quand sa main me frôle seule- ment. Ah ! il n'y a pas de marguerite à effeuiller sur les bateaux.

Le soleil qui vient de se lever, si on en croit les apparences, éclairera le débarquement du calfat et ce qui va s'en suivre. Il y a dans le port une maison qui s'éveille avant les autres. Une ménagère commence à laver à grande eau le carrelage de la cuisine qui forme des trèfles à quatre feuilles. A qui cela portera-t-il bonheur ? Ailleurs une servante d'auberge enlève de ses cheveux les brins de paille échappés de son traversin. Mais c'est un couteau que soupèse Eugène. Brave, honnête Eugène... je n'ai pas le temps de te faire la morale. Dolorès dort comme une enfant. Sur le pont, Félix astique ses boutons et regarde Adolphe qui s'étire. Le bancal inspecte avec minutie le canon de son fusil de chasse. Un visage a passé derrière la fenêtre. Victor ouvre la porte. Personne : c'est singulier. La petite fille qui pendant des heures et des heures, assise au pied des grands tournesols dans le jardin familial, a enfilé des perles sur un coton noir, en prenant garde à alterner régulièrement les couleurs, bleu, jaune, blanc, vert, mauve, orange, bleu, jaune, blanc, tout à coup

voit au milieu de son long travail deux perles blanches côte à côte. Elle rompt le coton de dépit, les perles se répandent, elle pleure. La chèvre vient pour jouer avec la fillette, elle écrase les perles et tout est dit.

Vers quatre heures de l'après-midi, quel temps magnifique, Dolorès, debout sur le seuil de sa demeure, jouit atrocement du drame qui tourne déjà autour de son sourire. Comme elle hume l'air, comme elle fredonne gaiment ! Elle a croisé ses mains derrière sa nuque. Sur une route, la fureur du calfat. Sur une autre, la terreur du mousse. Les chemins de l'île ne s'ennuiront pas ce soir. Encore l'éclair d'un fusil dans les broussailles. L'inconnu sort du Cvgne-décoré. Tu as bien choisi ton moment, Eugène (pardonnez-moi, je ne peux pas m'empêcher de vous tutoyer), pour venir faire des reproches à celle qui se rit de toi. Elle t'offre à boire. Ne lorgne pas ainsi sa gorge, malheureux. Une caresse a raison de tout. Contre qui arme-t-on cette main, qui ne songeait qu'à tordre un poignet de femme ? Transparent index de Dolorès qui montre le sentier de la montagne. Où est le bancal ? j'ai entendu des cris, j'ai cru reconnaître la voix d'Adolphe. Des filles passent en chantant, elles se tiennent par la taille, et celles des bouts jouent avec leur tablier. Qu'y a- t-il de rouge sur cette feuille ? Qu'y a-t-il de gémissant près de la fontaine ? Je te l'avais bien dit, voyageur. Quelques mouches volent. Ce bruit et cette flamme, j'ai déjà vu des coups de feu sur les images. Sur un tas de pierres est assis l'inconnu : du bout de sa canne il dessine dans la poussière le sexe de l'homme et celui de la femme. Il se lève et parle au cantonnier qui pour lui répondre a remonté sa visière. Les genêts fleuriront tant qu'il y aura des amoureux dans le monde. Dans les genêts fleuris de la montagne, Félix est accroché par la mort. Les horribles blessures. La tête est presque détachée du tronc, le corps est tailladé en plus de trente endroits. Une petite fleur jaune est tombée mélancoliquement dans la plaie du cou. J'ai vu

ce couteau dans les mains d'Eugène. Eugène ! l'écho seul répond : Gène ! La balle est entrée dans le dos (on avait fait une croix dessus) et il est tombé de haut en bas dans la carrière. Pauvre, pauvre Eugène Demolder, maintenant ton corps n'est plus qu'un petit bouquet de giroflées au milieu des silex. C'était bien la peine. Tu ne faisais pour- tant pas mal dans le paysage avec tes petites moustaches noires cirées. On n'en parlera plus.

Autour d'un billard déjà fatigué, il y a longtemps qu'un maladroit paya soixante francs cet accroc qui laissa dans le drap la première cicatrice angulaire, la caissière, le patron du café, deux ou trois habitués, dont l'un tient son demi pour l'empêcher de s'envoler, le partenaire souriant, les adversaires impatientés, un soldat qui ne porte plus sa pipe à ses lèvres, elle va s'éteindre, contemplent animés de sentiments divers le joueur heureux qui fait une série. Où trouver le bancal ? C'est à son tour. « D'où viens-tu déguenillé, Adolphe ? » demande Dolorès, mais le mousse livide secoue sa tête pleine de l'agonie épouvantable de l'infirme, et ne répond pas. Il regarde ses mains griffées, et les éloigne de ses yeux. Je commence à comprendre la joie des animaux qui rampent dans la terre meuble. Encore un carambolage : dans la pièce à côté, le petit enfant de Dolorès git étouffé dans son berceau. Il ne connaissait pas le genou qui opprima sa poitrine. Mère infortunée, comment ne pas la plaindre ? Le châtiment est trop fort. Ah oui ? observez plutôt Dolorès : elle s'en fout comme de l'an quarante. Elle attire Adolphe dans ses bras, ses doigts fouillent les déchirures des vêtements, et voilà la mécanique encore une fois remontée.

Avez-vous entendu craquer des branches ? Comme les genêts les primeroses sont jaunes. Au catéchisme on me donnait comme preuve de l'existence de Dieu la danse des moustiques au-dessus des marécages : contre toute vraisemblance ces bestioles ne s'embrouillent pas les pattes. Le mystérieux étranger entre dans la cabane de Dolorès et surprend les embrassements de la femme et de l’enfant. « Je sais tout », dit-il, et les nouveaux amants tremblent. Cette fois, cette fois, voici donc la punition du ciel. Pas du tout. Il y a, Dieu merci, des gens qui sont hors de la portée de votre Dieu. Avez-vous vu Dolorès, comme elle est belle avec ses cheveux défaits ? L’inconnu rassure le couple, il commence à se déshabiller, il dit son nom : Ludovic. Adolphe et Dolorès échangent un long regard. Ludovic écarte les draps, et glisse son corps froid et mince entre les deux corps chauds qu’il caresse et qui dans la nuit tombante, toutes les plantes de l’île se sont raidies et les insectes se sont retournés sur leur dos, se mettent tout à coup à hurler de plaisir.

LOUIS ARAGON